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kronix - Page 77

  • Au laboratoire

    Depuis mardi, et jusqu'à la fin du mois, les comédiens de la compagnie NU sont à la tâche. Ils travaillent chaque jour dans nos locaux de la Livatte, à Roanne, pour intégrer le texte et les chansons de Pasiphaé, qui sera jouée d'abord au Théâtre de Roanne le 9 janvier. Pour une fois, il semble que je vais pouvoir réaliser un vieux fantasme : découvrir la pièce la soir de la première. En attendant, Aurore Pourteyron, François Frapier (en remplacement de Philippe Noël qui ne pouvait finalement pas être là) et François Podetti, ont engagé les répétitions de cette « farce musicale » qui, quelle que soit sa réception, aura marqué un tournant dans les productions de la compagnie. Et, oui, je travaille déjà sur la prochaine, Minotaure, qui sera une autre forme, une chose poétique plus proche de l'installation d'art contemporain que du théâtre. L'autre nom de la compagnie c'est « laboratoire », alors on expérimente, que voulez-vous. En attendant, je travaille des jours entiers sur « Les Nefs de Pangée » et, surprise, j'ai l'impression que ça va être un roman plus intéressant et riche que je pensais.

  • Tu écris

    Tu ne cesses d'écrire, tu enchaînes roman sur roman, texte sur texte, parce que tu crains que, à l'occasion de la moindre suspension, se révèle le désenchantement du monde, tu crains que n'apparaisse l'épopée vulgaire et dérisoire qu'est la vie.

  • Ha wa bien

    Cette fichue manie de casser les noix avec les dents...

    « Ah ben monsieur, là, il va falloir que je vous l'enlève, la dent, elle est fendue jusqu'à la racine. Vous êtes d'accord, on l'enlève ? » Mais je vous en prie, faites. « Une 'tite anesthésie d'abord... (Tchic, tchic) ça va monsieur ? » Hmmm hmm, ça va, oui. « Bon, allez, (wouiiiiii, vizzzzz, wouiiiiii), ça va monsieur? » hawa, werchi. « C'était pour dégager, maintenant je vais l'enlever, rincez. » (gloiuglurp fioutch!) L'assistante : « Il y a de l'eau par terre, là » chest woi, we mexcuve, chai parti tout heul. « C'est pas grave, allez ouvrez bien grand... ça va craquer un peu, vous inquiétez pas, hein ? (craac, teeeenaï, crouch, gniinnn) ça va monsieur ? » Ha wa... « (Hurmf, gnnnn...) ah ben dites-donc, vous avez de sacrées racines, hein ? incroyable, c'est dommage d'enlever des dents avec des racines pareilles (Houmpfgnnnnn... Râaah Putaiiiin ! RRRahmmpffff, ça vient, ça vient), ça va monsieur ? » imaawe « Pardon ? » Im-wé-hable « Ah. Bon, je force encore un peu et puis c’est fini » (Gnnnrââhhhmmmpfff, rrrr, gniaaaa, là!) « Voilà ! Ça y est. Regardez moi cette racine ! Vous allez bien ? » Houich. « Il faudra prendre le comprimé anti-douleur dès votre retour, parce que bien sûr, ça va se réveiller. »


    (En partant) : « Bon après-midi monsieur. Enfin, aussi bon que possible... »

  • Retour de mes petites phrases, à moi

    Il faut battre le pavé tant qu'il est chaud.

  • Les petites phrases de JMD

    " 'Pourquoi êtes-vous peintre? Il y a tant d'autres états dans la société où même la médiocrité est utile' C'est du Diderot, c'est adressé à Michel Ange Challe, qui eût mérité d'être célébré pour avoir provoqué cette scélérate observation."

  • Et pendant ce temps, à Vera Cruz...

    Fiers polissons, sachez que je signe à Chazay (sur Asergues, ou zergues), toute la journée (enfin pas jusque tard, je prends mon train vers 17h30).

     

    voilà voilà.

  • Les petites phrases de JMD

    "Trop de choses qui me dépassent. Il faut que je roule plus vite."

  • Les petites phrases de JMD

    "Luttons contre le féminisme arrogant et tout-puissant ! que les écoles maternelles deviennent paternelles ; que le 'ce n'est pas la mer à boire' se transforme en 'ce 'nest pas le per à boire'."

