Un petit café. Avec un morceau de chocolat. Non, deux. Non, un. Voyons. Le monde, Courrier international, Le Monde diplomatique, Facebook, Les blogs, Laurent Cachard, Calamités quotidiennes, Eric Chevillard et Vents contraires, Humoétique. Tiens, un petit chocolat. Juste un carreau. Mes mails. Rien. Bon. Par la fenêtre, un chantier de l'autre côté de la route. Énorme excavation. Intéressante noria des camions. Bon. « L'art français de la guerre » est à portée de main, je lis quelques pages. C'est un superbe travail. Très bon roman (pour l'instant : je n'en suis qu'au premier tiers). Enfin un Goncourt qui tient la route. Je poursuis un peu « Le serment de Rome ». Désagréable impression de relire la prose du « Baiser de la Nourrice ». Même travail de la langue. Bien sûr, il est peu probable que Ferrari l'ait lu, mais je ne peux me débarrasser de cette idée, ligne après ligne. Vais abandonner, sûrement, ça parasite. Un coup de fil à un copain. Un tour sur Facebook. Envoyer un ou deux mails. Un petit café. Brosser le chat. Dehors, une bétonneuse manœuvre. Quoi de neuf sur Allociné ?
(soupir)
Toutes ces stratégies pour retarder le moment de l'écriture...
Ecrire - Page 24
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Pas tout de suite
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Prends ça
« Moi aussi, je voulais écrire un roman. J'avais une idée... »
« Une seule ? » -
Rencontre de novembre
Ce soir, à 18h30, nouvelle rencontre autour de mon livre "J'habitais Roanne", au musée Déchelette, à l'invitation des A2MR : les Amis du Musée et de la Médiathèque de Roanne.
En attendant, une courte mais sympathique évocation de ce livre sur ce blog.
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En vérité, je vous le dis.
Le billet qu'il s'apprêtait à écrire, forcé par la contrainte quotidienne qu'il s'était à lui-même infligée, avait toutes les chances de ne pas être sincère. Il s'avisa en frissonnant qu'il aurait alors produit un faux billet, que cela s'appelait un délit, et qu'il pourrait lui en coûter. Il renonça donc, décida de dire la vérité, depuis et pour le restant de la vie de son blog, et de n'écrire donc que des billets sincères. Quitte à avouer, parfois, son manque d'inspiration.
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Cesser de lire, charmante Elvire
Charles Juliet m'apprend « Dans la lumière des saisons », qu'il est possible d'abandonner la lecture, de ne plus s'inquiéter d'un livre qu'on laisse sans regret à lui-même, stérile et muet. Juliet a dans ce domaine une expérience que je n'ai pas. Je me révolte tout entier contre cette désinvolture. Mais la comprends. Ô, comme je la comprends !
Arrêter la lecture, s'en réjouir -mais oui- être « moins encombré » et ainsi disposer « de plus de temps pour écrire ». C'est une tentation, c’est vrai, tant se produit à jet continu de choses à lire, de textes bien faits, tous défendables, intéressants. Renoncer à leur découverte ? Cela semble aussi impossible qu'espérer les connaître tous. « Il n'empêche que je suis étonné de ne pas vivre comme une petite tragédie le fléchissement de cette passion qui a tenu une telle place dans ma vie », avoue Juliet. Peut-être est-ce le destin de tout auteur : quitter le monde des livres, sans remords, sans angoisse, par la lecture d'abord, avant que l'écriture se tarisse, inéluctablement. Parce qu'il est temps. Bon sang, comme ça ressemble à une autre fin ! -
Un autre
Un autre éditeur, un éditeur important, cette fois pour mon roman historique. Près d'une heure au téléphone où un monsieur enthousiaste détaille tout ce qui lui a plu dans le texte qu'il n'a pas lâché du week-end, et me dit : "bien sûr, on reçoit beaucoup de manuscrits, mais le vôtre réconcilie un éditeur avec son métier".
A votre avis, ça fait quel effet ?
Et, oui, ça va bien pour mon égo, je vous remercie.
