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Livres - Page 32

  • Ecouter parler du Baiser

    Si vous n'avez rien de mieux à faire, pendant que votre conjoint regarde un match par exemple, voici les 50 minutes de l'émission de RCF "A plus d'un titre", animée par Jacques Plaine et Philippe Jorgeon et Christine Victoire de la Médiathèque de Saint-Etienne, à laquelle ont assisté Laurent et Christian et Béa, et plein d'autres personnes...

    Merci à tous d'être venus me supporter dans tous les sens du terme, et de n'avoir pas éclaté de rire à l'écoute de la musique du générique (je n'avais heureusement pas fait attention alors, mais maintenant, en effet...)

    (Je viens d'écouter, et il y a le moment très drôle où Jacques Plaine me propose de lire un passage, et où je dis "avec plaisir". Et ben moi, ce "avec plaisir" me fait hurler de rire. c'est comme ça. "Avec plaisir"... je vous lis mes trucs autant que vous voulez, j'adore ce que je fais. "Avec plaisir", Ouarfahaha)

  • Les Edites

    Un peu fatigué, ce matin. Heureusement, Laurent Cachard a, dès son retour chez lui, trouvé l'énergie de parler le premier du salon de Roanne.

    Un aspect pourtant que je voudrais souligner : la beauté enthousiasmante de certains livres-objets, véritables oeuvres d'art auxquelles je suis extrêmement sensible (et notre compte en banque aussi). j'espère avoir un jour l'occasion de vous en parler ici, et pas seulement comme lecteur.

  • Ecouter lire

    Pendant tout le week-end du Salon de la petite édition et du livre d'artiste de Roanne, les lectures vont s'enchaîner, avec quelques intermèdes musicaux et poétiques. Venez, venez !

    Samedi

    14h : Jean-Gabriel Cosculluela ; 14h30 : Laurent Cachard (éditions raison et passions) ; 15h : Anne Brouan (éditions la rumeur libre ) ; 15h30 : Hervé Bougel (éditions pré#carré ) ; 16h : Patrick Peyraud (L'air du temps, textes de Marie Motay ) ; 16h30 : Michel Grange (Musique) ; 17h : Thierry Girandon (Jean-Pierre Huguet editions ) ; 17h30 : Joël Roussiez (la rumeur libre éditions) ; 18h : Jacquie Barral ; 18h30 : Jackie Plaetevoet (éditions sang d'encre ) ; Simon Narvaez (poèmes et musique)

    Dimanche

    11h : Marie-Hélène Bahain (éditions Diabase) ;11h30 : Sylvie Brès (la rumeur libre editions ) ; 14h : Dominique Lardet (Jean-Pierre Huguet éditions) ; 14h30 : Christian Chavassieux (Jean-Pierre Huguet éditions) ; 15h : Alain Pouillet ( éditions la rumeur libre) ; 15h30 : Pierre Bendine-Boucar  ; 16h : Chloé Dubreuil (éditions d'un noir si bleu) ; 16h30 : Anne Poiré et Patrick Guallino ; 17h : Jean Lenturlu (Privé de désert).

    C'est à l'Espace Congrès de Roanne, derrière l'hötel de Ville. l'entrée est libre.

  • Salon de la petite édition à Roanne

    Dès aujourd'hui et pour tout le week end, c'est le salon de la petite éditio et du livre d'artiste à Roanne.

    Demain, je vous donnerai la liste des lectures qui vont se sucder mais déjà vous pouvez (si le lien fonctionne) lire le programme de cette première édition, ci-dessous :

    Affiche-program-40x60-lesEdites.pdf

    d'autre part, ce soir, je serai à la Médiathèque de Saint-Etienne pour une dernière rencontre autour du Baiser de la Nourrice, et j'ai le plaisir d'être soutenu dans cet ultime moment par Laurent Cachard, également invité du salon. Quelle actualité !

    Vous pourrez suivre la première partie de la soirée, dès 18 heures sur la radio RCF.

