La terre, plus lourde quand le papillon se pose. Mais combien plus légère quand je saute en l'air !
kronix - Page 120
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Gravité
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Voyager
Oui, bon, c'est une soucoupe volante, d'accord, holàlà. OK, OK, je monte dedans, ne nous énervons pas. Hein ? La terre, le petit point là ? Et alors, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? On est arrivé ? Et vous trouvez qu'on a fait vite ? Pourquoi, elle est loin, votre planète ? Plusieurs millions d'années-lumières ? Ah. Je vous en prie, après vous. Éh ben, c'est pas folichon folichon, votre planète, mes pauvres. Le grand truc là, c'est le palais de votre grand chef, bien bien. Oui, c'est pas mal. Pittoresque, quoi. Des colonnes en or massif de plusieurs kilomètres, oui, j'ai vu, oui oui, on peut manger un morceau ? Après l'entrevue avec votre grand Maître ? D'accord, je ne voudrais pas être impoli. Bonjour grand Maître, maître cinquante, non je plaisante, humour terrien, intraduisible, laissez tomber. Alors, vous y'en a vouloir quoi ? Non, je n'ai jamais planté de drapeau sur la lune, enfin je ne crois pas. Mais je peux me renseigner si vous voulez, j'ai un copain qui connaît un type qui a traduit des modes d'emploi pour les toilettes de la station... Eh, mais vous énervez pas, j'essaye de rendre service, moi ! Bon, j'essayerai de lui dire. Je transmettrai le message. Oui oui, j'ai compris, je ne suis pas idiot. Destruction de la Terre tout ça. Pigé. On a l'habitude. Hmm ? Je dis : on a l'habitude. Vous n'êtes pas les premiers, quoi. Les autres ? Je ne sais plus, il y en a eu tellement. Des boursouflés du bulbe comme vous, avec les oreilles décollées et des fringues en lamés. Plein. Tous dégommés, les uns après les autres. Enfin, venez et puis vous verrez bien. Je vous comprends remarquez, quand on vit dans un patelin aussi nase... Besoin de changer d'air. Normal. Bon, c'est pas le tout, je suis pas d'ici et avec votre soucoupe qui mouline que dalle, je suis pas rendu. Qui me ramène ? Ah c'est toi, machin ? Et ben c'est parti. Je peux pisser un coup, avant ? Vous savez pas ce que c'est ? C'est une tradition de chez nous. Je vous montre. Ecarte-toi, machin. Ah ben mince, c'est comme de l'acide sur votre planète. Et, Maître cinquante, t'as vu ta colonne en or ? Aha. Excusez-moi, je suis embêté, tout ce palais foutu par terre avec votre grand Maître aplati dedans... Moi, Grand Maître à sa place ? Non, merci non vraiment, vous êtes sympa. On m'attend. Un suicide collectif ? Parce que vous n'avez plus de Maître ? Je ne sais pas, faites comme vous le sentez. Pourvu qu'on me ramène avant, moi... Allez, on y va. Bon, ben salut. Dis, Machin, tu pourras faire un petit détour par Tahiti avant de me déposer à la maison ? C'est cool.
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Métafiction
L'important n'étant plus d'écrire mais d'expliquer pourquoi et comment l'on écrit et surtout quel effet cela fait d'écrire. Le métalangage, le discours sur l'expérience devenu scène où est simulée une attitude envers la littérature, assez sophistiquée pour nous paraître crédible à nous-mêmes. Je ne sais pas comment on va s'en sortir. En fermant nos gueules, peut-être ?
Je dis ça et cependant on me trouvera en flagrant délit de discours sur l'expérience le 21 septembre à 18h30 19 heures à la Médiathèque de Roanne.
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Lala la lère
(de vigilants lecteurs me signalent que le billet d'aujourd'hui : "Dans Peau d'âne, une chose est sûre, c'est que l'âne n'avait rien demandé à personne" n'est pas un inédit, je m'excuse et vous en propose un autre en échange. C'est comme ça dans cette maison, mais oui).
Après la baignoire de Marat, David a eu une furieuse envie de peindre L'enlèvement des Cabines.
Pas terrible mais hé, je n'ai pas parlé d'échange standard. Et puis, ça, c'est du neuf, ça vous fera de l'usage.
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Troubles
« Je vous arrête au nom de... de... ah zut ! » « Suivez ce, cette, ce machin, comment déjà, râah » ses trous de mémoire commençaient à poser de sérieux problèmes.
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Les petits métiers
Que serait le métier de cantonnier sans celui, pourtant si décrié, de fabricant d'ornières ?
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En kit
Voici un billet moyennement drôle. Pour vous occuper un peu, je vous le propose en kit, à monter soi-même :
pour réaliser sa spécialité : sur l'île qui dut par manque de James Cook, , longtemps le il y avait dont on garda un employa les meilleurs hawaïens et au jus de coco qui pour son établissement tout nouvellement ouvert. morceaux les Établissement souvenir ému, fermer très vite ensuite, matière première restaurateur qui l'explorateur. Parmi tuèrent au poivre vert Une merveille.