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De Roanne à Lyon
Demain dimanche, nouvelle actualité, nouveau défi, nouvelle paire de chaussettes. Je serai sur la scène du périscope, à Lyon, à partir de 17 heures, en compagnie de Mariette Navarro, Marlène Tissot (une consoeur chroniqueuse de Vents contraires, d'ailleurs), et Lionel Tran (ouiiii, le Lionel Tran de « une année sans printemps » et « le journal d'un looser » avec Ambre) à l'invitation de Frédérick Houdaer et en partenariat avec l'Université Populaire de Lyon, dans le cadre du Cabaret Poétique. Le Cabaret poétique, c'est une fois par mois, des auteurs, des poètes, accueillis pour lire des extraits de leur travail. Laurent Cachard et Hervé Bougel (et plein d'autres que je ne connais pas, mais je cite les potes, je suis chez moi), ont déjà confié leurs mots au public de ce lieu pas comme les autres, et je suis extrêmement fier de leur succéder. J'ai choisi de lire "Les chants plaintifs", histoire de plomber l'ambiance. Chaque lecture dure 7 minutes. A la huitième, le poète est plongé dans une bassine de colle à rustine. Ça donne une diction assez nerveuse. Je suis heureux comme quand je suis amoureux.
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De Roanne à Saint-Haon
Demain, je serai à la Bibliothèque de Saint-Haon-le-Châtel, à partir de 17 heures, pour évoquer « J'habitais Roanne ».
"J'habitais Roanne" inspire beaucoup de rencontres et j'en suis ravi. Celle-ci sera très particulière puisqu'elle bénéficiera d'une introduction de Jean Mathieu (dont ceux qui me lisent savent ce que je lui dois et ce que ce livre lui doit) et de ses questions avisées.
N'hésitez pas à venir nous supporter tous les deux. Des extraits (courts) seront lus et je tenterai de dire les mots "ficelle", "gradine" et "mithridatisé".
Je ne vois pas ce que je peux faire de plus. -
1500
Et voici la 1500ème note ! La première date de 2006 et n'était pas la première. Je m'explique : en réalité, Kronix a poussé ses premiers vagissements dès 2004. L'année de rédaction du Baiser de la Nourrice, et pour les mêmes raisons sans doute. Une profonde angoisse envers ce qui était en train de se passer dans ce pays et certains dangers de basculement politique, en tout cas de la société, angoisse prémonitoire hélas. Kronix était alors volontiers polémique, tapait sur tout, et très souvent se laissait aller à l'humour avec notamment Les fiches zoologiques du Professeur Coolidge. Cela me valait des statistiques de fréquentations jamais revues depuis (j'avais engorgé ma bande passante). Je mettais à l'époque beaucoup d'énergie et de temps à dialoguer avec d'autres blogueurs, cherchais le contact, attirais les internautes par des tags nombreux et ciblés. Kronix était également anonyme. Un jour, après plusieurs mois de silence, je décidai de supprimer toutes mes notes. J'ai cependant conservé le « label » Kronix, et, le 7 août 2006 donc, un nouveau billet est apparu. Intitulé « Analouê vorshê, gomoun ! », il déclarait : « Eg noul leis mo ghiom leised. Ent vorshê leiseré. »* D'après une langue imaginée par mes soins. Car alors, j'avais en tête de créer un blog lisible de moi seul mais visible de tous. Le goût du paradoxe et une réflexion sur l'outil internet qui adresse à l'univers des messages dont tout le monde se fiche. Autant être incompréhensible. Ça ne m'a pas amusé longtemps. Trop de travail pour construire les phrases à partir du dictionnaire que je m'étais construit (environ 600 mots et verbes, sans compter les déclinaisons. Encore n'utilisais-je que le Ghiom, l'une des deux langues élaborées pour un projet inédit. L'autre langue étant le Dalem). Plaisant, mais la futilité à ce degré frise le sacerdoce.
