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Ecrire - Page 9

  • 2803

    Je l'annonçais il y a peu, c'est confirmé : mon prochain roman à paraître chez Mnémos permettra de mieux connaître ce qui a amené à la situation géopolitique décrite dans Mausolées et, en même temps, m'offrira l'occasion de clamer haut et fort, malgré les nuages qui s'accumulent sur nos têtes en ce moment, que nous allons nous en sortir. L'humanité relèvera les défis qui lui sont posés. Mausolées était situé dans une période intermédiaire, disons une sorte de Moyen-Âge du futur ; Cénotaphes (nom de code pour cet opus, le titre ne sera pas celui-là), racontera une période de Renaissance. Par contre, en arriver à ce regain prendra un peu de temps, n'est-ce pas, le lecteur ne devra donc pas s'étonner de se voir projeté quatre siècles après la fin de Mausolées.

  • 2801

    L'enfance connaît peut-être sa première blessure devant le spectacle de l'espace infini, et davantage : c'est une menace qu'elle devine, un danger, sa nature adulte de mortel vient de paraître, elle a laissé percer le questionnement et l'inquiétude à travers l'innocence. C'en est fini du petit qui ne concevait le monde que délimité par son regard et la portée de ses mains. Un basculement vient de s'opérer dans sa conscience. Ses grandes frayeurs d'adultes, les blessures narcissiques ou la peur de mourir ne seront désormais que les répliques de cet uppercut initial, ce vertige éprouvé à tenter d'embrasser la notion d'infini sans y parvenir.

     

    Le Promeneur quantique. Extrait. Écriture en cours.

  • 2797

    Que fut la vie de Set-Zubaï, la légendaire compagne de Pavel Adenito Khan ? Qu'est devenue la mémoire du savoir des civilisations passées, comment l'humanité a-t-elle survécu aux bouleversements climatiques, à la stérilité, aux maladies, aux tensions entre des Cités-Etats appauvries et belliqueuses ? Comment la situation a-t-elle évolué depuis le monde décrit dans Mausolées ? Vous le saurez en lisant Ordalies, à la fois suite et prequel du précédent, à paraître en 2018, chez Mnémos ! (et là je m'avance beaucoup, mon éditeur n'est même pas au courant. Ce doit être pour forcer le destin.)

  • 2796

    Le vide est un séducteur morbide. L'espace ouvert sur quoi nous nous penchons, nous donne le pouvoir de regarder la mort à bon compte. Dans le cas d'un gouffre, l'obscurité règne là-dessous, la moisissure gagne en même temps que croît la pénombre, que la nuit et les senteurs corrompues montent de la terre comme s'épuise le jour à pénétrer les tombes. Ou bien, dans le cas d'un point de vue panoramique en terrasse d'un building, est-ce une telle contraction des formes familières (voitures, foule, rues) qu'elles perdent leur sens ou semblent le souvenir de ce qu'elles prétendaient être. En quoi c'est aussi un écho de la mort.

     

    Le Rêveur quantique. Extrait. Écriture en cours.

  • 2795

    Reprise de l'écriture depuis quelques jours. Ce qui explique l'absence de chroniques littéraires aujourd'hui et dans le futur proche, sauf exception. Non pas que je cesse de lire, mais le temps requis pour disséquer, citer, raconter et penser un roman ou un essai est trop conséquent. Je ne peux plus m'y adonner dès lors que je suis sur un chantier d'écriture. Or, j'en ai ouvert trois simultanément. Deux romans et un essai. Aucune boulimie ou dispersion dans cette apparente frénésie. Cette triple ouverture est la conséquence de mon incapacité à choisir lequel de ces thèmes me donnera assez d'élan pour y travailler un an ou plus. Je vais donc les mener de front, allant de l'un à l'autre selon mes envies, mode très agréable, jusqu'à ce que l'un des trois livres m'oblige, m'arrime, exige de moi un intérêt constant. Là, je saurai. En attendant, je pense que Kronix va garder son rythme quotidien, contrairement à ce que je craignais, et fournir régulièrement de ces petites phrases qui amusent ou enjolivent une minute, sans plus de prétention.

