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kronix - Page 190

  • Tes vingt ans cabossés

    Elle s’appelle disons, Sandra. Elle n’a pas 20 ans. Elle revient voir, en starlette, l’équipe des permanents de ce foyer pour personnes sans abris où je fais un peu de bénévolat.

    Sandra a été pensionnaire dans le foyer pendant plusieurs mois, il y a quelque temps. Depuis, la structure qui s’occupe d’elle l’a lancée sur une énième piste de formation professionnelle. Elle loge dans un autre foyer, mais pour jeunes travailleurs, celui-là. Dans l’équipe de l’association personne ne se fait d’illusion : comme les autres formations, celle-ci (coiffeuse, cuisinière ou je ne sais quoi), va motiver la gamine pendant 3 semaines et puis basta. Sandra, comme d’hab’, va se lasser (se lever le matin, être propre, travailler, obéir…), va s’enticher d’un garçon, et se barrer avec. Pour mieux revenir dans le giron du foyer, cabossée et paumée. Chaque fois la même histoire.

    Sandra entre donc dans le foyer, fait la bise à tous les permanents, les éducateurs, les bénévoles… Elle se pense très sexy. Mais sa jeune beauté est déjà vulgaire, ses gestes sont sans grâce et son regard voudrait être hautain. En faisant la bise à un de ses éducateurs préférés, elle lui glisse un mot à l’oreille. Mais j’ai entendu. « Je suis enceinte ». L’éducateur fait : « Tu plaisantes ? » Et il me raconte, tandis que Sandra minaude au milieu des autres. « C’est la troisième fois cette année. J’arrive pas à suivre. » Je crois que mes sourcils forment un arc élevé au dessus de mes paupières. Il poursuit : « Elle se maque avec les plus cons, les grandes gueules, les violents. Elle couche, sans protection bien sûr, se fait tabasser… Et recommence. C’est à désespérer. »  Sandra revient vers nous, balance une vanne et s’éloigne. L’éducateur lui lance : « Et inutile de tortiller des fesses, ça sert  à rien. » Elle se retourne vers nous, je capte son regard au passage. Elle m’adresse un écoeurant sourire de séduction. J’ai la nausée. 20 ans. Je pense à ma propre fille. Ma petite à moi, elle est préservée, elle ne connaîtra jamais cette merde. Jamais. Impossible. 

  • Plongeon

    (C'était en hommage à une amie, il y a longtemps...)

     

    Je la vois, la main aiguë comme une lame, l’oeil perdu dans l’abîme.

    Sous elle frissonne un appel secret qu’elle est seule à comprendre. Le silence emplit l’air comme une respiration. Rien n’existe plus, l’univers se fait coquille autour de ses gestes doux.

    Alors elle écarte les bras de son corps, lentement. Les muscles de ses jambes, puis son corps entier, l’élèvent une éternité d’instant, loin au coeur de l’espace et du silence. Tout se ferme autour d’elle ; que cette immense présence. Là, tout devient évident. Tout a la clarté du trait sur la page. Le temps se fige, captif. Elle est seule à pouvoir rendre aux vies le mouvement qu’elle a ravi.

    Et puis, l’envol s’achève. La suspension de son geste a repris gravité et son corps se résigne à fondre vers l’abîme.

    C’est l’étourdissement brutal. L’étreinte de l’eau, brûlante-glacée.

    Tout est accompli. L’univers a retrouvé ses dimensions, le temps a rattrapé le temps, la vie a repris la parole. L’ivresse, ciselée par le travail du corps, a perdu sa noblesse, là-haut. Et je la vois, je te vois, cherchant vers le plafond parasité d’embruns, la trace indiscernable de ces gestes magiques qui t’ont fait croire une seconde, que le monde était pur.

  • DAME

     

    Dame : Interrogez les mots, pour leur faire avouer ce qu’ils disent vraiment. Ainsi, « dame » a des relents misogynes insoupçonnés. D’abord parce qu’il renvoie madame à ses foyers, la domus latine (d’où domestique, domicile, domaine, donjon) et ne lui assure pas le rôle de dominus, le maître de maison (d’où  dimanche, dominer et domino !). Mais aussi parce que sa racine indoeuropéenne Dem (maison), a engendré le mot despote. Curieuse parenté… On se réconciliera avec ce « Dem » méprisant, quand on saura qu’il accoucha des Don et Dom (Quichotte ou Juan), du duomo italien, des madones et des duègnes. Piètre consolation.

  • Le seigneur de la rivière - Fin

    Parfois, un pêcheur s’attardait sur son territoire. Christophe se cachait alors, immobile pendant des heures. Le pêcheur s’éloignait enfin, inconscient de la surveillance invisible qui ne l’avait pas quitté.

    Un jour, alors que le jeune garçon, de l’eau jusqu’aux cuisses, s’étourdissait du tumulte joyeux d’une cascade, des cris l’arrachèrent à son hypnose volontaire. On venait. Il se cacha derrière le gros rocher de basalte. Quelques minutes glissèrent lentement dans le vent et, enfin, des silhouettes colorées surgirent au détour de la rivière. C'étaient des enfants de son âge, garçons et filles, quatre ou cinq, pataugeant, s’éclaboussant, riant, courant puis trébuchant.

