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actu - Page 22

  • La chasse

    Bon allez, ce soir, pour des raisons que j'expliquerai un jour, je vous mets juste cette vidéo en ligne. Mon cher Abdel, respect.

  • Changez tout

    J'ai trouvé ce petit film tellement bien fait et probant que je crois qu'il mérite d'être diffusé le plus largement possible.

     

  • Bush bée

    Tellement difficile, pénible et compliqué d'être un bon peintre, qu'il avait choisi de devenir président des Etats-Unis, ce qui semblait davantage à sa portée.

  • What a wonderful world

    Et l'autre, là, à la radio, qui explique : « Je suis diplômée... euh... certifiée dans le domaine du coaching et de l'accompagnement en développement personnel. J'ai créé une méthode qui permet de comprendre sa place dans le travail, dans l'entreprise, pour savoir ce qu'on est, comment on peut « danser » ensemble, en quelque sorte. » Mais tu vas la fermer, oui ? Charlatan grassement payée par des boîtes énormes (elle cite Citroën en disant qu'elle ne veut pas citer de référence mais tant pis celle-là m'a échappée, zut, ihi, c’est ballot), pour faire croire à des types qui font un boulot de merde que ce qui leur arrive est trop beau ! Putain mais foutez-moi ça à la benne !

  • La croisière abuse (billet rétro-actif) *

    Le personnel philippin, très sympathique. Toi, tu es sur les flots pour en profiter. C'est chouette. Et puis tu apprends que ces gens payés à coups de fronde partent pour neuf mois sans un jour de congés, qu'à la fin des neuf mois ils sont notés et qu'en fonction des notes, ils auront-ou non- droit à un peu de vacances. Il faut le savoir, les pirates n'ont plus besoin d'attaquer, ils sont déjà à bord.

     

    * heureusement, Cachard veille au grain. Il y avait eu un problème de mise en ligne. Avec les excuses de la direction.

  • Critique de Mausolées

    Une nouvelle critique de Mausolées, sur Bifrost, par un nommé Eric Gentile. Très bien, bien écrite, donnant quelques clés malignes sur les enjeux.

  • Il y a bientôt 20 ans

    Facile
    le fer de machette
    contre la chair

    le fer coupe la peau
    d'abord
    elle n'a pas crié
    pas là
    elle a crié avant
    beaucoup
    elle a dit
    une balle
    elle a demandé
    une balle plutôt
    un autre genre de fer
    qui fait une mort plus vite
    ils lui ont dit
    pas toi
    le fer de la machette suffit

    d'abord la peau donc

    on soulève encore la machette
    elle retombe
    la chair s'ouvre nette
    blanche
    pas encore rouge
    le sang gicle après seulement
    on soulève la machette
    elle retombe

    taille l'os

    elle hurle
    elle hurle

    on soulève la machette
    c'est difficile cette-fois
    le fer s'est coincé dans l'os
    le fer brille un instant dans l'air
    il retombe
    coupe l'os

    le bras se détache
    il est tiré jeté vers un chien qui attend

    elle râle doucement
    vomit

    on soulève la machette
    elle retombe
    coupe la peau de la cuisse

    on soulève la machette
    elle retombe
    la chair de la cuisse
    pas bien coupée

    on soulève la machette
    elle retombe
    la chair de la cuisse partagée
    comme un filet de poisson
    on soulève la machette
    elle retombe
    l'os de l'articulation

    elle hurle hurle hurle

    le chien est parti avec le morceau de bras

    on soulève la machette
    elle retombe

    l'os résiste
    on soulève la machette
    elle retombe
    c'est fatigant
    cet os qui tient

    on soulève la machette
    elle retombe
    l'os claque sous le fer
    il a dû céder

    elle s'évanouit

    on vérifie si l'os est bien cassé
    pas encore

    on soulève la machette
    elle retombe
    la jambe tient encore avec un peu de muscle

    on soulève la machette
    elle retombe
    le muscle fendu vomit son sang

    la cuisse roule dans le sable enfin
    on pousse un ouf de délivrance
    de travail pénible

