Ecoutant Michaux et Lamartine et Lavrille et Genet, lus par Jean. Ecoutant, flottant sur une vague angoisse. Interrogeant la voix de Jean, muette par ailleurs. Qu'est-ce que c'est que ce poing qui me tenaille ?
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Ecoute
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Lettres (de licenciement) Frontière
Autant le dire tout de suite : je n'y connais pas grand'chose. Mais apprenant que l'association Lettres-frontière a décidé de licencier son équipe salariée, je ne peux m'empêcher de témoigner ici que c'est un acte regrettable. Certainement dicté par une conjoncture économique très difficile, on s'en doute. Cette belle initiative qui a permis à des auteurs inconnus de rencontrer un public et des lecteurs exigents, vit-elle ses derniers moments ? Je l'ignore, mais il me paraissait important, en ce début d'année, d'adresser mes pensées à celles et ceux qui ont si efficacement relayeéle travail des responsables de médiathèques, des libraires, des éditeurs et des auteurs. J'espère pour chacun un nouvel emploi et que les cicatrices occasionnées par leur éviction soient vite cautérisées.
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2011 par Stéphane Hessel
Autant laisser la parole à celui qui, aujourd'hui, incarne la faculté de s'indigner et de résister...
Grâce à Mediapart, qui ouvre ces voeux à tous, je reproduis la déclaration de l'auteur de "indignez-vous !", Stéphane Hessel :
"Mes chers compatriotes,
La première décennie de notre siècle s'achève aujourd'hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l'Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.
Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l'eau, l'air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.
Les motifs d'indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s'adresse –, c'est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s'indignent aujourd'hui? Je dirais d'abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l'avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s'entendre pour maîtriser l'économie au bénéfice des peuples, même s'ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l'histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d'un commun accord l'autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.
Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s'ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m'écoutent. Qu'ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L'Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu'il est possible d'obtenir.
N'attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.
Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister!" -
La débarrassée
Ah au fait : j'avais promis de signaler la sortie du livre de Christine Muller, dont elle m'a gentiment demandé d'écrire la préface (c'était moi ou Bernard Tapie. désolé, Nanard). Je ne me suis pas contenté d'un petit mot doucereux et engageant : je me suis fendu d'un condensé biographique et théorique sur son travail. Ce qui m'a valu un magnifique cadeau et la naissance d 'une belle complicité.
"Christine Muller, peintre" est paru chez Thoba's éditions.
D'accord, Noël est passé, ce sera juste pour vous faire plaisir en égoïste alors.
En attendant, si vous habitez dans la Loire, vous pouvez visiter son exposition à la galerie Pikinasso, à Roanne.
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Je comprends mieux...
Sur le site "Lemonde.fr", cet article qui souligne les résultats d'une étude récente où il apparaît que les enfants nés en décembre commencent dans la vie scolaire avec un handicap, certes, mais surtout subissent les conséquences de ce mauvais départ toute leur vie.Au point que "ces onze mois de maturité en moins sont presque aussi discriminants que le fait d'être fils d'ouvrier plutôt que fils de cadre".
"Ils sont sagittaires ou capricornes, mais là n'est pas leur problème. C'est de n'avoir pas su attendre l'an neuf dont souffrent les natifs de décembre. Julien Grenet, chercheur en économie au CNRS et à l'Ecole d'économie de Paris, a mis à jour le fait qu'un natif de la fin de l'année gagne toute sa vie active 1,5% de moins que s'il était né en janvier. Soit un manque à gagner de 12 000 euros sur une carrière complète de 42 années au salaire médian de 1580 euros net mensuels."
Pour des raisons personnelles que vous devinerez aisément, je me sens très concerné par ce problème.
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Massacre des innocents
La prophétie se répand au dessus des forêts : un grand massacre se prépare. Et les pieds dans la neige, tremblent les jeunes sapins.
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Une question, au fond ?
