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kronix - Page 128

  • C'est la vie

    On râle, on regimbe, on rechigne, on renâcle, mais on y va. Non, je ne parle pas du boulot, je parle de la mort.

  • interruptus

    Après un an et demi de suspension pour l’écriture de « J’habitais Roanne », reprise le nez dans le guidon sur le manuscrit de mon prochain livre (je veux le finir pour juillet). Un roman dont l’action se déroule entre 1854 et 1918. Pour tout dire, je n’étais pas si sûr de vouloir replonger dans une histoire qui réclame autant de travail et de documentation (d’autant plus que l’essai sur Roanne m’avait demandé de prolonger sans l’arrêter un effort documentaire de même nature. Une cinquantaine de livres historiques à consulter en plus de la centaine pour ce livre… Je saturais). Et puis, à la relecture, je me suis dit que ce serait tout de même dommage de laisser tomber tout ce travail. Surtout, le délai de cette « vacance » m’a permis d’y revenir avec un œil neuf, des idées changées. Les personnages ont bougé, demandent d’autres choses, ont fait de nouveaux choix. Le roman a pris une direction imprévue.
    J’ai taillé, coupé, déplacé, remonté, retaillé tout le matériel déjà écrit, recousu l’ensemble d’une manière différente, repris de nombreux passages pour ajuster tout cela en fonction des nouvelles orientations. A l’origine, je voulais écrire deux volumes. Aujourd’hui, les deux livres seront deux parties d’un seul bouquin. Ce qui devait constituer le premier livre ayant été réduit dans l’opération de réécriture, ne justifie plus un opus indépendant. Il est davantage relié à ce qui suit, forme un équilibre dans cette configuration. Qu’auraient été ces deux livres s’il n’y avait pas eu l’interruption (salutaire, j’en suis persuadé maintenant) de « J’habitais Roanne » ? Je ne peux que le fantasmer. J’en retire une leçon, difficilement applicable cependant, par laquelle on devrait peut-être systématiquement abandonner un roman en cours, passer à autre chose (en commencer un autre par exemple, et ainsi de suite) puis reprendre l’objet interrompu de façon à en saisir une nouvelle approche.
    Non, laissez, c’est idiot.

  • B. A.

    La vieille porte un sac trop lourd pour elle. Je propose de l'aider. Elle accepte, d'autant plus me dit-elle, qu'elle habite au quatrième étage d'un immeuble sans ascenseur. C'est parti ! Ma tête quand j'apprends en route qu'elle habite à 300 kilomètres de là !

  • Partie de cache-cache (une autre)

    Dans la cour du bâtiment, une classe d'une trentaine d'élèves joue à cache-cache pour passer le temps. Curieux choix : l'architecture n'a ménagé aucun recoin, aucune niche ou angle en saillie. Les seuls endroits susceptibles d'abriter les joueurs sont six énormes bacs où poussent des palmiers. Celui qui a été désigné décompte scrupuleusement, face au mur tandis que ses camarades courent, furètent, ne trouvent rien. et finissent par se réfugier par grappes derrière les bacs. Ils s'échangent des consignes de silence, se serrent les uns contre les autres pour ne pas dépasser des limites des bacs. Le gamin finit son compte, se retourne, regarde la cour quelques secondes et lance : « Derrière le palmier ! ». Les trente gamins surgissent de derrière les cachettes par paquets en râlant.

  • Autres proverbes de 2004

    Je rappelle le millésime, parce que la premier est daté :

     

    La pente est raide, autant rester en bas


    Abondance de nuits n'est pas bien


    Au royaume des cyclopes, les borgnes ont des copains balèzes


    Après la pluie, les escargots


    Chat brûlé vif ne craint plus rien


    Les bons comptes en banque font les bons amis


    Comme on fait se lit, il faut le défaire pour se coucher

  • Proverbes de 2004

    Titre étrange. Je m'explique :