  • Et toutes les autres rencontres

    Avec beaucoup de retard par rapport à la réactivité de Laurent Cachard sur son blog, et grâce à la bienveillante attention de l'administration Lettres-frontière, j'ai le plaisir de vous faire connaître la liste des heureux lauréats de la 17ème sélection :

    Suisse romande
    • Temps interdits / Thérèse Aouad Basbous
    • Le Monde d'Archibald / Anne Brécart
    • Double lumière / Brigitte Kuthy Salvi
    • Adieu, vert paradis / Alexandre Lazarides
    • La Cire perdue / Olivier Sillig
    Rhône-Alpes
    • L'identité obscure / Jacques Ancet
    • Manière / Joël Bastard
    • Le Nez à la fenêtre / Jean-Noël Blanc
    • Le Sari vert / Ananda Devi
    • Zoom / Gilles Granouillet


    (Je n'en connais que deux, mais je ne demande qu'à découvrir). Les auteurs élus auront la chance de rencontrer leurs lecteurs passés ou à venir dans plusieurs médiathèques partenaires.
    En ce qui me concerne, l'ultime présentation du "Baiser de la Nourrice" se déroulera à la Médiathèque de Saint-Etienne, vendredi soir à partir de 18 heures, et fera l'objet d'une émission spéciale "A plus d'un titre", en public, interviewé par jacques Plaine.
    Un jour, je tenterai un bilan de cette "tournée", mais je peux déjà dire que c'est une chance merveilleuse, offerte par une structure et une association formidables.
  • Bonus

    A propos du Psychopompe, ce petit jeu de questions-réponses sur le "choix des libraires" : http://www.lechoixdeslibraires.com/livre-88502-le-psychopompe.htm

    (cliquer sur le lien)

  • Charon, dans le fond...

    Riche et ambitieuse critique du Psychopompe par Laurent Cachard, sur son blog.

    je ne saurais trop vous conseiller d'y aller faire un tour.

  • Dassine

    Il y a trois ans à peu près, j'ai découvert, dans le cadre d'un travail sur les peintres du désert, l'écriture et le personnage de Dassine (ou Dacine) poétesse targuie du XXème siècle, femme politique, célèbre artiste, chanteuse, devenue une légende de son vivant. Aussi bien auprès de son peuple que des autorités françaises en Algérie (il existe un film français sur elle, mais j'en ai perdu la trace). Elle reste encore peu connue des écrivains occidentaux. D'elle, je n'ai d'abord lu que cet extrait, où elle évoque les écritures occidentale, arabe et enfin, tifinagh (l'écriture des touaregs -ou plutôt des tamasheq ou imajaghan, tels qu'ils se désignent eux-mêmes). C'est son texte le plus connu, et je l'ai retrouvé sur internet. Pour moi, c'est une merveille. Le voici :

    « Tu écris ce que tu vois et ce que tu écoutes avec de toutes petites lettres serrées, serrées, serrées comme des fourmis, et qui vont de ton cœur à ta droite d'honneur.

    Les arabes, eux ont des lettres qui se couchent, se mettent à genoux et se dressent toutes droites, pareilles à des lances : c'est une écriture qui s'enroule et se déplie comme le mirage, qui est savante comme le temps et fière comme le combat. Et leur écriture part de leur droite d'honneur pour arriver à leur gauche, parce que tout finit là : au cœur.

    Notre écriture à nous, au Hoggar, est une écriture de nomades parce qu'elle est toute en bâtons qui sont les jambes de tous les troupeaux : jambes d'hommes, jambes de méhara, de zébus, de gazelles : tout ce qui parcourt le désert. Et puis les croix disent que tu vas à droite ou à gauche, et les points – tu vois, il y a beaucoup de points – ce sont les étoiles pour nous conduire la nuit, parce que nous les Sahariens, on ne connaît que la route qui a pour guides, tour à tour, le soleil et puis les étoiles. Et nous partons de notre cœur et nous tournons autour de lui en cercles de plus en plus grands, pour enlacer les autres cœurs dans un cercle de vie, comme l'horizon autour de ton troupeau et de toi-même. »

    Beaucoup de ses poèmes ont été traduits par Charles de Foucault. Il faut que je retrouve les documents compulsés à l'époque de mes recherches pour vous en dire plus. Le personnage en vaut la peine.

  • Nouveau roman, nouvelle rencontre

    Ce soir, à partir de 18h30, les roannais qui n'auront pas pris de billet pour aller voir Jacques Dutronc pourront toujours venir nous voir, François Podetti et moi, lire et discuter de mon dernier livre : "Le Psychopompe". C'est à la Médiathèque de Roanne, et c'est gratuit. Par ces temps, trouver un endroit chaud où les gens sourient est rarement gracieux. A part ça, je vous promets de prononcer le mot "Glaïeul", un moment ou l'autre. Vous en avez assez que je vous rappelle  ce rendez-vous ? Oui, ben, je m’excuse : je le dis autant de fois que je veux (et comme je veux), je suis chez moi, ici. Cette peur de n’avoir personne, évidemment liée à l’égo et à sa forme paranoïaque (personne ne vient ? Personne ne m’aime, alors ?). Alors qu’il ne s’agit pas de moi, intimement, mais de l’auteur ou du livre, plus ou moins apprécié. Apprendre à faire la part des choses.

