Je leur envie cette légèreté, non pas que l'écriture soit pour eux un produit de l'insouciance, qu'elle ne constitue pas un enjeu, mais elle leur est naturelle, évidente, comme leur est sûrement évident d'être aimés d'une femme. Alors que c'est pour moi un cataclysme, un bouleversement, une stupeur. L'écriture a chez moi cette puissance, elle m'oblige à la vénération, à la prudence, à la lutte et à l'effort. Elle me confronte à la peur de tout perdre.
Ecrire - Page 17
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D'autres que moi
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Œuvrer
Pas fonder une œuvre maçonnée de pierres inaltérables, mais au moins architecturer brindille après brindille une forme aboutie, quelque chose qui dirait : le sens de son travail était cela, ce qu'il avait à dire c'était cela. Et puis le processus est si laborieux, encore alenti par les effets de la mélancolie et du manque de confiance, que je crains de ne laisser à la fin qu'une ébauche de nid ouvert aux vents, vite désarticulé, réduit à rien avant que de prendre sens.
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Bon de sortie
Tiens, j'ai un livre qui sort aujourd'hui.
S'il vous procure un peu de plaisir, tant mieux, et profitez-en : je vais travailler silencieusement pendant quelques années à présent.
Oh et puis, tiens, cadeau :
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Apercevoir les couleurs d'une époque révolue
Je vais avoir un peu de retard sur mes autres lectures, cette année...
La Révolution Française, Furet et Richet
La reine Marie-Antoinette, Pierre de Nolhac
Revue Versalia N° 4 et 9
Le hameau de la Reine, Thierry Deslot
Monsieur Nicolas, Rétif de la Bretonne
Les nuits de Paris, rétif de la Bretonne
Les hommes de la liberté, Claude Manceron (les trois volumes)
Vie et destin de l'architecte de Marie-Antoinette, Patrice Higonnet
Histoire de France, 1789-1815, chez Belin
Origines de la France, Taine
Histoire de France, Michelet
Histoire de la vie privée, de la révolution à la Grande Guerre, Philippe Ariès et Georges Duby
Journal d'une reine, Evelyne Lever
1789, recueil de textes et documents, ministère de l'éducation nationale
Blancs et bleus dans la Vendée déchirée, J-C Martin
De 1789 à 1815, Souvenirs et portraits, Edmond Biré
1789, l'année sans pareille, Michel Winock
Robespierre et la Révolution, C. Marand-Fouquet
La bibliothèque bleue, littérature de colportage, Lise Andries-Geneviève Bollème
La vie quotidienne en France au temps de la Révolution, J-P Bertaud
Histoire et dictionnaire de la Révolution Française, Tulard, Fayard, Fierro
Dix-huitième siècle, A Malet
Mémoires de Mme Campan
Yzernay au cœur de l'histoire, tome 1, G Michel
Revue du souvenir vendéen, N°s 1 ; 241 ; 257
Les insurgés de Dieu, P Poupard
Histoire de Chanteloup-les-bois en Anjou, A H Hérault
La chouannerie et les guerres de Vendée, N Meyer-Sablé
Le cimetière des martyrs d'Yzernay. A H Hérault
Paysans vendéens, Comte de Chabot
Turreau et les colonnes infernales, E Fournier
Les démons de la vertu, E Durand
Sur la Vendée militaire, les textes de Reynald Secher. Il sent le souffre, mais comment en faire l'économie ?Les conférences d'Henri Guillemin
Voir aussi les mémoires de Brave Langevin (guerre de Vendée)
Lettres ou mémoires du capitaine Bouveray (armée de Mayence)
Le petit Trianon, histoire et description, G Desjardins
Et quelques romans, pour la chair :
Quatre-vingt-Treize, Hugo
Cadio, Sand.
Les Onze, Michon -
Plus de pression
Depuis quelque temps, mon éditeur me transmet les éloges et enthousiasmes de libraires, de journalistes (notamment d'un bord politique opposé à mes convictions), d'écrivains, à propos de mon dernier roman. Les invitations affluent, pour des salons du livre, des rencontres, des invitations privées même, à la table d'auteurs prestigieux. Je devrais m'en réjouir, évidemment, mais l'angoisse de telles perspectives dépasse de loin la satisfaction que je pourrais en retirer. La peur horrible de décevoir, que des esprits plus fins que le mien découvrent une imposture, s'exclament, désolés : « le roi est nu ». Et d'ailleurs, de roi, il n' y a pas.