    Le ventre collé au ventre du rocher, les ongles accrochés à la mousse comme à la crinière d’un cheval, Christophe patientait. Le groupe parvint au chaos de pierres, son territoire sacré, il décida d’intervenir, sûr de son effet. Il se dressa au sommet du rocher, devant les enfants tétanisés et rugit : “Que venez-vous faire sur mes terres ? Je suis le seigneur de la rivière.” Les enfants s’égayèrent en tous sens, paniqués, hurlants, désemparés. Ils disparurent.

    Christophe était un peu déçu, il aurait aimé tout de même poursuivre un peu son rôle, entamer la conversation, expliquer aux enfants médusés sa lutte titanesque d’autrefois.

    Ce soir-là, il rentra plus tôt que d’habitude. Sur le chemin, il souriait intérieurement en se remémorant la terreur comique des enfants. Bientôt il arpenta l'escalier qui menait à la maison. Il en poussa la porte, un peu plus violemment qu’il n’aurait voulu, ce qui surprit la famille, plongée dans une discussion mouvementée. Lorsqu’ils le virent, sa mère lança un hurlement de cauchemar avant de s’effondrer, blanche comme la mort, ses frères horrifiés se bousculèrent pour fuir par la fenêtre et son père courut chercher son fusil de chasse en criant des choses incompréhensibles.

    Alors Christophe se vit dans la glace du vestiaire, à côté de lui : il était immense, noir, cornu, difforme et, au creux de ses orbites ténébreuses, deux yeux brûlants le scrutaient.

    Il ouvrit la gueule sur un long grognement de bête.

    FIN

  • Le seigneur de la rivière 1/2

    Euh... Vraiment un fond de tiroir, ça... 

     

    A dix ans, Christophe jouissait d’une liberté que ses parents avaient refusée à ses deux frères aînés. Ce qui lui permettait, les longs après-midis d’été, de jouer sans contrainte, seul dans la forêt ou au bord de la rivière. Ces lieux qu’il connaissait par cœur étaient devenus son royaume. Christophe aimait la solitude, le silence, la lumière du jour posée en paillettes sur l’écume de la rivière, l’oscillation incessante des feuillages sous la brise du soir, la nonchalance des oiseaux, des poissons, des libellules, l’activité irrationnelle des fourmis sous le soleil de juillet, alors que toute vie s’exténuait, écrasée de chaleur.

    Au bord de la rivière, par endroit tumultueuse et bavarde, bouillonnant entre de gros rochers moussus ; ailleurs profonde et silencieuse avec des taches d’or sur le fond vaseux, le soleil pénétrait à peine les frondaisons pour s’éloigner bien vite. A trente mètres de là, le chemin de terre brûlait sous les pieds nus ; ici, sur le rocher, la peau s’agaçait parfois de n’être pas couverte.

    Christophe régnait là en maître. A l’heure où les pêcheurs s’en désintéressaient, il prenait possession des lieux. Le jeune garçon escaladait le rocher de basalte bleu qui dominait une courbe de la rivière et, les poings sur les hanches ou bien les bras croisés sur la poitrine, il contemplait son territoire. Les arbres, l’eau, la roche et jusqu’au ciel. Il était le seigneur de la rivière.

    Un seigneur puissant, qui avait livré bataille à la terre elle-même et qui en était sorti vainqueur.

    Il s’était inventé ces jours de lutte où, en des temps fabuleux, il en avait appelé aux forces des eaux, aux créatures de l’air et aux elfes des bois pour faire plier la roche à sa volonté : laisser le passage au courant de la vie, à son sang, à la rivière.

    Ce fut un combat de titans, les flots et la terre jetés dans une mêlée sauvage, les crocs des racines contre les dents de pierre. Au crépuscule, tout était dit : le seigneur de la rivière avait tracé son passage dans la matière du monde, créant ce chaos de roches où la rivière bouillonnait et sur lequel la forêt veillait. Triomphant, il en était sorti marqué des stigmates de la bataille : sa peau s’était recouverte d’une croûte noire et épaisse comme une écorce brûlée, son front s’était, aux chocs contre le granite, bombé, durci d’un cartilage annelé ; ses yeux s’étaient enfoncés dans les orbites pour se protéger de la brûlure de la lave, ses muscles s’étaient formidablement développés et il en éprouvait les contractions noueuses sous le cuir de sa carapace à chaque mouvement. Christophe se sentait cet être enlaidi mais formidable, ce demi-dieu que l’humanité ingrate avait voulu oublié.

    Et puis, le soir, quand les rayons du soleil ne jaunissaient plus que la couronne des pins, il rentrait, fatigué, satisfait, affamé et heureux.

  • SECRETAIRE

    Secrétaire : Etymologiquement parlant, on doit pouvoir exiger d’une secrétaire qu’elle ne divulgue pas tout ce qu’elle sait. Une simple lecture du mot permet de remarquer une racine « secrète » qui en signe l’origine. Car secret il y a, puisé dans le secretum latin, qui impose d’écarter, et même, par la formule de la cella secretaria - le lieu secret, retiré- interdit l’accès à la sacristie (du sacristain, évidemment). Le ou la secrétaire est donc, d’abord, une personne de confiance qui sait se taire. Certain dictionnaire étymologique explique sans malice que « cet usage en est perdu ».