     

  • Emotainement

    Je ne peux pas vous donner la source : l'article de presse m'a été transmis, découpé, par un ami. Il s'agit d'une interview de Laurent Fontaine, complice du nommé Bataille dans l'émission de TF1 "Y'a que la vérité qui compte". Laurent Fontaine s'est vu récemment confier la production de l'émission "L'île de la tentation". Jusque là... Vous me direz qu'on s'en fout et vous aurez bien raison. Au passage, j'apprends le mot "Emotainement", mot-valise qui désigne ce spectacle de l'émotion, typique de la télé Trash. Pour le reste, la fin est vertigineuse. L'interview se conclut par les propos de Fontaine recueillis ainsi : "Tu réfléchis beaucoup plus chez toi devant le poste avec ce type d'émissions qu'en lisant un bouquin pendant deux heures."

    Vertigineux.

  • Lausanne

    Il faut bien encore évoquer "le Baiser de la Nourrice". Grâce à la bibliothèque de Lausanne (Suisse) et à son personnel, ce soir à 19 heures, dans le cadre d'une année entière consacrée aux débats et réflexions autour du thème de l'Utopie (et donc, de la contre-utopie ou de l'anti utopie), nous évoquerons ces aspects, imbriqués dans le projet littéraire qu'est "Le Baiser".

    Merci à Alexandra Weber, que j'ai hâte de découvrir là-bas, ainsi que toute l'équipe. Cerise sur le gâteau : une lecture de 40 minutes (si j'ai bien compris) du baiser, soit une sorte de montage j'imagine. Je suis évidemment très heureux.

    Il s'agit de l'avant-dernière rencontre organisée avec le soutien de "Lettres-frontière".

  • Le Psychopompe J-1

    « Je fais pourtant un métier passionnant, constamment au contact avec la misère humaine. Hier, je faisais une permanence téléphonique au tribunal... Que faites-vous ? » Charon s'est levé : « Pardonnez-moi, il faut que je me dégourdisse les jambes, problèmes de circulation sanguine. Continuez, je vous en prie. » Bonne fille, Gisèle raconte sa dernière permanence au téléphone, les dizaines de cas, grotesques et tragiques, qui se succèdent, minute après minute, sans répit. Charon circule lentement, s'approche de la fenêtre derrière elle. Les détresses et les folies relayées par les policiers, filtrer immédiatement, déterminer, évaluer, démarrer l'instruction, c'est crucial vous savez, ces premiers instants après un délit, quand la police nous appelle, les gens ne se rendent pas compte... tenez, c'est moi qui dois décider d'une protection de mineur ou qualifier une enquête pour mort suspecte et ce n'est pas si rare, même à Croizan, comme l'autre nuit, j'étais chez moi, le téléphone sonne, et bien c'était pour la mort de Jérôme Talan, vous voyez de qui il s'agit, n'est-ce pas ?

    Oui, dit Charon calmement. Le cordon de rideau passe autour de la gorge blanche de Gisèle.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature demain à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-2

    Bon, dit Gizant en lui tendant l'appareil, tu as conscience que c'est complètement absurde, cette mort, Marchot, hmm ? Tu crois qu'on peut être maladroit à ce point ? Être soûl à tomber par terre, avoir du mal à se relever, je veux bien ; mais systématiquement choisir l'angle de chute qui te fera heurter la tête sur un bord ou un angle dur, bizarre, non ? Et puis la porte extérieure qui n'était pas verrouillée, c'est ça ? » Marchot est heureux de montrer son carnet, où il a bien écrit ce que lui ont déclaré la femme et la fille de la victime : la maison ouverte, mais aussi la porte de la salle de bains fermée à clé.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-3

    Depuis quelque temps, morts et vivants lui paraissent intimement proches, plus que d'habitude. Aurait-il mené l'expérience de la frontière à son terme ? Dans la rue, tout-à-l'heure, les passants secrets, les hommes abîmés, dans le square encore un temps plus tôt, les enfants énervés, le grand échalas sur le banc, lui sont apparus contaminés par une indicible nuit. Pas encore le grand bloc qui pèsera sur chacun, mais un contour naissant, un nimbe noir. Avec l'idée obsédante de son corps incapable de séduire, s'est manifestée la présence d'une camarde vers lui tournée avec une insistance nouvelle. Et tous désormais, dans son esprit le rejoignent, et Nathan désemparé ne peut éviter de songer au désir qu'il a de les voir le devancer.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-4

