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Ecrire - Page 31

  • Le psychopompe en images

    Entre une riche variété de "Euhhh" et si l'on veut bien faire abstraction de ma surcharge pondérale, on trouvera quelques éléments d'information sur mon prochain roman dans la rubrique "les talents" (oui) de RWTV la télévision roannaise sur le net.
    Pas de panique, ça ne dure que 5 minutes.

  • Portrait à l'acide

    Un extrait du psychopompe fut, contre mon gré, lut par un précieux ami qui en avait eu la primeur, auprès d'une assemblée de courtes élites locales. Ce passage décrivait un mauvais peintre, un médiocre bouffi d'importance dans lequel les auditeurs crurent reconnaître une de leur tête de turc habituelle. Et de rire, et de trouver cela bien tourné, et de s'esclaffer sur l'acidité du portrait et la férocité de la charge. Courte vue, pauvres rires, incapables de saisir que ce portrait leur était tendu comme un miroir.

  • Vidé

    Michel Houellebecq est à l'ouvrage. Il s'agace. Il est sec. Il reprend continuellement ses premières pages, les efface, éteint, fait un tour, fume et revient, s'installe, retrouve clavier et écran puis sans un soupir s'acharne. Rien ne vient. Il découvre qu'il a déjà tout dit, qu'il a vidé son sac -formidablement, avec panache et talent, mais vidé- qu'il ne lui reste plus rien à transmettre. C'est peut-être un effet inattendu de quelque chose qui se manifeste malgré lui en son for intérieur. Il découvre qu'il lui est impossible de tricher.

  • Restons modeste

    Je fais cet exercice quotidien (ou presque) de me convaincre que, l'an prochain, et à partir de là, plus rien de ce que j'écris ne sera publié. Dans cette anticipation, j'évalue mes réactions, les implications que cela peut avoir sur ma vie. Force est de constater que cela ne peut en avoir, en effet, que sur moi, et que le reste de la planète en restera absolument inchangé. Ça aide.

  • Notes pour "Peindre" - 2

    Même principe qu'énoncé précédemment.

    "Ce n'est pourtant pas sacré. Il n'y a pourtant pas d'extase, pas de lumière divine, ou d'inspiration mystique. Mais il reste un mystère. Je viens, je viens à ma toile, nous commençons une danse, elle et moi, et nous ne cesserons de danser que lorsque la musique s'arrêtera. Aucune fatigue, aucune soif ne pourrait distraire notre ronde complice. Seulement la fin de la partition que personne ne joue. Au bout d'un temps imprévisible, nous sommes convaincus elle et moi, qu'il faut nous séparer, nous assoir au bord de la piste, reprendre souffle et nous sourire. Nous savons que la musique reprendra. Mais il y a toujours ce mystère un peu agaçant : où est ce fichu orchestre ?

    Je ne sais pas comment ça commence, je ne sais même pas pourquoi. J'ai beau chercher, j'ai beau deviner des bribes d'enfance, des joies anciennes ou des peurs primitives, ce ne sont que des tons, des notes, des accidents. Il y a autre chose. Une urgence. Une impossibilité. Je suis incapable de ne pas peindre."

  • Notes pour "Peindre"

    En ce moment, je délaisse mon roman pour travailler sur un scénario de bande dessinée, une série d'albums. Mais il faut bien aussi que j'avance sur l'écriture préparatoire de notre pièce : "Peindre". Mise en scène par François Podetti, mise en musique et son par Jérôme Bodon-Clair, mise en images par Marc Bonnetin, cette pièce est normalement programmée (on attend une confirmation offcielle) pour avril 2011. En avril 2010, c'est-à-dire dans un mois, nous allons rencontrer des peintres de la région, des artistes dont le travail est inspirant, et avec le matériau collecté nous allons commencer l'écriture et les improvisations à partir des pistes que nous aurons dégagées. Une démarche à part, un peu casse-gueule, mais stimulante. Je laisse ici un extrait de mes notes, écrites l'an dernier, dès les premiers jours où François et moi avons échangé sur le sujet. Si jamais elles sont utilisées pour la pièce, il peut être intéressant de découvrir, pour un spectateur éventuel, comment tel thème est retravaillé, épuré, assimilé dans un autre ou joué sur un silence, et comment l'écriture de notes devient une écriture théâtrale.