  • Dans la nuit

    -Crois-moi, dit Levanski  en rajustant le col de sa gabardine, on va crever là, ce soir. Et personne n’en saura rien, jamais.

    -Non, tais-toi. C’est impossible. On ne peut pas...

    -Il faudra bien mourir pourtant

    -Mais pas ce soir. Pas ce soir

    -De vieillesse, alors ?

    -De vieillesse...

    J’allais dire “peut-être ; pourquoi pas ?...Sûrement” mais ce serait grotesque.

    Mes jambes sont lasses. J’ai froid, je tremble de tous mes membres. Ma mâchoire en est douloureuse à force de trembler.

    -J’ai peur de mourir, je dis.

    Levanski fait comme s’il n’avait pas entendu.

    -Ecoute !

    J’écoute : un murmure grave, agréable, qui glisse sur le suint glacé du silence.

    -Ils chantent

    J’ai cessé de trembler.

    -ça vient d’où ?, dit mon pote sans attendre de réponse. En fait, ça vient de partout, dans la nuit. Le chant caresse la terre et rampe jusqu’à nous, un poil plus rafraîchi par la bruine qui nous ronge la tête et le coeur.

    Je le regarde, je sens qu’il va pleurer. J’essaie de regarder ailleurs. Je fixe un autre rectangle de nuit sale et j’entends Levanski chialer. Je crois que je vais chialer aussi. Je chiale. Et puis je tremble encore. J’en pète. Je pète de trouille. ça me donne envie de rire. Je ris et je chiale en même temps. Et puis j’arrête, vidé.

    Le voile de crachin s’atténue, les chants se font plus proches. Mes mains étreignent plus fort encore mon arme. Levanski épaule carrément. Il ne voit rien mais il doit imaginer que sa posture lui donnera de l’avance.

    Moi je regarde partout : la nuit. Pourquoi viser un endroit plus qu’un autre ? Ils nous encerclent. Levanski avait raison, on va crever là ce soir.

    Finalement, j’épaule comme lui, c’est bête mais ça me rassure. Mes doigts sont douloureux, crispés. J’ai le dos en feu. On chiale tous les deux sur nos pétoires. Et nos larmes s’épanchent jusqu’à la terre de la tranchée ruinée.

    “On va crever, merde, c’est pas possible, c’est pas possible”

    Le chant est parfaitement net maintenant. On ferait mieux de se suicider. Je le dis à Levanski.

    -Ta gueule, ta gueule, il répond. Il hurle, il serre son arme contre lui, martyrise sa joue contre la crosse.

    J’essuie mes pleurs d’un geste inefficace et brutal. Mon canon pointe à nouveau la nuit absurde.

    Le chant module longuement une mélopée extraordinairement basse ; ils sont là tout près de nous, invisibles encore.

    Levanski marmonne quelque chose. Il prie. C’est la fin. Je sens que...J’espère que tout ira très vite, qu’on ne va pas souffrir. J’espère aussi que je mourrais avant Levanski. Il me semble que le voir souffrir me terroriserait. C’est idiot, je n’aurai pas le temps d’avoir peur. Plus maintenant. D’ailleurs je n’ai plus peur. Le combat est proche. Le chant toujours. Et le bruit effroyable de leurs pas.

    Une multitude. Ils attaquent toujours comme ça. Dix mille fois plus nombreux que l’adversaire. Sans armes, mais si nombreux. Invincibles. On ferait mieux de se suicider.

    - LES VOILA, LES VOILA !

    Levanski tire en même temps qu’il hurle. J’ai rien vu ; je tire quand même. On s’abrutit de coups de feu pendant une éternité. ça nous fait du bien. On tire partout, dans tous les sens. Sûrs d’en toucher au moins dix. Ils sont tellement nombreux.

    On entend un tumulte, des pas qui fouaillent la glaise, des cris et toujours le chant, omniprésent derrière l’écran pluvieux de la nuit. On sait que ça ne servira à rien mais c’est comme une fête. Les aboiements joyeux et clairs répondent au lent murmure qui rampe autour de nous. Epuisés, on arrête. Il nous manque peut-être aussi une preuve tangible des dégâts qu’on a causé. Pendant longtemps, juste le bruit de nos respirations et du coeur qui bat, au bord des lèvres.

    Finalement on attend qu’ils pénètrent dans la tranchée et qu’on clôture tout ce merdier par un bon corps-à-corps sans merci.

    Je souffle, à bout de nerfs : “Y’en a marre”.

    j’enfile la baïonnette sur le calibre. Levanski m’imite. Les pas s’approchent. Cette fois ça y est. Je pense à ma mère, je me retourne et ils sont déjà cinq cents dans la tranchée. Le chant toujours. Et la lutte brêve dans notre trou. Je n’entends pas Levanski mourir. Je préfère ça. Une patte m’arrache la moitié du visage. Je ne sens pas la douleur. Dans un éclair rouge, l’oeil qui me reste voit sautiller son jumeau sur ma gabardine vite réduite en lambeaux. J’essaie de ramasser mon arme mais mon bras est immédiatement broyé.

    Je me dis que je suis en train de me voir mourir. Je me vois mourir.

    C’est extraordinaire. Silencieux. Beau.

    C’est immense.