    Lecture du moment : Otages intimes, de Jeanne Bennameur.

  • 2791

    Les prochains rendez-vous autour de L'Affaire des Vivants, des Nefs de Pangée et de La Grande Sauvage :

    Tout d'abord, une interview sur Radio Cité Genève, le  mardi 16 février à 18 heures dans le cadre de l'émission "Le Radioliteractif" au micro de Sita Pottacheruva, qui anima le soir du jour de l'enregistrement (vous suivez ?) la première rencontre Lettres-Frontière de l'année. Ce fut un moment très sympathique et j'espère que ça se sentira dans le ton des questions et des réponses.

    Le samedi 27 février, je serai à la librairie Decitre à Saint-Geni-Laval, une rencontre et une séance de signature organisée par ActuSF. Pas moins de 9 auteurs des Indés de l'Imaginaire (ActuSF, Les moutons électriques et Mnémos) seront présents.

     

    Le jeudi 3 mars, je serai à la librairie Les Danaïdes, à Aix-les-Bains, avec Jean-Laurent Del Socorro (auteur de Royaume de vent et de colères).

     

    Le samedi 12 mars, c'est la librairie Decitre Confluence, à Lyon, qui nous invite, Dominique Douay, Stéphane Beauverger, Stéphane Przybylski et moi, à partir de 17h30.

     

    Le vendredi 18 mars à 19h, je serai à Arenthon, invité par l'équipe de la bibliothèque municipale, pour poursuivre le périple amical du circuit Lettres-Frontière.

     

    Le dimanche 20 mars, je serai au Salon du Livre à Paris (sous réserve).

     

    Et enfin,  le jeudi 24 mars à 18h30, à la Bibliothèque de La Part-Dieu (à Lyon, évidemment), n'oubliez pas la deuxième rencontre organisée par l'ARALD sur le thème "La Fabrique de l'écrivain", avec Aurélien Delsaux et ma pomme, dialogue sur les coulisses de l'écriture, animé par Danielle Maurel.

  • 2790

    Et il y a un jour, à force de travailler dessus, où votre roman vous devient odieux. Cela coïncide en général avec le moment où il est publié.

     

     

    (Redite d'un post d'il y a quelques années. Pas de chronique littéraire pour les jours qui viennent. Non pas que je me sois lassé, mais j'essaye de reprendre l'écriture et ça se passe assez mal. Besoin de temps et de liberté. Merci de votre compréhension, les amis).

  • Rencontre Lettres-Frontière

    Amis Genevois ! Ce soir, à 19 heures, la médiathèque municipale Minoteries, à Genève nous reçoit, Xochitl Borel et moi, tous deux heureux lauréats du Prix Lettres-Frontière, pour une rencontre, la première de l'année, animée par Sita Pottacheruva (que j'avais eu le plaisir de découvrir en 2009, pour le Baiser de la Nourrice et qui fait le merveilleux métier de "guide cyclo-littéraire !). Autant d'occasions d'être heureux.

  • 2769

    Chers lecteurs de Kronix. Je ne vous ai pas prévenus parce que j'en fais seulement le constat : Kronix a sournoisement abandonné sa discipline quotidienne. Voyez le nombre de billets ci-dessus et comprenez que je fatigue.

    Cette pause (en tout cas, ce ralentissement dans la fréquence) sera l'occasion de réfléchir à la fonction et à la pertinence d'un blog.

    Merci de votre fidélité et de votre compréhension.

    A bientôt.