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Préhistoire
Travaillant sur la période révolutionnaire, je découvre au fil de mes recherches que je fouille incidemment les vestiges du passé des protagonistes de mon « Affaire des Vivants », située un siècle plus tard. Ce qui les explique, en fin de compte, et que j'ignorais moi-même. C'est troublant.
Et, une fois de plus, le bonheur incroyable de disposer d'une bonne bibliothèque domestique. Dans la minute, une vingtaine de livres, présents, dociles, offerts, sur le sujet. Une bénédiction. -
Cela dit, sans prétention aucune
C’est un mystère, ça, tout de même. Comment, dans un cerveau à peu près normé tel que le mien, peuvent s’échapper des formes qui me dépassent, qui m’enseignent des idées, neuves pour moi-même ? S’il y a une réponse, je serais tenté de la trouver tout simplement dans le temps de maturation extraordinaire qu’est celui d’un texte littéraire. A force de se pencher sur chaque virgule, de réfléchir à l’attitude du moindre personnage, d’entrer dans sa vie et dans ses émotions, à force de revenir et revenir sur une idée, jour et nuit (blanche), des heures et des heures sur une phrase parfois, sur une bribe, un embryon d’idée qui vient de nous traverser, il me semble que nous finissons par produire une pensée plus élaborée que celle qui, d’habitude, nous sert à communiquer avec les autres. C’est peut-être pour cela aussi, qu’un auteur n’a pas toujours les clés pour expliquer son œuvre. Parce qu’elle est issue d’un autre, meilleur que lui-même.
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Polysémie
Le travail sur Pasiphaé est lancé, concrètement cette fois. Décors et costumes sont en cours de conception, le choix des comédiens sera confirmé en septembre et les répétitions pourront commencer à la fin de l'année pour les premières représentations en janvier 2015.
C'est un étrange destin pour cette pièce, déjà vieille de quatre ans, dont l'écriture était alors imprégnée de l'écho du ou des printemps arabes, avec cet enthousiasme iréniste que fait naître toute aspiration populaire à plus de liberté, à plus de jeunesse, à plus d'oxygène. Puis sont survenues, plus proches, les manifestations « pour tous », le fourre-tout des bonnets rouges, etc. Un questionnement sur la légitimité des populations à réclamer tout et n'importe quoi, a peu à peu corrompu les teintes de mon tableau. Une autre lecture s'impose. Et je m'aperçois avec satisfaction que la pièce autorise de telles nuances, que le propos est entre les mains du metteur en scène qui pourra, selon le moment, la synthèse qu'il aura faite de l'histoire récente, traduire un sentiment actuel sur les revendications populaires. Aucune raison que ce ne soit plus le cas dans dix, ou vingt ans. Ce qui signifie, en ce qui me concerne, qu'au moins un des aspects de la pièce est réussi. -
Aperçu
"Ce n'est que cela, c’est cela tout de même, les dorures, c'est cela, des mots lui reviennent, qui disent l'endroit, les tapisseries, les meubles, les tentures, c'est cela mais est-ce bien ce grand pan à motifs de soldats qui s'enlacent, une tapisserie ? est-ce bien cette énorme image de roi juché en haut d'un escalier au milieu d'une foule chahutée de couleurs, un tableau ? Les échos de ses pas dans le palais, plus loin, le silence des lieux, le frottement de ses semelles sur le parquet, les vitres brisées, le vent qui entre. Personne. Et puis quelques fantômes dépoudrés, sans livrées, mal réveillés, blafards."
Le reste, ce qui précède, ce qui suit, dans cinq ans. Ehé.
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Le temps trouvé
Quand j'ai quitté mon emploi, je pensais que j'aurai enfin du temps pour écrire. Je me trompais : j'ai enfin du temps pour ne pas écrire. C'est-à-dire du temps où rêver l'écriture.