     

    FIN

     

     

  • Les blogs que j'aime visiter (3)

    Ron l’infirmier

    J’ai un problème avec Ron. Lecteur enthousiaste de ses premiers billets, à l’époque de « nouzivoilà » sur cette même plateforme, j’avoue connaître parfois des agacements intermittents à sa lecture.

    Naguère, donc, je plongeais dans sa production quotidienne et je ressortais estomaqué, bouleversé, ému, troublé, amusé, parce qu’il parlait de son métier et du quotidien avec un tel talent... Je discernais le portrait d’un garçon engagé, humaniste, citoyen. Il y eut une brève écorchure le jour où, dans un de ses billets, il raconta avec légèreté comment il se fichait de voter (a-t-il changé d’avis aujourd’hui, alors que Le Pen annonce qu’il peut-être président, cette fois ?), j’avoue que je fus écoeuré et révolté. Je place alors un commentaire plus déçu que méchant. A ma grande surprise, Ron fait disparaître le billet. Je boude un temps, puis; convaincu que je suis ridicule, je reviens à la lecture de son blog, toujours excellent. Le bémol aujourd’hui –en ce qui me concerne évidemment, ça n’engage que moi- c’est que Ron (son image, parce que lui : qui est-il vraiment, hein…) est entré dans un cercle parisiano-parisien-parisianiste, et que, succès oblige, on lui soumet des livres, des séries télé, des téléphones, des gadgets en tout genre, pour qu’il en parle, selon les principes des nouvelles technologies publicitaires : le bouche à oreilles.

    Il serait injuste de réduire son blog (il est d’ailleurs toujours dans mes liens) à une valisette de VRP, et je me dis qu’à sa place j’aurais sûrement beaucoup de mal à refuser de telles propositions, mais tout de même, à cause de cela, l’honnêteté de la démarche de tout l’ensemble pâtit.

    Tinou

    Femme de cœur. Le sous titre est explicite je pense, et suffit à justifier sa place dans ma liste. Elle fait tant de choses (et tant de blogs ! Plusieurs en parallèle !), se donne à fond pour les autres, mais a le talent de s’occuper d’elle. J’aime bien. En plus, elle a le bon goût de me visiter assez régulièrement.

    Sale bête

    Un français en Amérique. New York au quotidien, dépouillé de romantisme, mais encore plus romantique malgré cela. Va comprendre. Et des billets empreints d’humanité. Ce qui est amusant, c’est d’assister, année après année, à la détérioration de son français, contaminé par la syntaxe américaine. Je dis ça, mais il écrit dix fois mieux que beaucoup de blogueurs restés sur le territoire de leurs ancêtres.

    Les vérités d'Hérald

    And the last but not the least : Hérald Wladymeer (un pseudo trop beau pour être faux). Découvert récemment (grâce à Daria puis à Ron). Inutile d'en faire des tonnes pour vous prouver que c'est essentiel. J'ai tenté de le définir entre Desproges et Bukowski, mais rien ne vaut l'exemple. Alors, quelques aphorismes pris rigoureusement au hasard :

    "J’imagine qu’un extra-terrestre en mission de reconnaissance qui assiste pour la première fois à un match de Curling doit faire une drôle de tête au moment de faire son rapport."

    "Chez les scouts, on apprend à s’envoyer des messages silencieux avec des codes visuels élaborés, pour pas que les écureuils et les limaces n’aient vent des manœuvres secrètes."

    "En dessinant des yeux, un nez et une bouche à l’extrémité d’une saucisse de Montbéliard, on se fabrique un copain pas chiant à peu de frais."

    "Si le prétendu profond respect de l’être humain vis-à-vis du règne animal était autre chose qu’un pur prétexte à l’anthropomorphisme, on offrirait aux enfants des ténias en peluche."

     

    V. (blog disparu)

    Ou Eve, qui fut lectrice fidèle et blogueuse fameuse avant de s'envoler, de revenir, de disparaître à nouveau. Je la trouvais délicate et gentille, son écriture était subtile et extrêmement... sensuelle, dirais-je. Pardonnez ce moment de nostalgie, mais il y eut un temps, au début de Kronix, en 2004 je crois, où une petite communauté s'était créée, avec des Leil, des V., des Ludoffy, Baluchon, etc. Nous étions en terre connue. Bref, j'espère que V. est heureuse, qu'elle a réussi ce qu'elle avait entrepris, il est important pour moi de le croire.

    Voilà pour les blogs. L’an prochain peut-être, un regard sur la liste des sites que j’ai liés.

  • CHIFFRE

    Chiffre : Comme tant d’autres termes mathématiques appris du monde arabe, maître en ce domaine, « chiffre » vient de l’orient, et manifeste l’invention du chiffre par excellence, celui qui permet de multiplier, de diviser, de décimaliser : le zéro (sifr, en arabe : le vide).  Le Moyen-Âge occidental a bien reçu la leçon d’algèbre (al jabr : réduction de fracture), et d’algorithme (de Al Kwarizmi, mathématicien à Bagdad), importés de l’Inde par les savants arabes.

