Ce vendredi 29 novembre, à 19 h 30 (et non à 19 h, comme je l'annonçais sur RWTV), à la brasserie le Saint-PHilibert, à Charlieu, j'aurai le plaisir de dévoiler quelques secrets de ce livre particulier : Mausolées, paru chez Mnémos cette année. Cette rencontre-débat organisée par la librairie Le Carnet à Spirales, possibilité de se restaurer ensuite.
Également le programme complet des dédicaces qui vient de se confirmer:
Samedi 16 et dimanche 17 novembre après-midi, Espace Congrès (derrière l'Hôtel de Ville) à Roanne, dans le cadre du Festival de Science Fiction de Roanne.
Samedi 30 novembre, de 10 h à 12 h ; dédicace à la librairie Le Carnet à Spirales, rue Chanteloup, à Charlieu.
Samedi 7 décembre, de 15 h à 18 h, dédicace à la librairie Mayol, rue Charles-de-Gaulle, à Roanne.
Samedi 14 décembre, l'après-midi, dédicace à l'Espace Culture Leclerc en compagnie de Didier Guérin, à Riorges.
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Premières rencontres
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0,1 %
Mnémos est un des rares éditeurs de littérature de l'imaginaire à permettre à de nouveaux auteurs français de publier dans ce genre, généralement dominé par la culture anglo-saxonne. C'est risqué, c’est compliqué, c'est courageux. Les éditions Mnémos reçoivent chaque année environ 2000 manuscrits de langue française. Vous avez bien lu : 2000. Travail titanesque de sélection. Bien sûr, on s'en doute, plus de la moitié de ces fichiers (l'éditeur propose l'envoi par mail, ce qui est fort commode), est éliminé à la lecture de la première page ou de la note d'intention style « J'ai 15 ans et je suis fan du Seigneur des Anneaux que jai fai dans se roman un homage ». Il en reste cependant environ 1000. Pour ceux-là, un sondage plus consciencieux permet de faire un nouveau tri : thème rebattu, absence de style, dynamique de l'écriture. Un professionnel a vite fait de repérer s'il a à faire à un écrivain ou pas (l'éditeur d'ailleurs éliminera également les manuscrits d'auteurs paranoïaques assortis de l'avertissement : « Ce texte est protégé sous les N°s --- et --- de la SACD, ne vous avisez pas de le publier sans mon accord ou même de reprendre les idées qui y sont car je n'hésiterai pas à vous intenter un procès. » Il en reste donc encore 500 qu'une équipe d'une dizaine de lecteurs bénévoles vont se partager et pour lesquels une fiche de lecture argumentée est demandée. Là-dessus, les derniers choix sont effectués. Cette année, Mnémos publie deux nouveaux auteurs français dans ce genre de littérature. Si vous m'avez suivi jusque là, vous conclurez que Mausolées avait 0,1 % de chance d'émerger de la masse. Un survivant.
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On connaît la chanson
Trois jours épatants. Pendant lesquels Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti ont répété les chansons de la prochaine pièce de la NU compagnie : Pasiphaé. Aux manettes, Jérôme Bodon-Clair, jovial, enthousiaste, précis, corrigeant une intention, un souffle. Et grâce à cette exigence de tous, des progrès tangibles au terme de cette courte période. Des ajustements de texte aussi, normal, et même une chanson supplémentaire. Lundi après-midi : découverte un peu contrite que Dédale n'a pas « sa » chanson. Mardi matin, écriture du texte sur un coin de table (mais vraiment un coin de table) ; mercredi matin, création de la mélodie par Jérôme et enregistrement de la musique. Le pire, c’est que le résultat est bon. On est vraiment des bêtes.