    mais ce n'est pas fini

    on soulève la machette
    elle retombe
    une épaule
    la chair tout de suite coupée
    on y va de toutes ses forces

    on soulève la machette
    elle retombe
    l'os coince le fer
    encore
    on peste
    travail mal fait
    il fait chaud
    elle se réveille

    elle hurle
    gigote

    on soulève la machette
    elle retombe
    la gorge
    nette tranchée franc

    on soulève la machette
    il faut finir le travail
    elle retombe

    le bras défait
    envoyé loin

    la gorge ouverte
    dégueule
    le sang


    Plus que huit cent mille.

     

     

    (texte publié dans la revue "Le chasse-patate" il y a quelques années)

  • Bel endroit pour une rencontre

    J'aurais pu, toute honte bue, me contenter de vous renvoyer au billet d'hier qui liait celui de Laurent Cachard sur son blog (excellent, où tout est dit et notamment que mes livres « parlent principalement d’écriture, et réécrivent la vie telle qu’elle devrait être », pertinence d'analyse qui me touche, en plein cœur), mais tout de même, j'aurais quelque remords. Je veux au moins rendre hommage ici à l'équipe de la bibliothèque de Fleury-la-Montagne. Bibliothèque toute neuve, animée par des bénévoles actives depuis longtemps (on n'arrache pas la construction d'une bibliothèque dans un village de 700 habitants en agitant seulement l'oriflamme de la culture, il faut se battre sur le long terme, prouver que « ça a un intérêt »). Enfin, j'étais en bonne compagnie et vraiment très heureux de l'invitation.
    Habituellement, il s'agit pour un écrivain de parler de son dernier livre. J'estimais hier que, Mausolées étant du mois d'octobre et le prochain étant pour septembre, nous nous trouvions dans une zone de calme éditorial qui me permettait de tenter une expérience. Évoquer le parcours d'un auteur publié sur le tard, à la production encore réduite. Et puis, si les deux heures dévolues n'étaient pas écoulées, tendre la main au dessus des piles de livres apportés (de Proust à Brussolo en passant par Degoutte ou Michon) et, au hasard, dire les livres que j'aime, les raisons qui font qu'un auteur me parle. La deuxième partie a été tronquée : elle réclame une séance à elle seule. Le temps que je le réalise, je n'avais empoigné que les ouvrages les plus populaires (dont le Tarzan de Rice Burroughs, qui a permis à Laurent de faire une photo amusante). Car je dois à la littérature populaire, j'ai une dette envers elle et je voulais la saluer. Ce sont les bandes-dessinées et les récits de W.E. Jones qui m'ont donné à comprendre que les mots avaient une puissance d'évocation, qu'avec une phrase, il était possible de transporter le lecteur, de lui faire sentir et ressentir des choses. Plus tard, il m'est apparu que la narration seule m'ennuyait, mais la notion de récit a été un viatique pour la forme littéraire que j'affectionne aujourd'hui (celle des Chevillard, Meltz, Michon, Gracq ou Volodine) où, à même niveau d'exigence que ce qui est dit, se manifeste la façon de le dire.
    Bien sûr, comme nous ne sommes pas loin de Roanne, un certain nombre des lectrices présentes étaient venues pour évoquer leur ressenti à la lecture de « J'habitais Roanne ». Ce qui m'a valu des marques de reconnaissance, des extraits choisis très bien lus et fort à propos, puis des échanges encore, au moment des signatures. Quand on écrit, quand on est dans le mouvement de l'écriture, on est seulement acharné à produire le meilleur livre possible. Dès sa sortie, on est en présence d'un nouveau phénomène, plus ou moins évincé pendant la période de travail : ce qu'on écrit a des conséquences. Personnellement, je n'y songe jamais assez, je crois. Je ne considère jamais l'impact et les effets d'un texte. Heureusement, jusque là, les effets sont plutôt positifs (« merci de m'avoir fait redécouvrir la Loire »), mais enfin, c'est une dimension que je n'ai pas intégrée encore. Et peut-être est-ce aussi bien, d'ailleurs. Je ne sais pas. On voit dans cette inconséquence que je suis encore un jeune écrivain, finalement.
    Il fut question du vocabulaire. De la difficulté de lire mes livres à cause de la richesse de leur langue. Pour qui est-ce que j'écris, alors, puisqu'il semble que je multiplie les filtres ? Une élite ? Je m'en voudrais. Je m'en veux, tiens oui, au fait : j'aimerais que tout le monde ait l'attitude que j'ai en tant que lecteur, la gourmandise du mot nouveau. Et puis, comme j'aime la justesse, la précision du mot (un sens, un mot), j'écris à sa place celui qui doit être là et qui exclut, par sa pertinence, tous les autres. Il fallait ce mot. Il est difficile, vous ne le connaissez pas ? Et bien, je  l'offre à votre avidité. Il faut savoir qu'il m'est arrivé de me voir refuser un manuscrit avec cet argument : « trop de vocabulaire ». Je suis conscient que ce peut être une limitation, mais je ne suis pas prêt à y renoncer. Il fut question aussi des sonorités (question illustrée par une lectrice intervenant très à propos, avec un extrait du début de Mausolées). J'écris aussi pour qu'un texte s'écoute. L'influence de mes premières lectures, là aussi, peut-être. En tout cas, des auteurs que j'aime. J'avais prévu d'évoquer Hugo et « La Légende des siècles » (on est vraiment dans les plaisirs coupables), mais je n'ai pas eu le temps ou plutôt pas eu le réflexe d'en parler à ce moment-là. C'est au contact du vieil Hugo et de ses poèmes monumentaux taillés à grands coups d'Alexandrins, que j'ai appris le goût de la scansion, du rythme. Il m'a fallu des années pour me débarrasser de la césure de l'hémistiche. Il me reste aujourd'hui une attention particulière à la musicalité d'un texte, dans ce que j'écris aussi bien que chez les autres. Il fut aussi question de ce que j'appelle, dans notre bibliothèque, les textes fondateurs. Bible, Coran, Kalevala, Véda, L'Iliade, et surtout Gilgamesh, puisque ce premier texte de l'humanité m'a inspiré une nouvelle qui fera bientôt mon actualité éditoriale.
    Nous sommes tous, auteurs ou non, débiteurs, voleurs, héritiers d'une galaxie de passants anodins ou essentiels. Il est vain de vouloir honnêtement rendre hommage à chacun, mais il me semblait que même un court aperçu valait pour tous les autres. Il y aura cependant un hommage particulier, il se fera, dans les mêmes lieux, à celui qui vint me voir tenter l'exercice. Cette fois-ci, mathématiquement, je suis en position pour produire un compte-rendu avant qu'il ne le fasse. Mais je n'ose rien promettre