  • Les blogs que j'aime visiter (2)

    Christian l’autre

    Avec Christian, il existe une longue histoire, bien antérieure à la blogosphère. Je vais faire court, parce que je ne peux pas tout dire, et même pas l’essentiel. J’essaie de vous donner une idée ? J’essaie, avec le coup célèbre du cadavre dans la voiture. J’ai un cadavre dans ma bagnole, il faut que je m’en débarrasse. Je vais chez qui ? La réponse mentale que vous projetez vous dit qui est vraiment votre ami. Moi, je file direct chez Christian. Mais comme je sais maintenant que c’est vraiment un ami, je veux pas le foutre dans la merde, alors je ne le dérange pas. Ah là là… c’est pas facile tous les jours…

     

    Hector

    Hector, c’est pas son vrai nom, si vous voulez savoir. Chez nous, on l’appelle El Prez, mais vous pouvez pas comprendre. On a seulement cru en un rêve tous les deux, et on l’a réalisé. Ouais ! Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait, mais grâce à nous, de jeunes auteurs de BD qui n’auraient peut-être jamais rencontré d’oreilles attentives dans notre pays paumé, ont pu être publiés. Tout de même hein, il a suffit qu’on se téléphone : « Ca te dirait ? » et voilà.

    A part ça, c’est un fin connaisseur d’une musique bruyante et malpolie que je méprise avec délectation.

     

    Langue Sauce piquante

    Le blog des correcteurs du Monde.fr, excusez du peu. Rien à dire, c’est une source jubilatoire de malices orthographiques et de pièges grammaticaux. De leur blog, on accède à une galaxie de fondus des mots. Toujours bon à prendre.

     

    Et j’arrive à Ron l’infirmier. Gros morceau. Un peu de patience, ce sera pour le 3 décembre.

     

  • Oxymore de rire

    "La Force tranquille" sonnait majestueusement, donnait une ampleur, avait des accents hugoliens.

    "La rupture tranquille" me fait ricaner. Je ne peux pas m'empêcher de trouver ça minable. Genre "Tu vas voir ce que tu vas voir, je vais tout casser, vous allez m'entendre, houlà"... Suivi d'un "oui non, j'm'excuse pour tout à l'heure, je suis un peu soupe au lait, faut m'excuser hein. Mettons que j'ai rien dit."

  • Les blogs que j'aime visiter (1)

    Cités par ordre d'apparition dans ma liste 

     

    Baluchon

    Restée quoiqu’il advienne dans la liste de mes blogs, parce que Baluchon fut la première personne (en dehors de mes potes) à me laisser un commentaire. C’était en réaction à un billet venimeux sur Cali, il y a des années. Tout retourné, j’étais. Bises à toi, Baluchon, si d’aventure tu passes ici.

     

    Finis Africae

    Puissamment intelligent, terriblement cultivé, le bougre, et doué pour tout : cuisine, latin, informatique, photo, écriture, musique, science… Peut-être le patin à glace et le dessin échappent-ils à la liste de ses dons, mais c’est qu’il n’a pas essayé vraiment. Quand j’ai besoin de ma dose de tolérance et de finesse, je vais lui rendre une petite visite. Tous les jours donc.

     

    Manutara

    Découvert à l’occasion d’une réponse à un billet sur la Polynésie. Manutara alias Esteban est un baroudeur des mers, un nomade des îles ; Le type qui a roulé sa bosse. Et d’aventure en aventure, de pensée en coup de gueule, il vous embarque. Assez de souvenirs dans ses cales pour remplir cent blogs pendant cent ans.

     

    Pierre Assouline

    Là, c’est le quota culturel de Kronix. Assouline, qu’on soit en sympathie ou pas avec ses choix et ses rejets, a l’immense avantage sur ma pomme, qu’il lit beaucoup. Comme il est passionné et subtil, vous êtes alertés sur, par exemple, « les bienveillantes », avant qu’un effet de mode ou une vague de scandale ne s’empare de la chose. Grâce à Assouline, je lis sans savoir ce que le tout Paris aboie. Merci, monsieur Assouline.

     

    Céline

    Céline, comment l’ai-je découverte ? Je ne sais plus. Je lisais, je lisais, billet après billet, et il se trouve qu’un jour je réalise qu’elle écrit depuis son fauteuil roulant, et je réalise que je le savais, mais que, parce qu’elle est juste et intelligente, et bien… son handicap était passé loin derrière.

     

    La suite le 1er décembre.

     

  • La nigelle de France - Fin

    Le land-car du guide déboula enfin dans la clairière à toute allure. Marcus afficha une mine incrédule et désespérée :

    “Mon Dieu, Pilescù, je ne sais pas ce qui est arrivé, c’est terrible !”. Derrière lui, l’incendie roulait comme un flot rouge, arrachait sauvagement des nuées de particules noires aux sapins engloutis. Pilescù, qui était un scientifique lui aussi, écarta les bras, impuissant : “ Je ne comprends pas, à cette saison...C’est incroyable. Tu as commis une imprudence ?”. Marcus se renfrogna : “ Mais enfin pour qui me prends-tu ? Je suis botaniste, ne l’oublie pas. Ce doit être quelqu’un d’ici. un braconnier, un paysan qui défriche, je ne sais pas.” Marcus discerna dans le regard briévement croisé de Pilescù un évident septicisme. Ce dernier se saisit des sacs qui trainaient et commença à enfourner le tout dans le coffre de la voiture.