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L'aventurier
Pendant que vous lisez ce billet, je suis à Paris, magie de la programmation anticipée qui nous rend ubiquistes. Que fais-tu dans la vieille capitale, Ô provincial égaré ? Je vais rencontrer mon futur éditeur, peut-être aussi mon éditeur actuel avec ma correctrice (voir si le portrait que je me suis fait d'elle en guêpière et fouet correspond), retrouver quelques ami(e)s et tenter d'assister aux répétitions des parties musicales de Pasiphaé. Cependant je laisse ma douce, partagée entre le bonheur de me savoir aux prises avec ma passion et son angoisse de me voir emprunter des moyens de transport aussi dangereux que le train, le métro, peut-être même le bus ou le vélib' ! C’est sûrement prétentieux, mais je promets, moi, de faire attention aux camionnettes de blanchisseurs.
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Quartier lointain
Un Christian lointain. C’est une bonne définition. Celle d'un ami à la lecture de Mausolées. Un ami de 30 ans, et qui avait donc lu l'ancienne version. L'auteur de ce roman est un Christian lointain, en effet, pas encore moi, mais déjà mobilisé par les mêmes thèmes, incessamment retravaillés depuis. Dans Mausolées, il y a des dialogues, procédé que je n'emploie plus ou très peu, il y a des scènes d'un mauvais goût absolu, de l'action, du sexe, c’est un film à grand spectacle. La littérature, là-dedans ? Je crois que je l'ai inoculée tardivement, lors de la réécriture. Ce n'était pas franchement mal écrit, mais je n'avais pas la même exigence. J'ai tenté d'élever l'ensemble, en m'appuyant sur les bonnes choses de l'existant (il y en avait). Au total, plus que pour n'importe quel autre livre, je suis inquiet et impatient des premiers retours de lecteurs. Il me faut donc des lecteurs (qu'il est malin) et donc, les lyonnais pourront se laisser convaincre de débourser 20 euros pour acquérir Mausolées en venant à ma rencontre demain après-midi (dimanche) à la MJC Montplaisir, 25 rue des frères Lumière, dans le 8e arrondissement, métro Sans Soucis. c’est dans le cadre des Intergalactiques. Je serai sur le stand des éditions Mnémos (ou sur celui de la librairie Omerveilles, je ne suis pas sûr d'avoir compris).
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Frédéric Weil, interviewé par Rue89-Lyon
Mon éditeur (en tout cas, celui de mon dernier roman, Mausolées), interviewé récemment, c'est à lire ICI. Frédéric Weil, je l'ai enfin rencontré à Ambierle, il y a quelques semaines. Les impressions des contacts précédents, par téléphone ou mail, ont été confirmées alors. Amical, chaleureux, enthousiaste. Le portrait de Rue89 lui rend tout à fait justice, je trouve.
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Que d'émotions
Daniel Damart est un jeune homme de 51 ans. Pour qui l'ignorait, Laurent et ses complices se chargent de le faire savoir, cadeau d'anniversaire à l'appui. Et voici le quatuor lancé dans un interprétation métaphysique de Poussin Piou. Œuvre symbolique du XXIe siècle naissant, anti-romantique et post-humaniste, martelant son phrasé régressif dans les oreilles des oisifs en sueur sur les pistes de danse de la perdition. Laurent prononce l'antienne avec une neutralité grand style et les musiciens tentent d'élever leur art à la hauteur de la virtuosité de cette pièce magistrale, écrite pour la postérité. Nos enfants ont bien de la chance, qui hériteront d'un tel manifeste. Après les applaudissements de circonstance, il est temps de revenir à des choses moins graves, moins solennelles, plus distrayantes bien sûr, mais on n'est pas en vie pour se prendre inconsidérément la tête, et le spectacle littérature et musique reprend.