  • Le 15 à 15 heures

    1-28092012-_igp5238.jpgA l'invitation de son équipe, je serai à la bibliothèque de Fleury-la-Montagne (Saône-et-Loire), ce samedi 15 mars (aujourd'hui, donc) de 15 h. à 17 h.  J'y parlerai de chacun de mes livres et des auteurs que j'aime. Je suis très heureux de cette invitation : on n'a pas tous les jours la chance de se rendre dans une bibliothèque qui peut se prévaloir d'un nombre d'abonnés équivalant à un tiers de la population de sa commune.

  • Chez les fleurandins

    Samedi 15 mars, de 15 à 17 heures, je suis accueilli pour la première fois à la Bibliothèque de Fleury-la-Montagne. Je viendrai en voisin (je n'habite pas loin) pour évoquer mon travail. Je ne parlerai pas seulement de mon dernier roman, Mausolées, mais de mes autres livres, de certains inédits, de théâtre, de nouvelles, et de mes influences et de pas mal d’autres auteurs que je connais. C’est l’avantage d’avoir du temps et je ne peux que remercier Françoise Leroux, bénévole de l'équipe, à qui je dois cette initiative.
    Petit village du département de Saône-et-Loire dans la région de Bourgogne, Fleury-la-Montagne compte 649 habitants appelés les Fleurandins (source : site de la mairie). Ce qui signifie que je vais pouvoir mettre à l'épreuve, une fois de plus, la pertinence du principe de Cachard.

