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Ecrire - Page 28

  • Palimpseste

    Je reprends mon tout premier manuscrit, parce qu'on me dit que peut-être, chez certain éditeur, il aurait à nouveau sa chance. Étrange de se replonger dans ce gros roman de Sf/politique-Fiction, cette masse où je tentais de tout dire, de tout mettre, de tout faire. La langue aussi a changé. C'était il y a plus de 15 ans maintenant, et je voulais montrer que je « savais » écrire. Alors, des phrases, des phrases, du vocabulaire en veux-tu en voilà (les modénatures austères, des costumes coruscants... quel est l'intérêt de placer de tels mots sinon pour se la péter ?). Il faut que j'envoie ça en octobre. Un chantier de plus alors que je n'ai pas encore fini « J'habitais Roanne ». Mais il se peut bien que j'arrive à tenir les deux projets de front. A part ça, j'ai des nouvelles pour « Les chants plaintifs », mais ça, ça me permettra d'écrire un billet demain.

  • Toute honte bue

    Je rejoins cette idée qu'il faut un peu de honte dans un livre quand il sort. Que l'auteur ait quelque remords à le faire publier, qu'il ait dû, dans cette démarche, surpasser la honte ressentie, qu'il ait besoin de courage pour livrer ainsi son travail au jugement des autres. Il faut bien -judéo-chrétiens que nous sommes restés- que le plaisir d'écrire se paye d'une manière ou d'une autre.

  • Dans le vent

    Non que cela m'obsède particulièrement, mais j'apprends par la dernière newsletter que mon avant-dernière contribution à ventscontraires (ils en ont publié une autre depuis) est la rubrique d'internaute la plus lue ce mois-ci. Et la lettre du rond-point de me citer et de me féliciter.

    Etrangement, sous la fierté, c'est un petit coup de déprime que je sens poindre en moi. Va comprendre !

  • Tout savoir sur le livre numérique

    Au passage, le site universcience.fr propose en ligne ce qui me semble la somme d'articles la plus pertinente et la plus claire du moment sur le livre numérique. Partagé entre curiosité, inquiétude et nostalgie, j'essaye de rester optimiste et de me dire que ce bouleversement va engendrer une liberté dont nous sommes (ou devrions être), auteurs, les premiers consommateurs. Certains cas tendent à démontrer le contraire, mais nous ne sommes qu'au début de cette révolution du support. Tout peut arriver. A nous de générer le contenu qui  nous ressemble ; à nous de le défendre. Il faut donc pour cela bien connaître le processus, s'y préparer (voir l'éditeur D'un noir si bleu par exemple), et s'en emparer dès que possible.

  • Sans crème solaire

    Avant de commencer un nouveau livre j'écris une petite note d'intention à laquelle j'ajoute par la suite tout le matériau dont j'ai besoin, les petites idées, les documents, etc. Je place toujours en tête du fichier la date de début d'écriture et une date présumée de fin. Cela m'aide à tenir le ryhtme, à m'imposer une limite, pour ne pas m'éterniser déraisonnablement sur un travail, accélérer si besoin. Il y a un an aujourd'hui, j'ai commencé l'écriture de "J'habitais Roanne" qui s'intitulait alors "Je vous écris de Roanne". A l'époque, je prévoyais de finir ce livre en janvier 2012. Prudent. Raisonnablement, c'est le temps que je devrais investir pour peaufiner, mais d'autres chantiers m'obligent à bousculer cette échéance. Je dois finir ce livre pour septembre. Il va donc falloir une discipline de fer cet été. Pensez à nous. A moi, parce que je vais m'enfermer dans le bureau pendant les vacances ; à ma douce parce que son soutien inconditionnel la contraint à me suivre dans l'épreuve et à renoncer, elle aussi, à un départ ou une destination rêvée. Elle vous dira que cette réserve ne lui coûte rien ; qu'elle est heureuse ainsi. Vous pourriez penser que c'est une posture, mais vous savez, je crois que c'est vrai.

    Je connais ma chance.

  • Deuxième couche

    Un aperçu de Peindre, notre dernière création, en page d'accueil du site de la compagnie NU. Sept minutes trente-trois formant une sorte de résumé d'ambiance, montage réalisé par MCA Prod. Au passage, vous pouvez vous inscrire sur notre News letter et même, même... envoyer une adhésion de soutien à la compagnie. La récompense : notre reconnaissance, déjà ; et le DVD de la pièce (complète cette-fois : environ 1 heure 15).