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Punctum
Je n'aime pas l'histoire, je déteste le travail de la phase documentaire, je dois surmonter une paresse énorme pour compulser les dizaines d'ouvrages nécessaires pour me faire une petite idée du temps que j'explore. Moi, tout ce que je veux, bon sang, c'est écrire. Pourquoi alors une telle entreprise ? Peut-être que je sais ce qui se profile là-bas, au terme de la recherche : un plaisir démultiplié de me coltiner à une langue, un monde, un ailleurs qui m'oblige à penser, écrire de façon neuve. Oui, je suppose que c'est cela, l'enjeu véritable.
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Panique
Et d'ailleurs, comment on commence un roman, comment ça s'écrit, qu'est-ce qu'il faut faire ? C'est la première fois que je ne suis plus dans l'évidence de l'écriture, de la première phrase qui entraîne toutes les autres. C'est la première fois que je connais l'impuissance. C'est très désagréable.
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La langue du temps
J'ai commencé un voyage vers le XVIIIe siècle. Cadre d'un nouveau roman qui, comme « L'Affaire des vivants » (ou comme le livre tant attendu de certain confrère), va me demander quelques années de travail. Bien sûr, j'aimerais que d'autres romans soient publiés entre ces deux ouvrages pour ne pas être catalogué comme romancier « historique » mais, vous savez, les lois de l'édition...
En attendant, j'ai imaginé approcher de ce passé par le seul moteur de la langue, des mots qui servaient à dire le monde à l'époque. Déjà, des petits bijoux s'exhaussent de la terre que je refouille. Quant au sujet, il est trop tôt pour l'évoquer, mais je peux vous assurer que jamais la Révolution française n'aura été décrite de cette manière. Le meilleur moyen d'être sûr de parvenir au bout d'une machine de cette ampleur, est encore d'être excité par l'enjeu littéraire qui l'a inspirée. C'est le cas. Dans un an, pas avant, je vous donnerai quelques clés de ce nouvel opus. -
La Joyeuse - Extrait
"D'un mouvement de hanche, Shamat vient à toi et ton sexe en elle plonge. Elle se poignarde l'entrecuisse d'un coup de bassin, avale de tout son corps ton pieu meurtrier, obscur. Tu comprends que sous toi la chair est femelle, trouée, coupée en deux et qu'elle te veut enfoncé au terme, au plus profond, au creux de viscères accueillantes comme la mort. Tu découvres la mort. Elle est dans ce vertige, là-bas, dans cette tombe noire où ta verge est plantée."
Dire que "La Joyeuse", parue ces jours au Réalgar, est une histoire de fesses, est un peu restrictif mais enfin, indubitablement, il y en a.
Dans "L'Epopée de Gilgamesh", Shamat, la Joyeuse, prêtresse d'Ishtar, est envoyée à la rencontre du brutal Enkidu pour le civiliser par le sexe. Sept jours et sept nuits au bord du fleuve, et le triomphe des femmes qui humanisent pas l'amour. C'est cet épisode que "La Joyeuse" raconte.
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Question de temps
J'ai retrouvé trace des premières notes de "L'Affaire des Vivants", et me suis aperçu que j'en parlais ici. La date de cette première occurrence permet d'apprécier le temps de l'écriture, auquel s'ajoute celui de l'édition : nous étions en décembre 2008. Je commençais donc à imaginer le parcours d'Ernest Persant il y a six ans. Ernest, oui. Vous entendrez beaucoup parler de Charlemagne, personnage énorme et dévorant, mais il faut avoir en tête que celui qui m'intéressait, celui qui a motivé l'écriture de ce livre, était Ernest, son fils.
Six ans, donc. Soit environ deux ans entre la fin de l'écriture (disons d'une première phase de l'écriture) et la sortie du livre. Le temps de l'éditeur n'est pas celui de l'auteur. Soit qu'il voudrait plus de temps (il m'est arrivé qu'un éditeur m'arrache un roman qu'il me semblait ne pas avoir laissé mûrir suffisamment, pour le publier aussitôt), soit qu'il aimerait qu'un livre sorte vite (il se pourrait que l'an prochain et l'année suivante, aucun roman ne sorte sous mon nom, pour la première fois depuis 2008). A mon âge, on est impatient. Tandis que je ne m'occupais pas de ces aspects, plus jeune. Paradoxal.
Mais ce sont de petites misères. De toutes petites misères.