    "Si je mets de côté le mystère initial, tout cela pourrait se résumer par la plongée dans le travail. Une aspiration dans le temps. La toile est un gouffre, un ciel, je suis élevé, enfoncé, noyé dedans. C'est comme un saut depuis la stratosphère. C'est interminable. Elle me regarde aussi. Ou bien je l'ouvre, ou bien je discute avec, elle est bonne fille. Elle écoute. Ou bien c'est moi qui écoute ce qu'elle a à me dire ; ce qu'elle veut que je lui fasse dire. Ensuite, je travaille. Je ne travaille pas. Je suis, je suis, je suis enfoncé noyé, enterré, enseveli, immergé, dans le travail ou dans la marche inconsciente de ma main sur la toile. On appelle ça un temps de travail par commodité, on cherche à traduire pour les autres qui ne connaîtraient pas cette plongée, on donne ce mot, « travail » pour tenter une approximation, un à-peu-près qui ferait sens, mais en fait. En fait, c'est plus que du travail, c'est autre chose, ce n'est pénible que si l'on sent qu'on travaille, autrement, au meilleur du temps, quand tout s'enchaîne, que tout est fluide sous la main, sans verbe, sans égards sans reflets, lucide, éternel, quand tout va vers la toile, tout, quand je vais tout entier vers la toile, alors c'est plus que du travail, c'est du temps absorbé du temps délivré, inscrit là autour de moi, ça n'a pas de sens, tout se déploie, se déplie se replie se chevauche, le temps la vie les gens, je suis entier dans le geste, dans la couleur, je n'entends plus, tout s'abîme et s'éclaire, disparaît et se révèle. Nous connaissons de tels moments, nous connaissons cela, je pense que chacun peut en avoir éprouvé une parcelle, un écho fugace, dans le sentiment de l'accomplissement."

  • C'est comme ça

    Ce serait son chef-d'oeuvre ! Malheureusement, il n'avait aucune envie de l'écrire.

  • A l'écoute

    A l'heure où j'écris ces lignes, je viens d'achever l'écriture d'un texte pour une artiste qui m'a fait l'honneur de sa confiance. A l'heure où j'écris ces lignes, soit trois jours avant que vous les lisiez, je viens de lui envoyer quatorze pages que j'ai intensément travaillées, et j'attends sa lecture.

    Là, je me reprends, tente de plonger dans l'univers de mon roman en cours, dont j'ai enfin enfin trouvé un titre qui me satisfait : "Parmi tant d'autres". Voilà, ce sera "Parmi tant d'autres". Presque un siècle d'histoire dans une famille française, entre 1850 et 1920, environ. J'ai beaucoup de mal à me remettre à ce chantier. Alors, chose rare, j'ai mis de la musique. Je vous écris en écoutant la symphonie numéro 3 de Gorecki, la "symphonie des chants plaintifs". Merveille d'âmes bouleversées, précipitées dans une sorte de geste musical ample, qui va de la ténèbre à la lumière, qui enfle et s'élève, qui conduit le coeur depuis les murmures incertains des voix damnées au timbre clair d'une femme qui chante la douleur et l'espoir. Toute mon humanité est là, et j'en frissonne. A l'écouter, on se sent mourir d'une mort paisible, tandis qu'on est vivant.

    Si vous ne connaissez pas, et bien, je vous imagine, pénétrés d'émotion, découvrant cette oeuvre majeure. Dire qu'elle a été écrite en hommage aux victimes d'Auschwitz est anecdotique. Elle a été écrite pour toutes les souffrances de la terre, et devrait être tout ce qui restera de nous. Mais je sais bien que le plastique des poubelles est plus pérenne.

  • Lutte finale

    Je les vois ruer leur échine dans l’inertie des foules, ils tapent et tirent, houspillent à perte d’air tous les marauds et les greluches, ils foncent, l’un après l’autre, têtus, menaçants, criant peur et colère, ils avancent et sur le trajet, cela fait des houles de pétrole labourées par l’étrave, avec des rugissements de meute, cela fait des blessés et des mourants qui tombent. Cela fait mal à voir, cela fait le cœur qui remue, s’abîme, coule au fond du ventre avec un appel mou. Et puis je me dis, allez, je me dis que c’est la fin, tu la vois, la fin, là, je me dis. Alors, je fonce à mon tour puisque c’est, je cogne et je renverse puisque c’est la fin, je vais me la bouffer cette dernière, cette ultime, j’irai me les choper, le feu aux poings, la bave aux dents, je me vais te les assommer, les gredins, les boute-feux, les pirates, à grandes lattes, à bouffées de claques, d’uppercuts, d’atemi et de shime, à grandes beuglées de gorille, à force de torsion et de coups, de croc-en-jambe, de taille et d’estoc, tu vas voir, tous, je me vais te les fendre, te les casser, tasser, tabasser, écraser, dérouiller tous, tous, ensemble ou l’un après l’autre m’en fiche, tu vas voir, le nez écrabouillé, les oreilles rougies, les lèvres tuméfiées, paupières gonflées, je vais, je vais, je vais te me les, tu entends, je me vais te les réduire en miettes. Et puis, et puis, oh, après…
    Après, alors, quand il y aura tant de silence et d’espace, quand j’aurai fait le vide à perte de vue, qu’il n’y aura que des fous allongés bras en croix, alors. Le souffle revenu, le cœur revenu, l’âme revenue, j'irai m’asseoir. Je sentirai mes membres détachés l’un puis l’autre, défaits de leur douleur, l’un puis l’autre. Je sentirai s’évanouir les tremblements de la peur, se dénouer l’enlacement des ecchymoses. Et, tu sais, il y aura, comment dire cette chose. Tu sais. Les yeux fermés, narines ouvertes, le corps aspiré par les anges, il y aura cette paix. Il y aura des étoiles sous mes paupières closes, une haleine féminine frémira à mon oreille, le soleil baisera ma poitrine. Forcément, j’aurai un sourire. Je me dirai : voilà. C’est le début. Maintenant, c’est le début. Tout commence.
    Et puis, dans cette paix, je reconnaîtrai une angoisse, me reviendront les images du combat, les flashes et les crashes, et je saurai… Comme j’étais bien quand je luttais !