  • Ghost writer

    Fatigué de corriger son nègre, il explosa : "Ce n'est tout de même pas moi qui vais l'écrire, ce bouquin, non ?"

  • Son regard aussi

    L'ami laurent Cachard (qu'il soit mille fois béni !) a eu la gentillesse de se pencher sur cette curieuse réalisation, ce livre-objet : "Dans les plis sinueux des vieilles capitales", dû au talent d'Yveline Loiseur. Objet pour lequel elle m'a demandé d'écrire un texte. Drôle de défi. Laurent en parle mieux que je ne saurais dire, d'autant qu'il a une longue expérience de ce rapport pas si évident texte/photos avec son complice Frémiot. C'est sur son blog, bien sûr.

  • Le Parrain

    Ce soir à 18 heures, je suis à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, à l'invitation d'un club de lecture qui me fait l'honneur (un honneur véritable, c'est-à-dire de ceux qu'on ne claironne pas en public, parce qu'ils vous touchent profondément) de me demander de le parrainer. Je n'ai pas une idée très précise de ce qu'implique ce rôle, mais l'excellente bibliothécaire qui a organisé cette rencontre, Marielle Gillard, m'a rassuré (enfin elle a essayé) en exigeant seulement de moi de la bienveillace. J'en aurais autant qu'on veut, j'espère qu'on voudra bien m'en prêter dans la même proportion. Enfin, Marielle est sûre que ça va aller. Je suis enclin à lui faire plutôt confiance. C'est de toute façon l'occasion de retrouver des personnes que j'ai adoré croiser le temps d'une rencontre "lettres-frontière", à l'époque où, Laurent et moi, étions sélectionnés pour ce beau prix.

    Au passage, tiens, j'en profite pour vous communiquer les heureux lauréats du prix cette année, (les veinards, les foutus veinards, je sens la bile noire de la jalousie me ronger les entrailles) que j'applaudis avec... bienveillance.

    Sélection Suisse romande
    Retour aux Indes / Éric MASSEREY - Ed. Campiche
    Un Véronèse / Étienne BARILIER - Ed. Zoé
    En habit de folie / Anne-Claire DECORVET - Ed. Campiche
    La cour des grands / Jacques-Étienne BOVARD - Ed. Campiche
    L'embrasure / Douna LOUP - Ed. Mercure de France

    Sélection Rhône-Alpes
    Le retour de Jim Lamar / Lionel SALAÜN - Ed. Levi
    Jon l'islandais / Bruno d'HALLUIN - Ed. Gaïa
    Le blanc Fouquet / Frank HERBET-PAIN - Ed. Gallimard
    L'effet Larsen / Delphine BERTHOLON - Ed. Lattès
    L'italie si j'y suis / Philippe FUSARO - Ed. La fosse aux ours

    Vous noterez le retour de Delphine Bertholon, dont j'avais adoré "Twist".

    En tout cas, celles et ceux qui voudraient se joindre à nous ce soir, à la Médiathèque de Gilly-sur-Isère, seront les bienvenus pour célébrer la naissance d'un lieu de chaleur et de nourriture intellectuelle autour du livre et de la littérature.

    A toutes fins utiles, un petit point pratique :

    Bibliothèque de Gilly-sur-Isère, 1, place de la Mairie, 73200 GILLY SUR ISERE. Tél. 04 79 38 01 53
    bibliotheque.municipale@gilly.fr

     Je serai heureux de vous voir.

  • A la source

    Je poursuis l'écriture de mon livre sur Roanne, essai original qui mêle autobiographie, données historiques et géographiques, anecdotes méconnues, documents inédits, littérature, portraits de passionnés, etc. Pour la première fois dans la littérature locale, mon livre abordera l'histoire des immigrations à Roanne. J'ai besoin pour cela de témoignages, mais surtout de documentation chiffrée, de sources bibliographiques. Voilà, je lance un appel aux bonnes volontés, partout, et pourquoi pas sur Kronix ?