J'avais promis de revenir ici raconter une expérience récente. Qu'on me pardonne l'important délai qui sépare les faits de leur relation sur Kronix : c'est que je ne me suis toujours pas débarrassé de cette énorme limace, juchée sur mes épaules, qui s'appelle aussi bien « grosse flemme » que « procrastination », mot désagréable mais qui lui va bien finalement, eu égard à la gène mauvaise qu'elle occasionne. Voilà de quoi inspirer de justes sarcasmes aux élèves de monsieur Cachard, professeur au lycée de Dardilly, élèves à qui je m'étais vanté, comme je le fais à tout bout de champ, de mon infatigable discipline d'écrivain qui exige son lot scripturaire quotidien. Ce n'est pas devenu faux, malgré ma paresse actuelle, mais on ne peut pas dire que l'un de mes chantiers en écriture ait le moins du monde avancé depuis disons un mois. N'empêche, c'est bien en tant qu'écrivain que j'avais l'honneur d'être reçu par des secondes pendant plus de deux heures (heureux format, de quoi développer quelques idées), pour évoquer « le Psychopompe ».
C'est intriguant pour un auteur d'imaginer comment il peut être perçu par des jeunes gens, qui se sont fabriqués certainement une image de lui (alcoolique et rogue ? Grand balaise rougeaud et jovial ? bellâtre à l'écharpe blanche aux longues mains délicates ? Certainement pas le petit chevelu à bretelles que le professeur a eu du mal à repérer sur le quai de la gare). Monsieur Cachard a fait travailler ses élèves sur le livre, les a laissés imaginer leurs questions selon trois grands axes de réflexion : le roman (l'action et ses personnages) ; le style ; enfin la « portée » du roman (message, valeur symbolique etc). La fin de l'entretien, après une pose, abordera les questions libres et sûrement, la condition de l'écrivain. C'est un beau programme. M. Cachard me confie, avant la rencontre : « Vous verrez, ils sont très gentils, assez impressionnés » (Oui, monsieur Cachard et moi nous vouvoyons) et en effet, je découvre plusieurs rangées d'enfants sages, manipulant leur liste de questions préparées avec un brin d'inquiétude. Je ne suis pas moins anxieux mais qu'en savent-ils ? On se jauge, on se sourit, à l'invitation du professeur, l'un d'eux se décide. La règle du jeu n'est pas celle des rencontres avec les adultes, sûrs de la finesse de leur lecture, de l'appréciation qu'ils ont d'un livre, et improvisant leurs remarques ; avec ces élèves, tout est préparé, et cette préparation produit des questions de tous ordres. Il y a les faciles, dont je viens à bout aisément (Que Lionel Gizant, chrétien, pratiquant, s’adonne lui-même au meurtre n’est-il pas paradoxal ? ; Le registre de langue utilisé dans le récit correspond-il au niveau social de chacune des victimes ? ; Quelle signification donner au bloc découpé dans la nuit et posé sur le ventre des cadavres ?) et il y a les questions plus ardues, ou dont les réponses demandent un tel développement (le roman a-t-il une moralité, ou transmet-il un message ? ; Quelle est la portée des références bibliques dans le roman ? ; Nathan Charon peut-il être perçu comme un justicier ou comme un criminel ?) que cela me semble insurmontable dans l'instant ; je livre quelques pistes, sans doute confuses. Je sais qu'on m'excusera. Et puis il y a les questions que je ne m'étais jamais posées (La description de la bibliothèque lors du meurtre de Gisèle revêt-elle un caractère particulier ? ; Comment interpréter le symbole du meurtre de Modeste Lebecq par ingestion de son propre roman ?) et là, il est temps d'annoncer qu'un auteur n'a pas de réponses, qu'un (bon) roman n'entend pas dénoncer, expliquer ou présenter de modèle, qu'il n'apporte aucune clé, qu'il est, justement, un questionnement et rien d'autre, et qu'à ce titre, lecteurs et auteur, sont à égalité « vous en savez autant que moi » leur dis-je. Et hop. Je m'en sors pas mal avec mon arme absolue.