Kronix n'a pas pris tout de suite sa vitesse de croisière. Je crois que le déclic a été la sortie de mon premier roman et le retour des lecteurs, venus sur mon blog, désormais signé de mon nom. Depuis plusieurs années donc, les billets sont systématiquement quotidiens, sans interruption sauf pour cause technique. Cette fréquence n'a pas de but en soi, elle me permet je crois de garder le contact entre deux livres (si tant est qu'il y en ait d'autres), et de m'imposer une discipline. C'est surtout un bon exercice d'écriture. Mais je suis bien conscient que tous ces mots rejoignent le verbiage planétaire. Disons que c’est une vanité peu nocive pour les autres. Analouê vorshê à tous, donc.
* et pour la première fois, je vous offre la traduction :
« Belle journée à tous, frères humains !
Je viens parler avec l'humanité qui parle. Tous les jours je parlerai. »Pour ceux que ça amuse : Analouê : belle (ê, marque du féminin ; analou : beau, de ana : image avec le suffixe superlatif le, lo, lou : image réconfortante, d'où : belle) vorshê : journée (ê, idem ; Vor : de vors, la course (la course en train de se faire. La course passée, dont on se souvient : vorong, ce qui donne : vorongshê : hier, un jour passé ; Sh, de Shagma, le soleil) > vorshê : la course du soleil : la journée.
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L'oeuvre au noir, suite.
La première essence que je verse dans le creuset, est le mot culture. Qu’en dirais-tu ? Un jour, j’écrivis que la culture est un apprentissage de la vérité. Dans le prolongement de cette idée, je crois que la vérité consiste en la justesse. Cet artefact qu’est l’art -et pardon pour le pléonasme sémantique- cette élaboration intellectuelle élevée qu’est l’identité culturelle, nous construit. Par adhésion ou par défaut, nous nous définissons par rapport à la culture. Le manque de culture n’existe pas fondamentalement, il n’est appréciable que dans les limites qu’il impose à l’harmonie des pensées. La conscience que nous avons de nous passe par la conscience que nous avons de la culture des autres.
J’évoquais la justesse, parce qu’au final, dépouillée des scories des snobismes et des modes, la justesse est la substance de la culture (tu pourras entendre là la confusion où je puise mon oxygène, qui fait de la création un synonyme de la culture). Aucun artiste, aucun auteur véritable et durable, ne se perd dans le verbiage et dans l’apparence. Il tend à être juste. C’est ce qui fait de la culture une terre nourricière, un havre aussi bien, et en tout état de cause, ce à quoi l'on se référera pour dire ce que nous sommes. -
L'oeuvre au noir
Nous commencerions par l’évocation des mystères que nous sommes l’un à l’autre. Charge à chacun de non pas les percer, mais les entourer d’autres charmes. Et élaborer ce faisant une pierre philosophale du vertige, où se reconnaîtraient les lecteurs chéris, ceux qui refusent en lisant de ne faire qu’apprendre ou se distraire.
Il ne saurait y avoir de sujet : j’ai épuisé dans ce premier but maintes tournures appliquées. Il s’agirait, si tu veux bien, d’une manière de contamination. Il s’agirait d’inoculer dans chaque phrase des venins et des philtres, baumes et poisons, alternés sous l’inspiration que donne la fièvre à l’esprit, le soulagement à l’affliction. Blessure et soin successifs, nourris l’un de l’autre ; opposés qui sont la matrice de l’œuvre au noir. Les mots seraient écume de nitre, coagulée au lut de sapience, décoction de cendres gravelées incorporée au talc noir, trituration de cinabre et sublimation de mercure, distillation d’acide marin, huile de succin, airain brûlé, litharge et orpiment… la langue de Flamel est un pré-texte à elle seule. Il serait question d’amalgamer nos délires dans l’alambic de l’alchimiste. -
Incipit
Je travaille sur mon prochain roman. Trop tôt évidemment pour vous en dire quoi que ce soit (à part vous révéler que le personnage principal est une héroïne, pour que vous ne soyez pas surpris à la lecture ci-dessous), mais je peux au moins vous faire partager certaines difficultés d'écrire. Le début, en ce qui me concerne, est souvent une évidence, les complications se font jour plutôt à partir de la deuxième moitié d'un livre, et encore. Pour celui-ci, exceptionnellement, j'ai du mal à trouver le bon angle pour débuter l'histoire. J'ai fait plusieurs tentatives. La dernière me convient, mais si ça vous amuse, je vous livre les tentatives précédentes. Donc, ça pourrait commencer comme ça :
Je suis aujourd'hui dans le mitan de mon dernier roman. C'est la phase qui fait de vous une exilée. Plus rien ni personne ne compte. L'heure du repas, les drames sur le globe, les rendez-vous.
