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kronix - Page 89

  • Ecrivains engagés

    La grande famille des écrivains qui ne lisent pas menace de créer sa propre formation. Le monde politique tremble.

  • Après la tempête

    Sous un ciel sans étoiles, flottant sur une mer invisible, Le triomphe de Rama était seul dans la nuit survenue. Nous avions allumé la lanterne de proue et tous les lumignons disponibles, que nous avions suspendus aux lisses. Nous lancions à tour de rôle de longs appels de trompes, à en perdre le souffle. Nos regards désespérés scrutaient les ténèbres complètes autour de nous, espérant un écho, une réponse. Mais pas d'autres lumières, aucun témoignage d'une vie sur l'unique. La plus grande flotte jamais lancée sur les eaux semblait avoir été engloutie. De toutes nos forces, nous résistions à cette idée. Nous étions sur le pont autant de paires d'yeux concentrées au point de faire naître des mirages. Parfois une voix perçait la nuit, poignardait les cœurs : « Là-bas, un fanal ! », nous nous précipitions. Mais il s'agissait d'une étoile brusquement découverte par un caprice de nuage, et nous restions, incertains, voulant croire, à interroger cette flamme vacillante, cette âme bleutée vite estompée. Il n'y eut bien que l'abattement, la consommation ultime de toute énergie, qui nous contraignit à abandonner la veille et à nous effondrer, mon prince et moi, l'un contre l'autre, quelque part sur le navire. Les autres firent de même. Nous avions compté nos morts, estimé le saccage de la tempête sur notre nef. Cela, nous y étions préparés, cela nous pouvions le supporter, mais perdre tous nos pareils dépassait notre capacité à mesurer les contours du malheur.

     

    Extrait des "Nefs de Pangée"

  • Shakes pire

    Je signe à côté de Lisa Tuttle, célèbre écrivain écossaise dont je vous conseille « Les chambres inquiètes » recueil de nouvelles traduites par Nathalie Serval, chez Dystopia. Bref, je suis donc à côté de cette étonnante personne, dans l'excellente librairie Charybde, à Paris. Poliment, nous échangeons quelques mots. La pauvre me pose une question sur la réflexion borgésienne présente dans « Mausolées » (car l'éditeur a conclu son livre par une phrase de Borges, et j'ai réussi à dire que certains passages du mien pouvaient évoquer la bibliophilie du grand auteur argentin). Inconsciente du danger, Lisa a franchi un seuil. Je me lance dans une explication longue et périlleuse. Après un quart d'heure de massacre de sa langue et de supplice pour elle, Lisa Tuttle me supplie de parler français : elle saura se débrouiller.

  • Le trousseau

    La clé pour les tiroirs sous les vitrines
    La clé pour la petite vitrine du salon XVIIIe
    La clé pour le portail
    La clé pour la porte d'entrée
    La clé pour les tiroirs du bureau du Rez-de-Chaussée
    La clé pour les réserves de l'entresol
    Le passe général
    La clé pour éclairer les étages
    La clé dont je ne me suis jamais servi et que je ne sais plus de quoi qu'est-ce
    La clé du couloir
    La clé de la chaudière
    La clé de la cave

    Toutes, déposées sur le bureau de ma chef.
    Et moi qui pars, tellement léger soudain.

  • La chasse

    Bon allez, ce soir, pour des raisons que j'expliquerai un jour, je vous mets juste cette vidéo en ligne. Mon cher Abdel, respect.

  • Relief

    Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, et les cinémas 3D ne marchent pas du tout.

  • Comme un mardi

    Le jour menaçait de poindre mais Dracula refusait d'aller se coucher. "Pas envie d'aller au pieu", s'excusa-t-il.

  • Changez tout

    J'ai trouvé ce petit film tellement bien fait et probant que je crois qu'il mérite d'être diffusé le plus largement possible.

     

  • Bush bée

    Tellement difficile, pénible et compliqué d'être un bon peintre, qu'il avait choisi de devenir président des Etats-Unis, ce qui semblait davantage à sa portée.

  • Entre fromage et dessert

    Sans doute sous l'influence d'émissions comme « un dîner presque parfait », les repas sont maintenant l'occasion pour chacun de produire une petite prestation, selon ses capacités. Les miennes étant réduites, j’ai cherché dans quelle discipline je serais le plus à l’aise. J’ai écarté d’emblée l’emploi du cor de chasse pour lequel je n’ai aucune disposition, la déclinaison des verbes kalmouks, généralement ennuyeuse, et le modelage de mes propres excréments, pratique originale certes, mais diversement appréciée.