Tandis que Laurent distille des extraits de Ciao Bella (une nouvelle de son dernier recueil, dont la fin provoque, selon le lecteur, attendrissement ou colère), et de Tébessa 1956 (moment particulièrement émouvant), dans la ville, un couple anonyme sort du restaurant, les enfants sont repus et fatigués, tout le monde est heureux de retrouver la voiture. « C'est la vie, c'est écrit » chante Eric Hostettler. Après le passage bouleversant de Tébessa, premier roman de Laurent, les musiciens concluent la représentation par L'Embuscade. Je crois que nous sommes tous profondément remués. Personnellement, les premières minutes qui suivent, dans le brouhaha et les déplacements des invités, je ne peux émettre et répéter qu'un stupide « Que d'émotions », seule expression qui me vienne, capable d'exprimer ce que je ressens. Heureusement, d'autres ont plus de vocabulaire que moi, Daniel, les amis et parents venus de Lyon soutenir l'auteur, Fabienne Bergery (auteure qui il y a peu, lut ses textes courts et inédits sur la scène du cabaret poétique), que je découvre « en vrai » et qui a la gentillesse de me demander mes projets. La pauvre. Après vingt minutes d'énumération, je propose qu'on boive un verre parce que ça suffit comme ça. Je félicite les musiciens (c'est le truc le plus nécessaire et le plus débile, féliciter ceux qui nous ont donné tellement de bonheur, on ne sait jamais quoi dire, en général, ils sont entre eux, discutent boulot, on arrive comme des intrus : « Que d'émotions, merci. » voilà c’est fait, je suis définitivement un gros bouseux qui passe). J'avise Clara, la violoncelliste, la félicite pour la maîtrise avec laquelle elle joue de son « gros violon », mon humour tombe complètement à plat, il vaut mieux que je prenne un deuxième verre, et un morceau de tarte aux pralines apportée par l'adorable sœur de Laurent. Je ne fais pas connaissance avec la compagne de Laurent, dont je ne capte qu'un sourire (il avait qu'à nous présenter correctement, aussi), j'échange quelques mots émus avec madame Cachard, maman de l'auteur, je découvre le travail d'une artiste argentine et l'artiste elle-même, je me fais dédicacer un exemplaire de Valse, Claudel, par Laurent Cachard bien sûr et simultanément par David Foenkinos (mais oui ! C’est incompréhensible mais j'ai bel et bien un ouvrage dédicacé du parrain de la fête du livre, quelques mots inscrits directement sous la signature de Cachard : « je m'ai bien régaler », agrémenté d'une petite fleur.) Il est temps de prendre la route du retour. Je remercie Laurent, je remercie Daniel, je remercie tout le monde, que d'émotions, mais oui mais oui, on lui dira, je sors. La nuit est douce. Tout imbibé de musique et de mots, je dépasse les limites de Saint-Etienne, m'engage sur la voie expresse qui me conduira jusqu'aux bras de ma douce. Devant moi, à quelques kilomètres, je ne le sais pas encore, mais un couple anonyme avec ses enfants vient de croiser un vieillard qui a pris l'autoroute à contre-sens.
Après une heure et demie bloqué dans la voiture, quand je croiserai enfin les lieux de l'accident, au milieu des gyrophares et des carcasses défoncées, j'aurai en tête le refrain entonné par Hostettler, « c’est la vie, c’est écrit ». Je ne sais pas, si je n'avais pas assommé Fabienne de mes projets pendant vingt minutes, ma douce ne m'aurait peut-être jamais retrouvé.
Que d'émotions. -
Début de soirée
D'abord, il s'est agi de franchir un rempart de foule agglomérée. Dans les remugles de la promiscuité, le visiteur égaré pouvait soudain saisir la raison de cet encombrement. Une vieille tête connue. Michel Drucker, je crois, dédicaçait un livre, son livre dit-on sans rire, un objet de papier avec des signes imprimés dessus, tout à fait convenable je suppose pour toute personne qui ne lit pas mais veut serrer la paluche d'une icône de la télé, ou seulement la voir. Mon objectif étant de retrouver Laurent Cachard, je hurlai au dessus du public compacté : « Je ne veux pas voir Michel Drucker, laissez-moi passer. Je ne veux pas voir Michel Drucker, je veux voir Laurent Cachard, laissez-moi passer. » etc. Petit à petit, l'étau se desserra et je pus enfin approcher Laurent. Il était à la foire aux bestiaux du livre de Saint-Etienne, sur le stand de la librairie Quartier Latin, à la même table que Leny Escudero.