  • L'épreuve

    Voilà, c'est fait. Hier matin, j'ai livré l'épreuve du "Psychopompe" corrigée, à Jean-Patrick, mon éditeur.

    Une épreuve aussi, d'ailleurs, cette correction. J'ai retenu mon envie de multiplier les corrections d'auteur, c'est-à-dire, les modifications autres que les simples ajustements typographiques ou le relévé des fautes d'orthographe. Il faut apprendre à assumer, un jour, la "maturité" de son petit, à le laisser se débrouiller seul.

    Le voici lancé dans la chaîne de fabrication. Comment sera-t-il reçu ? les lecteurs saisiront-ils ce que j'ai vraiment voulu mettre entre les pages, sous le récit tragi-comique de ce vieil érudit alcoolique qui se livre au meurtre ? Les premiers chapitres ne sont-ils pas trop légers, sont-ils assez bien écrits ? Trop tard pour se poser ces questions, l'élan et la jubilation surgis devant la solitude de l'écran il y a maintenant peut-être un an, vont se métamorphoser en cet objet de papier, confié aux mains de tous, des lecteurs plus bienveillants aux critiques les plus revêches.

    Autour de moi, chacun est convaincu que c'est un très bon bouquin. Je sais quant à moi, qu'il est riche, que j'y ai intégré beaucoup de réflexion. Saura-t-on dépasser le niveau de lecture du polar ?

    Je dois être confiant : "le baiser..." m'a appris l'intelligence du public.

    Sortie encore retardée probablement : disons mars ?

  • Cadeau - Roman avorté VI

    Peu de chose à dire de cette tentative de polar "efficace". L'idée était de démarrer le récit dès la première ligne et d'entraîner le lecteur jusqu'à la fin. Des postulats de ce genre ont toutes les chances de sombrer dans le vide le plus caricatural. Aucun intérêt.

    Première fois que le téléphone sonnait depuis que ma ligne était rétablie. Un ami ? Sans doute pas : je passais mes journées appuyé au comptoir de chez Zette, mâchant une philo à trois balles avec mes rares potes ; qu’auraient-ils oublié de me dire ? Quant à la famille, disparue avec mes parents vers l’âge de dix ans, je ne la voyais pas surgir du néant pour me donner des nouvelles. A se demander d’ailleurs pourquoi je tenais à conserver un téléphone. Je décrochai. C’était la banque. Dumesne, le type qui s’occupait de gérer mes agios. J’ai tout de suite senti que quelque chose ne tournait pas rond. Dès la première phrase.
    - Bonjour monsieur Sordès, comment allez-vous ?
    Pas la phrase elle-même : l’intonation. J’ai dû répondre que oui enfin… oui, avec l’inquiétude du gosse à qui son père demande s’il est VRAIMENT allé réviser chez son copain hier soir.
    - Monsieur Sordès, il faudrait que nous nous voyions, n’est-ce pas ?
    Se voir encore. Se voir. Je devais lui manquer parce que notre dernière entrevue s’était achevée sur un constat atterré de part et d’autre. Bon sang, il y avait vraiment un truc qui clochait : Dumesne enchaînait une série de phrases sur un ton enjoué que je ne lui connaissais pas. Et pourtant, on se connaissait bien, depuis le temps. Il fallait qu’il m’explique.
    - Mais ? Monsieur Sordès, voyons, il faut que vous preniez des décisions par rapport à tout cet argent. Et je suis là pour vous aider.
    - Tout cet argent ?
    Le banquier fit silence sur un bref hoquet de surprise.
    - Mais ? Vos cinq millions d’euros, voyons !

  • Cadeau- Roman avorté V

    J'étais avant tout, au fond, un auteur de SF. Nourri à Herbert, Van Vogt, Asimov et autres Heinlein, K. Dick ou Spinrad, j'ai pas mal pondu de récits Sf/fantastiques. Ici, une tentative de récit de l'apparition d'une entité extra-terrestre. Insensible dans ce premier passage, le suspens va croissant, multipliant les points de vue, les personnages, les lieux. Un roman basé sur une grosse documentation, mine de rien. L'histoire commence dans le désert.