Pendant la pause, une jeune fille vient m'interroger sur l'édition ; je devine qu'elle écrit. Lui souhaite bien du courage, la pauvrette. Après la pose, il est question de l'écriture et de la lecture (dont M. Cachard et moi tentons de dire avec insistance quelle importance elle a. Comme s'il nous fallait convaincre). Oui oui, les enfants, faut lire, et lire si possible de bonnes choses. Je ne sais pas pourquoi, je lâche une gerbe acide sur Lévy et/ou Musso ; les enfants sourient, se regardent... M. Cachard m'expliquera qu'il a souvent eu l'occasion de désigner à ses élèves ces symboles de l'anti-littérature (s'il n'y avait que ceux-là !). On parle des mirifiques salaires d'écrivain, de relations avec l'éditeur, des rituels d'écriture (où, comment, quand ?). J'ai des réponses toutes prêtes parce que valables à 80%, mais la réalité est plus complexe, je le sous-entends en évoquant ce fait qu'en ce moment, avec eux, tandis que nous discutons, j'écris aussi. La rencontre glisse vers ses dernières minutes, les visages des élèves sont marqués par la fatigue et la lassitude (enfin, certains visages), et M. Cachard m'impose un exercice impossible : conseiller cinq livres, là, comme ça. Je cite « Hhhh » un de mes récents coups de cœur (pas si récent que ça, cela doit faire plus de six mois), je ne me résouts pas à leur conseiller Ellis, je pourrais parler de Jourde mais je n'y pense pas, je reviens à Choderlos de Laclos (une jeune fille s'exclame « Ouais », ce qui me la rend immédiatement sympathique -je veux dire encore plus immédiatement sympathique que ses petits camarades), je ne sais plus qui je cite encore, je leur conseille d'évoluer en lecture, de devenir chaque fois plus exigeant, je leur souhaite de découvrir un jour Proust, parce que, parce que Proust et puis voilà.
Quand tout le monde s'en va, j'ai la surprise de voir un « Baiser de la Nourrice », glissé par un garçon qui souhaite une dédicace pour sa mère. Je suis vraiment entre de bonnes mains. Une classe bien préparée, attentive, sérieuse. On devine qu'un amoureux de l'écrit est passé par là, que le professeur sait où et avec qui il peut entraîner ses élèves. Un fin connaisseur, sûrement quelqu'un qui pratique. Sûrement. Sinon, ce M. Cachard devrait se mettre à l'écriture. -
Citation
Puisque me voici peu ou prou incapable d'écrire ici, je ne peux m'empĉher de vous offrir cette merveille, glanée parmi des centaines d'autres sur le blog d'Eric Chevillard :
"Les chaînes H et M, Gap, Comptoirs des cotonniers, Promod, Pimkie, Caroll, Jennifer, Etam et Princesse tam-tam manifestent une inquiétude grandissante suite aux OPA de la librairie Au plaisir de lire de la littérature pointue qui rachète une à une leurs enseignes et leurs boutiques pour s’y déployer sauvagement."
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Pause
Comme il arrive parfois, Kronix va espacer ses rendez-vous. D'autres chantiers d'écriture prennent le pas sur celui-là, pourtant aimé et important (je parle pour moi). De rares billets paraitront donc de temps à autre, comme au hasard, selon l'instant.
Je laisse aussi quelques mots pour des proches dans l'angoisse en cette fin d'année.
Sans aucun rapport, mais parce que j'ai promis de vous tenir au courant : Un nouveau refus d'une belle maison d'édition ("La Brune" au Rouergue) me donne paradoxalement de l'espoir : c'est un de ces refus argumenté, complet, agrémenté de vrais regrets, qui ne vous abat pas mais vous enfle d'orgueil.