On se salue. Je suis ravi de le retrouver. La foule est moins dense ici mais tout de même, nos fronts luisent, nos barbes (Laurent laisse pousser, ce qui ne lui va pas mal) transpirent. Il dédicace sa Partie de Cache-cache à une de ses anciennes élèves, pas fâchée du souvenir de son prof de français, voire plutôt reconnaissante, venue avec sa maman (j'affirme qu'il existe un lectorat féminin de Cachard, je commence à accumuler des preuves.) Une dame venue voir Leny Escudero demande où il est, nous désignons le vieillard souriant, à quelques places de là mais elle ne comprend pas, elle répète après un moment d'hésitation « Il est là, Leny Escudero ? » Il faudra que je le désigne comme « celui qui ressemble à une vieille dame, là-bas » pour que le regard de la visiteuse s'éclaire et qu'elle émette une sorte d'exclamation désolée, exprimant ainsi un mélange de plaisir (voir enfin son idole) et de déception (Mon Dieu, tu ne nous épargnes donc rien). Laurent a beau expliquer à la dame que lui est plus jeune et qu'il fera de l'usage plus longtemps, ce que je confirme, la visiteuse ne quitte pas son objectif et nous abandonne. Je renonce à tenter d'approcher Delphine Betholon ou Thomas Sandoz, découvre à côté de Laurent l'écrivain Valère Staraselski, auteur d'une biographie d'Aragon. Le placer à côté d'un nizanien était de l'inconscience, mais les deux hommes sont courtois et intelligents et tout de passe très bien.
Dans la foule, une famille anonyme passe. Les enfants sont fatigués, ils réclament de l'espace, à boire, enfin qu'on arrête de piétiner comme ça au milieu d'une foule absurde.
J'ai quitté Laurent pour repérer la galerie Le Réalgar où dans quelques heures, ses amis et lui se donneront en spectacle. En reprenant et en déplaçant ma voiture pour la rapprocher, je revois des lieux de ma vie étudiante. C’est émouvant. Aucune nostalgie, pas de paradis perdu, d'âge d'or, rien de tout ça, mais le constat que les lieux sont là et nous, qui les regardons, également. Des survivants. Un effet de boucle aussi (était-il nécessaire que tu pérégrines ainsi pendant des années pour revenir ici, à cette place ? Qu'as-tu fait de tout ce temps ?) et un autre constat : les lieux ont peu changé. Et nous ? Finalement, en présence de son passé, on mesure le chemin parcouru et on réalise qu'on est le même, à peu de choses près. Fatigué, renouvelé, mais foncièrement identique. Bref.
Le Réalgar (nom étrange emprunté au vocabulaire de l'alchimie) est une galerie d'art dirigée par Daniel Damart qui l'a fondée en 2007, après un parcours professionnel sans rapport avec le monde artistique. L'homme s'est seulement senti un jour, las de travailler comme une brute pour des projets certes enthousiasmant, mais vides de sens. Ses goûts le portaient vers la peinture et la littérature. Il a tout arrêté pour se consacrer à sa galerie stéphanoise et depuis peu, Daniel Damart édite des nouvelles illustrées par les artistes qu'il défend. La première nouvelle publiée est le « Valse, Claudel » de Laurent Cachard, illustrée par un des nombreux complices de l'auteur, Jean-Louis Pujol. Ce dernier est exposé dans une salle attenante, tandis que Laurent, ce soir-là, s'exposait, assis derrière un micro, entouré de ses amis musiciens, devant une assemblée aussi exigeante que bienveillante.
Là, il commença par offrir un cadeau exceptionnel à l'assistance...La suite demain.