     

    I
    Le père Mourier entra dans la fraîcheur terreuse de sa maison. C'était une modeste construction née de ses mains, quelques années plus tôt. Selon un rituel inconscient, il caressa au passage les briques rugueuses qui formaient le linteau de la porte. La sensation fugace qu'il éprouvait alors était semblable à celle qu'on ressent, quand nos mains glissent dans une chevelure aimée. Le père ne s'arrêta pas sur cette émotion mille fois ressentie, mille fois recherchée ; elle avait la netteté que seul l'exil prolongé engendre.
    Le père Sébastien Mourier était ermite. Ce vocable désuet, il l'avait choisi pour désigner cette retraite volontaire, à l'époque où les mots n'avaient pour le jeune homme qu'il était, qu'un sens vain.
    Il avait choisi le mot pour en jauger, sur le terrain, la valeur concrète, et lui redonner le sens dont on l'avait investi, autrefois.
    Ermite, solitaire sans âge qui reprendrait un jour le chemin des rencontres, des foisonnements de visages, des mots énoncés avec inconséquence. Solitaire sans âge, reclus ici pour un temps inappréciable. Autant de temps qu'il lui semblerait nécessaire  pour investir la parole d'un sens. Le père cherchait, dans la solitude entretenue, la clarté des mots.
    D'autres avant lui s'étaient réfugiés dans les lointains désertiques du globe pour trouver Dieu. Les anachorètes avaient en général choisi, au début de l'ère chrétienne, la Thébaïde égyptienne, puis la Syrie. L'ermite Mourier, parce qu'il avait rêvé longtemps des contrées qu'il habitait maintenant, leur avait préféré le Nigeria, et les contreforts du mont Djeboun. Ici, tout était d'une âpreté miraculeuse. Le désert y imposait une sorte de propreté.
    Cette méticuleuse attention à la qualité des mots, lui rendait leur usage précieux et rare. Même pour prier.
    Il acheva d'arroser son jardin, petite flaque de terre fertile, entretenue contre les rigueurs du lieu, à l'abri des roches ocrées. Comme chaque matin, mais avec plus d'attention que d'habitude, il pansa ses chèvres, ses moutons, et ses poules, avant de revenir à la cahute.
    Ses bras solides soulevèrent le sac de toile préparé la veille, et il sortit dans la lumière souple de l'aube. En passant par Arlit, il donnerait quelques consignes à la famille Daoulé, ses plus proches voisins et amis, à deux kilomètres de là, pour qu'ils acceptent de s'occuper de l'ermitage, le temps que la communauté des Antonins envoie ses confrères ici, dans deux jours. Il ne pouvait pas attendre.
    Deux jours et demi de marche dans le grand erg de Bilma, jusqu'à Marna, puis deux jours de voiture sur les pistes, avant de se joindre à l'une des caravanes touaregs qui traversent le plateau et, enfin, à partir du dernier point d'eau - Mouassa peut-être- l'exténuante marche à côté ou à dos de chameau, pendant encore trois jours, plein sud, avec les guides qu'il pourrait trouver.
    S'il réfléchissait aux raisons qui le poussaient à entreprendre ce voyage, à sortir de son orgueilleuse réclusion, ses pensées se mêlaient très vite en une agaçante confusion d'impressions. Il y renonçait finalement, convaincu tout simplement de l'urgence de sa mission. Sans qu'il lui soit nécessaire d'extirper de son manteau la photo et la lettre qui le jetaient aujourd'hui sur les flancs escarpés de son refuge, il revoyait nettement l'image de cette élégante muraille courbe, haute et large comme une dune séculaire, et les mots griffonnés au dos de la photo : "Je vous attends sur place", signés par le docteur Decombes-Nadeau. La lettre, plus explicite, donnait des détails sur les latitude, longitude et date de la découverte. L'archéologue priait son ami de diffuser photo et témoignage sur le web, pour que soit répercutée aussi vite que possible la découverte d'une civilisation ancienne. Le père Mourier n'avait pas refusé ce service, mais il en avait retardé l'exécution. Il avait scanné les documents originaux, les avait envoyés depuis sa retraite sur l'e-mail d'un ami, en Europe, avec consigne d'attendre de ses nouvelles. L'ermite partait donc vérifier l'information, avant de se décider à la divulguer.

  • Cadeau - roman avorté IV

    Celui-ci s'intitule "Magma", et il me tient à coeur. Je l'ai travaillé pendant plus d'un an. J'y ai épuisé beaucoup d'énergie, de temps, de foi. Finalement, j'ai renoncé, pour des raisons trop longues à expliquer ici. Mais j'y reviendrai, c'est sûr. Comme je suis revenu sur "L'Husine" pour produire "le Baiser de la Nourrice", en découvrant soudain l'angle qui faisait sens. Le détail amusant, c'est que, puisque je n'arrivais à rien sur "Magma", j'ai demandé à Jean-Marc, mon précieux ami Jean-Marc, de m'offrir un sujet dont il m'avait parlé un jour, et qui sera celui de mon prochain roman publié : "le psychopompe". D'ailleurs, dans "le psychopompe", le personnage central, un écrivain (pas moi : je n'étais pas encore publié quand j'ai commencé "Magma") échoue à écrire un roman qui s'intitule, justement, "Magma". Mise en abymes... Ce qui suit n'est pas le début, que je me réserve, mais un passage du début, qui ne dévoile rien de l'intrigue.