    “Tu aurais dû m’en parler, me rappeler”

    “Cela vient juste de se déclarer, hurla Marcus, j’ai été tellement effrayé que je n’ai pensé qu’à reculer le matériel et je suis resté là...”

    “Un tel incendie n’éclate pas d’un coup, comme ça. Tu n’as rien senti, rien entendu ?”

    “Non, bon sang ! C’est arrivé tout d’un coup, je te dis.”

    Pilescù hocha la tête : “En plus, le vent est face à la forêt. Le feu ne peut pas venir du coeur, il progresse en profondeur à partir d’ici.”

    Marcus, qui s’activait lui aussi pour ranger le camp et se soustraire aux réflexions embarrassantes de son équipier, saisit une bonbonne de gaz pleine et le rejoignit. Pilescù avait sans doute l’intention de téléphoner depuis la voiture mais son collègue ne lui laissa pas le temps de saisir le combiné. La bonbonne rebondit à plusieurs reprises sur le crâne du traître et Marcus répéta son geste jusqu’à ce que son bras douloureux lui interdise de soulever à nouveau l’arme improvisée. Epuisé, au bord de l’évanouissement, Marcus poussa le corps de sa victime sur le siège du passager et s’installa au volant du véhicule. Il respira plusieurs fois profondément avant de démarrer. Il précipita le véhicule au coeur de l’incendie, sautant par la portière comme un héros de cinéma pour éviter l’imminente explosion. Comme il se redressait, il vit la voiture s’engouffrer en geignant dans la fournaise. Quelques secondes passèrent puis une boule éclatante déchira le rideau de feu, multipliant le grondement de l’incendie qui continuait de se propager. Marcus contemplait son oeuvre, puis il s’attarda sur ses vêtements éclaboussés, sur ses mains rougies, sur le camp désolé qu’envahissait une fumée âcre. Alors il rassembla ses forces pour s’éloigner en courant. Il plongea dans la première rivière qu’il rencontra, la traversa, s’enfonça dans les bois et disparut.

    On le retrouva pourtant, quelques mois plus tard, sale, affamé, halluciné. Il venait pour la troisième fois ce jour-là, d'agresser un promeneur dont il avait cru deviner qu’il connaissait un endroit, pas loin, où poussaient quelques nigelles.

     

  • La nigelle de France - 3/4

    La vue de Marcus se brouilla. Soudainement furieux, il se dressa sur la rive, s’assura de la fermeté du terrain et écrasa la maudite bestiole à grands coups de pieds libérateurs. Un frisson parcourait son échine. Il s’acharna sur les restes dispersés de la plante, enfouit en pesant sur eux, les pétales immaculés que son geste avait répandus sur la peau luisante de la tourbe. Son forfait accompli, haletant, halluciné, happé par le vertige de ses pulsations sanguines, Marcus hurla et, l’oeil hagard, scruta la sombre forêt, silencieuse et sévère, autour de lui. Il cria encore une fois, comme pour couvrir le tumulte de son coeur et effrayer le monde qui semblait juger son acte. Ivre, affolé, Marcus donna encore quelques coups de pieds rageurs au sol puis se précipita dans les marais.

    Quand il regagna son campement, l’explorateur quitta ses cuissardes et en lava soigneusement les semelles qu’il inspecta ensuite longuement à la loupe, plusieurs fois, pour être certain de ne laisser subsister aucune souillure. Il reprit alors le chemin qu’il venait de parcourir pour masquer toute trace de son passage, estompant avec une pierre ses empreintes de pas, maquillant les cassures qu’il avait pu causer aux branches en se frayant son chemin, redressant même les brindilles écrasées, disposant subtilement des branchages aux endroits où son passage pourrait sembler trop évident. Ce faisant, il ne cessait de regarder autour de lui, inquiet, aux aguets, furieux. Il lui sembla, une fois, entendre un murmure. Il lança dans le vide quelques invectives, fouilla l’endroit d’où il avait cru provenir les voix, une forte branche à la main, puis, bredouille, revint sur ses pas.

    Enfin, il entreprit de plier la tente et de ranger ses affaires. Il recouvra assez de calme pour téléphoner à son guide de venir le chercher et l’attendit, sagement assis sur un sac-à-dos, au milieu des valises qui contenaient son laboratoire ambulant. Il faudrait à son équipier environ deux heures pour le rejoindre. Marcus ne cessait de repenser à ses empreintes, aux restes toujours identifiables de la nigelle martyrisée et prit une nouvelle décision : incendier la forêt ! Car il existait sans doute encore quelques exemplaires de la plante dans les parages. Et si l’on en trouvait un jour, même par hasard, on devinerait que le scientifique de renom qu’il était, avec son expérience, sa ténacité, lui aussi... Et l’on murmurerait, et on le soupçonnerait d’avoir caché quelque chose. Son crime serait découvert. Alors qu’un bon incendie effacerait toute trace, éradiquerait de la surface de la terre ces petites saletés malfaisantes...

    Convaincu, Marcus s’empara rapidement de l’essence du générateur qu’il n’avait pas encore utilisée et s’assura que son briquet se trouvait bien dans l’une des poches de sa veste de campagne.

