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  • Accord futur

    Complètement innocents, l’indien du fond de la forêt amazonienne, le polynésien dans sa pirogue et l’eskimau au cœur de la banquise, pourtant tous en train de payer les conséquences de notre consumérisme. Et, malgré cette adversité qui pourraient les rendre solidaires, antagonistes dans les rêves de vengeance qui les animent : le premier espère une civilisation défaite sous la dévoration des jungles, le second croit en une montée des eaux et un réchauffement qui feraient de New York un lagon tropical, le dernier sait que la faiblesse du Gulf Stream provoquerait un hiver général où lui et sa famille seraient à leur aise. Et nous tous, nous et eux, nous accordant sur la seule chose qui ne peut advenir : que tout reste comme avant.

  • J'en connais

    Ses propos étaient tellement creux qu'il finit par tomber dedans.

  • De Roanne à Lyon

    CabaretPoetique.jpgDemain dimanche, nouvelle actualité, nouveau défi, nouvelle paire de chaussettes. Je serai sur la scène du périscope, à Lyon, à partir de 17 heures, en compagnie de Mariette Navarro, Marlène Tissot (une consoeur chroniqueuse de Vents contraires, d'ailleurs), et Lionel Tran (ouiiii, le Lionel Tran de « une année sans printemps » et « le journal d'un looser » avec Ambre) à l'invitation de Frédérick Houdaer et en partenariat avec l'Université Populaire de Lyon, dans le cadre du Cabaret Poétique. Le Cabaret poétique, c'est une fois par mois, des auteurs, des poètes, accueillis pour lire des extraits de leur travail. Laurent Cachard et Hervé Bougel (et plein d'autres que je ne connais pas, mais je cite les potes, je suis chez moi), ont déjà confié leurs mots au public de ce lieu pas comme les autres, et je suis extrêmement fier de leur succéder. J'ai choisi de lire "Les chants plaintifs", histoire de plomber l'ambiance. Chaque lecture dure 7 minutes. A la huitième, le poète est plongé dans une bassine de colle à rustine. Ça donne une diction assez nerveuse. Je suis heureux comme quand je suis amoureux.

  • De Roanne à Saint-Haon

    Demain, je serai à la Bibliothèque de Saint-Haon-le-Châtel, à partir de 17 heures, pour évoquer « J'habitais Roanne ».
    "J'habitais Roanne" inspire beaucoup de rencontres et j'en suis ravi. Celle-ci sera très particulière puisqu'elle bénéficiera d'une introduction de Jean Mathieu (dont ceux qui me lisent savent ce que je lui dois et ce que ce livre lui doit) et de ses questions avisées.
    N'hésitez pas à venir nous supporter tous les deux. Des extraits (courts) seront lus et je tenterai de dire les mots "ficelle", "gradine" et "mithridatisé".
    Je ne vois pas ce que je peux faire de plus.

  • Soyons tolérants

    Non mais ne rigolez pas. Pour eux, ce sont des moments plein de gravité et de drame : « Au revoir », « Je vous demande de vous arrêter », « le bruit et les odeurs », « au karsher », « le pain au chocolat », etc. Nous, on trouve ça débile, mais je vous assure, ils y mettent tout leur cœur. Faut pas se moquer comme ça, c'est pas gentil.

  • Western

    Les signaux de fumée indiens étaient moins sophistiqués qu'on le croit. Un nuage : « j'ai fait un feu », deux nuages : « J'ai remis du bois », trois nuages : « Tu viens ? Je prépare les grillades », une colonne de fumée : « De l'eau, vite ! »