    Croizan-sur-Loire n’offre que des hochements de tête et des souvenirs, mais c’est ma ville triste et vieille que je ne quitterai pas. Je n’ai pas le goût de la réussite, je suis sans ambition. J’aime seulement la paix. Venu d’ailleurs, je n’aurais pas trouvé plus adapté à mes souhaits que cet endroit ; né ici, je reconnais dans ma ville l’immobilité que je cherche, la suavité de sa langueur de malade. Je vois cette ville mourir, vidée de son jeune sang. Je la sens ralentir malgré des illusions de soubresauts, jusqu’à l’arrêt cardiaque. Cela me convient. Autour de Croizan, la planète vocifère et guerroie, précipite le pas vers la même déchéance, finalement. Tout cela me fait sourire quand je ne grimace pas d’horreur. Tandis que les humains préparent leur fin, j’écris.

    Au fond, Croizan n'est pas tellement éloignée des tourments qui affligent le reste du monde. Croizan connaît le meurtre et la bêtise, le viol, la gabegie, la honte et le remords. Mais les catastrophes et les élans y parviennent fanés. Les maisons sont petites, les trajets sont courts, les quartiers sont des bourgs repliés ; les coeurs dans cet espace, sont chétifs. On se hait sans colère. Il faut de l'enthousiasme, pour nourrir la colère ; Croizan est une ville sans enthousiasme. Son sentiment le plus exacerbé, c'est la rancoeur.
    Si j'aime cette ville où je suis né ? Même pas. J'ai sur ses rues et ses places le même regard clinique que sur mon pauvre corps. Je vis dedans, il m'est familier, sa santé débile ne m'irrite pas. Ma ville et moi sommes confondus depuis l'origine, et je considère aujourd'hui mes anciennes velléités de départ comme on sourit à telle saillie de notre enfance, quand on se voyait pilote d'essai ou viking. Il y a des costumes trop grands pour les êtres trop sages.

  • Cadeau - Roman avorté III

    Du lourd. Une envie de me détendre, d'écrire un roman "facile", distrayant, sans prétention. Et puis, rien à faire, je me suis vite lassé de ces petites aventures débiles. L'idée : un Kho-lantha où les candidats affrontent les épreuves d'un univers d'Heroic Fantasy, avec dragons, sorcières, chevaliers, etc. sous l'oeil des caméras. Je n'ai même pas relu tellement c'est bête.

    Depuis trois jours, le fleuve charriait des restes de forêt dans un bouillonnement fauve. Ses flots contrariés par les rochers des berges explosaient en vapeurs froides qui trempaient jusqu’à la lumière. Les aventuriers descendirent de chevaux, leur route s’arrêtait là. Encombré de sa lourde hache à double tranchant, l’homme le plus grand s’avança vers le roulement incessant du fleuve. Il tendit l’arme au-dessus, en une passerelle imaginaire : « Ce devait être un gué, ici, paraît-il » Les autres le rejoignirent pour constater.  « Qu’est-ce qu’on fait, Franck ? » Franck observa ses équipiers. Jusqu’à présent, tous avaient suivi ses directives, son charisme naturel. Kamel, avec assez de philosophie et de distance amusée, voire sarcastique ; Marco, très costaud, souple, un corps comme une machine bien huilée, mais un esprit délié, sûr de lui ; Kévin, grande gueule désagréable, toujours geignant, qui avait failli plusieurs fois être éliminé, mais toujours là tout de même ; Sol, le plus âgé du groupe, le plus paumé aussi, le plus faible, mais le plus doux de tous, le plus drôle aussi, malgré ses calembours foireux ; Souad, une grande gueule encore, mais sportive, courageuse, un bon élément, et Lubna enfin, sûrement castée par la production pour constituer le quota poupée de la saison. Un poil plus dangereuse que Souad, parce que troublante, manipulatrice, maintenant par sa seule présence une tension entre les mâles de l’équipe.

  • Cadeau- roman avorté II

    Un thème dans lequel je me suis plongé avec enthousiasme, pour admettre au bout de quelques pages, que cela ferait tout juste une bonne nouvelle. L'histoire d'un écrivain mourant qui s'associe à une firme informatique, créatrice du premier logiciel quantique et donc, du premier ordinateur "créatif". L'écrivain se sachant condamné, passe un accord avec l'entreprise pour que Hugo 01 (le nom de l'ordinateur), auquel il a confié intégré tout son savoir, ses souvenirs et l'ensemble de son oeuvre, poursuive son travail et publie ses projets à titre posthume. C'était une façon d'aborder le mystère de l'écriture, et tant de thèmes tournant autour de ce sujet. Celui-ci, j'y reviendrai. Je n'ai pas peur de le livrer ici, parce que cent auteurs écriraient cent romans différents à partir de ce sujet. Le phrasé est celui du "baiser..."