  • Pas impossible

    A 21 ans, il n’est pas impossible qu’une jeune femme un peu paumée, mal dans sa peau, se laisse aller à inviter chez elle un gars rencontré dans un bar. Chez elle, c’est-à-dire l’appartement où elle vit avec son bébé. C’est envisageable. Le gars peut éventuellement envisager, lui, qu’il va se passer des choses, que la soirée n’est pas finie. C’est possible. On ne saurait l’en blâmer. Qu’il s’imagine. C’est-à-dire que cela reste du domaine des projets, des fantasmes. Après un dernier verre, que le type fasse des avances. Bon. OK. Le type a vu tellement de films porno que ça lui semble la seule issue logique. C’est là que le problème se pose. Parce qu’il y a la réalité. La réalité, c’est que la jeune femme se dit « ça suffit ». Merci, au revoir, on n’est pas chez les bonobos. Que le type soit en colère, trouve ça dur, pourquoi pas ? Qu’est-ce que j’aurais fait ? « Je t’envoie des fleurs demain et on en reparle ? » Oui. Je crois que c’est ce que j’aurais fait. Sincèrement. Parce que j’aime qu’on garde une bonne image de moi. On peut envisager les fleurs et une fin de soirée dans un sourire. C’est envisageable.
    Mais le type a frappé, frappé, violé, violé encore, frappé encore et laissé la fille pour morte, le bébé hurlant dans la pièce à côté. Le réflexe d’hommes qui pensent que quelque chose leur est dû, et qu’ils peuvent prendre ce droit si on le leur refuse. Evidemment, quand la jeune femme se rend au commissariat, on prend sa plainte en considération. Non. Je plaisante. On ne prend pas sa plainte en considération. La considération est du domaine de l’envisageable, du domaine de ce qui est possible. On ne prend pas sa plainte en considération, on lui balance qu’elle l’a bien cherché. Ils ont la description du type, le nom de l’agresseur, son numéro de téléphone et le bar où ils se sont rencontrés, mais ils ne feront rien.
    Il y a quelques jours, la jeune femme s’est suicidée. 21 ans. 21 ans. Vingt-et-un ans. Les policiers vont peut-être prendre sa plainte en considération. Le type va peut-être regretter son geste, et payer d’une manière ou d’une autre. Le bébé grandira et deviendra peut-être un adulte bien dans sa tête. Ce n’est pas impossible. C’est envisageable.

  • Prix Rosny aîné

    Depuis 1980, le prix Rosny aîné récompense des œuvres de science-fiction (romans et nouvelles) parues en langue française sur support papier au cours de l'année civile précédente.

    Mausolées est dans la liste pour ce prix (rien d'extraordinaire : TOUS les livres SF ont leur chance, au départ).

    Si vous avez lu mon roman, et si vous pensez qu'il le mérite, vous pouvez voter pour lui ICI (jusqu'au 31 mai 2014)

    Après une première sélection faite par les lecteurs, un deuxième tour est réservé aux inscrits de la 41e convention nationale de science-fiction (du 17 au 20 juillet 2014 à Amiens). C'est là que tout se décide. Au vu des lauréats des éditions précédentes, je dois dire que, ma foi, je n'aurais rien contre rejoindre cette belle brochette. Et puis, le prix étant une statuette de l'ami Caza, je dois dire que, ça aussi, ça me motive pour oser vous demander de voter pour moi.

    merci de votre soutien.

  • ALIROULU 2-E02

    Un nouvel épisode de la deuxième saison de ALIROULU. On reste à la Médiathèque de Charlieu, cette fois. Pour parler d'un seul livre. Ici, on prend le temps de parler d'un auteur. C'est ça, ALIROULU.