Sauf celui-ci.
La résidence dans l'abbaye de Richeterre, près de Touranges, est acceptée. Trois semaines d'écriture dans un cadre recueilli, magnifique au coeur de la campagne, loin de tout. Et en plus, payée pour vivre cet exil. La résidence m'est donc accordée enfin et je suis ennuyée. Trois semaines loin de mon bureau, de la routine organisée autour de mon écran, cela tombe mal. La routine est vitale à ce stade d'écriture. Elle garantit le rythme. Partir signifie abandonner mon roman. Je ne peux pas non plus refuser cette offre. J'ai peiné sur mon dossier, poussé pas mal de portes. Beaucoup de gens ont cru en moi. Je ne veux pas les décevoir. Si je loupe ce coche, on ne m'en proposera pas d'autres avant longtemps. J'ai besoin de sous, aussi, c'est la vérité. Les écrivains qui ne font pas d'ateliers d'écriture ou de biographies people ont besoin d'argent pour continuer d'écrire.
Pas vraiment le choix.
J'accepte.
*
J'accepte et me voici dans le train, direction Touranges.Reprenons, ça ne me va pas. Nouvelle version :
Syrrha découvrit une nouvelle pièce. C'était une salle de bains étroite et sonore. La troisième. Et comme les deux précédentes, celle-ci n'avait pas été utilisée depuis des années. Il trainait une odeur fade. Entre salpêtre et poussière. Tout était recouvert d'une crasse noire. Sous les écailles d'une vieille peinture jaune, des lamelles de violet apparaissaient. Les débris de pellicule jaune étaient tombés dans la baignoire. Elle voulut tirer le plastique du rideau de douche mais il était cassant et il se brisa au niveau des attaches. Une lucarne donnait un peu de jour. Elle était couverte d'une pellicule grasse, à ce qu'elle put en juger car la lucarne était trop haute. Un ancien système avait permis de l'ouvrir mais le câble était rompu à l'amorce de la mécanique, hors de portée. Elle sortit de la pièce et referma. Elle saisit le crayon qu'elle gardait sur l'oreille et fit une petite croix sur la porte pour se souvenir qu'elle l'avait déjà explorée. Ensuite, elle renonça à aller plus loin dans le couloir et rebroussa chemin.
Elle retrouva le grand escalier qui distribue les étages sur toute la hauteur de la maison. Passa sur chacun des quatre paliers devant une verrière à décor religieux en camaïeu verdâtre. Au pied de l'escalier, elle s'engagea dans le couloir qui s'ouvrait dans l'axe et le fit résonner sur toute sa longueur avant de pénétrer dans le vestibule, où frémissait une quantité de plantes vertes. Là, elle poussa la porte du salon qu'elle traversa pour atteindre la salle à manger, de l'autre côté d'un nouveau petit vestibule. On l'attendait.