  • Procrastination

    - Bon, maintenant, vous allez écrire un truc rigolo, hein ! Et il faut que ce soit original, aussi. Et surtout bien écrit. Tout en ne vexant personne. Comme ça chaque jour. Alors, ce billet ?
    - En ce moment j'écoute Arvo Part, que voulez-vous que je vous dise ? Il m'apaise, m'élève, m'émeut, mais il ne me donne pas envie de rigoler. Revenez plus tard.
    - Demain ?
    - Demain, d'accord.

  • Ma vieille capitale, déridée par Yveline Loiseur

    Sur Roanne comme sur toutes les villes qu'elle a déjà parcourues, Yveline Loiseur porte un regard bienveillant, parfois amusé, mais jamais tenté par la sublimation ou l'édification. Voici la ville, notre ville, ma ville. Je la reconnais dans ces visions parcellaires, malgré l'étrangeté des images ; étrangeté d'un autre regard, plus attentif, qui s'est posé sur ces lieux que nous fréquentons sans conscience. Où sont les gens ? Certainement pas dans le champ de l'appareil. Ils sont trop grands pour le cadre urbain. L'humanité déborde les marges, elle est trop vaste pour être confinée dans les « plis sinueux » de la ville. On les voit donc ailleurs, de la manière la plus appropriée qui est le portrait. La photographe présente les personnes qui ont bien voulu s'offrir une fraction de seconde à son objectif dans de larges portraits au format carré qui apportent la vie à la ville et au lieu que l'artiste a choisi d'investir.
    Nous sommes dans une maison du 19ème siècle aux tapisseries et aux peintures fatiguées, une vaste bâtisse probablement hantée. Les grandes cheminées de marbre ou taillées dans le noyer, les corniches, les dallages, les miroirs racontent une splendeur passée. Dans cet environnement désolé où s'étiole une solennité un peu ridicule, les alignements de vues de Roanne sur de petits formats aux couleurs veloutées, font surgir un présent plein de vie. Ce sont des vues parcellaires : une déroute des lieux, une énonciation, dans le droit fil d'auteurs comme Ponge ou Pérec. Des images littéraires ; il n'était pas difficile d'écrire à partir de ce matériau. Énumérer, énoncer, mettre l'humain entre parenthèses puisque là aussi, les habitants sont plus grands que la description de leur ville*. Pour déceptives qu'elles aient pu être reçues par certains Roannais, les images urbaines rapportées par la photographe après des mois de déambulation et de rencontres avec ses habitants disent Roanne, parlent de son passé, de son quotidien, du temps particulier des « vieilles capitales » industrielles de la province. Il faut admettre que c'est notre ville.
    Les portraits explorent ce même aspect avec autant de vérité et autant de subjectivité. Plus grands que nature, ils ponctuent le parcours de gestes, d'attentes, de méditations simples. Leur succession, sur les murs de la vieille maison, évoque les galeries d'ancêtres. Mais on a affaire à des Roannais du 21ème siècle, aucun doute là-dessus. Pour ceux qui les reconnaissent, on devine dans le choix de ces personnes, une préférence, une connivence de Loiseur avec une forme de pensée et une attitude dans la vie. Voici des Roannais qui, peut-être, voient la ville d'une façon similaire à la sienne. Voici notre ville, une certaine ville ; voici ses habitants, une certaine catégorie de ses habitants. Ces Roannais-là, comme je le dis par ailleurs dans le livre que je prépare, sont le sel de la terre, ceux par qui la vieille capitale deviendra autre chose, j'en suis convaincu. Comme tout artiste authentiquement sensible, Yveline Loiseur a su capter, en quelques mois passés ici, ce qui se passait de plus pertinent dans ma ville.


    « Dans les plis sinueux des vieilles capitales », Photographies d'Yveline Loiseur. Maison « coeur de Cité » à Roanne, jusqu'au 25 juin 2011. On rentre par les jardins.

     

    *Le travail photographique d'Yveline Loiseur sur Roanne a donné lieu à la réalisation d'un livre d'artiste aux éditions jean-Pierre Huguet, pour lequel j'ai eu l'honneur d'écrire un texte.