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La main sur le téléphone
Trois manuscrits chez les éditeurs. Autant de fois l'attente et une sorte de dépression qui mord. Persuadé d'avoir osé proposer le pire, de ne pas avoir assez travaillé, qu'un retard d'une journée dans la réponse augure d'un refus embarrassé. Ça fait aussi partie du métier. Et c'est le plus pénible.
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Avant, après
Petit à petit, par cercles concentriques allant du plus large (la majorité de la population) au plus étroit (les fameux 0,001 % de possédants), la paupérisation gagnera avec l'accentuation de la pénurie des ressources. Le travail ne sera plus un droit, mais un luxe, exercé par des familles patriciennes. Le reste de la population sera une masse grandissante de survivants, en général désespérés, violents et suicidaires. Les États seront anémiés et relayés par des pouvoirs de baronnies. Après un pic démographique dans les années 2050 où la concentration urbaine aura connu son maximum, la baisse drastique de la natalité pour des raisons économiques et la stérilité humaine feront sentir leurs effets de façon de plus en plus patente. Les élites auront, un temps encore, la capacité de recourir à des procédés artificiels, mais cela concernera si peu de gens que la tendance générale ne s'en trouvera évidemment pas inversée. Tout sera pollué, l'air, les mers, les rivières, les plantes, absolument tout. Il ne sera plus possible de trouver de la nourriture saine, même pour les plus riches. Les grandes épidémies réapparaîtront et la majorité de la population sera atteinte d'une variété inédite de cancers. Les malades sans moyens, les handicapés, les vieux et les attardés seront rendus coupables de coûter cher et on les encouragera à l'euthanasie, dans un premier temps. Les crises économiques à répétition, les mafias, les grands mouvements migratoires et les guerres civiles auront eu raison des démocraties. Le totalitarisme sera la règle et l'on vivra dans une guerre permanente. Le post-humanisme triomphant donnera les clés théoriques pour autoriser de nouveaux génocides, des massacres préventifs, répercutés de cercle en cercle dans le même mouvement que la paupérisation, avec un léger décalage cependant. On tuera à l'arme blanche ou à la main, la pénurie rendant coûteux un armement plus efficace. Les espoirs qu'on avait placé dans les nanotechnologies, l'espace, l'intelligence artificielle, les énergies renouvelables, seront réduits à néant par les effets de la pénurie de ressources citée plus haut et dont l'ampleur n'aura été prise en compte par personne, par aveuglement ou peur peut-être, mais surtout parce qu'elle est inconcevable pour des esprits construits sur l'idée d'une flèche du progrès, aucun recyclage n'aura permis d'inverser la tendance.
Ce qui nous fera un joli cadre pour planter l'action de la préquelle de Mausolées.
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Fond de tiroir
Extrait non retouché d'un très vieux roman (probablement années 85-90) heureusement inédit, mais il y avait quelques petits éclats, comme ça :
"Me revient un très beau moment de ma vie ; la seule fois où j'ai vu l'amour littéralement illuminer le visage de quelqu'un. J'étais dans le métro, à Paris ; j'attendais debout dans une voiture bondée. Arrive une station, filant à toute allure vers les flancs de la voiture. La première chose que j'ai vue, ce n'est pas le quai, la foule, les affiches, l'éclairage, non… C'était le sourire d'un garçon de vingt ans. Il était radieux, vraiment, c'est-à-dire qu'il éclairait tout ce qui se trouvait autour de lui, autour de son seul sourire. En une fraction de seconde j'ai pensé : celle qui est aimée de ce type doit être exceptionnelle. De celles pour qui les hommes sont capables de devenir meilleurs. C'était un sourire magnifique qui enflait le cœur, qui me rendit immédiatement heureux. Et puis un autre garçon descendit de la rame et vint embrasser son ami, voluptueusement. J'avais vu un véritable amour, comme les hétéros n'en connaissent peut-être pas. En tous cas, je ne pense pas qu'aucun de mes sourires, adressé à la femme que j'aime, aie pu faire un effet semblable sur le chaland moyen. Etre hétéro, je crois que cela vous coûte une certaine paresse des sentiments. Dans nos sociétés, les homos ont peut-être encore une urgence à vivre leur amour, qui le rend entier."
D'une certaine manière, en y repensant, il s'agissait d'une tentative d'écriture mêlant les réflexions intimes et la déambulation qui se cristalliserait 20 ans plus tard dans "J'habitais Roanne". On marche toujours sur les pas de ses rares obsessions.