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Entre deux mondes
Retour dans les salons du livre SF et imaginaire. Étrange plongée dans un monde que j'ai quitté il y a une quinzaine d'années, pour me consacrer à une littérature plus... plus, disons plus « sérieuse » pour faire court. Mais la contre-culture a du bon. Ignorée, méprisée, elle m'a pourtant nourri et a sans doute imprégné mon écriture d'une texture, d'un grain singulier. Je lui dois donc beaucoup. Ce que je retiens de ce premier salon du livre dévolu aux domaines de l'imaginaire, c'est la (re)découverte des murs étanches qui séparent les domaines littéraires. Pendant deux jours, j'ai entendu parler d'auteurs que j'adorais mais que je ne lis plus (Brussolo, Bordage, Wagner) ou que je ne connais pas. Il existe cependant des passerelles. Un lecteur de Lovecraft a sans doute goûté à Houellebecq et un lecteur de Michon s'est sûrement aventuré chez Volodine ; de même il existe des relations entre Flaubert et Herbert, entre Ecco et K. Dick. Mais il m'a semblé percevoir plusieurs fois le contour de sphères quasi hermétiques entre les littératures de l'imaginaire et la littérature actuelle française. Si c’est le cas, et bien, j'aimerais assez être un passeur au milieu du gué, capable de réconcilier les deux lectorats. Où l'on découvre que le garçon a de l'ambition. Et puis enfin, peut-être que j'ai tort, et que cette impression s'évanouira dès le prochain salon. Ce sera à Lyon, dimanche 27 octobre.
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Repentir
Si j'écrivais Mausolées aujourd'hui ? Il y aurait des multinationales plus puissantes que les Etats, de vastes migrations poussées par les excès climatiques, et le fait religieux gangrénerait tout. Bref, le monde décrit serait pire, et je peux vous dire que déjà, la version actuelle ne respire pas l'optimisme.
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Mausolées - extrait
Une méchanceté séculaire suait des murs et des allées de pierre. Les ruelles sinueuses débouchaient sur des placettes murées par de hautes maisons aux fenêtres aveugles, puis s’élevaient brusquement en pentes impraticables, prolongées encore par d’étranges escaliers que le ciel enfin, coupait net. Avec cela un vide glaçant, des bourrasques perdues cherchant à s’échapper et la curieuse mélopée de vieillards invisibles, réfugiés dans le ventre de leur masure. Les ouvertures petites et curieusement haut perchées, l’ocre ressuyé des façades, la gravité des toits d’ardoise échus bas, parfois à mi-hauteur des maisons, leur couleur de cuirasse mouillée, tout cela se précipitait en meute autour de lui.
Kargo pressa le pas ; il savait seulement que la forteresse où logeait Khan ancrait ses fondations dans le rocher, au sommet de la partie moyenâgeuse de Sargonne. Il l’apercevait d’ailleurs par bribes, entre deux façades inclinées ou par l’espace dégagé d’une place. Il croisa au détour d’une ruelle, un groupe de citadins en costume folklorique (un brocard où dominaient le rouge et un bleu étonnant, enrichi de perles d’ambre accrochées en pluie sur le buste et les épaules), hommes ou femmes sans âge qui ne le regardèrent pas. Kargo emprunta enfin une voie plus large au pavement régulier et entretenu. Elle grimpait d’un jet jusqu’au rocher qui couronnait le vieux quartier et entaillait les murs de l’ancienne abbaye net et droit, comme une meurtrière. Parvenu à son sommet, le visiteur se retourna : d’ici, les toits d’ardoise de la cité se bousculaient contre les remparts, comme les glaces noircies d’une débâcle. Les façades pastel de la ville moderne s’alignaient ensuite, estompées par la brume née des fabriques. À l’horizon, très loin, des lances cristallines montaient dans les vapeurs du ciel. Ce ne pouvait être que les flèches du mausolée de Movorin. C’était la première fois que le jeune homme apercevait cette construction légendaire. Il resta un temps à admirer le dessin arachnéen des tours sur l’écran du ciel. Puis la vision disparut, effacée par un basculement de lumière.Le suite dans toutes les bonnes librairies à partir du 17 octobre, et dès le 12 à Ambierle (Loire).