     

    On a fini par s'habituer, Hugo-01 a mis tout le monde K.O., toute la production littéraire du monde entier, balayée par la puissance de calcul d'un super ordinateur, ajoutée à la qualité d'écriture et l'ambition des sujets de Lamberto Erco, prix Nobel de littérature. Chaque année, des milliers de pages, une production foisonnante, sur tous les sujets et dans tous les genres, de la comédie à l'essai, du roman à la nouvelle et du scénario de films au livret d'opéra, d'un auteur jamais fatigué, jamais en panne d'inspiration, écrivant à jet continu des monuments de la littérature, traduisant simultanément ses propres ouvrages dans toutes les langues, tous les auteurs ont essayé de lutter et puis l'un après l'autre ils ont déclaré forfait, on pouvait bien regimber sous cet étouffement, tout bien considéré, il suffisait de lire la production de Hugo-01 pour être convaincu que personne ne faisait mieux et ça donnait la rage partout, les auteurs les plus jeunes, explosifs, vindicatifs, y allaient de diatribes en vers libres en configurations nouvelles en formes inédites, tout de suite, dans les minutes qui suivaient leur édition ou leur mise en ligne, Hugo faisait mieux, plus ample, plus riche, plus beau et pour s'amuser (en plus, Hugo a de l'humour) l'ordinateur devançait toutes les formes littéraires, provoquait des avancées incroyables dans les genres, en inventait de nouveaux et même se payait le luxe d'écrire des essais critiques sur sa propre production, des critiques d'une hauteur de vue stupéfiantes, de quoi abattre aussi les universitaires, sans parler de son premier essai philosophique qui a fait l'effet d'une bombe, vous vous en souvenez, quand Hugo a rassemblé et synthétisé les considérants athées chers à Erco et a proposé le cardinalisme, une sorte de physique de la pensée qui a réussi à faire taire momentanément Miguel Onfray, bref personne n'arrivait à suivre, c'était une compétition absurde, on a fini par laisser faire, par abandonner, ce n'est pas noble, c'est affligeant, mais à part quelques auteurs dont les fans assuraient qu'Hugo ne les vaudrait jamais ce que le logiciel a immédiatement contredit en produisant de faux polars, de faux livres de SF, de faux livres érotiques de faux recueils de poésie desdits auteurs, absolument bluffants  les autres ont simplement arrêté d'écrire. Certains se sont suicidés, artistiquement s'entend, en allant cultiver du safran ou des salades, quant à papa, il a juste laissé tomber, pour devenir lecteur de Hugo-01, comme il l'était de Erco, son modèle. Il écrit bien encore un peu, mais plus aucun éditeur ne veut de ce qu'il appelle « mes petites logorrhées », maintenant qu'Hugo-01 est là.

     

     

     

     

  • Cadeau

    On fait les cadeaux qu'on peut. Pendant quelques jours, je vais vous livrer ici des débuts de romans abandonnés. Abandonnés parfois presque à terme ou bien avancés, mais dont je n'étais pas satisfait, ou dont l'idée n'était pas assez riche, pas assez ambitieuse ou mal abordées. Il y a certaines choses que je reprendrais peut-être un jour. Voici pour commencer les première phrases de "L'Husine". Retardé, repris malgré tout, puis avorté définitivement à un nombre de pages équivalent au "baiser de la nourrice", et justement... "Le baiser..." est un retour sur l'univers de "L'Husine" deux ou trois ans plus tard, vu sous un autre angle. Et enfin, "ça" a fonctionné.

     

    L'Husine. Le froid du petit matin, les loupiotes accrochées au béton. Au milieu de la foule de têtes rases qui avancent, le petit Mido, inquiet mais fier, l'épaule meurtrie par un sac de nourriture trop chargé. La main de son père sur l'autre épaule. La silhouette de son père que Mido vit longtemps massive et altière ; qu'avec le temps il admettrait voûtée et fatiguée.

    L'Husine et son goût de fer et de graisse, perceptible dès l’ouverture. Et les portes franchies, cette lumière inhumaine, pesant sur la nuque avec son haleine de bruit, qui écrase et vous dit d'obéir. L'Husine aux dimensions incroyables, qui avale le trop jeune Mido, l'éloigne de son père et le propulse devant une machine formidable. L'homme qui l'accompagne lui apprend que c'est une "pondeuse" –une sorte d'emboutisseuse. Il hurle "pondeuse" la main en porte-voix, pour percer le vacarme de la masse d'acier qui s'abat d'une hauteur de maison. Mido reçoit la première secousse comme un camion vous percute. Les vibrations propagées depuis le sol le tétanisent. Il comprend qu'il lui faudra côtoyer cette bête, composer avec elle, l'apprivoiser. Malgré ses quinze ans, il a pitié des hommes qui travaillent ici, qui circulent négligemment autour de cette mécanique vorace.