  • 1500

    Et voici la 1500ème note ! La première date de 2006 et n'était pas la première. Je m'explique : en réalité, Kronix a poussé ses premiers vagissements dès 2004. L'année de rédaction du Baiser de la Nourrice, et pour les mêmes raisons sans doute. Une profonde angoisse envers ce qui était en train de se passer dans ce pays et certains dangers de basculement politique, en tout cas de la société, angoisse prémonitoire hélas. Kronix était alors volontiers polémique, tapait sur tout, et très souvent se laissait aller à l'humour avec notamment Les fiches zoologiques du Professeur Coolidge. Cela me valait des statistiques de fréquentations jamais revues depuis (j'avais engorgé ma bande passante). Je mettais à l'époque beaucoup d'énergie et de temps à dialoguer avec d'autres blogueurs, cherchais le contact, attirais les internautes par des tags nombreux et ciblés. Kronix était également anonyme. Un jour, après plusieurs mois de silence, je décidai de supprimer toutes mes notes. J'ai cependant conservé le « label » Kronix, et, le 7 août 2006 donc, un nouveau billet est apparu. Intitulé « Analouê vorshê, gomoun ! », il déclarait : « Eg noul leis mo ghiom leised. Ent vorshê leiseré. »* D'après une langue imaginée par mes soins. Car alors, j'avais en tête de créer un blog lisible de moi seul mais visible de tous. Le goût du paradoxe et une réflexion sur l'outil internet qui adresse à l'univers des messages dont tout le monde se fiche. Autant être incompréhensible. Ça ne m'a pas amusé longtemps. Trop de travail pour construire les phrases à partir du dictionnaire que je m'étais construit (environ 600 mots et verbes, sans compter les déclinaisons. Encore n'utilisais-je que le Ghiom, l'une des deux langues élaborées pour un projet inédit. L'autre langue étant le Dalem). Plaisant, mais la futilité à ce degré frise le sacerdoce.
    Kronix n'a pas pris tout de suite sa vitesse de croisière. Je crois que le déclic a été la sortie de mon premier roman et le retour des lecteurs, venus sur mon blog, désormais signé de mon nom. Depuis plusieurs années donc, les billets sont systématiquement quotidiens, sans interruption sauf pour cause technique. Cette fréquence n'a pas de but en soi, elle me permet je crois de garder le contact entre deux livres (si tant est qu'il y en ait d'autres), et de m'imposer une discipline. C'est surtout un bon exercice d'écriture. Mais je suis bien conscient que tous ces mots rejoignent le verbiage planétaire. Disons que c’est une vanité peu nocive pour les autres. Analouê vorshê à tous, donc.



    * et pour la première fois, je vous offre la traduction :

    « Belle journée à tous, frères humains !

    Je viens parler avec l'humanité qui parle. Tous les jours je parlerai. »

    Pour ceux que ça amuse : Analouê : belle (ê, marque du féminin ; analou : beau, de ana : image avec le suffixe superlatif le, lo, lou : image réconfortante, d'où : belle) vorshê : journée (ê, idem ; Vor : de vors, la course (la course en train de se faire. La course passée, dont on se souvient : vorong, ce qui donne : vorongshê : hier, un jour passé ; Sh, de Shagma, le soleil) > vorshê : la course du soleil : la journée.

  • Equilibre naturel

    Après tout, quoi, la circulation libre des armes n'est qu'un moyen ingénieux d'équilibrer une démographie que la défiance de l'avortement ne permet pas de limiter. Avec cet avantage que le meurtre par fusillade cible davantage ses victimes que la contraception aveugle. Reste l'inconvénient des cris, du sang... On ne peut pas tout avoir.

  • Genèse

    Lot, fugitivement exposé au feu divin qui détruisit Sodome, en conserva un teint hâlé qu'il transmit à sa postérité. Lancé dans l'errance, il généra les gitans, tziganes et autres roms, toujours suspects de traîner avec eux quelque vice indicible.

  • Là-haut

    J'ai visité une tour d'ivoire l'autre jour, et bien c'est très cher, inconfortable et déraisonnablement haut. Merci bien, mais trouvez quelqu'un d'autre !

  • L'oeuvre au noir, suite.