  • 2767

    Khan fixait le jeune homme avec une intensité inhabituelle, où se lisait un désir d’adhésion totale. Kargo ne la lui refusa pas. Il promit de continuer l’œuvre, dans la mesure de ses moyens. Il renonça à tricher, à dire : « mais nous n’en sommes pas encore là, tu as de nombreuses années devant toi, tu poursuivras toi-même ce travail, et toi seul… », toutes ces formules qui seraient ridicules à cet instant. Lui revinrent les mots de Jhilat, quelque chose d’étrange à propos des hirondelles et du sens de l’Odyssée. Un propos autour « du sens des choses et du sens des livres… » Khan opina, il connaissait l’histoire : « Je me souviens, oui. À la fin de l’Odyssée, Ulysse, déguisé en mendiant, caché même à sa femme, participe à l’épreuve que Pénélope a imposée à ses prétendants. Il s’agit de bander son arc. Aucun prétendant n’y parvient. Ils font chauffer le bois au feu, ils essayent chacun leur tour, impossible. Il faut être un héros de l’Iliade pour réussir, apparemment. Quand le mendiant propose d’essayer on le moque d’abord, mais finalement on le laisse faire. C’est Ulysse, il a assez de force pour courber le bois à sa volonté et parvient à placer la corde (il mima les gestes). Ainsi fait, pour vérifier la tension de la corde, Ulysse la fait vibrer. Dis-moi, Léo, as-tu déjà entendu le cri d’une hirondelle ? » Kargo rappela qu’elles avaient disparu bien avant sa naissance, et Pavel conclut : « Voilà. La corde de l’arc d’Ulysse répond à la tension en émettant le cri de l’hirondelle, dit Homère. Nous ne savons donc plus, aujourd’hui, quel son faisait la corde de l’arc d’Ulysse. Si les choses qui donnent le sens d’un livre disparaissent, l’une après l’autre, est-ce que ce livre a encore un sens ? Voilà ce qui obsédait Iradj, et qui le rendait insensible à mon amour des livres. »

     

    Extrait de Mausolées. Editions Mnémos, 2013.

  • 2766

    Hier, j'annonçais triomphalement avoir mis un point final à La Grande Sauvage. Précisons qu'il s'agit du point final de la version alpha du roman. Mes manuscrits connaissent en général plusieurs étapes de réécriture qui mènent à une version delta, acceptable pour l'éditeur (avant que celui-ci, éventuellement, propose des aménagements pour le bien du livre). Cependant, la version alpha est une étape décisive (je vous fais rentrer dans la cuisine, ne faites pas attention au désordre, merci), parce qu'elle permet enfin de posséder une vision de toute l'architecture du livre, d'en percevoir à partir de là, les faiblesses, les parties à réduire ou à renforcer, des scènes à supprimer ou à ajouter, des personnages à enrichir. Pour chacune de ces phases, je cisèle le vocabulaire, approfondis les notions qui seraient trop esquissées, ou allège les morceaux trop explicites ou pédagogiques (ce qui est souvent le défaut d'un roman historique). Il y aura aussi le problème particulier des dialogues. Il est impossible de « faire parler » des personnages du XVIIIe dans leur véritable langue. D'abord parce que, malgré la multiplicité des documents, rien n'est sûr et, en tout cas, pas forcément utilisable. Par exemple, nous avons des lettres de soldats, des documents donc, issus du petit peuple, écrivant à leur famille. Lettres farcies de formules propres et de fautes. Mes personnages du peuple pourraient parler de cette manière, mais l'effet serait par trop exotique, semblerait plus factice qu'une forme que je vais élaborer à partir de ce français dégradé. Je ne peux pas non plus multiplier les occurrences du vocabulaire d'époque, parce que les dialogues seraient illisibles. Des choix vont s'opérer, des compromis qui donneront un effet naturaliste, obtenu par des procédés tout-à-fait spécieux et fautifs. Un roman historique n’est pas une machine à remonter le temps. Il faut que l'auteur et le lecteur aient bien conscience de cette impossibilité et des artifices qu'elle implique. Voilà les problèmes auxquels je vais maintenant me consacrer. Je vais aussi travailler sur un glossaire et un appareil de notes que j'espère divertissantes.
    Je voulais par ce billet, vous faire prendre la mesure de la relativité de l'expression « point final » pour un roman.