Je sais aussi que je reprendrai Kronix à au moins deux occasions prochaines : ma rencontre avec les élèves de Laurent Cachard et la sortie imminente de "Christine Muller, la débarrassée", premier livre important sur cette artiste qui, quel que soit votre état de morosité et de lassitude, vous ensoleille et vous dynamise en quelques minutes de présence.
Enfin, il est évident que l'actualité politique pourrait alimenter des chroniques quotidiennes mais là, je suis fatigué de m'être égosillé à hurler au loup. Maintenant que le loup est entré et saccage tout, j'ai envie de dire : "démerdez-vous". Je sais, je n'ai pas bon fond.
A bientôt. Courage.
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Les convoyeurs attendent
Les chauffeurs de car attendent, agglutinés derrière la banque de renseignements de la gare routière. Par ces frimas, le lieu est un refuge, une bulle de verre, chauffée, salle d'attente pour un public calme, où je vais d'ailleurs bouquiner en attendant l'heure ; Les chauffeurs ne bouquinent pas ; ils rigolent. Surtout, ils s'harmonisent, s'entrainent, se relaient, emploient tous les moyens pour faire rire l'hôtesse. C'est une petite dame brune, fluette, dont le rire ressemble à celui de madame Mim dans le Merlin l'enchanteur de Disney, en moins sardonique et en beaucoup, beaucoup plus aigu. La petite dame est une bonne cliente de l'humour bite-con-couilles de ses collègues masculins qui, ainsi tenus de surenchérir, dépassent tout ce que « les grosses têtes » peuvent déployer de vulgarité. Et la petite dame de s'esclaffer, d'accélérer le rythme de ses éclats jusqu'à ululer une sorte de cri de sirène continu et dangereux pour les oreilles. Les gars multiplient les jeux de mots, les bourrades, les rires gras, les imitations, pour la consternation des voyageurs innocents, venus se réchauffer dans un abri serein et se retrouvent dans une taverne irlandaise le soir de la saint-Patrick.
Je ne suis pas bégueule, je n'ai rien contre le fait que les gens s'amusent et rigolent au travail. Mais si on essayait de la faire rire avec, je ne sais pas moi : Desproges ? Non, j'ai rien dit. -
Oh, Johnny, si tu savais...
Sur un affichage de presse people, sur le trottoir, je capte au passage un titre hallucinant : « Johnny : terrible arnaque ! » illustré d'un portrait déceptif du plus invraisemblable chanteur de variétés qui soit. Je sursaute en me disant : « Enfin ! La presse a décidé de déciller son public. Noble cause. » Et puis non, une relecture instantanée me décille, moi : "Johnny : terrible attaque !" il s'agit d'une bien commune alerte sur l'état de santé de l'artiste francophone le plus bidon depuis que Cloclo s'est tout seul éliminé de la course. Tant pis, me dis-je.
