Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Ecrire - Page 14

  • 2489

    « Dédale, mais ? Vous perdez les pédales ! » (Pasiphaé)
    (Réplique peu appréciée des jurés du prix Beaumarchais. Comment on perd bêtement une aide à l'écriture.)

  • 2488

    Je trouvais ce film très bien
    jusqu'à ce que je le vois

    Variante :

    Je trouvais ce livre très bien
    jusqu'à ce que je vois le film

  • 2486

    Écrire. Monter sur le ring à chaque nouvelle phrase.
    Et ne même pas être sûr de l'emporter.

  • 2480

    Pour écrire les blessures des autres
    Pas le choix : retourner la plume contre soi.

  • 2474

    Le roman, ce fils qu'on ne cesse de tuer, et qui vous survivra.

  • L'idiot

    Je suis épaté par l'intelligence avec laquelle les auteurs parlent de leur œuvre. Moi, j'ai toujours le sentiment d'être l'idiot de mes livres, celui qui ne sait pas ou, en tout cas, en sait moins que ses lecteurs. C'est la pertinence des lectures qui me fait comprendre ce que j'ai fait.

  • Versailles

    Ce soir, je suis invité par le club lecture Parole d'encre, dans le cadre prestigieux de la galerie des archives de la Bibliothèque de Versailles (où j'espère revenir pour d'autres raisons et plus longuement). J'ai le plaisir et l'avantage de présenter « L'Affaire des Vivants », en compagnie de Jean-Luc Seigle, qui viendra évoquer, lui, son dernier et superbe ouvrage « Je vous écris dans le noir ». Danielle Maurel en parle mieux que je ne pourrais le faire sur son blog.

    Une autre bonne nouvelle : la sortie en poche de « Mausolées », en novembre.

  • La Grande Sauvage - Extrait

    Martin laisse s'éloigner le gamin, flatte ses vaches, s'arrête où l'herbe est régénérée. Il s'assied un peu à l'écart. Après un temps, il est surpris de sentir en lui venir une anxiété. La voir surgir, plutôt, comme montée de la terre avec une sensation de fraîcheur soudaine. La journée va s'écouler, c'est la certitude, oui, la journée va passer, traduire sous ses yeux les ombres et les éclats entre les feuillages, ramener le troupeau plus sûrement qu'un ordre vers l'étable, et ce sera une journée d'achevée. L'angoisse incompréhensible qui le tient à présent, et occupe entièrement sa pensée, est celle du lendemain exactement semblable à ce jour qui s'abîmera, inévitablement, dans la succession de la traite du soir, des Vêpres et du coucher. Des jours identiques malgré la variation souveraine des saisons. Des jours recommencés après la brève interruption du sommeil. Il lui est venu l'idée de calculer combien de temps ce manège durerait. La reine sur son paon, tournant dans le carrousel, sa majesté qui décrit la rotation solaire, revient sans fatiguer. Combien de temps ? Martin est troublé. Il accueille ce trouble sans lâcheté, avec de la reconnaissance, car il se sent élevé par le questionnement qui vient de le traverser. Dans son application à explorer cette pensée, les jours lointains de sa petite enfance lui semblent une farandole précipitée, une théorie d'heures vives, comme une course au milieu des frimas. Une course parmi les chiens. Ces accélérations qu'il a connues et aimées, où s'élevait la pulsation des sèves et des humeurs de la pluie. Il se dit que son présent n'est pas mal, bien sûr, mais la perspective de la litanie prévisible des jours renouvelle l'angoisse née tout à l'heure. Il en reconnaît les sourds accents, les propriétés vaguement maladives. S'en repaît et se surprend à y trouver plaisir. Il n'est pas fruste. Les leçons des précepteurs, les fragments de savoir saisis malgré qu'il avait lui-même peu conscience de les avoir assimilés, se manifestent, articulent leurs formes avec les délicats contournements de ses réflexions, éclairent des niches, rendent lisibles et intelligibles la mesure des choses. C'est qu'il y a, découvre-t-il, une mortalité de ces jours routiniers, il y a un terme. C'est une manière d'aube qui se profile ou plutôt se devine à peine derrière une montagne, mais cela devra arriver, aussi inéluctablement que les Vêpres ce soir, aussi certainement que le coucher. Il y aura un jour, après. Ce n'est pas moins angoissant que l'épreuve inconfortable de se trouver au milieu d'un gué, mais enfin, c'est un point essentiel d'avoir compris que les phases de la vie connaissent des fins et sont donc annonciateurs de changements.