    Plongé complètement dans l'écriture de mon prochain opus (parce qu'une échéance nouvelle s'impose à moi : juillet 2012), je découvre soudain que je n'ai rien préparé pour les chroniques des prochains jours. Il se trouve que la veille, à la recherche d'autre chose, j'étais tombé sur un dossier "blog" qui date du Kronix effacé d'autrefois. A l'époque, en septembre 2004, entre deux avertissements anti-sarkozistes (oui), je m'adonnais à l'humour. Il y avait les fiches zoologiques du Dr Coolidge qui me valaient des statistiques de fréquenation assez mirobolantes et des nouvelles, des liens sur l'actualité du web, etc. Comme il s'agit de sorties papier exécutées avant le sabordage, j'ai la flemme de tout retaper, mais les proverbes que j'inventais ont l'avantage d'être courts. Alors, je les repêche et en voici quelques uns (dans ces exemples, ce sont des montages. J'appelais ça des proverbes hybrides) :

    Oeil pour oeil, deux borgnes.


    Qui vole un oeuf, récolte la tempête


    Les grandes douleurs ne font pas le moine


    Qui ne risque rien rira le dernier


    Un homme averti ne fait pas le printemps

  • The hills are alive with the sound of music

    Dans cet hôtel, assez loin dans la montagne, à l'écart des grands axes, la direction a tout de même perçu les vastes mouvements de la mondialisation. Elle s'est pliée à l'exercice et affiche une présentation, en anglais et avec photos, du personnel de l'établissement. Une dizaine de portraits sont donc affichés, appuyés d'une phrase qui précise les aptitudes de chacun en langues étrangères. Invariablement, à côté de chaque employé, on peut lire : « speak french »... et rien d'autre. Je trouve charmant qu'on prévienne le touriste britannique égaré, qu'ici, de toute façon, personne ne peut rien pour lui.

  • Savoir comparer

    C'est assez moche, un hélicoptère. Voyez en comparaison le galbe et la brillance d'un lavabo ! Je ne vois pas qui oserait lui préférer cette lourde machine bruyante qui s'arrache du sol dans une débauche d'énergie polluante.

  • Je vous ai apporté des bubons

    En ce moment, je navigue parmi des centaines de photos de lépreux, prises en Afrique dans les années 30. Au stade terminal, ça fait mal. Les nécroses boursoufflent les visages, gomment les nez et les mentons, finissent par avaler les mâchoires et des moitiés de face. Je ne sais quelles souffrances ont enduré ces pauvres gens, mais l'impact des images est sidérant. Je mange assez chichement, ces jours-ci.
     

  • Et pour cause

    Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, et l'industrie de la 3D marche couçi-couça.

  • Marre

    Est-ce que quelqu'un voudrait finir mon roman à ma place ? C'est beaucoup de travail sans garantie de publication et de rémunération. Rémunération excessivement faible, de toute manière. Mais enfin, je pourrais -je ne sais pas- vous emmener à Dysneyland Paris, par exemple (une journée). Non ? Bon, laissez, je vais le faire, alors.

     

    Et c'était la 1300 ème note.

     

    Et elle vaut pas cher, d'accord.

  • L'homme qui sauva King Kong

    Dans « j'ai grandi à Hollywood », magnifique livre de souvenirs d'un enfant dans l'usine à rêves de l'Amérique des années 20-30 et plus (ed. Ramsay), le futur grand réalisateur Robert Parrish raconte avec humour comment il a sauvé King Kong. En effet, à la RKO, rachetée par Seilznick à ce moment-là, le jeune employé est chargé de contrôler les négatifs (la cellulose a tendance à se rétrécir avec le temps. Au bout de quelques années, les perforations ne correspondent plus au système et on doit jeter les bobines) de tous les films stockés. Pour certains, abimés mais jugés assez importants, Parrish a la possibilité de commander un nouveau négatif. Il faut l'imaginer seul dans un vaste hangar, déroulant sur la moviola des kilomètres de pellicule et jugeant en son âme et conscience ce qu'il va sauver ou non (le budget est évidemment limité). Parrish sauve ainsi, un jour, le négatif de King Kong, 1933. Sans lui, je n'aurais pas pris de plein fouet ce basculement de l'autre côté du miroir magique du cinoche, quand, soudain, un grand chef noir appelle une créature géante venue de la jungle et de la nuit, quand les cris de Fay Wray s'élèvent dans la nuit, quand les petits bonshommes venus du XXème siècle s'apprêtent à entrer de plain-pied dans la préhistoire. Sans la décision initiale de Parrish, je n'aurais pas connu le travail de Willis O'brien, je ne me serais pas intéressé à la préhistoire, à l'histoire, à l'art, à l'histoire de l'art, je n'aurais pas réalisé de films, pas écrit de scénarii, pas écrit de romans, pas écrit du tout peut-être. Sans lui, je serais un autre. Sans lui, des millions de spectateurs seraient autres. C'est vertigineux quand on y pense.