    Charon est avant tout un solitaire, et cette aptitude a, plus qu'une autre, orienté ses goûts vers l'étude de la chose disparue – objets, faits ou personnes, mais le disparu n'est reclus dans le passé que par la paresse de pensée des vivants, Charon a toujours eu le sentiment de l'existence des défunts, de leur présence irradiante. Les conversations légères de milieu de repas, convives plaisants, sourires scintillants derrière les losanges biseautés des flûtes de cristal, évoquaient invariablement pour le lui comparer, le personnage de Truffaut dans la chambre verte ; Charon déniait, avec d'autant plus de conviction qu'il s'interdisait de voir ce film mais en parlait avec science, ayant deviné à la vision d'une seule photo, tout ce qu'il devait en savoir, c'est-à-dire que ce rôle ne lui convenait pas et ne disait rien de son approche personnelle des disparus. Il voyait dans la figure de l'homme vêtu de noir, ganté, sinistre et froid, une sorte de croque-mort, jouissant de son appartenance au monde des morts. Il vivait, lui, il voulait juste démontrer à certains que les défunts produisaient une pensée qui les dépassait.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-5

    Alors, ce roman ? « Magma », ce récit qui se tord contre sa volonté, qui rue et se disperse ? Pour l’heure, Charon compile les notes autobiographiques, dans l’espoir de trouver l’image initiale qui enclenchera le reste du récit. La première phrase ébauchée pendant sa discussion avec Claude, Tout a commencé par une histoire d’amour, est restée sans suite. Aujourd’hui, il entreprend de raconter les gorges de la Loire, les lieux de son enfance, à tout hasard :

    La Loire à Croizan, fanfaronne, roule des mécaniques de garçonne. Elle est loin de sa maturité en robe d'or et d'émeraude, vers Nantes. Ici, gamine, elle soulève sa jupe au gré des précipitations hivernales. Mais son impétuosité est contrôlée, depuis qu'un barrage de plus la contient. L'ouvrage, quelques kilomètres en amont, a muré sa fougue, rabattue entre les gorges désormais noyées. Avant cela, dans les années Mais... Mais ? Aïe ! Mais il est vraiment trop con ce chien ?! Anne-Marie, ton putain de chien vient de me mordre !

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-6

    Je me rends bien compte écrit Lionel Gizant dans son journal, je me rends bien compte que mes collègues sont gentils avec moi. C'est vrai, tous l'aiment bien, malgré ses coups de gueule – des coups de gueule pour rien, café renversé, faute d'orthographe dans une note, mépris pour les échecs, ça les fait rire, en fait – parce qu'il ne représente aucun danger pour eux. Aucune trahison ne viendra de lui, aucune envie d'en découdre, pas d'exigence sur la façon dont ils devraient faire leur métier, ils aiment aussi sa disponibilité pour les vacances, les nuits, les dimanches... et ses supérieurs apprécient qu'il obéisse sans discuter malgré son âge, qu'il ne plaigne aucune heure de trop, sans revendication. Tout le monde aime surtout qu'il se fiche de paraître et soit beau pourtant, les femmes trouvent sa désinvolture séduisante. Il sait, il comprend, il se voit dans la vie, incarnant le stéréotype du flic désabusé, dans les films qu'il aime. D'une certaine façon, les films l'ont renseigné sur qui il est, Bogart lui a peut-être même montré le héros sans héroïsme qu'il serait – qu'il est en train de devenir. Il y a une part de vérité dans le cliché.

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Le Psychopompe J-7

    Sylvie Denoz marche et Charon la regarde approcher avec la même délectation qu'on ressent à voir la course d'un fauve au ralenti. Comment font-elles pour apprendre cette grâce ? S'entrainent-elles depuis l'adolescence, minauderies devant la glace sur fond de musique à danser, étude de la façon dont les plus grandes se meuvent, analyse du déhanché des stars ? Quand tout cela a-t-il commencé ? Quelle Lucy des aubes a-t-elle transformé un sauvage balancement de croupe en cette marche dégagée, faussement innocente, consciente d'elle-même, cette déambulation érotique ? « Salut Nathan » Bises sur les deux joues. Elle sent bon, Il y a ce moment douloureusement fugitif, où la chevelure brune se répand autour d'eux et tend un dais sur le monde. « Tu as besoin de l'ordinateur ? » La voix aussi est furieusement sensuelle, découpée en syllabes nettes par la morsure des dents blanches, l'une après l'autre, avec une scansion d'arpèges.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à la libraire Lauxerois, rue Charles-de-gaulle à Roanne (Loire) dès 14 heures.