  • Réaliste

    Admettre que Mausolées ou Les Nefs de Pangée seront lus et vus comme ce qu'ils ne sont pas, qu'ils vaudront mieux que leur réputation, compter sur le temps pour que ce qui les fonde, en réalité, soit reconnu. Essayer de s'en moquer et continuer.

  • L'histoire sans fin

    "Elle pensait à la fin, au profil de la fin, à l'impossibilité d'en tracer une idée. Ce monde lui semblait un conte dont la conclusion se perdait dans les limbes. Une légende absurde commencée avant elle, avant eux tous, et qui n'aurait pas d'achèvement."

     

    Les Nefs de Pangée. Extrait. Sortie septembre chez Mnémos.

  • Croisière nocturne

    Ce devrait être simple. Après une journée passée devant l'écran, enfin, je ferme et je rejoins les bras de ma douce. Dans la chambre, lumières éteintes, un bon sommeil devrait m'accueillir pour me lancer, le lendemain, tout frais, dans la grande aventure de l'écrit. Je suis fatigué, je le mérite bien, je m'enfonce la tête dans l'oreiller. Et c'est exactement à ce moment-là que tout surgit, s'impose dans une sarabande infernale : personnages, visions, péripéties, suspens à venir, détours dramatiques en tout genre. Rien à faire, le roman en cours me poursuit et ne me lâche plus. Je continue d'écrire au seuil du sommeil, et le sommeil est repoussé d'autant. Les nuits périlleuses que je passe ! L'avantage cependant, c'est qu'au matin, beaucoup de problèmes ont trouvé leur solution, de nouvelles pistes se sont ouvertes. Et l'envie d'écrire s'en trouve ainsi régénérée.

  • Le piège

    Et puis, tu crées un personnage subtil. Or, tu n'es pas subtil. Les difficultés commencent.

  • Parlons cuisine

    Le mois dernier, il y a eu des changements chez l'un de mes éditeurs. Angoisse. Le nouveau directeur d'édition allait-il consolider certains choix de son prédécesseur, et notamment celui de me publier ? Il vient de m'appeler, chaleureux, délicat, agréable. Il voulait avoir lu "L'Affaire des Vivants " avant de me contacter. Il a beaucoup aimé mon roman et, "bien sûr", suivra mon travail. Un rendez-vous est d'ores et déjà fixé, où je lui donnerai les premiers chapitres du prochain manuscrit que je destinais à cette maison. Soulagé. Vraiment. A partir de maintenant, je peux considérer que j'ai deux éditeurs, que je vais pouvoir (mais aussi devoir) leur fournir régulièrement des textes, et qu'ils me seront fidèles. C'est un luxe qui me réjouit et valide le choix de vie décidé l'an dernier. Parce que, comme je le programmais de toute façon, il faut que je parvienne à écrire un roman en un an et demi, guère plus, et enchaîner les livres sans délai. C'est beaucoup, beaucoup de travail. Ce sera épuisant, ce sera difficile, ce sera merveilleux.

  • Travail, la reprise

    Parce que je n'en ai pas fini, avec cette histoire. Je ressasse le mot dans la nuit et je réalise que nombre d'écrivains (et pas des moindres) l'utilisent. Me viennent à l'esprit Pierre Michon (mon immense et vénéré Michon) qui parle des « infimes stratégies de la table de travail », Philip Roth, Milan Kundera, Primo Lévi (« Parlons travail ») ; je réalise aussi qu'une femme qui accouche, travaille. Elle ne le fait pourtant pas sous les ordres d'un patron, n'espère aucun gain matériel et n'est sous le coup d'aucune servilité (hors cas qu'on me permettra d'écarter). Je disais l'autre jour que je travaillais comme le bois mais finalement, l'effort bénévole pour obtenir une délivrance me rapproche davantage de ce noble modèle. Décidément, il a bien des avantages, ce verbe travailler, que n'offre pas écrire.