  • Les Edites à Roanne, du 27 au 29 mai

    Dans moins d'une semaine s'ouvrira la deuxième édition du Salon des Edites à Roanne. On pourrait presque parler d'une première, tant la formule diffère du premier opus, initialement consacré à la petite édition, au sens large du terme. Cette année, le salon concentre les éditeurs qui, très loin et très en marge des circuits commerciaux, oeuvrent sur des ouvrages rares, des expériences uniques où artistes et poètes, graveurs, écrivains, imprimeurs sont autant d'artisans au service d'un objet original, qu'on appelle un livre par facilité, mais qui prend de telles libertés avec la forme conventionnelle, que le mot semble parfois maladroit pour dénommer ainsi certaines créations.

    A l'Espace Congrès de Roanne, derrière l'Hôtel-de-Ville, une cinquantaine d'éditeurs seront présents, ainsi que des artistes, des écrivains et des professionnels du livre. Des expositions et des tables rondes enrichiront ces trois jours exceptionnels.

    Je fais ci-dessous un copié/collé du programme, mais vous pouvez vous rendre sur le site des Edites pour les détails et les contacts.

    Vendredi 27  mai : Journée professionnelle proposée en partenariat avec la Médiathèque départementale de la Loire (ouverte au public sous réserve de places).

    Thème : «La place du livre d’artiste dans les collections publiques et le rôle des bibliothécaires : des enjeux littéraires et artistiques».

    Contenu :
    8h30 : accueil des participants
    9h-9h30 : introduction
    9h30-10h30 : conférence : «le Livre est, mais qu’est-ce qu’il n’est pas encore?» avec Jean Gabriel Cosculluela.
    10h30-12h : table ronde : «l’éditeur, l’écrivain et l’artiste» avec Leszek Brogowski, Pierre Manuel, en présence de Bernard Noël et René Pons.
    12h-14h : repas sur place et visite des stands.
    14h-15h : conférence : «l’artiste et son livre» par Yveline Loiseur en présence de Jacquie Barral et Matthew Tyson.
    15h-16h30 : table ronde : «les politiques d’acquisition de livres d’artistes par les bibliothèques et les musées : modalités, enjeux, résultats» avec Christian Gay, Françoise Lonardoni, Martine Lafon, Isabelle Suchel-Mercier et Jean-Pierre Thomas.
    17h : visite de l’exposition de la Médiathèque de Roanne suivie d’un cocktail.

    Samedi 28 et dimanche 29 mai : Salon ouvert au public de 10 h à 18 h.


    Thème du salon : "l’écrivain et l’artiste".
    Dans le cadre de la manifestation nationale "À vous de lire", seront présentées les «correspondances avec Georges Perros» et les "lettres verticales" de Bernard Noël et des lectures seront organisées autour de ces deux ouvrages. Une exposition montrera la correspondance entre Michel Butor et Jacquie Barral autour de la création d’un livre d’artiste.

    samedi 28 mai
    14h : René Pons présenté par Pierre Manuel.
    16 h : Bernard  Noël présenté par Dominique Carlat.

    dimanche 29 mai
    10h 30 : Bernard Chambaz présenté par Michèle Narvaez
    14h 30 : Jean-Gabriel Cosculluela présenté par Michèle Narvaez

    Seront présents également
    François Houtin, graveur, sur le stand des Bibliothèques gourmandes.
    Françoise Allard, auteure, sur le stand de pré # carré.
    Marc-Henri Arfeux, écrivain, sur le stand de la Margeride.

    Expositions en parallèle

    - à la Médiathèque de Roanne : "Livres d’artiste(s) - Livres singuliers // collection plurielle" du 27 mai au 25 juin 2011 (ouverte le dimanche 29 mai au matin).
    - à la maison Coeur de Cité de Roanne : "Dans les plis sinueux des vieilles capitales", exposition des photographies d’Yveline Loiseur, du 21 mai au 26 juin.Deux salles d’exposition seront consacrées l’une aux œuvres de Philippe Favier et l’autre à celles de François Righi.

    Yveline Loiseur présentera son ouvrage "Dans les plis sinueux des vieilles capitales" (éditions Jean-Pierre Huguet)*, fruit du travail réalisé dans le cadre d’une résidence "Écriture de Lumières" à Roanne en 2011 et Jacquie Barral proposera ses travaux et ses livres sur son stand.