    La première essence que je verse dans le creuset, est le mot culture. Qu’en dirais-tu ? Un jour, j’écrivis que la culture est un apprentissage de la vérité. Dans le prolongement de cette idée, je crois que la vérité consiste en la justesse. Cet artefact qu’est l’art -et pardon pour le pléonasme sémantique- cette élaboration intellectuelle élevée qu’est l’identité culturelle, nous construit. Par adhésion ou par défaut, nous nous définissons par rapport à la culture. Le manque de culture n’existe pas fondamentalement, il n’est appréciable que dans les limites qu’il impose à l’harmonie des pensées. La conscience que nous avons de nous passe par la conscience que nous avons de la culture des autres.
    J’évoquais la justesse, parce qu’au final, dépouillée des scories des snobismes et des modes, la justesse est la substance de la culture (tu pourras entendre là la confusion où je puise mon oxygène, qui fait de la création un synonyme de la culture). Aucun artiste, aucun auteur véritable et durable, ne se perd dans le verbiage et dans l’apparence. Il tend à être juste. C’est ce qui fait de la culture une terre nourricière, un havre aussi bien, et en tout état de cause, ce à quoi l'on se référera pour dire ce que nous sommes.

  • L'oeuvre au noir

    Nous commencerions par l’évocation des mystères que nous sommes l’un à l’autre. Charge à chacun de non pas les percer, mais les entourer d’autres charmes. Et élaborer ce faisant une pierre philosophale du vertige, où se reconnaîtraient les lecteurs chéris, ceux qui refusent en lisant de ne faire qu’apprendre ou se distraire.
    Il ne saurait y avoir de sujet : j’ai épuisé dans ce premier but maintes tournures appliquées. Il s’agirait, si tu veux bien, d’une manière de contamination. Il s’agirait d’inoculer dans chaque phrase des venins et des philtres, baumes et poisons, alternés sous l’inspiration que donne la fièvre à l’esprit, le soulagement à l’affliction. Blessure et soin successifs, nourris l’un de l’autre ; opposés qui sont la matrice de l’œuvre au noir. Les mots seraient écume de nitre, coagulée au lut de sapience, décoction de cendres gravelées incorporée au talc noir, trituration de cinabre et sublimation de mercure, distillation d’acide marin, huile de succin, airain brûlé, litharge et orpiment… la langue de Flamel est un pré-texte à elle seule. Il serait question d’amalgamer nos délires dans l’alambic de l’alchimiste.

  • Sage

    Voyez la taupe, sagement retirée des affaires de ce monde, ajoutant à l'isolement naturel de sa myopie celui du souterrain, pour mieux s'épargner la bêtise de notre temps. Y parvient-elle ? De petits tertres meubles trahissent son désir de reprendre contact avec l'extérieur. Toutefois ne sort-elle que la nuit, quand les fats tonitruants sont endormis.

  • On recherche

    Hier soir, vers 20 heures, une nouvelle illusion a été perdue par M. Moulin, à Yssingeaux. Dans la nuit, la gendarmerie locale a suspendu les recherches, qui devaient reprendre dans la matinée. Chaque année, ce sont des millions d'illusions qui se perdent sans qu'on en retrouve la trace. Selon le professeur Brosno-Devarette, « cette hémorragie n'est pas inquiétante en soi, mais nous savons qu'une illusion perdue peut muter et qu'on peut la retrouver, modifiée, cristallisée sous sa forme religieuse par exemple. » Dès lors, que faire ? « Cesser d'en faire naître à tout bout de champ. Je tente de mettre au point un contraceptif, à base d'essence de lucidité. » nous confie le professeur. « Nous y arriverons » ajoute-t-il, et l'on voit clairement une petite illusion se former en lui, que le scientifique tente d'étouffer immédiatement.

  • Matin difficile

    Dans son rêve, la fenêtre d'un autre s'ouvre sur sa cuisine. Il juge la décoration intérieure minable. Se réveille, se dit qu'il n'a vraiment aucun goût. Enfin, lui quand il était l'autre regardant par le fenêtre, mais après tout, qui est-il pour juger le goût d'un autre, même s'il est lui-même ? Tout ça est trop compliqué, il se recouche.