     

    On remarquera que j'en fais de moins en moins.

  • Mausolées en Psychovision

    Sous la plume d'un certain Stegg, une nouvelle critique de Mausolées. A lire ici. Bon, le gars s'est un peu emmêlé les pinceaux sur les règles du jeu du Palais des fous, mais vu la complexité du machin, je ne saurais lui en tenir grief; et son analyse est intéressante. Je ne sais pas qui c'est, mais merci à lui.

  • Interview LPR

    Par manque de place, l'interview d'Isabelle Sylvère pour le Pays roannais a été tronquée. C'était prévisible et ce n'est pas grave, puisque la voici en intégralité. J'ai reformulé les questions, pour ne pas être accusé de reprendre le moins du monde des mots qui ne seraient pas les miens.

    A noter que je serai demain, de 16 heures à 18 heures, à l'Espace Leclerc de Riorges, pour dédicacer Mausolées. Si vous ne venez pas pour moi, vous pouvez venir pour l'ami Didier Guérin, qui présente son dernier livre de recettes gourmandes. En général, il prépare des petites choses à grignoter. Je vous dis ça comme ça.

     

    La première question concernait mon parcours d'écrivain :

    J'écris depuis toujours, et depuis toujours sous des formes diverses. J'ai évoqué la genèse de mon travail dans « J'habitais Roanne » où il ressort que notre ville a construit mon identité d'écrivain (et non de philosophe (?), comme certains l'ont écrit). Je suppose que l'écriture correspond à mon goût pour la solitude, le travail secret et lent. Enfant, j'écrivais de vastes fresques, des récits d'aventure inspirés de mes lectures d'alors. Je lisais beaucoup, sans souci de distinguer des genres ou même des auteurs. Petit à petit, une exigence s'est faite, mon goût s'est formé. J'ai appréhendé avec plus de pertinence ce qui caractérise un style, un engagement. J'ai pris conscience que raconter des histoires n'était pas une motivation suffisante, qu'il fallait un enjeu d'ordre littéraire. Mes premières nouvelles ont été primées dans divers concours, mais j'avais en tête des récits plus amples. J'ai écrit plusieurs romans sans songer à m'auto-publier, je voulais absolument que mon travail passe le filtre professionnel d'un éditeur. Cela s'est produit tardivement, en 2008, après des années d'écriture secrète, avec « Le Baiser de la Nourrice ». Depuis, les publications s'enchaînent et j'en suis à renoncer à certaines propositions, faute de temps. Une situation que je n'osais même pas rêver il y a seulement un an.
     

    La seconde question concernait mes influences :

    Je reconnais toutes les influences, mais ceux qui me lisent savent combien il est difficile de m'attribuer une ligne, une « école ». On a évoqué certain courant de la littérature espagnole pour situer mon univers. S'il fallait trouver une lignée, elle serait particulièrement tortueuse, mais elle intégrerait certainement les influences d'auteurs aussi différents que Proust, Michon, Homère, Chevillard, Hugo, Céline, King, Brussolo, Roth, Lobo Antunes, Delhaume, Rabelais, Borgès, Flaubert, etc, etc. Nous sommes tous des métis culturels.
     

    La troisième concernait mes méthodes d'écriture

    Je rumine un projet pendant des années, jusqu'au jour où je suis prêt à entrer dans l'histoire (c'est une notion importante, être prêt, parce que vous allez devoir vivre avec ce livre pendant dix ans ou plus, si l'on cumule les temps d'écriture, de publication, les rencontres autour du livre. Il faut que vous soyez certain que ça vaut la peine d'y consacrer tant d'années de votre vie). J'ouvre un dossier, écris une note d'intention avec une date de clôture à laquelle je me tiens, et je commence. Après, il suffit de travailler sans relâche. Une bonne pratique est de laisser un roman achevé dans un tiroir et de l'oublier pendant qu'on en écrit un autre, de ne le ressortir qu'après six mois ou un an, voir comment il supporte une lecture plus distanciée, et le reprendre s'il a passé honorablement cette épreuve. J'en ai ainsi plusieurs qui n'y sont pas parvenus et resteront dans leur boîte, à jamais. Ne surtout pas considérer que tout ce qu'on écrit vaut la peine d'être publié.
     