    Des espaces seront consacrés aux démonstrations (imprimerie, reliure), aux ateliers et aux lectures.
    Un stand exposera les travaux des étudiants de l’université de Lyon 2 et des élèves du Lycée agricole Roanne-Chervé  qui auront travaillé en amont sur le salon (réalisation d’un livre d’artiste, affiche...).
    Enfin une revue présentant le salon, les éditeurs, auteurs et artistes sera proposée au public.

     

     

    * avec un texte de ma pomme. Merci Yveline.

  • Fragile bouclier

    Ne pas arrêter, écrire, écrire écrire, ce n'est pas si mal, cela défend des hommes, cela dit non parfois avec vérité, cela dit non du cœur et de la tête et protège les gens. Pense à tous les maux qui menacent, à ton fils à ta fille à tes proches, à ceux que tu ne peux protéger autrement que par les mots car quelles sont tes armes, aucune, tu n'en as pas d'autres, elle est seule à te connaître à te faire forge et armure ; la voilà c'est ton écriture tu le sais bien.

  • La fin

    La fin de l'écriture d'un roman, vue depuis sa première phrase, ressemble un peu à la fin du monde. On sait qu'elle arrivera, mais ça semble tout de même assez improbable.

  • Pour info

    Aujourd’hui devait avoir lieu une rencontre autour de l'autobiographie, organisée par la Bibliothèque de Saint-Haon-le-Châtel, dans ses murs. Jean Mathieu et moi devions y aborder définition et particularités de cette veine littéraire, et la singularité supplémentaire qu'est l'écriture de blog. La confession, l'autofiction, le journal, Miraux, Lejeune, théoriciens du genre... nous voulions discuter -et faire réagir surtout-  autour de ces notions. Le débat est annulé. Faute de temps, agenda plein, trop d'activités (les Edites, Nuit des musées, semaine sur l'Italie -Dante, Fellini- préparation des 24 heures de lecture, etc.). Jean était bien désolé l'autre jour, redoutant peut-être une acerbité de ma part. Rien de tel. Nous reprendrons rendez-vous. simplement. Et je vous dirai.

  • suite de l'indice (voir note d'hier)

    Soudain, la femme du Président suspend son geste. Le couple s’est rendu au Palais après le petit-déjeuner pris chez eux. Ils sont venus ici, lui pour recevoir ses ministres, elle pour recevoir son emploi du temps de la journée. Le détail lui est lu par une copine embauchée comme secrétaire de la gestion de l’overbooking. Son premier rendez-vous sera la visite d’un orphelinat volontaire. « Qu’est-ce que c’est que ce truc : un orphelinat volontaire ? » interroge la first lady. Ludmilla lui répond que c’est un établissement qui recueille les parricides. La Présidente esquisse un geste pour dire qu’en réalité, elle s’en fiche pas mal, pourvu qu’il y ait des crânes de petits malheureux à flatter, quand un effluve puissant arrête son mouvement. Par la fenêtre ouverte, une violente odeur de litière vient de l’assaillir. « Ah oui, pense-t-elle en s’approchant, c’est ce fameux taureau princier… » Elle se penche un peu à la fenêtre et découvre sous elle la grande bête fauve, dont les cornes aux reflets d’ébène encadrent un mufle brillant de colère. Le taureau tend son regard vers la croisée, plante ses pupilles noires dans les siennes et la spectatrice en a le souffle coupé. « Il est magnifique, hein ? », glisse son mari, arrivé derrière elle. Elle veut dire « oui », se tourne vers lui et, muette d’écœurement, constate dans les yeux du Président un éclat de désir infâme qui ne lui est pas adressé mais s’arrime à l’extérieur, aux reins de la bête.

  • Un indice

    Juste une amorce, un bout d'idée. Le sujet de la prochaine création de la compagnie NU serait une reprise distanciée d'un mythe antique. Vous pouvez facilement deviner, si vous êtes familiers de mythologie. Pour la pièce, ma foi, rendez-vous dans deux ans.