  • C'était en Charybde...

    C'était à la librairie Charybde, le 24 octobre dernier, un enregistrement de la soirée par nos libraires, mis en ligne, et que je découvre. Pour les fans exclusivement (ça dure plus d'une heure).

     

  • Les petites phrases de JMD

    "L'envie d'être discret, de s'effacer, mais que ça se voit."

  • Les petites phrases de JMD

    Quelle bonne idée cet achat d'une kalachnikov. Depuis, j'asperge, j'arrose avec précision et générosité. Les gens sont tellement secs.

  • Les petites phrases de JMD

    J'ai la chance d'avoir de précieux amis. Parmi lesquels Jean-Marc Dublé, par ailleurs préfacier et inspirateur de mon roman « Le Psychopompe », a une place à part. D'abord, ce doit être le plus ancien, quelque chose comme plus de trente ans, et puis je crois que c'est un véritable génie. En tout cas, le bougre a décidé de se porter à mon secours, devinant que je suis débordé et m'offrant ses services pour alimenter Kronix pendant quelques jours.
    Donc, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 novembre, ce sont les axiomes et sentences de Jean-Marc que vous lirez.
    Si l'initiative vous inspire, n'hésitez pas.


    « Incompréhension ! Pourquoi, à la suite de Baudelaire, aucune trace de Baudeleau, Baudefeu, Baudeterre ni Baudefer d'ailleurs ? »

  • Incipit

    Pour le petit garçon que j'étais, tout se configurait je crois à partir de ma seule existence, et j'étais le point d'accrétion autour de quoi étaient organisés la matière et le temps. Le reste m'était incompréhensible et stagnait dans l'indéfinissable. Il me semble que Roanne se résumait initialement à notre chambre, à la vue depuis la fenêtre, et au trajet vers l'école dans quelques rues. Quelques rues, empruntées à pieds toujours et regardées avec la myopie de l'enfance : les trottoirs de ciment ou de terre battue, les rues goudronnées, les pavages fragmentaires, les façades limitées au rez-de-chaussée, des carrefours examinés gauche et droite pour la seule intelligence du danger automobile, soit un champ de vision réduit à peut-être une douzaine de mètres autour de nous et à trois mètres au dessus des visières de nos casquettes de cuir. On ne saurait donc parler de ville, même pas de quartier. En dehors de notre maison, les bâtiments étaient sans épaisseur, leurs verticales à côté de nous n'étaient guère plus tangibles que les maisons de carton que mon père découpait dans une boîte à chaussures, portes et fenêtres dont un côté préservé formait charnière, juste assez grandes pour que nos soldats de plastique puissent s'y pencher et jouer les drames de nos récits (le nous que j'emploie ici convoque mon frère dans ces souvenirs, mais nous ne les avons partagés qu'un temps, et je suis bien sûr qu'il devina précocement les niches derrière les murs, la complexité du monde au bout des perspectives. Contrairement à moi qui ne voyais partout qu'un songe plaqué sur l'écran du monde, il a sans doute saisi très vite que les bâtiments n'étaient pas des simulacres de carton et que les drames qui s'y nouaient n'impliquaient pas des figurines réduites à la préhension des jeux mais bien de massifs individus, plusieurs fois hauts comme nous, et dont les voix roulaient des foudres).
    Cette exiguïté de perception eut un effet curieux mais durable : elle engendra une exploration obstinée du sol. Car l'espace ne me fut d'abord sensible que par le déroulement du trottoir sous les pas. Cette habitude de gosse timide est devenue plus tard manie de chasseur de fossiles amateur : déambuler, regard collé à mes pointes de souliers. Et m'extasier de ces inventions du hasard,  célébrées par Vinci. Incidemment, des images s'animaient sous mes pieds. L'image d'une silhouette notamment, dessinée par une flaque de ciment au détour d'un trottoir, me hante depuis cette époque où j'empruntais la rue Émile Zola pour rejoindre la rue des Écoles. La perfection. L'exacte silhouette d'une gitane. Celle des paquets de cigarettes de mon grand-père maternel. La même cambrure, le geste de danse flamenca et l'ondulation de la chevelure cascadant jusqu'aux reins. Je ne me lassais jamais de son apparition, m'étonnais à chaque fois que cette forme, indiscutablement accidentelle, fut si proche d'un dessin maîtrisé, fruit de la volonté humaine. Elle est restée des années, rapiéçage de trottoir, fine découpe monochrome, jusqu'à ce que l'état du revêtement soit tel qu'il nécessite une réfection complète. Je me suis souvent demandé si les ouvriers d'alors avaient perçu le miracle dans cette apparition. Et s'ils avaient eu quelque regret en l'effaçant, d'un épais coup de taloche. Un peu plus haut, là où mon regard portait sans effort, s'ébauchaient d'autres étonnements. Les publicités peintes directement aux murs produisaient les rares événements colorés d'un univers majoritairement gris. Il y avait un homme en robe de chambre bleue, levant le coude pour absorber je ne sais quelle panacée, et ailleurs une ménagère stylisée en chignon et blouse à carreaux verts et noirs (une figure connue des vieux Roannais : la « Toinette » personnage publicitaire de la blanchisserie Bourlière ; sorte d'ancêtre de la mère Denis). En dehors des vitrines de magasins, il faut se souvenir de la rareté et de la préciosité de la couleur dans notre monde. Rues, façades, vêtements, télévision, livres, véhicules même ; l'environnement s'inscrivait pour nous dans une gamme qui allait des peaux sans hâle aux tapisseries marron. La couleur était le domaine du futile et du luxe. A l'exception notable des parterres de fleurs où les jardiniers de la Ville (dont mon père) s'échinaient à reproduire la légion d'honneur, des variations du Renaison selon les bains des teintureries qui empoisonnaient ses eaux (rose, rouge, bleu), et des grands panneaux qui décrivaient pour les petits écoliers des batailles exotiques ou l'assassinat d'Henri IV, la couleur nous a été enseignée par la publicité. Je parle d'une ville ouvrière de province des années 70. J'évoque une enfance longue à vivre, où tout se concentre sur quelque huit années – avant les premiers pas de l'homme sur la lune, si l'on veut un repère universel. Malgré l'irruption des orange de l'électroménager, l'opulence des verts et des jaunes acides des accessoires décoratifs, je l'affirme, notre monde était gris.