J'espère que ce billet va déplaire. -
Retour de bringue
A cinq dans la twingo, tous excités par l'effet de groupe (vous savez ce que c'est), mais pas encore éméchés, c'est juré, ils étaient partis pour un samedi soir comme les autres, boîte, musique, danse, etc. trois garçons, deux filles, dont une que je connais, excusez-moi, le genre fine mouche, brillante, drôle et tout. Une futée, et cultivée avec ça, et grande voyageuse, etc. Tous jeunes, bien partis dans le délire. On rigole on vanne, on déconne. 50, vitesse réglementaire, la voiture approche du pont qui enjambe le fleuve. Dans les phares, le panneau qui vante les attraits de la ville (ses commerces, ses villes jumelées, enfin, tous les mêmes, vous connaissez), leur apparaît comme incertain, brouillé ; Un silence épais, aussi soudain que non concerté, plombe l'ambiance hilare dans l'habitacle. Personne ne dit plus rien, personne n'échange un regard ou un geste. Le panneau grandit dans les phares et de la même manière, se dessine plus nettement la chose qui trouble la perception de l'affichage, derrière elle. C'est une forme humaine, c'est quelqu'un. C'est quelqu'un ? S'interrogent les passagers intérieurement. C'est quelqu'un, un homme debout, le visage incertain, mais c'est une silhouette transparente, vaporeuse qui, dans un changement de lumière des phares, s'atténue et disparaît. La voiture dépasse le panneau, elle est sur le pont, le franchit, aborde la ville. A l'intérieur, la tension faiblit. On commence à se parler. Plus du tout envie de rire, mais on ose dire : « Tu as vu ? » On ose répondre : « J'ai cru voir quelqu'un debout, mais le visage était indiscernable » (enfin, personne ne dit « indiscernable » on dit : « je voyais pas le visage, c'était une tache »). Ce qui est sûr, c'est que tout le monde a ressenti le même soudain malaise inexplicable, le même accablement, la même tristesse sans objet. La nuit en boîte emporte pourtant l'étrange apparition. La vie reprend son cours jusqu'au lendemain où les journaux apprennent aux fêtards qu'un homme s'est suicidé en se jetant dans le fleuve depuis le pont. Pas besoin de lire l'article pour savoir à quelle heure de la nuit le triste drame s'est déroulé.
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Gorille dans la brume
Ses copains l'avaient enivré, costumé en gorille, et balancé dans un zoo avec d'autres singes, riant d'avance de la façon dont le nouveau-venu allait être reçu. Ils en furent pour leurs frais : leur pote fut immédiatement considéré comme chef du clan et depuis, il vit aux frais de la princesse, dans l'été permanent d'une vaste jungle recréée, entouré de femelles disponibles, absolument dégagé de toute contrainte économique. Quand ses potes viennent le voir, on le reconnait facilement : c'est le gorille qui fait un doigt d'honneur.
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2012
Il semblerait que la traduction qui a servi à décrypter les correspondances du calendrier Maya et du nôtre, soit fausse. La fin du monde ne serait donc pas pour 2012. Ce qui laisse d'heureuses perspectives pour les prochaines élections (il ne s'agirait bien sûr que de notre petit monde hexagonal, mais il faut bien commencer quelque part).
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Irréversible
"La vie d'un homme peut réellement tenir à un cheveu. Claude Jones, a été condamné à mort aux Etats-Unis en 1990 et exécuté dix ans plus tard au Texas à cause d'un cheveu trouvé sur les lieux d'un crime. A l'époque de sa condamnation, l'analyse au microscope dudit cheveu avait permis d'établir une comparaison satisfaisante avec les siens, et prouver qu'il était présent au moment des faits.
Mais des tests ADN ont prouvé jeudi 11 novembre que le cheveu sur la base duquel Claude Jones a été exécuté ne lui appartenait pas. Rendus publics par le journal Texas Observer, qui les a en partie financés, les tests ADN "excluent Claude Jones des propriétaires possibles du cheveu étudié", assure le laboratoire Mytotyping Technologies. Selon lui, le cheveu appartenait à la victime, un commerçant tué dans un braquage en 1989."La suite sur "LeMonde.fr"
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Une journée particulière
Pour deux raisons absolument opposées, ce samedi est une journée spéciale. Pour ma douce, dont c'est l'anniversaire ; pour Annie qui pleure son compagnon. Comment célébrer l'un et l'autre sans se médire ? En faisant confiance à l'ordre de la vie, qui est de prendre le dessus.
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Voyelles
Il n'y a pourtant qu'une lettre entre les deux, mais combien de millénaires séparent le silex du solex !
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Encore un adieu
Une calotte de plus cette année, qui en aura compté beaucoup. Nous nous sentons complètement cernés par les deuils achevés et les deuils à venir. Triste, déprimante perspective. A cet égard, 2010 aura été une année de malédictions.