     
    Ensuite, il s'agissait de dire si la noirceur de Mausolées correspondait à mon point de vue sur le monde actuel.

    Nous sommes dans la description d'un futur, une sorte de Moyen âge où un monde chancelant doit se relever d'une période de conflits terribles. Tout est à reconstruire et à repenser. Une période qui ressemble à ce qui nous attend après les grandes dévastations économiques et environnementales qui s'annoncent. Je n'ai pas modifié les hypothèses de la première version de ce roman, pensées il y a quinze ans. Si je n'avais pas perçu alors l'importance que prendraient le fait religieux ou la puissance des multinationales, je vois bien qu'on s'achemine vers un chaos similaire à celui que je décris dans Mausolées. En même temps, je suis optimiste : les bactéries survivront.


    La question suivante prolongeait la précédente et insistait sur cette notion de noirceur. Il y était question aussi de la désintégration de la société, initiée par celle de la culture.

    J'ai des écrits plus lumineux, mais Mausolées entre dans ma veine « noire », c’est vrai. « Il se peut que l’humanité se fatigue d’elle-même, s’ennuie de porter son grand projet. Son vaste corps n’en peut plus d’œuvrer sans cesse. Elle cherche à en finir. Mais elle n’a qu’elle-même pour réaliser ce désir de mort. » dit un des personnages. La destruction est à l’œuvre dans notre goût absurde pour l'agitation, le mouvement inconséquent. La perte de la culture qui est la grande angoisse de ce roman, ou du moins le mépris dans lequel on la tient sous prétexte que c’est l'affaire d'une élite, est l'amorce de tous les désastres. Haine, folie destructrice, le malheur découle du peu de temps qu'on laisse pour se poser, pour réfléchir. Il y a peu, j'étais censuré par ce journal pour avoir contesté un propos selon lequel on doit servir aux lecteurs ce qu'ils sont censés désirer lire. Le fait qu'on me laisse m'exprimer librement ici aujourd'hui est peut-être le signe que, finalement, comme dans mon roman, certains s'interrogent, comprennent qu'il y a de la place pour les idées abstraites, et qu'elles ne sont pas nécessairement des « prises de tête » d'intello. Cela dit, « anticipation » ne signifie par forcément « goût pour le désespoir », mais il est difficile de voir l'avenir en rose. Récemment, Mnémos m'a commandé une nouvelle pour une anthologie sur les utopies qui marchent. C'était une gageure. J'ai dû ruser pour y parvenir. Je suis affreusement lucide.
     

    Autre question, sur le choix du genre. La Science-fiction.

    Le genre s'est imposé de lui-même, effectivement dans le prolongement des thèmes qui inspiraient le récit. Je voulais décrire la perte de l'identité consécutive à la perte de la mémoire, à la maladie et au vieillissement, à la fois au niveau de l'individu et au niveau d'une société. Imaginer un futur dépourvu de livres et où les documents numériques ont presque intégralement disparu, permettait d'explorer ces notions. Mais de nombreux lecteurs, pas du tout amateurs de SF, m'ont dit avoir pénétré dans cet univers sans problème. Ce n'est pas, malgré toutes les apparences, un roman « de genre ».



     (là, une question et une réponse laissées intégralement dans le journal. Je ne la reproduis donc pas)
     

    Enfin, la question habituelle sur les projets.