     

     

    "J'habitais Roanne". Thoba's éditions, 2011. Extrait.

  • L'ennui

    J'ai toujours aimé l'ennui, sa mélancolie, l'apaisement qu'il procure quand on sait le goûter. Une amie à qui je confiais ce goût et cette aptitude pour le vide et le temps arrêté, arrondit son regard bleu, figé dans l'incompréhension. Elle a horreur de l'ennui, c'est pour elle une sorte d'abandon insupportable de soi, j'imagine. Beaucoup de personnes, pareillement, sont hantées par le surgissement de l'ennui comme par la fréquentation d'une maladie repoussante, ou plus sûrement sont épouvantées par l'intrusion de cette parente de la mort. Pas moi. J'observe la capacité des chats à s'arrondir autour de leur indifférence. Enfant, je savourais la présence des animaux, les vaches dans l'étable, debout face à l'auge, regard abruti collé au mur, les moutons étendus dans le pré, l'œil abîmé dans la contemplation de la plaine, les chiens – une chienne particulièrement – assise contre moi, sérieuse, immobile, aussi peu intriguée par le mouvement des arbres et le murmure de l'eau que moi par l'acharnement des adultes, là-bas, à se croire essentiels. J'ai appris des bêtes la volupté du temps qui ne veut rien, la langueur admirable du vide. Tant de gens se lancent dans une occupation à cause de la terreur qu'inspire l'ennui ! Et plongent alors dans une activité souvent véritablement ennuyeuse, mais qui donne l'illusion de produire, d'avancer quelque chose, une tâche qui ne souffrirait pas d'attendre demain. Tandis qu'il est si bon de suspendre sa vie, de la laisser traîner comme une ombre, au jeu flânant des méditations. Finalement, je me demande si dans mes récits je ne cherche pas à décrire constamment l'état secret dans lequel me plongent l'ennui, l'absence, l'engourdissement.

     

    Extrait de "J'habitais Roanne", Thoba's éditions, 2012.