  • La déconvenue

    J'appris des tas de choses, découvris à leur contact un vaste champ de la culture qui m'était insoupçonnable. Surtout, je m'émerveillai de l'originalité des points de vue de mes nouveaux modèles. Et puis un jour, je me rendis compte qu'ils ânonnaient les jugements lus dans Télérama ou les Cahiers du Cinéma. Ils avaient juste l'assurance nécessaire pour laisser croire qu'ils avaient mûri, réfléchi, livré leur interprétation personnelle d'un film, d'un peintre ou d'une pièce. Je vous jure, j'ai détesté découvrir cette tromperie.

  • Kronix muet ?

    Une nuance : muet mais il n'a pas fermé sa gueule. Une panne internet l'a privé de parole pendant quelques jours. Le revoici. Comme toujours, Kronix n'a pas grand'chose à dire, enfin rien qui mérite vraiment d'être lu, Kronix ne sait pas s'exprimer sur les livres que lit son auteur, sur les arcanes économiques qui, semble-t-il, dirigent ce monde, sur la nature du boson de Higgs ou sur certains aspects sociologiques de comportement des bonobos, comparés à celui de nous autres pauvres de nous. N'empêche, Kronix est prolixe, son blog est bavard, son auteur est têtu. Donc, dès demain, Kronix reprend la parole. Avec ses excuses pour l'interruption momentanée indépendante de, mais je suis sûr, allez, que ça vous a fait des vacances.

  • Nous, les faibles.

    Ces combats que nous n'avons pas menés, laissés à d'autres. Plus forts que nous, plus intelligents que nous, plus combattifs ou résolus que nous. Et qu'ils ont perdus. Nous n'avions pas perçu que nous étions les renforts, l'assise, l'arrière. Qu'en notre sein naissait la vague suivante. Tout accablés de notre faiblesse, nous n'avions pas vu que nous étions leur socle. Et qu'ils avaient besoin de nous.

  • Taupe finale

    Bon, ça suffit maintenant cette histoire de taupes. Je ne veux pas qu'on y revienne. Mais le paysan dont j'ai défoncé les champs pour remonter la trace du taupodonte ne l'entend pas de cette oreille, et il tire la mienne pour me montrer les dégâts. « va falloir tout reboucher », il dit « parce que les vaches se foulent les pattes e'd'dans ! » j'ai beau protester, désigner la science là-haut qui réclame ce faible sacrifice et n'a cure des contraintes agricoles, rien à faire, le gars me file une pelle dans les mains et un coup de pied aux fesses. Tandis que je rebouche les trous, je médite sur mon sort et tente de me souvenir comment tout ça a commencé.

  • Le bout du tunnel

    Depuis le pré du voisin, en remontant le trajet taupe à taupe selon le principe formulé précédemment, la plus ancienne galerie perceptible débouche dans l'enceinte de l'abbaye de la Chalade vers Les-Islettes, en Lorraine. Ensuite, les sillons sont moins évidents, ils s'amenuisent et se perdent. Mes correspondants allemands ont relayé l'enquête. Ils ont établi une cartographie géologique qui, en tenant compte de la période de construction de l'abbaye et de la consistance du sol privilégiée par les ancêtres de la taupe de Saint-Nizier (chez nous, quoi), permet de simuler un trajet idéal. Selon eux, les taupes seraient venues des plaines de l'Asie centrale, dans l'élan des grands invasions germaniques (mais avec un peu de retard, la taupe étant un peu moins rapide que le cheval mongol).