  • Ecrivain ? Pff !

     

    Pourquoi mon roman n'avance pas ? Parce que je suis un gros flemmard, voilà. Facilement distrait de ce qui devrait être mon unique but dans la vie. Et dire que je me prétends écrivain ! Des mots que j'ai proférés (par écrit, avec gravité) me reviennent « L'écrivain... Celui qui n’a, pour exprimer le monde qui l’entoure, que le moyen de l’écriture, mais n’ayant que ce moyen, s’y engloutit, s’en vêt et s’y réchauffe, l’affine, le tourmente et l’élève... » Foutaises ! Je suis en colère contre moi. Me voici par exemple, cet après-midi sans entrave, dans la maison silencieuse que les chats n'osent troubler, devant mon ordinateur, avec notes, livres, tout... Et je zappe soudain l'écriture, trouve plus intéressant d'aller fouiner les derniers articles de Mediapart ou du Monde, m'évade un peu en direction des effets spéciaux de 2012, m'égare carrément sur youtube ou dailymotion. Quand je réalise que je suis en train de soupirer devant une vidéo expliquant que les présidents des États-Unis sont des extra-terrestres franc-maçons dont l'aspect reptilien est masqué sous une habile apparence humaine, une grande lassitude s'abat soudain sur mes épaules et je me dis que, tout de même, je devrais me reprendre. N'empêche que trois heures sont passées. La journée s'achève, et mon roman n'a avancé que de deux lignes, même pas bonnes. Écrivain ? Pff !

  • Cerné par la doc

    Juste pour le plaisir, et puis parce que ça me fait une note pour pas cher, je copie ci-dessous la liste des documents que j'ai lus, dépouillés, dont j'ai extrait le matériau qui m'intéresse, pour mon roman en cours. Ne sont pas cités ici les petits détails, anecdotes, pris sur le net, les croquis saisis sur mon calepin, et les documents trouvés dans les greniers des particuliers, qu'on ne peut baptiser de bibliographique, et néanmoins fichtrement importants. J'ajoute que cette liste évolue souvent, au hasard des recherches, et quand une précision s'impose dans un domaine quelconque. Une nouvelle quête commence alors. En tout cas, c'est le dernier roman historique que je fais. (les lettres entre parenthèses, sont des notations personnelles, pour m'y retrouver).

    (A)- Histoire de la vie privée. 4- De la Révolution à la Grande Guerre. Duby et Ariès (points + édition avec illustrations).
    (A2)-Les intellectuels en Europe au XIXè, Christophe Charle (Points)
    (B)-Histoire de la politesse de 1789 à nos jours, Frédéric Rouvillois (Champs histoire)
    (C)-Les disparus du Littré, Héloïse Neffes (Fayard)
    (D)-Histoire de la France rurale. 3- De 1789 à 1914 (Seuil)
    (E)-La société française au XIXè. Dupaquier, Kassler. Pluriel (statistiques).
    (F)-L'art au XIXème siècle (Hazan)
    (G)-A la recherche du temps perdu, Proust.
    (H)- La mode au masculin, John Peacock
    (I)- Le costume français. (Flammarion)
    (J)- Encylopédie illustrée du costume et de la mode (Gründ)
    (K)- Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue française du 19è et du 20 è. CNRS Gallimard.
    (L)- La France du XIXè siècle. Pierre Albertini. (Les fondamentaux Histoire ; Hachette)
    (M)- L'éducation des filles au XIXè siècle. Françoise Mayeur.
    (N)- La naissance du monde moderne. C.A. Baily (Monde diplomatique).
    (O)- Séduction de la chaussure. (Bibliothèque des arts) voir notes sur calepin moleskine.
    (P)- Le vêtement. Piero Ventura.  voir notes sur calepin moleskine.
    (Q)- Les costumes régionaux d'autrefois. (Archives et culture). La Loire, p. 94.  voir notes sur calepin moleskine.
    (R)- Modes et vêtements. Gallimard découvertes.  voir notes sur calepin moleskine.
    (S). Un livre sur les parfums (pas noté la référence. Bravo).  voir notes sur calepin moleskine, page 150.
    (T)- La mode illustrée, le journal de la famille. Année 1867, trouvée à la bibli Déchelette (voir calepin moleskine, pages 167, 170, 171).
    (U)- Le corps et l'âme, la vie religieuse au XIXème siècle. Odile Arnold. Seuil. L'univers historique.
    (V)- Le savoir-faire et le savoir-vivre, guide pratique à l'usage des jeunes filles. Clarisse Juranville. Une mine. Tout y est !
    (V2)- Le premier livre des petites filles, par Clarisse Juranville. Librairie Larousse.
    (W)- Le dix-neuvième siècle. (1901). Librairie Hachette et compagnie.
    (X)- Le pèlerin, 1879 (troisième année). Exemplaires de l'année, reliés.
    (Y)- Femmes à la campagne au 19ème siècle, exemples foréziens. Marie-Pierre Souchon.2003. Village de Forez.
    (Z)- L'ouvrier. 1864 ; 1870 ; 1871.
    (A3)- Veillées villageoises, entretiens sur l'agriculture moderne. 1869. par Neveu-Derootrie. Treizième édition. Librairie de L. Hachette et compagnie.
    (B2)- Cosmos. Revue des sciences, 1889.
    (C2)- Hortense et Jean-Marie, ouvriers tisseurs, par Danièle Miguet. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Octobre 1986).
    (C2)- Travail et travailleurs à Roanne au 19ème siècle, par Jean-François Martinon. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Décembre 1987).
    (D2)- Gens de tissage, hors série édité à l'occasion de l'exposition « Drôle de trame », sous la direction de Philippe Massardier. (les cahiers de fabrique, écomusée du roannais. Novembre 1987).
    (E2)- François Arago, son génie et son influence, par A. Audiganne. Deuxième édition « mise au courant des progrès industriels » (sic). CAPELLE, libraire-éditeur, 1870.
    (F2)- Mes prisons, Silvio Pellico, suivi de Discours sur les devoirs des hommes, traduction Antoine de Latour. Édition illustrée par Tony Johannot, de 100 beaux dessins (sic). Lebrun, libaire-éditeur. 1870.
    (F3)- Lettres du révérend père Lacordaire à des jeunes gens. Deuxième édition. Charles Douniol, 1863.
    (G2)- Mariages et noces campagnardes dans les pays ayant formé le département de la Loire. Paul Fortier-Beaulieu. Libraire orientale et américaine. 1937.
    (H2) - Revue du Lyonnais » série 3 - n°14 ( 1872 ) » pp.233 à 246. Une visite à l'exposition universelle de Lyon Mlle Adèle Souchier. Bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon.
    (I2)- La vie quotidienne en France en 1830. Robert Burnand. Librairie Hachette. 1943.
    (J2)- Mgr Dupanloup, un grand évêque. Emile Faguet. Hachette, 1914.
    (K2)- Etude critique sur les projets et dessins d'architecture (envoyés à l'expo universelle de Lyon, 1872). C. Jamot; Travail lu à la séance de février 1873 de la société académique d'architecture de Lyon. Impr. Louis Perrin – Lyon, 1873.
    (K3)- Dictionnaire historique de Lyon. Béghin, benoît, Corneloup, Thévenon. Ed. Stéphane Baches. Mai 2009.
    (L2)- Exposition universelle. Lyon. 1872. Esprits d'un siècle : Lyon 1800 - 1914.