  • Mise au pli

    Choisir la précarité implique une révision complète de tous les postes. Energie, assurances, mutuelles... Ma douce et moi nous rendons dans l'agence la plus proche de ma mutuelle actuelle. Nous tombons d'accord avec la dame qui nous accueille sur une formule un peu moins onéreuse, tout va bien, je signe. Et voilà que la dame assène : « Je ne devrais pas le dire, mais tout ça coûterait moins cher s'il n'y avait pas tous ces assistés... »

    Voyageur, sache qu'à l'emplacement des ruines fumantes que tu visites à présent, dans cette petite ville au nord du département, existait une agence de la mutuelle E... et son personnel. L'histoire de cet établissement s'est brutalement interrompue à cause de la remarque stupide d'une dame qui ne s'est pas doutée qu'elle ne s'adressait pas aux clients qui, d'habitude, opinent quand elle balance cette sorte de venin. La vérité m'oblige à dire que, pour ma part, j'ai tenté de démontrer la débilité d'un tel jugement à la dame, mais de toute façon on ne s'écoutait plus, à cause des cris de ma compagne. D'ailleurs, ma douce a entamé illico la destruction de l'agence, l'humiliation implacable de la crétine de service avant son exécution pour l'exemple.

    De profundis.

  • Jeudi c'est youpi

    Une belle journée pour l'Affaire des Vivants, ce jeudi.

    C'est d'abord, une très jolie critique lue sur le blog de Imrama (je ne mets pas toutes les critiques de blog, non qu'elles soient mauvaises, mais elles se ressemblent toutes, ont le superlatif facile et sont rarement développées comme celle-ci). Là, il me semble que la blogueuse a tout compris et elle l'exprime admirablement.

    Ensuite, une critique de Yves Viollier dans le magazine "La Vie" :

    2014-11-20~C CHAVASSIEUX-LA_VIE.pdf

     

    Enfin, ce sont les mots d'Alice Ferney, écrivain remarquable qui, depuis qu'elle a lu mon livre (sans que j'y sois pour rien), se démène pour le faire connaître, en parle à tout le monde. Et encore une fois, dans cet article de l'Obs, consacré à son dernier roman "Le règne du vivant" (par ailleurs excellent), elle profite d'une question du journaliste pour dire ce qu'elle pense de mon livre. Je ne pouvais rêver de meilleure ambassadrice. Oui, il y a des gens désintéressés dans ce métier.

  • Pensée basalienne

    Chaque mort est une expérience distincte. La grande confrérie des décédés ne pourraient tenir colloque. Ils ne se comprendraient pas.

     

    Extrait de "Les Nefs de Pangée", à paraître chez Mnémos, décembre 2015.

  • Un jour ou l'autre

    Olivier Barrot est sympathique, chaleureux, et d'une immense culture. Olivier Barrot lit les livres de ses invités. Vraiment. Et il n'invite que les auteurs des livres qu'il a aimés. Vraiment aussi. C'est le premier décembre que sera diffusée l'émission "Un livre, un jour" consacrée à "l'Affaire des Vivants".

  • Les Mille-feuilles

    Les_1000_Feuilles.jpgIl n'est sans doute plus temps pour réserver, à l'heure où vous lisez ce billet, mais permettez-moi de partager ce motif de bonheur :

    Frédéric Fredj organise de réputés dîners littéraires depuis longtemps. En général ce grand amoureux de la littérature choisit lui-même les auteurs qu'il invite mais, pour la 124ème édition, il a demandé à des libraires de le faire pour lui. J'ai la chance d'être l'élu de Laurence Noret, de la librairie "La Belle Lurette", 26, rue Saint-Antoine, à Paris. Mon bonheur est encore multiplié par la découverte des autres auteurs choisis par les autres libraires, jugez plutôt :

    Sophie Divry (pour "La Condition pavillonnaire"), est invitée par Karine Henry, de la librairie "Comme un roman" ;

    Laurence Tardieu (pour "Une vie à soi") est invitée par Michelle Ferradou, de la librairie "La Terrasse de Gutenberg" ;

    Philippe Rahmy (pour "Béton armé") est invité par Catherine Domain, de la librairie Ulysse.

    La parité, côté auteurs, vous aurez remarqué...

    J'ai lu ces livres, tous sont marquants, riches, passionnants. Comprenez ma joie de me trouver là.

    C'est donc ce soir, à 19h30, au restaurant Le Trimoulou, à Paris.