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kronix - Page 91

  • Du grain à moudre

    Comme la conversation, le silence doit être alimenté.

  • Lâcher prise

    La peur constante de se tromper qui enlève toute chance de se tromper

  • Le bo-navion !

    La mère désigne au nourrisson, tenu entre ses bras, toutes les merveilles offertes par le paysage. Ici un camion, là un avion, plus loin un tracteur. Toutes ces choses bruyantes et sales qui feront l’aversion de l’adulte délivré des mièvreries maternelles.

  • Pas impossible

    A 21 ans, il n’est pas impossible qu’une jeune femme un peu paumée, mal dans sa peau, se laisse aller à inviter chez elle un gars rencontré dans un bar. Chez elle, c’est-à-dire l’appartement où elle vit avec son bébé. C’est envisageable. Le gars peut éventuellement envisager, lui, qu’il va se passer des choses, que la soirée n’est pas finie. C’est possible. On ne saurait l’en blâmer. Qu’il s’imagine. C’est-à-dire que cela reste du domaine des projets, des fantasmes. Après un dernier verre, que le type fasse des avances. Bon. OK. Le type a vu tellement de films porno que ça lui semble la seule issue logique. C’est là que le problème se pose. Parce qu’il y a la réalité. La réalité, c’est que la jeune femme se dit « ça suffit ». Merci, au revoir, on n’est pas chez les bonobos. Que le type soit en colère, trouve ça dur, pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’aurais fait ? « Je t’envoie des fleurs demain et on en reparle ? » Oui. Je crois que c’est ce que j’aurais fait. Sincèrement. Parce que j’aime qu’on garde une bonne image de moi. On peut envisager les fleurs et une fin de soirée dans un sourire. C’est envisageable.
    Mais le type a frappé, frappé, violé, violé encore, frappé encore et laissé la fille pour morte, le bébé hurlant dans la pièce à côté. Le réflexe d’hommes qui pensent que quelque chose leur est dû, et qu’ils peuvent prendre ce droit si on le leur refuse. Evidemment, quand la jeune femme se rend au commissariat, on prend sa plainte en considération. Non. Je plaisante. On ne prend pas sa plainte en considération. La considération est du domaine de l’envisageable, du domaine de ce qui est possible. On ne prend pas sa plainte en considération, on lui balance qu’elle l’a bien cherché. Ils ont la description du type, le nom de l’agresseur, son numéro de téléphone et le bar où ils se sont rencontrés, mais ils ne feront rien.
    Il y a quelques jours, la jeune femme s’est suicidée. 21 ans. 21 ans. Vingt-et-un ans. Les policiers vont peut-être prendre sa plainte en considération. Le type va peut-être regretter son geste, et payer d’une manière ou d’une autre. Le bébé grandira et deviendra peut-être un adulte bien dans sa tête. Ce n’est pas impossible. C’est envisageable.

  • Aux grands hommes, la Nation reconnaissante

    L’abstraction a sonné le glas des bustes en marbre ou en bronze, effectués en hommage aux grandes figures. Dans quelques siècles, plus moyen de savoir à quoi ressemblait Enrico Macias.

  • Prix Rosny aîné

    Depuis 1980, le prix Rosny aîné récompense des œuvres de science-fiction (romans et nouvelles) parues en langue française sur support papier au cours de l'année civile précédente.

    Mausolées est dans la liste pour ce prix (rien d'extraordinaire : TOUS les livres SF ont leur chance, au départ).

    Si vous avez lu mon roman, et si vous pensez qu'il le mérite, vous pouvez voter pour lui ICI (jusqu'au 31 mai 2014)

    Après une première sélection faite par les lecteurs, un deuxième tour est réservé aux inscrits de la 41e convention nationale de science-fiction (du 17 au 20 juillet 2014 à Amiens). C'est là que tout se décide. Au vu des lauréats des éditions précédentes, je dois dire que, ma foi, je n'aurais rien contre rejoindre cette belle brochette. Et puis, le prix étant une statuette de l'ami Caza, je dois dire que, ça aussi, ça me motive pour oser vous demander de voter pour moi.

    merci de votre soutien.