    Quelles merveilleuses histoires la science nous révèle ainsi ! Comme c'est bon de se sentir moins con !

  • Creuser l'idée

    Il y a bien un moment où ça a commencé. Je veux dire : D'où est partie la première taupe, l'ancêtre de la taupe, le taupodonte ? C'est une énigme, ça... Si l'on considère qu'une taupe ne quitte son terrier que pour sortir pisser (et encore : je ne suis pas sûr), il est évident que son lieu de naissance se trouve au bout, au tout début de sa galerie. Galerie qui est elle-même l'aboutissement des galeries convergentes de papa et maman taupe, qui eux-mêmes... Donc : en remontant n'importe quelle galerie de taupe, on doit pouvoir remonter à la première de l'espèce. Ça me semble imparable. Bon, je sors, je crois qu'il y a une taupe dans le pré en bas.

    (creuse, creuse, creuse....)

    Incroyable découverte ! Vous n'allez pas me croire !

  • Guerre souterraine

    Si l'on considère la densité des terrains que traverse la taupe, sur une longueur moyenne, le petit animal a une force de pénétration plus grande que l'obus à tête au lithium dans l'épaisseur des blindages lourds du char Leclerc. Ce qui fait de la taupe le missile perforant le plus performant de l'histoire de la balistique. Seule une véhémente protestation de la SPA, relayée par les terribles images de tests glanées par Greenpeace, a pu mettre fin à l'utilisation de la taupe comme rockett pour bazooka, pratique ô combien barbare.

  • Pré#Carré

    Vendredi 23 mars
    A la Médiathèque de Neulise
    Hervé Bougel a dit :
    « Ce qu'on a à dire d'essentiel aux autres me paraît tenir en quelques mots :
    Je t'aime, tu m'emmerdes, etc.
    Après, c'est autre chose »
    (il n'a pas dit « c'est de la littérature » mais il a ajouté :
    « ...c'est Victor Hugo et c'est un autre monde. »)
    Pour illustrer le principe,
    Christian Degoutte a lu
    un texte édité par Bougel au Pré#Carré
    « Il neige », de Joseph Beaude.
    « Vient un jour où les images
    n'infectent plus la langue
    on peut dire il neige quand il neige »
    Typique de cette poésie précise et légère à la fois,
    défendue selon Degoutte par Hervé Bougel
    (« la poésie considérée comme parole première se tient bien à l'aise dans ces petits formats »)
    qui suit en cela les pas tracés par Roland Tixier, du pré de l'Age.
    Hervé Bougel (RVB par goût du signe et du langage)
    publie cette année son 72ème recueil carré, plié et cousu main,
    avec ses belles couvertures
    précieuses et pensées.
    Si l'on ajoute d'autres publications aux formats différents
    (autres collections : « pas à pas », co-éditions ; des textes de Pierre Présumey, de Christian Degoutte, de Fabrice Vigne...)
    on réalise que RVB a mieux que poursuivi le travail de Tixier, il l'a prolongé, conforté, peut-être dépassé d'une certaine manière.
    Pour se faire une idée, mieux vaut aller batifoler du côté de son blog,
    de mauvaise foi et très intéressant
    Plein de gens voudraient aider Bougel, à plier, coudre, f
    aire ce « travail d'abruti » qu'il affectionne,
    mais il est de son propre aveu « très difficile à aider »
    Non, le mieux, pour lui donner un coup de main, c'est de s'abonner.
    Recevoir quatre fois par an ces petits bijoux.
    « On peut avoir des dizaines de livres chez soi,
    mais ça, ce n'est pas n'importe quels livres,
    après des années, on peut y revenir,
    leur qualité est toujours là. »
    explique Christian.
    Et c'est vrai.