  • 2765

    Tu vois les mots, là-bas ? Tout là-bas ? « Les femmes ne pouvaient se retenir de le pincer aux joues et de l'embrasser. » ? Eh bien ce sont les premiers du roman. C'est loin, n'est-ce pas ? Et tu vois, là, ce point ? Ce point, ici. C’est le point final. Voilà, c'est fait. J'ai fini La Grande Sauvage.

  • 2762

    Le problème, avec la Révolution française, c'est qu'on croise des personnages de roman à chaque coin de rue (et sur les toits, sur l'eau, dans les champs, derrière le moindre bosquet). Et je n'ai qu'un roman à écrire.

  • 2761

    " Nos amis brouille, brouille, nos parents brouille, brouille brouille, nos bienfaicteurs brouille brouille, nos pères brouille brouille, nos conducteurs brouille brouille, nos maîtres brouille brouille, nos pontifes brouille brouille, nos juges brouille brouille"

    Mme de Laveine. Convulsionnaire. 1736. (Martin fréquente de drôles de gens...)

  • 2759

    Quand le médecin fut parti, l'Architecte les accueillit près de son lit avec soulagement. « Mes amis, j'ai bien cru qu'il me tuerait. Quelle purge ! » Inquiets, ils furent avec lui, Marianne essayant de comprendre ce qui se passait : « Vous avez besoin de quelque chose, monsieur ? » Le bon sourire de l'Architecte était lézardé par la fatigue, mais son caractère demeurait constant : « Ma bonne Marianne, il est plus intéressé par les effets de la dissolution des Facultés, que par mon modeste cas. Laissons les prescriptions de mon fameux médecin et prépare-moi du vin chaud. » Comme Marianne sortait, l'Architecte expliqua à Martin, qu'il jugeait péremptoirement apte à comprendre : « Il paraît qu'à cause de certains décrets votés l'an dernier, toutes les Facultés de Médecine, les Collèges de Chirurgie et de Pharmacie disparaissent, ainsi que l'Académie de Chirurgie et la société Royale de Médecine, et avec elles toutes les sociétés scientifiques. Un drame, je veux bien l'admettre, je tentais de le lui dire, de l'assurer de ma sympathie, mais pas aujourd'hui, demain, une autre fois, pour l'heure je suis malade. Il ne m'a épargné aucun détail, m'a tenu ferme tandis que je sentais faiblir mon pouls, en m'assénant que désormais le public est victime d’individus érigés en maîtres par leur seule opinion, qui distribuent des remèdes au hasard, et compromettent l’existence des citoyens. Et moi, lui ai-je dit enfin, mon existence ? Vous en occuperez-vous ? Je crois que je l'ai offusqué. Il a consenti à me visiter. Il a déduit de son examen plus court que son discours, qu'il s'agissait soit d'un refroidissement, auquel cas il suffit que je me tienne au chaud et alité, ou d'une hydropisie ascite, auquel cas je ne devais m'inquiéter de rien et mourir dans deux jours. Je crois qu'il plaisantait. »

     

    La Grande Sauvage. Extrait. En cours d'écriture.