  • Dans les amplis

    Odyssée riche et barbare, Le Maître des Eaux, ce récit dont la forme me laissait craindre qu’on me catalogue à sa sortie comme un prosateur réactionnaire dix-neuviémiste, commence à trouver ses marques et à prendre de l’épaisseur. Je vois enfin le moyen d’y prendre plaisir. La vertu d’une écriture lyrique, voire emphatique, est de finir par créer une atmosphère, une ambiance. A condition de ne pas être dupe du procédé, de s'amuser avec les mots et leurs sonorités comme avec des instruments électriques. Disons qu'en ce moment, je fais de la "littérature amplifiée". Il y a des risques pour les tympans à cause du nombre de décibels envoyés, mais on reste bel et bien dans de la musique.

  • Parlons un peu de l'Odalim

    Odalim est un mot qui signifie « les temps de l’origine » . Cela vient de Odir, le premier, qui est également le surnom du premier chasseur, Ghiom, celui qui remplaça l'espèce ancienne sur Pangée. On peut rapprocher Odalim de Od, le chiffre un, qui fait aussi référence à l'océan unique où il vit. C’est sans doute pour cela qu'on ne parle pas des odalims, et qu'on désigne le Maître des eaux toujours ainsi, au singulier. Comme s'il n'y en n'avait qu'un. L'Odalim a d'autres surnoms, en plus de Maître des eaux (ce qu'il est, incontestablement). On l'appelle Sôanget, qui est caché ; Eïnmein, le plus grand, le grand parmi les grands ou encore Lancalis, le destin. Les familles de Basal ont chacune un nom pour le désigner. Pour les Anovia par exemple, c'est Eïnev, au dessus ; pour les mystiques deBor, c'est Emata, l’autre. L'Odalim est entré tard dans nos récits, quand les nefs de Pangée ont osé s'aventurer assez loin sur l'unique, mais il tient depuis ce temps une place primordiale dans notre imaginaire. Des conteurs et conteuses avant moi ont émis l'hypothèse que la défiance envers les Flottants et la peur de l'Odalim sont confondues dans nos légendes à cause de leur découverte simultanée. Voyageur, tu rencontreras peu d'Estonians ou de Memphites qui prête le moindre crédit à l'histoire de Nodan le maudit et à la supposée razzia des Flottants sur Pangée. Pour étranges et fourbes qu'ils soient, les Flottants se tiennent à l'écart des nefs de Basal et n'ont sans doute jamais abordé la côte. D'ailleurs, les chasses  sont autant d'occasions d'éradiquer systématiquement leur population. On peut même supposer que le véritable but de la chasse n'est pas le sacrifice de l'Odalim à l'âge nouveau, mais la suppression de toute ville de Flottants sur l'océan. Les marins rencontrent de moins en moins souvent leurs étonnantes îles à la dérive, et mon prince et moi n'avons pas eu l'occasion d'en croiser pendant nos deux ans de formation à la navigation. C'est un peuple qui disparaît.

  • ALIROULU 2-E02

    Un nouvel épisode de la deuxième saison de ALIROULU. On reste à la Médiathèque de Charlieu, cette fois. Pour parler d'un seul livre. Ici, on prend le temps de parler d'un auteur. C'est ça, ALIROULU.

     

    On remarquera que j'en fais de moins en moins.

  • Ecoute-moi

    Un futur, un seul. Ne crois pas ceux qui t'en promettent autant que tu le désires.

     

    Extrait de "Nos futurs", à paraître chez Sang d'Encre.

     

  • Martine et Cacao

    Ma douce achève le classement des albums jeunesse. Parmi eux, les livres de son enfance, nourrie à une époque, par la série des « Martine ». L'un d'eux s'intitule « Martine en voyage ». On y voit Martine décider de partir avec sa petite copine noire, nommée « Cacao » mais qui est si bête « qu'elle ne se souvient même pas de son nom. Un nom pourtant facile à retenir. » Les deux amies partent donc en voyage. Tout le long du livre, Martine, décontractée, tient une ombrelle sur l'épaule, tandis que Cacao la suit en portant leur valise commune sur la tête. Bien expliquer aux enfants les bonnes manières et l'ordre des choses.

    NB : apparemment, l'album a été réédité, et Cacao s'appelle maintenant Annie. Je ne sais pas si elle porte la valise tout le temps.