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Labyrinthe 2
Ma vieille paire de chaussures
émoussée par l'errance
me porte encore
depuis mes premiers jours de marche
Au cœur du cercle
Mes ongles s'usent aux parois
qui me cernent
Mes départs sont des retours
Mes surprises des redites
Un jour je passerai
un jour je franchirai le cercle
Je ne sais ce qui m'attend
Peut-être un long sommeil
Peut-être un autre évadé
venu d'un autre cercle -
ça commence comme ça
« Kargo se disait que, personnage de roman, son créateur ne pourrait ouvrir le premier chapitre de son histoire qu’en le présentant devant cette porte massive et baroque. Il se disait aussi que, cette porte franchie, certains mystères têtus fléchiraient enfin et que la vérité, dont il n’espérait rien jusqu’alors, aurait pour lui cette saveur qu’on n’attribue qu’à la victoire.
Car toute sa vie pouvait naître de cet instant, tout pouvait être dit, accompli, mais aussi recommencé.
Pourtant, l’auteur en décida autrement, et c’est par une douce nuit de mai que débute cette histoire. »
La suite est à découvrir, à partir du 12 octobre, en avant-première, à Ambierle (Loire) dans le salon SF et BD et ensuite dans toute la France (voui) à partir du 17 octobre. Je serai également en signature aux Intergalactiques de Lyon, dimanche 27 octobre. Étrange affaire que la publication de ce roman. J'ai espéré si longtemps qu'il soit édité. Mon premier roman (beaucoup travaillé, je vous rassure), mis au jour, exhaussé des tiroirs où je pensais (on devient raisonnable avec l'âge) qu'il dormirait pour toujours. Étrange. Qu'est-ce que ça me fait ? Je suis partagé. De livre en livre j'ai perturbé mon (éventuel) lectorat en lui proposant des récits chaque fois différents, dans un style différent. Celui-ci pourrait concilier les lecteurs de chaque forme, puisque tout mon univers s'y trouve en germe et que toutes les manières y sont, jeunes mais bien là. Le plaisir que j'aurai de ce livre, plus que n'importe quel autre, c’est celui que les lecteurs me renverront ou pas. Vous savez, j'ai failli le publier sous pseudo mais, à force de le travailler, finalement, je crois que je peux le revendiquer. Ce sera à vous de juger. Je vous espère nombreux dès le 12 octobre à Ambierle (mon éditeur vient, il faut faire bonne impression). Ah oui : le roman s'intitule Mausolées, il est édité par Mnémos dans la collection Dédales et... je vous en reparlerai. -
Confidences
Le livre n'est pas encore sorti, mais entre écrivains, n'est-ce pas, on se permet de ces relations privilégiées ("tiens, si tu veux lire ça, tu me diras..."), et il arrive que le destinataire se fende d'un grand beau long texte au terme de sa lecture. Je ne vais pas bouder mon plaisir plus longtemps et vous propose de vous rendre sur le Cheval de Troie, le blog de Laurent Cachard. En ce qui me concerne, voici ce que 2014 vous réserve. Je n'en dis pas plus. Et la conclusion est superbe. Cachard est grand, loué soit son nom.
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Tout seuls
L'enfance et l'adolescence que l'on croit souvent préoccupées d'elles seules, sont des périodes où la vie se soumet au regard, à l'opinion des parents et des amis. Ce sont des temps où se construire est à moitié la tâche des autres.
Extrait d'un texte en cours d'écriture sur mon pote et néanmoins artiste, Jean-Marc Dublé.