    Un autre roman est pratiquement achevé. Il fait partie de ceux qui sont restés six mois « en réserve ». Il a bien tenu le choc d'une nouvelle lecture, mais il y a encore trois ou quatre mois de travail dessus pour en faire un livre digne d'être présenté au public. Je crois que je le proposerai, je ne sais pas encore à quel éditeur. On verra. En début d'année 2014 sortira une nouvelle illustrée par Winfried Veit au Réalgar, puis un recueil de poésie chez Sang d'encre, illustré par Corie Bizouard, ensuite ce sera la rentrée littéraire en septembre avec « L'Affaire des Vivants », chez Phébus, puis il y aura ma pièce de théâtre, « Pasiphaé », puis une trilogie chez Mnémos, une autre pièce, « Minotaure », la préquelle de « Mausolées » et ainsi de suite. J'ai minimum cinq ans de chantiers d'écriture assurés. Entre-temps, j'écris les billets quotidiens de mon blog et des scénarios de BD pour les copains, ça me détend.

  • En tapinois

    La loi ne punit pas encore les clients des librairies. Vous pouvez entrer à visage découvert, exiger de l'auteur présent la dédicace la plus vicieuse, la plus perverse, personne ne vous en tiendra rigueur.
    Je traîne du côté de chez Mayol, rue Charles de Gaulle à Roanne, aujourd'hui à partir de 15 heures. Ma spécialité : la langue.

  • Pince-moi

    Interview pour l'hebdo local qui avait censuré "J'habitais Roanne" lors de sa sortie. Non ? Si ! J'ai accepté, parce que la journaliste était gentille et sincèrement intéressée, et que j'y voyais le moyen de glisser ceci :
    "Il y a peu, j'étais censuré par ce journal pour avoir contesté un propos selon lequel on doit servir aux lecteurs ce qu'ils sont censés désirer lire. Le fait qu'on me laisse m'exprimer librement ici aujourd'hui est peut-être le signe que, finalement, comme dans mon roman, certains s'interrogent, comprennent qu'il y a de la place pour les idées abstraites, et qu'elles ne sont pas nécessairement des « prises de tête » d'intello."

    A votre avis ? ça va rester ? (oui, peut-être après tout, mais alors avec un commentaire assassin, j'imagine. Mais ça m'étonnerait)

    Ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c'est que la direction, en suspendant un boycott qui aura duré deux ans, estime donc que je n'ai pas eu vraiment tort de moquer les saillies affligeantes d'un de ses journalistes, ou alors faut-il en conclure que la solidarité dans la rédaction est périssable, sinon, pourquoi me contacter ? Personnellement, je n'ai rien demandé et je me fiche pas mal d'apparaître dans cet hebdo.

    Je vous tiens au courant (d'autant plus qu'une bonne âme va sans doute les alerter sur l'existence de ce petit mot). Ah oui : contrairement à eux, s'ils ont quelque chose à dire, l'espace de mon blog leur est ouvert.

    Une hypothèse de dernière minute : le journal a été racheté par un titre auvergnat. La direction de là-bas a peut-être fait taire les réticences du responsable roannais. Ce qui signifierait que la rédaction locale n'a plus vraiment son mot à dire. Si c'est le cas, je ne suis pas sûr de devoir m'en réjouir.

  • Léo the last (lecteur)

    On pourra parler de tout ça ce soir, à partir de 19h30, à la Médiathèque de Charlieu :