  • Travail

    Parce que, quand j'écris, je travaille, non ? Non, parce qu'il y a cette notion de servilité, de force mise au service d'un autre, pour l'enrichissement d'un autre. Donc, j'écris. D'accord, j'écris, je ne travaille pas. Mais quand je fouille et refouille de la doc, de vieux manuscrits, pour alimenter mon prochain roman, je n'écris pas, qu'est-ce que je fais, alors ? Bon, je vais quand même affirmer que tout ça, c'est du travail. Je travaille. Mais pas dans le sens commun.

    Je travaille, mais comme le bois.

  • Un sol neuf

    Ils avaient éprouvé l'étrange sensation d'un sol ferme sous eux. La plante de leurs pieds apprenait cette danse, cherchait à épouser cet épiderme inégal, cette alternance de surfaces meubles ou dures, la morsure des caillasses, le leurre des galets. Ce fut la première surprise. Se comporter par rapport à cette réponse nouvelle. Pieds, jambes, torses, colonne vertébrale, hauteur du regard. Il fallait tout réinventer. Après des siècles d'exil, il fallait apprivoiser un nouveau vocabulaire du corps. L'air avait une odeur singulière, les sons circulaient autrement, leurs voix semblaient plus proches, leur timbre avait une tenue, une tonicité qu'elle n'avait pas sur la mer. Les yeux ne traversaient plus l'atmosphère sans heurt jusqu'aux confins, ils trouvaient les obstacles des rochers, de la végétation, la diversion d'un oiseau, d'un envol de papillons. C'était tellement différent qu'ils en éprouvèrent un long vertige. Débarqué, le peuple suivait, marchait avec le même étonnement sur cette île qui ne bouge pas et répond à la marche par un son de conque pleine. Ils se penchèrent, s'accroupirent, saisirent une touffe d'herbe ou une poignée d'humus, un caillou, un peu de poussière. Les portèrent aux narines, toussèrent, rirent, pleurèrent. Humèrent la clarté abyssale de cette nature antagoniste. La terre.

    (...)

    Cependant, inévitablement, ils tournaient leur regard vers le large. L'océan qui avait été leur habitat depuis tant de générations, leur refuge et leur prison, et auquel ils avaient résolu, enfin, de s'arracher. Ils avaient pour lui des sentiments ambivalents, de la reconnaissance mais aussi une sorte d'épouvante, et tout cela se fondait dans une lassitude. Leur civilisation s'était construite avec et autour de lui, ils avaient su en tirer le meilleur, se nourrir, se vêtir, évoluer, créer des alliances avec d'autres créatures, leur langue désormais serait imprégnée des mots de la mer, ils diraient « vagues dures » pour parler des collines, « comme l'écume » pour évoquer la couleur de certaines fleurs. La vie sur l'océan avait marqué à jamais leur société, mais la colère d'avoir été repoussés hors du berceau ne les avait pas quittés. 

    (...)

    Nambrane ou Mantari, l'un ou l'autre ou les deux, désignèrent le Sud. « L'Arche nous attend » et tout un peuple s'ébranla. Des hommes, des femmes, vieillards et enfants, éblouis, étonnés de leur propre audace, supportant ou traînant le peu qu'ils pouvaient emporter. On échangeait des sourires à se voir si nombreux, on se confortait, on avait moins peur à se soutenir ainsi, on devinait l'Arche, sans la voir, au bout de ce nouvel horizon.

     

    Les Nefs de Pangée - Extraits. Sortie en septembre chez Mnémos.

  • Reprenons

    Donc, la reine, fatiguée par sa grossesse, avait commencé à se lasser de Martin dès le premier été de sa présence à la Cour. Est-ce parce qu'il lui rendait mal les efforts de sa protection, est-ce parce que, plus que toute autre adoption, celle de Martin avait semblé un caprice brutal, presque un désir sensuel, est-ce parce que la mauvaise humeur de la reine, conséquence de ses regrets, recevait en retour un indéfectible sourire de chiot content de son sort ? En tout cas, la présence de Martin finit par la contrarier. Bien qu'elle ne puisse rien lui reprocher précisément, Martin semblait à la reine une faute incessamment rappelée, le souvenir d'un désordre, comme semblaient le souvenir des fortunes perdues au Pharaon, sa réputation saccagée au bal de l'Opéra malgré la dérisoire protection du domino, les fêtes délirantes conspuées, des caprices et larmes pour obtenir une faveur pour ses protégés, autant de pauvres façons de se fondre ou d'exister, dont le sourire énigmatique de l'enfant lui représentait la vanité avec une cruelle constance. La reine ne montra jamais d'irritation en sa présence mais enfin elle évitait sa compagnie, retardait ou négligeait les moments où elle devait s'occuper de lui, se déchargeait sur ses dames des attentions qu'elle lui portait quelques mois plus tôt et ne lui prodiguait plus les chatteries des premiers temps.