  • 2758

    La dernière ligne droite sur l'écriture de La Grande Sauvage. Par dernière ligne droite, entendez encore un mois d'écriture, avant de retravailler l'ensemble du manuscrit pour veiller aux équilibres, à la dynamique de l'ensemble, au traitement de chaque aspect, le relief des personnages, etc. Enfin, je discerne la lumière, là-bas. J'approche. Je ne sais trop dans quel état d'esprit j'étais quand j'ai entrepris ce roman. Le projet s'est modifié, entre le moment où j'étais tenté de me gausser de la superficialité de l'ancien régime en racontant la vie de fermiers qui faisaient de la figuration dans le hameau de la Reine, à Versailles, et celui où se sont imposées les notions de fanatisme et de reconstruction, parce qu'une certaine actualité est venue s'immiscer dans le processus.
    Avant d'en avoir fini, j'ai supprimé déjà plusieurs passages, sacrifié quelques personnages qui n'étaient là que pour ma satisfaction personnelle. L'idée est de réduire le volume final. Je voulais écrire un roman court. Ce ne sera pas le cas, hélas. Il dépasse dores et déjà L'Affaire des Vivants, et menaçait de se hisser au niveau du volume des Nefs de Pangée avant que je me décide à cette opération de chirurgie salutaire. Faisant cela, je rêvais d'une version avec bonus, comme les DVD de films en offrent la possibilité. Il y aurait, en appendice, les scènes coupées du roman. Ce n’est guère envisageable. Je me dis que Kronix pourrait avoir cette fonction.
    En tout cas, en mars, quand j'en aurais fini, y compris avec un glossaire que je crois devoir écrire à la suite du roman, comme pour L'Affaire..., je profiterai de mon passage au Salon du Livre de Paris (c’est confirmé), pour livrer mon manuscrit à mon éditeur, avec deux mois d'avance sur mon propre planning et quatre d'avance sur le sien. Ne voyez pas cette annonce auto-satisfaite comme une anecdote : une telle avance signifie que je peux, avec mon éditeur, travailler le texte pour l'améliorer encore, et préparer très en amont sa sortie. L'enjeu est le suivant : ce livre doit me permettre de maintenir mon statut d'écrivain en 2018. Vous imaginez que ce projet m'importe assez pour me sentir tout le courage nécessaire.

  • 2754

    On allait comme ça, entre deux nuits, décalotter les calotins, faire mordre la poussière aux coquins, les phrases que trouvait Huché quand il était inspiré, à marcher dans cet hiver qui nous enfonçait le chapeau dans les épaules, éparpillait nos balles dans le pays à cause de nos mains tremblantes, à reprendre les cris des loups et les cris des corbeaux, nos compagnons de mort et de froid. Je sais bien ce qu'on était, charognards semblables, animaux guère plus, enfin je crois que c'était nous, ce qui restait de nous. Il y avait bien une noble mission, à l'origine, là-bas, au premier de nos pas, il y avait une idée de grandeur et d'élévation quelque part à la source, mais les loups et les corbeaux sont de piètres ouvriers pour accomplir si noble tâche, ils font tout salement, dévorent les proies sans les occire tout à fait, se foutent des plaintes des corps qu'ils déchirent, on se voyait à distance, hardes et hardes, on se reconnaissait, les loups nous auraient jamais attaqués par exemple, je crois qu'ils avaient appris nos uniformes, notre odeur, on devait leur paraître comme des pourvoyeurs, des alliés surgis de l'enfer pour leur faire le cadeau de l'abondance, bien leur tour, après tant d'années de fuite, on leur livrait les entrailles fumantes de leurs chasseurs, on punissait ceux qui les massacraient.

     

    La Grande Sauvage. Extrait. En cours d'écriture. A paraître chez Phébus en 2017.