    Quelques dizaines de minutes plus tard et après de nombreuses tentatives infructueuses qui lui avaient valu de terribles instants d’angoisse, d’immenses volutes de feu tourbillonnaient entre les fûts des sapins, dont la sève surchauffée explosait sporadiquement

  • En aparté

    Eh, l'autre ! T'as vu ? C'est pas du Thalium qu'ils ont utilisé, mais du Polonium. Une forme d'humour typiquement KGB, peut-être ? En tout cas, tu peux plus la faire "la loi du Thalium". Dommage, hein ?

  • PSG - Pathétique Sport de Ganaches!

    Quoi, comment qu'est-ce ? On découvre soudain que le foot stigmatise les différences, stimule un patriotisme de bazar, emballe joliment la pire xénophobie, engendre la haine et exalte la connerie ? Ben merde, quelle surprise !

    Moi qui croyais que les : "Lyonnais je te hais", "Paris on t'encule", "Va crever Saint-é" étaient de simples formules d'affection !

    Moi qui croyais qu'on sifflait l'hymne des autres juste pour rigoler, que les morts du Heisel n'étaient qu'un paroxysme sans lendemain, que le fait de distinguer "trop de noirs dans l'équipe" était une saillie désinvolte, merde, ce serait donc sérieux ? Il s'y jouerait donc davantage qu'un simple score ?

    Aidez-moi à comprendre, tous, supporters de milliardaires qui courent, journalistes gueulant leur passion pour un T-Shirt bleu, spectateurs enthousiastes de petits trucs ronds qui rentrent dans de grands trucs rectangulaires, foules hurlantes en choeur, aidez-moi à comprendre comment vous ne voyez pas que vous cautionnez une guerre constante faite aux autres, à tous les autres pourvu qu'ils soient d'ailleurs : d'un autre pays, d'un autre continent, d'un autre patelin, d'un autre quartier.

    Mais vous ne serez donc jamais dégoûtés de ces tribunes en sueur, de ces beuglements avinés, de ces harangues martiales, de ces victoires et de ces défaites qui n'ont aucun sens ?

    Je vous mets tous dans le même sac ? Non, je sais, il y a parmi vous des êtres solaires. N'empêche : Tout amoureux que je sois de l'architecture, de la photo ou de la littérature, je n'applaudis pas aux architectures de Speer, je ne m'enthousiasme pas aux clichés de Rifenstahl et la prose de Céline me révulse.

    Au moins, au moins, boycottez un sport quand il devient dégueulasse !

  • La nigelle de France - 2/4

    Quarante ans plus tard, Marcus cherchait encore. Même aux temps difficiles de ses études, même à la dure époque de ses premiers emplois de botaniste, dévolus à d’autres tâches, même au moment de ses égarements amoureux, il n’avait eu de cesse de parcourir le pays et ses frontières puis l’Europe au sud, puis l’Europe au nord...

    La Roumanie et ses vastes contrées encore préservées, son alternance de saisons et ses températures, en certaines lattitudes acceptables, lui sembla digne, cette année-là, de son attention.

    Il avait su convaincre les décideurs du CNRS du bien-fondé de ses recherches et était donc, ce jour-là, perdu dans la forêt de ... où rodent encore le loup gris, le chat sauvage et le tortionnaire fugitif. Marcus aimait ce pays.

    Au petit matin, il émergeait de sa tente rudimentaire, élevait son regard jusqu’aux cimes embrumées des arbres et respirait, respirait... S’étonnant chaque fois de la chance qu’il avait de faire EXACTEMENT le métier dont il avait rêvé et que, de plus, il lui soit une joie perpétuelle, une source d’émerveillements. Comme de se trouver seul ici, au milieu des bois. La troisième guerre mondiale pourrait bien éclater. Lui, ici, n’en saurait rien et continuerait d’explorer les tourbières détrempées que la forêt recelait.

    Le lecteur aura bien deviné, compte tenu de la mécanique conventionnelle d’un récit tel que celui-là, que si l’auteur s’attarde à décrire ces instants de la vie de Marcus Cornélius Eischer, c’est qu’il doit y trouver sans doute l’objet de sa quête. Pourquoi en effet, ménager un suspense qui n’en est pas un : oui, notre biologiste trouva bien, au coeur de la forêt de ..., dans les replis d’un terrain difficile d’accès, au fond d’un marais profond, noir et malsain,  dont les moustiques impitoyables défendaient le secret, une nigelle ! Ou même deux ou trois plants, blottis l’un contre l’autre. Décrire l’excitation du chercheur ou plutôt même la confusion, le vertige d’émotions mêlées qui submergeaient alors Marcus serait une tâche bien difficile et lui-même ne pourrait s’en acquitter.

    Avant même de les avoir vraiment vues, alors que, les jambes embourbées jusqu’aux cuisses dans le marécage nauséabond, les fleurs de la nigelle n'étaient que d’imprécis éclats blancs, Marcus savait déjà qu’il touchait au but. Sa lente progression lui laissa tout loisir de voir se concrétiser, plus tangible à chaque pas, l’aboutissement de ses recherches. La petite plante indifférente était là, ramassée sur elle-même, ses fleurs mollement balancées par les remous épais que provoquait le chercheur.