Toujours pas bon. Reprenons :
Cela ne s'est pas passé comme prévu. Arrivée à la gare, la responsable devait venir me chercher. Elle a appelé pour me prévenir de son retard ; prenez un café à la brasserie de la gare, j'arrive. Un quart d'heure après, elle m'envoyait un texto. Il y avait un problème pour la résidence où je devais être accueillie, elle cherchait un endroit pour ce soir et surtout, pour le mois suivant. Enfin, je la vis débarquer dans la brasserie, échevelée, essoufflée (un peu trop ostensiblement), étole défaite, secouant la tête. Elle s'assura que j'étais bien la bonne personne (plutôt une façon de se présenter : elle connaissait parfaitement mon visage) et vint s’asseoir face à moi. « Syrrha, je suis désolée, il y a eu un incendie dans l'Abbaye de Crest où vous deviez être reçue. » Heureusement, rien de grave, des dégâts matériels. J'étais ennuyée : le lieu était superbe et je me faisais une joie de cette résidence d'artiste, la première de ma carrière d'écrivain. « Je pense avoir trouvé une solution pour vous héberger un mois. J'ai mis du temps, parce que je voulais vous recevoir dans un cadre au moins aussi beau que celui qu'on vous destinait. Tout sera prêt demain, je pense. » J'étais désolée de tous ces tracas et la remerciai de s'être ainsi démenée pour résoudre ce problème. Et ce soir ? « Si ça ne vous ennuie pas, vous dormirez chez moi. »
De pire en pire. Ne nous démotivons pas. Reprenons :
Par les vitres du train de nuit, Syrrha regardait l'incendie lointain et vaste, couché sur l'horizon. Sur les quais des gares traversées, le train stoppait plus longtemps que prévu. On avait d'abord accepté d'accueillir les fugitifs venus des régions les plus touchées et puis, le danger s'éloignant, on repoussait à présent les foules paniquées qui tentaient de se sauver du désastre. Un service d'ordre faisait barrage, des officiers hurlaient des consignes, les populations bâtées et sales s'agglutinaient en rugissant contre des barrières montées à la hâte. Depuis l'abri des voitures bondées, on voyait cette crue monter et refluer. Dans les gares suivantes le train ne s'arrêta plus, les vitres crasseuses filaient devant des visages gommés par la vitesse.Voilà qui est mieux. Et la suite ne m'ennuie pas (c'est ce qu'on recherche, finalement : un livre dont l'écriture tient en haleine). Pour le reste, et bien, rendez-vous dans quelques années, si jamais ce roman est édité.
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Les survivants
Hier, j'étais donc accueilli par la médiathèque de Roanne devant une trentaine de personnes. Merci à tous d'être venus, merci à Nathalie pour sa présentation excellente et ses questions (et sa patience quand je dérviais, loin très loin). Merci au passage à Laurent Cachard d'avoir eu la gentillesse de faire un joli rappel depuis son blog.
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A Roanne, ce soir
Ce soir, l'équipe de la Médiathèque de Roanne me fait le grand honneur (et ne croyez pas que je galvaude ces mots) de me recevoir pour évoquer ensemble mon dernier livre : « J'habitais Roanne ». C'est à 19 heures et je vous attends le plus nombreux possible. Ceux qui ne pourraient pas se déplacer pourront toujours regarder la restransmission de la rencontre, en léger différé, sur LCI, CNN, BFM TV, al Jazhira et arte.
Mais enfin, il vaut mieux venir, c’est plus sûr.
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H auteur
Tout un symbole : mon écran posé sur un dictionnaire pour écrire plus confortablement.
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Métafiction
L'important n'étant plus d'écrire mais d'expliquer pourquoi et comment l'on écrit et surtout quel effet cela fait d'écrire. Le métalangage, le discours sur l'expérience devenu scène où est simulée une attitude envers la littérature, assez sophistiquée pour nous paraître crédible à nous-mêmes. Je ne sais pas comment on va s'en sortir. En fermant nos gueules, peut-être ?
Je dis ça et cependant on me trouvera en flagrant délit de discours sur l'expérience le 21 septembre à 18h30 19 heures à la Médiathèque de Roanne.
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Minotaure
Depuis que j'ai ouvert les yeux
Je cours dans ce monde
sous le couvercle d'un grand feu sec
ou sous la paume d'un vide givré de petits feux mourant.
Je cours sous l'un ou l'autre, plus vastes que mon monde, je crois.
Mon monde est une sente étroite coupée d'angles.
J'y étouffe, je jette mes cornes aux parois,
Elles font des traces brunes que je retrouve souvent.
Hors de mon monde, il y a des créatures qui chantent,
parfois elles sont sur mon chemin
Je les accueille dans un grand mugissement.
Elles tombent.
Je n'aime pas qu'elles tombent. Là, elles ne chantent plus.
Je cours seul ensuite entre les murs de mon monde,
sous le grand feu sec puis sous la grande paume noire
avec de temps en temps, un gros caillou blanc jeté contre ce vide, et qui ne tombe pas.
J'ignore si je dois courir longtemps
avant de chanter avec les créatures dehors.