  • Fin de semaine

    L'homme a fabriqué la science qui lui apprend à relativiser sa propre place et même entame le processus qui le détrônera. L'intelligence artificielle sera l'ultime saut dans le vide pratiqué par cet acrobate de la pensée. Après quoi, l'homme rejoindra le troupeau indistinct des mammifères qu'il aura quitté brièvement, somme toute.

  • What a wonderful world

    Et l'autre, là, à la radio, qui explique : « Je suis diplômée... euh... certifiée dans le domaine du coaching et de l'accompagnement en développement personnel. J'ai créé une méthode qui permet de comprendre sa place dans le travail, dans l'entreprise, pour savoir ce qu'on est, comment on peut « danser » ensemble, en quelque sorte. » Mais tu vas la fermer, oui ? Charlatan grassement payée par des boîtes énormes (elle cite Citroën en disant qu'elle ne veut pas citer de référence mais tant pis celle-là m'a échappée, zut, ihi, c’est ballot), pour faire croire à des types qui font un boulot de merde que ce qui leur arrive est trop beau ! Putain mais foutez-moi ça à la benne !

  • La voie verte

    Je vis d'étranges et d'intenses moments. Ma vie, notre vie, va bientôt (dans 3 semaines, ou au plus tard dans 3 mois) être complètement bouleversée. L'heure du choix que nous envisagions depuis tant d'années approche. Le bonheur balaye toute inquiétude. Les risques sont calculés, mais on ne peut nier une part d'inconscience. La vie m'a appris une chose : lorsque j'ai fait mes propres choix, sans écouter personne, toujours, j'ai eu raison.

  • La croisière abuse (billet rétro-actif) *

    Le personnel philippin, très sympathique. Toi, tu es sur les flots pour en profiter. C'est chouette. Et puis tu apprends que ces gens payés à coups de fronde partent pour neuf mois sans un jour de congés, qu'à la fin des neuf mois ils sont notés et qu'en fonction des notes, ils auront-ou non- droit à un peu de vacances. Il faut le savoir, les pirates n'ont plus besoin d'attaquer, ils sont déjà à bord.

     

    * heureusement, Cachard veille au grain. Il y avait eu un problème de mise en ligne. Avec les excuses de la direction.

  • La tradition ça a du bon

    Le type que je croise est un grand costaud qui fume sur le trottoir dans une pose façon cow-boy Marlboro. Je le dépasse et je découvre qu'un anonyme taquin lui a collé un gros ridicule poisson en papier dans le dos. C'est un gag débile mais absolument réjouissant. Absolument réjouissant.

  • Critique de Mausolées

    Je trouve celle-ci particulièrement soignée et riche. C'est sur YOZONE, par un nommé Hilaire Alrune.

    Permettez-moi de citer le dernier paragraphe, qui me fait plaisir et fait écho au pari de mon éditeur :

    "Une réussite manifeste pour un auteur à la prose exigeante, et une belle publication pour les éditions Mnémos qui avec « Mausolées » ont le courage de sortir des sentiers battus pour proposer au lecteur un de ces romans qui ne s’oublient pas sitôt la dernière page tournée, et qui, tête haute – ils ne sont pas si nombreux – sont capables de venir s’inscrire à la fois dans le registre de la littérature dite de genre et dans celui de la littérature générale."

  • En fuite

    J'étais sur l'océan, à bord du triomphe de Rama, parmi les nefs de Pangée lancées dans leur dixième chasse, en vue des îles Caran. Et puis la réalité s'est imposée. Il y a des choix à faire. Moi, je crois que je vais retourner, définitivement, sur l'océan unique de mon monde. Démerdez-vous avec le vôtre.

  • Contre la montre

    Tête enfoncée dans l'oreiller, je rêvais d'une heure de sommeil en plus. Mais c’est le contraire. Ah, leurre des taies...

  • Que je vous dise

    Hier, vendredi, j'ai donné par téléphone à Agathe, la très gentille et patiente et sympathique assistante du directeur d'édition, les ultimes corrections de « L'Affaire des vivants ». Corrections orthographiques (très peu, j'avais bien travaillé) et typo (beaucoup, à cause d'un parti-pris assez inédit de code particulier pour les dialogues). Voilà. Bouclé, terminé. La prochaine étape, c’est l'impression. Puis les services de presse.
    Un quart d'heure après ce long échange téléphonique, j'écrivais à Agathe pour lui demander d'apporter deux petites et ultimes corrections. J'avais eu le malheur de relire les deux premières pages.
    Il faut savoir lâcher son bébé. C'est difficile.