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Inspirer
Il est très rare que cela m'arrive. Même, je crois que la situation est unique. Je viens de finir un roman sans avoir attaqué le suivant. Non pas que les sujets manquent : j'ai au moins quatre projets qui ont dépassé la seule nébuleuse idée d'un « tiens, et si je faisais ça ? », mais j'attends la réponse d'un éditeur sur le premier volume d'une saga pour décider si j'attaque le deuxième volume ou si je me consacre, par exemple, à un énorme prochain chantier autour d'un thème historique. J'attends un peu car la deuxième option m'obligerait à m'y consacrer entièrement, et pour plusieurs années. Cette attente, c'est un peu la goulée d'air prise avant la plongée en apnée dans les abysses.
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En pleine chaleur
Tandis que l'auteur s'amollit sous les feux de l'été, l'éditrice continue d'œuvrer, et comment la remercier ?
Jackie Plaetevoet, auteure et éditrice (Sang d'Encre), vient de faire paraître une série de mes textes dans sa collection Opuscules. Il s'agit de deux textes réunis en un seul recueil : « Lucifer Elégie » et « Nos futurs ». Deux textes au propos et aux tonalités très éloignés voire antagonistes quoique parents, dont la genèse et la forme semblent si différentes qu'elles paraissent issues de deux auteurs. C’est le cas, d'une certaine façon : le premier a été écrit par le quadragénaire que je fus, le second par le quinqua que je suis.
"Lucifer Elégie".
Les grandes figures mythologiques m'ont toujours paru proches et touchantes, tangibles comme les membres de ma famille et mes amis. Je les sollicite souvent pour bénéficier du raccourci que permet leur caractère universel. « Lucifer Élégie » est une suite de confidences de la figure de Prométhée, confondue ici avec celle de Lucifer. Parce que, étymologiquement, Lucifer (lux, ferre) est le porteur de lumière, celui qui n'admet pas la décision injuste de(s) Dieu(x) d'abandonner l'humanité à son innocence. Lucifer et Prométhée sont des philanthropes. Mais une bonne action est toujours punie. Ces confidences sont émises depuis les lieux où le grand révolté est enterré, par volonté divine. Elles font écho bien sûr, aux colères enfouies chez chacun de nous par souci de conventions sociales, mais aussi aux regrets des défunts, quand il est trop tard pour exister. Ce sont des paroles de spectres.
« Nos Futurs » est une série de variations autour de l'idée de lendemain, de futur, d'avenir, autour de la notion du temps. Un embryon de cette série de textes courts avait été initiée après une première collaboration avec Jérôme Bodon-Clair, compositeur de la musique du « Rire du Limule », justement. Tout se tient. Laissé en jachère, « Nos Futurs » a trouvé sa forme définitive grâce à l'élan donné par Sang d'Encre. Il me semblait que c'était le texte inédit le plus adapté pour accompagner « Lucifer Élégie ». Jackie a approuvé ce choix, par goût littéraire bien sûr, mais aussi parce que des passages font écho à certains aspects de sa vie.
Aujourd'hui, ces deux textes rassemblés bénéficient du travail de l'artiste Corie Bizouard, qui les a illustrés (n'ayons pas peur de parler d'illustrations, me disait-elle), prolongeant les peurs et les ténèbres, révélant des images à peine esquissées entre les lignes, maniant un certain humour parfois. Des images d'une grande intelligence et d'une grande force graphique, car nées dans la puissance de la spontanéité. Les corps y apparaissent en creux dans la texture de l'encre noire ou en surfaces pleines, contours déchirés par la sécheresse d'une brosse (et essayez de répéter dix fois très vite cette dernière partie de phrase). Plusieurs dessins ont été faits à la peinture rouge, ils apportent des ruptures bienvenues. Corie a vraiment fait un travail de grande qualité, et c’est toujours intimidant, déstabilisant même, de se voir épauler par tant de talents.
En vignette, la présentation et le bon de commande de la maison d'édition Sang d'encre.
Le produit de la vente des livres par bon de commande revient intégralement à cette petite maison d'édition de la région lyonnaise.
Merci de votre soutien et de faire suivre aux personnes susceptibles d'être intéressées par ce message.
Bonne journée à tous.