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Hommage
J'entends bien. J'entends tout ce que vous dites de vos épouses, de vos compagnes, de vos conjoints. Leur aide, leur patience, leur amour, votre complicité, votre tendresse. J'entends bien. Mais, Ô pardonnez-moi, vous ignorez ce que c'est qu'être aimé par ma douce. J'en suis bien désolé pour vous.
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Autodéfense
Les appeler « foutriquets » avait causé une stupeur de quelques secondes suffisantes pour lui permettre d'échapper aux petites frappes qui voulaient lui niquer sa race.
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Dommages collatéraux
Les jeux paralympiques offrent un surcroit d'intérêt. Prenez cette épreuve du tir à la carabine par des déficients mentaux, avec ces arbitres qui courent dans tous les sens.
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Dans la voix de Tom
J'écoute "invitation to the blues" de Tom Waits, et je me dis qu'il ne pouvait pas chanter autre chose que cela. Les bars enfumés, les serveuses désarçonnées par la vie et l'attente des départs en bus, au fond de l'Amérique. S'il avait chanté autre chose, Tom aurait trahi. Trahi ce que la vie lui avait donné : cette voix-là. Vous voyez ce que je veux dire ? La vie nous fait un corps et ce corps vous destine à certains choix, pas seulement physiques, mais moraux. Je regarde mon corps et je constate que j'ai fait le choix moral de ne pas être Miss Monde. Sinon, vous pensez bien...
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Minotaure
Depuis que j'ai ouvert les yeux
Je cours dans ce monde
sous le couvercle d'un grand feu sec
ou sous la paume d'un vide givré de petits feux mourant.
Je cours sous l'un ou l'autre, plus vastes que mon monde, je crois.
Mon monde est une sente étroite coupée d'angles.
J'y étouffe, je jette mes cornes aux parois,
Elles font des traces brunes que je retrouve souvent.
Hors de mon monde, il y a des créatures qui chantent,
parfois elles sont sur mon chemin
Je les accueille dans un grand mugissement.
Elles tombent.
Je n'aime pas qu'elles tombent. Là, elles ne chantent plus.
Je cours seul ensuite entre les murs de mon monde,
sous le grand feu sec puis sous la grande paume noire
avec de temps en temps, un gros caillou blanc jeté contre ce vide, et qui ne tombe pas.
J'ignore si je dois courir longtemps
avant de chanter avec les créatures dehors.
Dehors, je crois qu'elles ne tombent pas.
Je frémis de toute ma grosse tête en pensant à ce moment.
J'ai peur aussi.
Je ne sais pas si je dois sortir de mon monde, mais je crois que c'est bien.
Parfois, je crois que ce n'est pas possible et que je dois courir pour toujours.
Alors, Je lance de longs mugissements.
Et le caillou, là-haut, garde sa tête de caillou. -
Adapté
Au nom de l'adaptation du travail aux handicaps, le grutier sujet au vertige avait obtenu de conduire des grues ne dépassant pas deux mètres de haut.
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Effet Coriolis
Dans l'hémisphère nord, l'eau s'évacue en tournant dans le sens contraire de celui des aiguilles d'une montre. C'est l'inverse dans l'hémisphère sud. Les derviches tourneurs, instinctivement, font de même. La première rencontre internationale des derviches des deux hémisphères s'est soldée par un beau merdier.
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Pas mûr
Ce soir-là, notre hôte me présenta cette dame comme la fondatrice de l'association contre les murs. Je m'amusai à lui demander si elle avait également quelque chose contre les toits, mais la dame me répliqua d'un air pincé que l'EMUR était l'Ecole Masculine Universelle de Réappropriation, formation machiste qui prônait la domination mâle et qu'elle était contre. Je m'excusai bien humblement et me retirai dans le jardin pour prendre l'air. Là, j'avisai une charmante jeune femme, invitée comme les autres, s'ennuyant avec classe, un verre à la main. Je tentai une approche assez originale en lui demandant si elle était elle aussi, contre l'EMUR. Elle m'assura que oui, et je renchéris en me lamentant sur la phallocratie ambiante et ses dommages. Je vis sur son visage passer l'incompréhension puis la stupeur avant de comprendre qu'elle était seulement contre les murs et leur symbolique d'enfermement ; sa présence ici, dans le jardin, le prouvait bien d'ailleurs. Elle me demanda si, à mon tour, j'avais quelque chose contre les murs, ce à quoi je répondis oui, espérant me racheter à ses yeux mais son visage s'assombrit : elle s'appelait Sylviane Mure et si j'avais quelque chose contre elle et contre sa famille en général, il valait mieux le dire tout de suite. J'avoue que, quand notre hôte s'est avancé vers moi avec une coupe de fruits ramassés le soir-même dans le jardin en me demandant si j'avais quelque chose contre les mûres, j'ai été un peu dépourvu et quand j'ai résolu la tension qui grandissait en me jetant la tête contre les murs, tout le monde n'a pas vraiment compris ce qui m'arrivait.