  • 2752

    Donc, pas de publication majeure cette année. La Grande Sauvage sortira en 2017, Minotaure sera créé au Théâtre de Roanne dans un premier temps, en 2017 également, et Voir Grandir, ce récital de textes mis en chansons par Jérôme Bodon-Clair, ne sera produit qu'en 2017, lui aussi. Du coup, ce sera exagérément chargé. C'est dommage, j'aurais aimé qu'au moins un de ces axes de création trouve un aboutissement cette année, puisque de mon côté, tout est écrit. C'est ainsi ; on ne décide pas tout.
    En attendant, côté publication, ce sera très calme disais-je ; il y aura tout de même un joli recueil sur l'utopie, édité par les excellents Moutons électriques. J'en reparlerai avant sa sortie.
    C'est surtout grâce aux rencontres consécutives au coup de cœur Lettres-frontière pour l'Affaire des Vivants, que mon emploi du temps va se remplir. Je serai :
    le 26 janvier à la Médiathèque de Genève-Minoteries,
    le 4 février à la Médiathèque d'Annemasse,
    le 3 mars à la Médiathèque de Saint-Cergues,
    Les 12 et 13 mars pour un salon du livre à Villefranche-sur-Saône,
    le 18 mars à la Médiathèque d'Allonzier-la-Caille,
    (et/ou normalement : au Salon du Livre de Paris sur le stand des Indés de l'imaginaire)
    le 24 mars, à la Médiathèque de La Part-Dieu (Lyon), pour évoquer avec Aurélien Delsaux notre travail sur les romans en cours. Nous sommes tous deux bénéficiaires de bourses d'écriture de la DRAC et c’est à ce titre que nous nous exprimerons. Débat organisé par l'ARALD et animé par Danielle Maurel (qu'on aime),
    le 1er avril (oui) à la Médiathèque d'Arenthon,
    les 7/8 et 14/15 avril, je serai à Paris par procuration, sur la scène du Théâtre du Point-du-Jour, pour une série de représentations de Pasiphaé,
    le 9 avril, à la Médiathèque de Mégevette,
    le 30 avril, à la Médiathèque de Thonon,
    le 19 mai, à la Médiathèque de Saint-Etienne (je ne sais plus laquelle, je préciserai en temps utile),
    le 27 mai, à la Médiathèque des Houches,
    les 3 et 4 juin, pour la traditionnelle carte blanche organisée par la Médiathèque de Gilly-sur-Isère. J'aurai le plaisir et l'honneur de recevoir et de présenter Christian Degoutte et Emmanuel Merle, des auteurs qui, des auteurs que... pour qui il faudra que je trouve les mots, voilà,
    le 11 juin, à la Médiathèque de Saint-Haon-le-Châtel, pour une petite « causerie » autour de 10 œuvres choisies dans le domaine des arts plastiques.
    C'est tout pour l'instant.

  • 2725

    Ces réflexions qui cherchaient un chemin vers le jour avaient momentanément altéré le sourire de Martin, l'avaient métamorphosé en ce rictus que Marianne n'aimait pas observer. Elle glissa la paume de sa main sur son visage : « Martin, mon Martin, dis-moi si tu es en colère. Dis-moi. » Il n'était pas en colère. Était-il en colère ? Il dit : « Je ne suis pas en colère » tout en interrogeant le sens de ce mot, et il fut effrayé – mais vraiment : il connut un instant de panique – de trouver un abîme devant ses réflexions. Ce mot avait perdu sons sens et – ce qui augmenta sa frayeur d'une façon irrationnelle – d'autres à sa suite semblaient se précipiter dans le gouffre ouvert de sa pensée, s'y précipiter avec une espèce de joie dans la perdition. Il répéta Je ne suis pas en colère avec une voix d'enfant, un grincement apeuré détaché de lui, si étrange que Marianne en eut un frisson : « Martin ? dit-elle, inquiète, dis-moi ce qui ne va pas. » Martin planta ses yeux dans les siens, prononça avec naturel : « Ça va, je vais bien. On va manger, non ? » tandis qu'une autre voix, brusque, accidentée, pleine de caillots et de glaires, de cris et de tourbe et de racines déchirées et de ciel tombé, d'odeur de poudre et de stupeur, hurlait en lui : « Si tu savais, Marianne, si tu savais... »

     

    La Grande Sauvage. Extrait. Roman en cours d'écriture.

  • 2713

    Je suis surpris de la bonne volonté de ceux qui, pendant la Terreur, grimpaient sans faire d'histoires sur l'échafaud. Hors Mme du Barry qui renâcla, tous les autres, et vas-y, pousse-toi, tu montreras ma tête, moi d'abord, après vous, Hop, Tchac, suivant, c'est mon tour, dans l'ordre et la discipline, on n'est pas là pour traîner, etc. Je me demande si, vu le nombre quotidien d'exécutions, il ne se créait pas une sorte d'esprit d'équipe parmi les condamnés et que les charretées ne finissaient pas par ressembler à des départs de collège en bus.