    "La raison de Kargo vacilla doucement. Il eut la conviction que la bibliothèque avait un sens. Du moins ne pouvait-il l’exprimer d’une autre manière. Il discernait à travers les ouvrages présents, leur nombre, leur agencement, leur titre, leur contenu, une logique préexistante. Une cohérence qui ne devait rien à ses propriétaires, mais que la bibliothèque s’était donnée à elle-même, comme un organisme qui fonctionne selon sa propre nature. Pour Kargo, toutes les interrogations qui lui venaient au sujet de la bibliothèque devaient trouver une réponse par l’existence même de l’ensemble. Les œuvres se questionnaient entre elles, interagissaient selon des schémas qui lui échappaient encore mais qu’il saurait découvrir. Cette manière d’appréhender ce lieu comme une entité vivante, capable de dire quelque chose, lui dicta la lecture de la totalité des ouvrages. Il posa comme principe de commencer cet énorme labeur par le déchiffrement des livres les plus anciens. Tout y passa : antiphonaires, psautiers, cartulaires, almanachs, bréviaires, portulans, obituaires, terriers et rituels ; palimpsestes et incunables, rotules et volumens, en latin ou en grec, puis les romans, les encyclopédies. Sa lecture obsessionnelle s’emballa. À chaque ligne, à chaque mot, il s’agaçait, certain que tout lui était révélé déjà, mais qu’un aveuglement incompréhensible lui masquait une vérité sous-jacente, facilement accessible. Page après page, il s’obstinait dans l’idée que le voile se déchirait lentement, qu’au prochain paragraphe tout deviendrait clair et limpide. Il riait parfois de s’imaginer, dans les secondes prochaines, étonné par la simplicité du secret découvert. Il lisait, il lisait, il lisait, convaincu que le sens de la bibliothèque tomberait à la lecture d’un mot. D’un seul mot. Celui qui était là, dont il percevait la silhouette, au bout de la ligne, ou juste à côté de ce point. Il oublia de manger et ne dormait plus.
    De vagues esprits venaient lui parler, et c’était comme une farandole de jappements indistincts et négligeables. Respirer, respirer encore, les fantômes échangent des sourires. Qu’est-ce qu’un monde peuplé d’esprits, sans enfants, et dont la mémoire disparaît ? L’espace vibrait autour d’écrits remarquables noués dans la chair du papier. Apocalypse ! Apocalypse ! hurlait-il parfois, quand la révélation lui semblait imminente. Les yeux étourdis de l’entrelacs des lettres, il n’entendait pas les échos brumeux d’appels têtus. Autour des livres, il n’y eut bientôt plus qu’un néant. Il finit, dans l’exercice constant et incessant de la lecture, par s’oublier lui-même. Dans la nuit qui l’entourait, un fantôme obstiné lui toucha le bras, et l’appela, d’un nom qu’il connaissait.

    Il tomba d’épuisement."

     

    Extrait de Mausolées.

  • Presque une interview

    - Monsieur Chavassieux ?
    - Oui ?
    - Je suis Isabelle S. du journal LPR, je voulais vous interviewer au sujet de votre dernier livre.
    - Et bien écoutez je vous remercie de votre intérêt, mais je suis très surpris. En avez-vous parlé avec Frédéric T., votre rédacteur en chef ?
    - Et bien euh...
    - Parce que je suis interdit de colonnes chez vous. Je serais très étonné qu'il accepte un article me concernant. Vous devriez vous renseigner.
    - Ah oui, et bien, je n'étais pas au courant.
    - Oui, renseignez-vous, parce que pour ma part, je n'ai pas changé d'opinion sur Frédéric T., je pense que lui n'a pas changé d'opinion sur moi. Je suppose donc que je suis toujours boycotté par votre journal.
    - Effectivement, et bien...
    - Voilà. Tout de même, puisque vous avez reçu le livre en service de presse (pas par mes soins – ndla), lisez-le et puis dites-moi ce que vous en avez pensé, à titre personnel, ça me fera plaisir.

  • Entrez dans Mausolées

    Vendredi 29 novembre à 19 heures 30, à la Médiathèque de Charlieu.

    Rencontre autour de mon dernier roman, Mausolées, paru à la rentrée aux éditions Mnémos.
    L'occasion pour ceux qui l'ont lu de poser toutes les questions, et pour ceux qui ne l'ont pas lu, de découvrir l'univers singulier de ce roman ou d'évoquer plus largement le travail de l'écriture et les différentes phases d'une édition nationale.
    Cette soirée est organisée par la librairie « Le Carnet à Spirales » de Charlieu et annonce la séance de dédicaces du lendemain, dans cette librairie.
    En attendant, vendredi soir, nulle obligation d'achat mais seulement le plaisir de dialoguer, de débattre, de parler littérature. L'entrée est libre.

    Pour en savoir plus, voir la page Mausolées chez Mnémos.