  • Psychopompe J-8

    Modeste Lebecq s'est heureusement arrêté d'écrire après l'insuccès de son deuxième livre, non pas qu'il ait renoncé à croire en son talent, mais parce que le tirage de ses premiers travaux, financés par la bienveillance de sa mère, et dont il avait mal mesuré les potentialités, encombrait sa maison pourtant vaste, d'un grand stock de cartons pleins et lourds. Lourds, car Modeste Lebecq aimait le beau papier. Sa prose amusante, par laquelle il exhibait son goût des truismes et des clichés, ainsi que sa méconnaissance satisfaite de la syntaxe et du vocabulaire, lui paraissait magnifiée par une impression de qualité, sur un Arches dispendieux et rigide. Cependant, s'il fut brièvement conscient de son incompétence éditoriale, Modeste Lebecq n'en resta pas moins convaincu de son talent d'écrivain, qu'aucun de ses amis n'eut le courage de démentir, sous le prétexte discutable que « ça ne fait de mal à personne ». Et encore moins sa mère, coupable d'avoir même soutenu ce regrettable penchant. Au lendemain de sa mort, après qu'on l'ait trouvé, écrasé sous une pile de cartons effondrés, on découvrit que l'auteur préparait en secret un nouveau désastre, le chef d'œuvre de sa vie, un énorme polar inspiré de la série X Files, où un curé et une militante cégétiste s'épaulent pour lutter contre un criminel en série qui s'avère finalement être un extraterrestre. En plus de cette intrigue originale, le cadre de l'action avait toutes les chances de séduire le public restreint et fidèle de son cercle d'amis et parents, puisque l'invasion commençait du côté de Saint-Bécaud, son village natal. Une souscription infructueuse a été lancée par sa mère, dans le but d'éditer l'œuvre posthume, bien qu'inachevée – semble-t-il, ou bien votre serviteur, qui a eu la chance de s'en procurer une copie, n'a-t-il pas bien compris la fin.

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril à Roanne (Loire)

  • Psychopompe J-9

    Anne-Marie a laissé un message sur la table du salon, devant la télévision. Il déteste cette habitude, cette manœuvre ; sa femme sait très bien qu'il ne regarde pas la télévision. Elle pourrait déposer le billet dans la bibliothèque, où il passe ses soirées, ou bien à la cuisine ; aux toilettes pourquoi pas. Autant d'endroits qu'il est plus ou moins obligé de fréquenter, mais le salon... Cercle magique de fauteuils, équilibré par un canapé et un poste de télévision monolithiques, couleur obsidienne. Lieu tabou où se déroulent parfois de répugnantes assemblées autour de vaisselle en plastique et de bougies parfumées (le pire, les réunions de vente de bougies parfumées : le mélange d'odeurs, discrètes séparément, mais redoutables et capiteuses, quand la douzième est allumée « pour se faire une idée »), avec l'entrelacs assourdissant de piailleries sans répit, d'éclats de rire aigus et les regards sévères quand un homme s'aventure à portée de voix. Un mot d’Anne-Marie, placé dans ce lieu interdit, est une évidente démonstration d'hostilité. Charon décèle la triste énergie dépensée à inoculer cette infime dose de venin, d'autant plus inefficace que l'un et l'autre sont mithridatisés depuis longtemps. S'il pouvait, il s'empêcherait de lire mais trop tard, le mot est écrit énorme, avec un des feutres dont il se sert sur le tableau blanc. Ce type de feutre qui ne doit pas être utilisé sur papier, ce type de feutre qu'il faut avoir la nuisible volonté d'aller chercher sur son bureau. Sur la table basse, le billet hurle en rouge : « Rappeler l'éditeur. » Charon crispe les paupières. Depuis le temps qu'il fournit à toute la région et au-delà, des dizaines d'ouvrages, il connaît au moins quatre éditeurs importants, sans compter l'escroc. Elle le sait, elle le sait pertinemment !

     

    La suite dans Le Psychopompe, signature le 24 avril.