     

       Ça sent, dans le Palais, ça sent le fauve, ça sent la fumure. L’odeur monte depuis les pelouses du jardin, envahit les perrons, les voûtes, les salons de réception, les bureaux et les bibliothèques, imprègne les ors et les staffs. Les remugles changent le goût des dîners de réception, alourdissent les paroles diplomatiques, déconcentrent les échanges politiques. C’est une gêne constante. Le Président et ses conseillers, chaque jour, commencent la journée sans y penser. Il fait beau, ils font ouvrir la fenêtre et soudain l’odeur de ferme vient leur graisser les narines. Enfin, on n’y peut rien, il n’y en a que pour quelques jours se dit-on, on sera vite débarrassé.
       Le Prince est venu en touriste à Paris avec tout son cortège, ses femmes, sa garde et sa ménagerie. Dans la cour du Palais Royal, entre les cages aux lions, les volières pour oiseaux de paradis et les enclos pour les autruches, il n’y avait plus de place pour le taureau favori de son Altesse. Dans un élan irréfléchi (dont il est paraît-il coutumier), le Président a proposé le jardin de son palais. Le Prince a immédiatement accepté et le soir-même, le plus beau taureau de son pays broutait la pelouse de l’Elysée. Une belle créature, vraiment, une race inconnue chez nous, avec une robe feu, des cornes immenses, un port majestueux, un regard étonnamment intelligent pour cette espèce.
       

    Demain, un nouvel extrait pour clore, et puis plus rien pendant deux ans, donc.

  • Môssieur l'écrivain...

    Pour qui est-ce que je me prends ? Je me morfonds depuis qu'une innocente plaisanterie m'a profondément bouleversé.

    Dans une rédaction que je connais bien pour y avoir travaillé et que je visite parfois, une jeune femme arrose son départ vers d'autres cieux professionnels. Ses collègues lui font les traditionnels cadeaux et quelques surprises plaisantes, dont une parodie du journal auquel elle participe. Au hasard, je saisis ce faux amusant, lis quelques articles très drôles et tombe sur une liste des moments les plus affligeants de sa carrière de rédactrice. Et je découvre notamment « les interviews d'auteurs qui se prennent pour Houellebecq ». La jeune journaliste m'a interviewé, lors de la sortie du « Psychopompe ». Je ne pense pas être paranoïaque en prenant le trait pour mon compte ; je sens même une certaine gêne autour de ma lecture.

    Mince alors ! Je donne donc cette image ? Celle d'un type qui « se prend pour » ? Moi qui n'ai accepté le titre d'écrivain qu'après l'édition de mon cinquième ou sixième roman, à plus de quarante ans, et encore : en baissant la voix et le regard. Peut-être ai-je parlé avec trop de sérieux de ce livre-là, peut-être ai-je cru devoir convaincre que c'était « bien », et dans cet exercice, me suis-je montré trop sûr de moi, prétentieux. La prétention, en fait, nous y sommes, petits auteurs, un peu conduits. C'est que l'on nous l'autorise, malgré notre modeste statut. On nous donne la parole, soudain, parce que nous avons écrit. Et nous voici pontifiant, discourant, donnant notre avis, à la demande d'un public qui écoute. Pourtant, nous ne sommes pas plus renseignés du monde que les autres, pas plus subtils, pas plus cultivés mais voilà : nous prenons l'habitude de cette autorité artificielle. J'ai dû semblé tellement sûr de moi...


    Une dure leçon d'humilité en tout cas.

  • Auto tamponnage

    Même s'il s'épouvante ou s'enthousiasme de la vie des autres, le subterfuge est vite éventé : Kronix parle de celui qui l'écrit. C'est sa principale fonction pour son auteur. Le roman et les autres formes d'écriture n'ont pas ce précieux avantage. Elles ne sont pas en prise directe avec soi, elles laissent le temps de la réflexion, du repentir, du polissage. Pas le billet diariste. C'est peut-être pour cela que Kronix a été longtemps en panne. Car d'autre part, j'écris « J'habitais Roanne ». Forme curieuse mêlant histoire, érudition, géographie, littérature et autobiographie, où je me livre plus crûment que dans tout ce que j'ai pu écrire jusqu'ici. Ce livre prend la place que Kronix tenait, en fait. Difficile dès lors d'ajouter à cette manière de confession, celle, quotidienne, du blog. Trouver une piste parallèle.

    Nous aborderons ensemble cette question de l'écriture autobiographique à la Bibliothèque de Saint-Haon-le-Châtel, le 14 mai prochain.

    En attendant, vous pouvez lire le passionnant ouvrage de Jean-Philippe Miraux, sur ce sujet, intitulé assez logiquement et avec la sobriété qui est la marque de cet auteur : "l'autobiographie".