C'est une nouvelle qui assomme, malgré l'imminence que nous savions. Quelle illusion nous fait croire à la permanence du jour tandis que le crépuscule s'engage ?
Nous avions vu B. la dernière fois à la lecture du Psychopompe, il avait fait l'effort de venir, un moment, au bras de sa femme, la noble A. J'appelle involontairement ces images, et par elles, il me semble que je commence à réaliser, et l'angoisse monte.
Il n'y a pas de justice, personne n'est épargné. On va essayer de survivre, quoi, en attendant notre tour. Bien obligé de considérer les choses comme ça.
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Pas grave
Je ne me mets pas en colère, j’ai même un certain attendrissement pour qui se fout ouvertement de moi. Exemple : Mon entreprise commande récemment une série de courts documentaires à une société audiovisuelle. J’écris les commentaires, demande à la société de faire un casting de voix et de m’appeler quand ce sera fait. Il était convenu pour ce faire un délai raisonnable de deux mois. Sept mois plus tard, après un certain nombre de signes d’agacement de notre part, les vidéastes professionnels m’appellent : tout est prêt, ils ont enfin la voix féminine que j’ai demandée, après des mois de recherche et un casting que j’imagine d’une exigence scrupuleuse, radicale, vu le retard pris par le dossier. Je me rends donc sur place. J’entre dans les bureaux, saluent des têtes nouvelles (c’est une boîte que je connais bien, qui m’a porté sur les fonds baptismaux de la vidéo il y a 20 ans). Je découvre une nouvelle secrétaire, une nouvelle comptable. Je salue les techniciens et responsables, toujours là. Le patron me dit : « On ne t’a pas présenté ? Suis-moi ». Nous revenons sur mes pas, P. me présente la comptable que j’ai vue tout-à-l’heure : « Je te présente N. Elle est comptable, mais se destine au spectacle. Elle va devenir intermittente. On a fait beaucoup de recherches mais finalement, la voix qu’il te faut était là, tout près de nous. » L’enfumage est assez scandaleux, mais j’acquiesce, amusé. Après tout, l’histoire hollywoodienne dont je suis nourri est pleine de ce genre de révélations : routiers devenus ténors, serveuses, charpentiers ou mécanos devenus stars, etc. On verra bien. La dame quitte son clavier et rejoint en souriant le studio d’enregistrement, installé précaire dans le bureau de la direction non insonorisé, sur une table. Il faut tenir les micros en main. Pendant que la technique se prépare, nous devisons, je félicite la comptable de son courage, lui demande un peu son parcours. N. fait partie d’un groupe de chanteurs d’opérette local et participe à des spectacles écrit par un ami. Une pointure. Quand tout est prêt, c’est l’heure de vérité. La comptable-commentatrice exécute une première lecture et je suis atterré ; comment décrire ? Le ton que prennent les institutrices les moins subtiles pour raconter une histoire à des CP, sur-jeu insupportable des comédiennes amatrices sur les planches des salles des fêtes. Articulation excellente au demeurant, jolie voix en effet, mais interprétation digne d’une parodie de films pour enfants. J’imagine la rigueur de ces sept mois de casting, en effet. Après un peu de répétitions et quelques aiguillages, nous parvenons à infléchir les intonations irréelles pour obtenir un enregistrement audible. Mais je sais que, de toute façon, nous serons à la fin loin du compte. Mes anciens compagnons d’images et de montage se sont fichus de moi, tranquillement, avec le sourire. Je sais que rien n’est essentiel, que tout cela c’est du vent. Je m’amuse. J’attends aujourd’hui avec impatience de retrouver ces documentaires sur le web, pour la délectation des internautes.
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Son compte est bon
Je vois cet homme sortir en souriant de la banque. Derrière la vitre, je vois aussi le banquier lever les bras, sortir le champagne, appeler ses collègues. Je me demande si le client va sourire longtemps.