    (M2)- Histoire de la conscription. Annie Crépin. Folio Histoire, 2009.

    (N2)- Guide Diamant de Lyon. Plan de Jouanne. 1872.

    (N3)- Nouveau guide de l'étranger à Lyon. Josserand. 1872

    Et j'oubliais : Le journal de Roanne (sur microfilms), années 1870, 1871 et 1872 (en attendant la suite)

     

     

  • Délai de grâce

    Sans compromettre la date de sortie de mon dernier roman, j'ai demandé l'autre jour à mon éditeur de me laisser encore un peu de temps.  Il m'a octroyé jusqu'au 15 octobre, pas un jour de plus. C'est que ce texte est relativement frais, pour moi. La première mouture achevée date de janvier de cette année. Je veux dire qu'habituellement, je ne confie au jugement des autres qu'une version amendée un grand nombre de fois, après plusieurs séjours dans les tiroirs et remises en question diverses. Cela peut durer un an, parfois plus. Un travail de l'épreuve au temps, une lente maturation de façon à m'assurer que  je révise l'écriture avec le plus de recul possible. Pour "le Psychopompe", je n'en suis qu'à la troisième ou quatrième version. Le manuscrit, par exemple, n'avait subi l'épreuve de l'oralité (la lecture à haute voix) qu'une seule fois, lors de la première version. Ces jours-ci, ma douce a repris cette lecture sur une nouvelle version, et nous sommes tombés d'accord sur certains aménagements. L'écoute du texte n'est pas un mode nécessaire et suffisant pour corriger, mais il inspire des modifications différentes de celles qu'imposent la lecture silencieuse. On aborde l'écriture d'une autre façon, ce sont d'autres défauts qui apparaissent. Flaubert le savait bien, quand il arpentait son gueuloir. Enfin, après une semaine de perfectionnement, je viens d'adresser l'ultime version à mon éditeur. Je crois que c'est un bon livre, exigeant. Ma douce l'adore. Malgré la vitesse imposée par le "timing" de mon éditeur, je n'ai pas mégoté, j'ai affiné aussi sérieusement que possible ce nouvel opus. J'espère qu'il vous plaira.

     

  • retrouvailles

    Ô l'étonnante jubilation de se voir écrivant, ô l'absolu bouleversement de laisser filer les doigts sur le clavier, de reconnaître cet élan. Reprendre l'écriture, enfin !