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Portes ouvertes au Théâtre de Roanne
Aujourd'hui à partir de 16h30, plein de compagnies participent aux portes ouvertes du Théâtre municipal. La Compagnie NU sera présente avec la venue exceptionnelle de François Podetti, Aurore Pourteyron et Philippe Noël, qui interpréteront des extraits de notre prochaine création, PASIPHAE en avant-première. Les protagonistes de NU se trouvent au fumoir (demandez à l'accueil, ensuite, c'est bien indiqué). La séance commence à 17h15.
Pasiphaé est un texte de ma pomme, mis en scène par François Podetti sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.
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Passage du temps
L'été roule encore sur vos épaules, il va tenir long ses feux plantés dans vos nuques jusqu'à la fin de septembre. Je vois ce soleil énoncer chaque pierre par son éclat, et les bêtes blanchies venir à l'auge, dans l'ombre des feuillards, aspirer à elles l'eau tirée du puits. Je regarde ces hommes par delà le temps, je considère leurs vies, leurs songes interdits, leurs existences abrégées et je vois en eux mes enfants inquiets, mes parents à la tâche, et pour tous la résistance des espoirs, le sérieux des secrets.
Extrait de "L'affaire des Vivants". A paraître.
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Campagne d'adhésions de la NU Compagnie
La compagnie NU est certes aidée par les subsides publiques, mais son volume d'activité et ses projets rendent ses finances extrêmement serrées. Il est possible de nous soutenir par une minuscule adhésion de 5 euros. C'est sur le superbe site de la compagnie. A la clé, Newsletter et reconnaissance. Ce n'est pas rien, vous savez...
Photo Marc Bonnetin. François Podetti, mézigue et Jérôme Bodon-Clair, lors de la préparation de "Peindre".
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De là au big bang
Je me souviens aussi d’avant, je prends le cours des choses à l’envers, il y a ce moment où je suis l’autre, qui s’étonne à la surface de n’être pas lui-même, et puis je débute ma vie d’adulte inanimé, et puis je suis adolescent, je suis enfant, je suis fœtus, larve, animalcule dérivant dans les limbes, je suis molécule, je suis étoile, une explosion, un gouffre en attente et fécond dans lequel tout est possible, où même les pensées ont des gravités de plomb, je suis un point, une essence, un tout. De là, je peux reprendre d’un trait la fabrique du monde qui mènera à l’instant où la grotte est refermée, et où le temps ajuste sa boucle.
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Incipit
Depuis la maison, nous traversons les prés bosselés et ponctués de chardons pour nous rendre au bord de la Loire. Ce sont les gasses, les zones inondables, étendues préservées de toute construction, laissées aux charolaises et aux cigognes. Le chemin n’est pas tracé, nous marchons dans les sentes ménagées par les vaches paisibles regroupées sous les arbres, à l'abri du soleil. Une dizaine de minutes de promenade avant de rejoindre le fleuve. Nous sommes habillés léger, l'été nous revêt d'un feu d'âtre dès que nous sommes à découvert. Nous posons les serviettes sous un saule si nous voulons nous baigner, ou sous de vieux acacias plus éloignés de la rive si nous voulons lire ou faire une sieste. Nous paressons dans leur ombre, assis ou allongés, visages éclairés par la réfraction des pages. Parfois, livres reposés, nous restons dans la contemplation de l'amont ou de l'aval du fleuve. Sous cet angle, aucune présence humaine. On peut se croire dans un paysage champêtre du XVIIIe siècle. Nous considérons le panorama silencieusement et puis, après un temps de recueillement sans objet, nous échangeons quelques mots. Ma douce sait que j'ai commencé un nouveau roman. Le dernier est juste sorti de l'imprimante il y a trois jours, et le paquet qui a déjà reçu mes premières corrections veille sur la table de la salle à manger. Ce sera son travail la semaine qui vient, de le lire, de me dire ce qu'elle en pense. En attendant, j'ai couché les premières phrases du prochain. Ces quelques phrases sont celles que vous venez de lire.
Pour la suite, si jamais on veut encore m'éditer, rendez-vous, je ne sais pas : dans deux ou trois ans ?