  • A paraître

    Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), met la dernière main à un petit livre de sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis. Ce doit être suffisant pour  créer des contours physiques autour des manières d'écrire.
    La poésie actuelle se préoccupe peu des grandes figures mythologiques. La poésie actuelle n'a pas tort. Les grandes figures mythologiques m'ont cependant toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.
    Ces paroles (à peu de choses près, car j'ai réécrit certains passages) ont été entendues une fois, une seule, lors d'une représentation de la pièce « Le Rire du Limule », où elles constituaient des parenthèses entre deux séquences. Il y était question de toutes les occasions de révolte et de tous les renoncements. Elles étaient restées inédites.

    « Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.

    Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apporteront des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents. Pour cela, je dois beaucoup aux femmes, remarqué-je : Anne-Laure Héritier-Blanc (« Les chants plaintifs » édition La petite Fabrique) ; Yveline Loiseur (« Dans les plis sinueux des vieilles capitales » chez Huguet), et puis Christine Muller, et puis Catherine Chanteloube, Jackie et Corie enfin.

    J'ai tellement conscience de la chance que j'ai, que tout cela me paraît illégitime.

  • Trompe-l'oeil

    Ce billet n'existe pas. Il a été écrit ultérieurement à sa date de parution, paradoxe temporel permis par le web. Ce billet n'a d'ailleurs rien à dire, rien à prouver, il ne paraît aujourd'hui que par peur du vide laissé dans un calendrier autrement parfaitement comble. C'est fait, il ne sera pas dit que Kronix était épuisé au point de négliger cet aspect essentiel de sa forme : l'obstination du diariste. Enfin, tout de même, si : son style trahit la fatigue, je l'admets.

  • Pas rien

    Il ne se sera pas passé grand'chose entre la naissance des dinosaures et la fin des humains. A peine un tour de la planète autour du centre de sa galaxie. C'est frustrant. Mais tout de même, il y aura eu le bref éclat de la littérature.

  • En passant

    Le crachin, la rue, la nuit. Un type que je vois déambuler depuis le matin a trouvé refuge dans le renfoncement d'une porte. Il est accroupi sur le seuil, veste remontée, col serré avec le poing contre le menton. Au passage, je l'entends gémir, terrifié : « Ils ont tous des formes de légos ! »

  • Moi aussi, si je veux

    Son ascension fulgurante, son enrichissement personnel, les dizaines de milliers d'emplois qu'il avait créés, ne lui assureraient pourtant pas - il en était tristement convaincu - une place au Panthéon. Aussi prit-il les devants et s'en fit-il construire un, où il serait inhumé. Même architecture, mêmes dimensions, réplique parfaite. Avec plus de marbre, quand même.

  • Ce qui nous relie

    Je comprends l'agnostique, je tolère le croyant, j'admire le spirituel. Le problème, c'est le religieux. Ceux qui ont la foi devraient se défier des religions, au moins autant que les athées.

  • Croqueuse

    Le roi le plus désargenté de l’Égypte ancienne n'a pas eu les moyens de se faire construire un tombeau et encore moins une pyramide. On a retrouvé son corps dans la maçonnerie de la somptueuse tombe de sa veuve, Neptchet-Khonsou-Absetkhéphren, nom qui signifie « Celle qui en fit baver à Pharaon ».

  • Surpoids

    C'est le fruit des fondues

  • Peut mieux faire

    Je souris et je dis merci quand une voiture me laisse traverser
    Je ne regarde pas la monnaie que me rend le commerçant
    A la maison, je parle doucement
    Végétarien, je ne fais pas une crise s'il y a de la viande dans mon assiette
    Je ne fais pas figurer dans mes impôts, les sommes versées aux associations pour bénéficier de 60% d'abattement (c'est un geste qui me regarde, je ne veux pas demander à la collectivité de prendre en charge, même en partie, mes choix personnels)
    Aux amis que j'ai choisi, je ne prête pas, je donne
    Je ne fais jamais grève pour demander une amélioration de mon propre statut ou de celui de mes pairs ; Je ne défile ou manifeste, ou ne me mets en grève, ou ne signe une pétition, que pour l'amélioration du sort des autres
    Quand je fais grève, je m'inscris au nombre des grévistes, mais je reste au travail
    Quand je fais du mal à quelqu'un, je m'excuse

    La liste est cependant bien courte de mes tentatives d'amélioration. Mais enfin, je m'évertue, je m'évertue.