    Elle attendait, proche et lointaine à la fois, distante et tangible, modeste et orgueilleuse. Incroyablement présente malgré sa taille débile. Marcus fut enfin près d’elle. Comme un automate, il caressa les pétales, les feuilles, épouvanté du silence qui le gagnait tout entier, jusqu’au ventre.

    Il dominait cette petite chose ridicule qui lui avait valu quarante ans de passions dont seize de recherches exclusives. Dans son ombre, les minuscules pétales blancs rayonnaient, comme de petits mots chagrins et blessants. Si petite et arrogante... Comme une funeste bestiole, comme une fillette moqueuse dont le rire éclate et tranche. Elle toisait de ses quelques centimètres des années d’abnégation et d’efforts, raillait son adolescence perdue, ses amours négligées. Une saillie aiguë, une écharde mauvaise et dure qui traverse la chair. Un concentré de sarcasmes malfaisants.

  • Les vérités vraies d'Herald Wladymeer

    Découvert cette merveille (belge, comme beaucoup de merveilles), grâce à une note de Ron.

    Extraits :

    XX - Stephen Hawking, si en plus il était balaise en kick-boxing, ce serait vraiment un coup à avoir des complexes.

    LXVII – Il a fallu des centaines de milliers d’années pour passer de Lucy à Descartes, et moins de quatre siècles pour passer de Descartes à Omer Simpson… D’Oh !!

    LXX – Certaines personnes pensent qu’un matin ensoleillé ne peut s’accompagner que d’accords parfaits et de musique classique stricto sensu : c’est faux ! Un voisin con qui tombe dans l’escalier, c’est du Boulez et ça fonctionne très bien aussi.

    CCXII - O tempora, O mores. C'est comme ça que les latins se disaient "Bé oui, c'est comme ça ma brave dame".

    Il y en a des centaines comme ça (plus de 300 exactement pas loin).

    Ah oui, l'adresse : http://veritas.hautetfort.com

  • La nigelle de France - 1/4

    I

      Ironie, malfaisant mépris du destin dont les gloussements moqueurs salissent les élans les plus généreux ! Marcus Cornélius Eischer, épuisé par seize années de quête, avait planté sa fruste tente d’explorateur dans les marais de ... Car c’est en Roumanie qu’il cherchait la Nigelle de France.

    Le pays qui avait donné son nom à la modeste plante n’en comptait plus qu’une, séchée et douloureusement laide, entre les pages d’un herbier du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Un botaniste prévoyant avait, au siècle dernier, jugé bon de conserver ce spécimen anodin parmi la foultitude des plants qui encombraient alors les zones encore humides du bassin parisien. Quelques décennies de progrès urbain et agricole avaient sonné le glas de la fragile essence.

    Marcus, dont la vocation de chercheur remontait à la plus tendre enfance, avait brutalement choisi de se consacrer à la botanique et même, exclusivement, à la plante disparue, le jour où son oncle Borg l’avait emmené dans le Saint des Saints de ce musée et que, sur le ton que mettent les conteurs d’histoires pour envelopper de mystère un instant crucial du récit, le brave homme avait montré l’immense feuille jaunie où la nigelle crucifiée achevait de se momifier : “Tu as devant toi Nigella gallica jordan, le seul exemplaire connu de cette plante aujourd’hui totalement disparue. Le seul exemplaire au monde, tu m’entends ? alors, regarde bien et souviens-toi.”

    Le petit Marcus avait ouvert grand ses yeux et avait longuement observé cette petite misère de bout de feuillage raide, avec ses radicelles rabougries, ses pauvres fades pétales, blanc passé et son allure de bonzaï fossilisé. Son âme de futur chercheur se gonfla à l’idée qu’il assistait en privilégié à l’appel désespéré du seul témoin d’une espèce disparue. Il se souviendrait jusqu’à sa mort sans doute, tant était intense son effort de concentration, de la lumière tamisée par les voiles aux fenêtres et qui tombait en rais incertains sur la grande page de l’herbier. Il n’oublierait jamais l’odeur acide des livres, les exhalaisons poussiéreuses qu’avaient réveillé l’irruption des visiteurs, le silence écrasant des lieux, et jusqu’aux murmures respectueux, aux bruits de pas lointains qui mêlaient leurs échos sous les voûtes de la salle.

    Lorsque son oncle décida de ramener son protégé à la lumière du jour, le monde avait changé. Rien n’avait la même couleur et les gestes des badauds affichaient la lenteur agaçante de la futilité. Pour Marcus désormais la vaine agitation de ses contemporains lui serait étrangère : il retrouverait au moins un autre exemplaire de la fleur disparue. Lui avait un but, une quête, un absolu.

    Déjà, alors que l’oncle Borg l’invitait à s’extasier sur l’architecture des serres monstrueuses devant lesquelles ils passaient, Marcus s’abîmait dans la vision d’une nigelle vivante, dodelinant doucement au rythme de la brise, nimbée de lumière nacrée, ponctuant de quelques fleurs blanches la tourbe séculaire qui la nourrissait.

  • Les détournements de Géronimo

    Découvert grâce à Oliv', ce site d'un fondu qui détourne tout ce qui bouge. Excellent !!!

    http://geronimoz.free.fr/

     

    Des parodies télé et ciné. Tout y passe : Star Wars, Bond -James Bond, le JT, Cosmos 1999...