Elle est pas top, elle est trop longue, elle est pas drôle, mais j'avais rien de mieux sous la main.
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Holà, doucement.
L'animal le mieux adapté au métabolisme de notre chat est un paresseux (pensions-nous), et nous en avons récemment adopté un pour lui tenir compagnie. Mais le chat est perturbé par la précipitation du nouveau venu, ses gestes foudroyants qui lui donnent le tournis. Et je dois avouer que nous-mêmes...
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Poncer le marbre du doute
De belles rencontres à Villard de Lans, dimanche, dans le cadre de la deuxième édition de « Livres en Fête ». Rencontre notamment avec une équipe dévouée à la cause littéraire. Rencontre avec Emmanuel Merle et avec ses textes (« Amère indienne », « Un homme à la mer », « Pierre de folie », empressés de les lire au retour dans le train, mais je suis trop maladroit pour parler de sa poésie. Bientôt aussi : « Rapaces », chez La petite fabrique, et « Lettre à Jim Harrison » chez Pré carré). Rencontre avec un certain Debishop, artiste lithographe savoureux et qui irradie la bonté. Retrouvailles avec Anne-Laure Héritier-Blanc (et Stéphane, bien sûr), grâce à laquelle j'ai pu participer à ce beau moment. Et devant ce public, il a bien fallu que je me livre à l'exercice qui motivait ma présence : la lecture des Chants plaintifs. Bien. Si j'en juge par le silence de l'auditoire pendant et après, des larmes dans les yeux d'une autre éditrice et des mots sincères d'Emmanuel Merle, et bien, je crois que j'ai fait passer quelque chose (en dehors de la quiche à mon voisin à midi, je veux dire, je vous connais, je devance vos viles plaisanteries). Il semble que d'autres projets se profilent à l'horizon. Comme d'habitude, je vous tiens au courant -comme on dit.
En tout cas, tant de paroles et de témoignages, tant de mots qui me disent : "Fonce" que, lentement s'amincit le gros bloc de doute qui, comme un marbre, pèse sur l'auteur inquiet de se savoir légitime.
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Bonjour chez vous
Depuis qu'il avait vu son responsable sécurité habillé en elfe au dernier Comic Con, le président émettait des doutes sur ses compétences. Mais son DRH protesta : s'habiller en héros de film, de BD ou de série télévisée, n'était pas incompatible avec le sérieux qu'on mettait à son travail. Et le DRH conclut : « Vous êtes rassuré Numéro 1 ? »
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Et réciproquement
On se croisait tout petits déjà. Nous voici bien vieux, toujours traversant le même carrefour, toujours anonymes, mais constatant chez l'autre les dégâts que le temps a fait sur notre propre corps et dont nous n'aurions pas, sans cela, une conscience aussi aiguë.
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Les chants plaintifs à Villard de Lans
C'est un grand honneur pour moi d'être invité à participer à cette manifestation organisée par l'association « Livres en Scène » , un groupe de passionnés de lecture, qui « propose de mettre en résonance des mots et des notes sur le plateau du Vercors ». De spectacle en spectacle, ces lecteurs délicats et curieux invitent à la découverte de différents auteurs (parfois confidentiels, suivez mon regard). Grâce leur soit rendue.
La manifestation a lieu à VILLARD DE LANS les 24, 25 et 26 AOÛT 2012 (Vendredi 24 à La Montanara, Les Chaberts . Samedi 25 & Dimanche 26 dans la Maison de la Colline , plus précisément) sous le parrainage de Claude Burgelin, universitaire, spécialiste de littérature française.
Entre les divers rendez-vous, les visiteurs pourront aussi découvrir les livres -sculptures d’Alain Bourdel .
Demain dimanche, à 10h, les plus assidus pourront prendre un petit déjeuner avec Claude Burgelin autour de Georges Perec et, à partir de 15h (tataiin), écouter des moments de lecture et de musique autour des textes suivants :
La chance d’un autre jour - Emmanuel Merle et Thierry Renard
Chacun cherche son étoile -Marie-France Lefèvre
Les chants plaintifs - Christian Chavassieux (et voilà où je voulais en venir)
On conclura tout ce beau programme à 18h30 avec L’AVENTURE ETRANGE DE L’ECRITURE, un concert-lecture de et par Michelle Tourneur, écrivain et Aude Charlemagne, pianiste .
Je serai jusqu'au soir sur le stand des éditions « La petite fabrique », avec Anne-LAure Héritier-Blanc, éditrice et illustratrice des « Chants Plaintifs », justement. Mais seront aussi présents : Le Comptoir des Editions et la Passe du Vent.
Si vous êtes dans la région...