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Écriture en cours. (avec l'espoir d'une publication en 2016).

  • Rien

    - Tu n'as toujours pas fait ton billet du jour sur Kronix ?
    - Ah non, tiens, c'est vrai. Il se fait tard. Je ne sais pas quoi mettre. J'avais un truc sur ma spasmophilie : « Ces étouffements dans la nuit qui parviennent à me faire prononcer involontairement : 'pitié' », mais tout le monde s'en fout, surtout, personne ne va comprendre. Et puis ça fait mélodramatique.
    - Tu ne vas pas leur refaire le coup du billet qui raconte que tu n'arrives pas à écrire un billet, hein ?
    - Non, non, bien sûr que non. Je l'ai déjà fait, comme tu dis. Je ne veux pas paraître comme ça, paresseux.
    - Tu n'es pas paresseux
    - Je ne sais pas. Parfois, si, quand même. En ce moment, même au niveau fiction, ce n'est pas ça. Je me traîne.
    - Tu as préparé l'interview de Laurent, le 14 ?
    - Bien sûr. J'ai tout relu, noté des choses. C'est fait. Je vais essayer de faire mieux qu'à Gilly, où je n'avais pas pris de notes, confiant dans ma relative bonne connaissance de son travail.
    - Oui, ce serait bien. Et le colloque, le 10 avril ?
    - Le colloque ? Oui, oui, j'ai même répété. Je tiens une heure facile. C'est un peu long.
    - Tu peux parler de Minotaure, de La Grande Sauvage... Je ne sais pas, tes chantiers en cours.
    - Ils sont à peine amorcés. Je peux parler de mon impuissance à les poursuivre.
    - Tes lectures ?
    - Oui, en effet, mais je ne sais pas faire de vraies critiques littéraires. Et puis ça demande vraiment beaucoup de travail pour écrire quelque chose de soutenu, d'argumenter, de respectueux. Tu vois, je suis quand même paresseux.
    - Faut pas dire ça. Tu as des priorités, c'est tout
    - Bôh, en ce moment...
    - Et la BD ? Tu peux parler de Cédric, qui relance vos dossiers : Cortés, Les nefs de Pangée (version BD), Le Petit Jules, Complainte des Terres du Nord, l'Enthéide, et j'en oublie...
    - Moi aussi, j'en oublie, on en a tellement sous le coude... Une dizaine, une vingtaine, je ne sais plus. Sans compter les nouveaux projets.
    - Et la dame que tu as dépannée ce matin, qui est venue sonner à la porte alors que tu étais encore en pyjama ? Et que tu es allé prendre froid, mon pauvre amour, pour réparer une roue sur un terrain tout boueux.
    - Oui, ça, peut-être...
    - Est-ce que tu as parlé de Voir Grandir, du travail musical de Jérôme, des projets de concerts ?
    Un peu, mais c’est encore loin, c'est prématuré
    - Des lectures de Nos Futurs avec Emmanuel Merle ? Des rencontres à Versailles ? De tes autres projets de romans ? De l'anthologie sur l'Utopie, qui revient au jour ? De la revue Brasiko Folio ? de la sortie des Nefs de Pangée chez Mnémos en septembre ? De tes enfants, de moi ?
    - Le problème, tu vois, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ma vie.

  • En bonne voie

    Que je vous explique : même avec un accord préalable d'un éditeur, je ne suis jamais sûr que le livre sur lequel j'ai travaillé un, deux ou trois ans, sera finalement publié. Je ne suis jamais certain qu'un manuscrit correspondra aux attentes ou aux espoirs d'un éditeur. L'échec est toujours envisageable. Ce que je ne vous explique pas, par contre, ce sont les angoisses inhérentes à ces inconnues, puisque c’est désormais ma seule source de revenus. Rien n’est donc sûr tant que le contrat n'est pas signé. Pour « Les Nefs », je viens de recevoir le document magique. Vous n'imaginez pas le soulagement que c'est.