Dehors, je crois qu'elles ne tombent pas.
Je frémis de toute ma grosse tête en pensant à ce moment.
J'ai peur aussi.
Je ne sais pas si je dois sortir de mon monde, mais je crois que c'est bien.
Parfois, je crois que ce n'est pas possible et que je dois courir pour toujours.
Alors, Je lance de longs mugissements.
Et le caillou, là-haut, garde sa tête de caillou. -
Poncer le marbre du doute
De belles rencontres à Villard de Lans, dimanche, dans le cadre de la deuxième édition de « Livres en Fête ». Rencontre notamment avec une équipe dévouée à la cause littéraire. Rencontre avec Emmanuel Merle et avec ses textes (« Amère indienne », « Un homme à la mer », « Pierre de folie », empressés de les lire au retour dans le train, mais je suis trop maladroit pour parler de sa poésie. Bientôt aussi : « Rapaces », chez La petite fabrique, et « Lettre à Jim Harrison » chez Pré carré). Rencontre avec un certain Debishop, artiste lithographe savoureux et qui irradie la bonté. Retrouvailles avec Anne-Laure Héritier-Blanc (et Stéphane, bien sûr), grâce à laquelle j'ai pu participer à ce beau moment. Et devant ce public, il a bien fallu que je me livre à l'exercice qui motivait ma présence : la lecture des Chants plaintifs. Bien. Si j'en juge par le silence de l'auditoire pendant et après, des larmes dans les yeux d'une autre éditrice et des mots sincères d'Emmanuel Merle, et bien, je crois que j'ai fait passer quelque chose (en dehors de la quiche à mon voisin à midi, je veux dire, je vous connais, je devance vos viles plaisanteries). Il semble que d'autres projets se profilent à l'horizon. Comme d'habitude, je vous tiens au courant -comme on dit.
En tout cas, tant de paroles et de témoignages, tant de mots qui me disent : "Fonce" que, lentement s'amincit le gros bloc de doute qui, comme un marbre, pèse sur l'auteur inquiet de se savoir légitime.
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Les chants plaintifs à Villard de Lans
C'est un grand honneur pour moi d'être invité à participer à cette manifestation organisée par l'association « Livres en Scène » , un groupe de passionnés de lecture, qui « propose de mettre en résonance des mots et des notes sur le plateau du Vercors ». De spectacle en spectacle, ces lecteurs délicats et curieux invitent à la découverte de différents auteurs (parfois confidentiels, suivez mon regard). Grâce leur soit rendue.
La manifestation a lieu à VILLARD DE LANS les 24, 25 et 26 AOÛT 2012 (Vendredi 24 à La Montanara, Les Chaberts . Samedi 25 & Dimanche 26 dans la Maison de la Colline , plus précisément) sous le parrainage de Claude Burgelin, universitaire, spécialiste de littérature française.
Entre les divers rendez-vous, les visiteurs pourront aussi découvrir les livres -sculptures d’Alain Bourdel .
Demain dimanche, à 10h, les plus assidus pourront prendre un petit déjeuner avec Claude Burgelin autour de Georges Perec et, à partir de 15h (tataiin), écouter des moments de lecture et de musique autour des textes suivants :
La chance d’un autre jour - Emmanuel Merle et Thierry Renard
Chacun cherche son étoile -Marie-France Lefèvre
Les chants plaintifs - Christian Chavassieux (et voilà où je voulais en venir)
On conclura tout ce beau programme à 18h30 avec L’AVENTURE ETRANGE DE L’ECRITURE, un concert-lecture de et par Michelle Tourneur, écrivain et Aude Charlemagne, pianiste .
Je serai jusqu'au soir sur le stand des éditions « La petite fabrique », avec Anne-LAure Héritier-Blanc, éditrice et illustratrice des « Chants Plaintifs », justement. Mais seront aussi présents : Le Comptoir des Editions et la Passe du Vent.
Si vous êtes dans la région... -
La vérité
Le malentendu est de croire qu'un écrivain est intelligent. Mais un écrivain ne comprend rien au monde ! Sinon, pourquoi écrirait-il ?