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rencontres avec des gens biens - Page 23

  • Joyeusement

    Hier soir, je recevais quelques images de ce que l'artiste Winfried Veit a réalisé pour illustrer La Joyeuse, une nouvelle en passe d'être publiée par les éditions Le Réalgar, à Saint-Etienne. Sollicité par son galeriste, Daniel Damart, l'artiste a entrepris une production énorme, 70 dessins et croquis, pour s'emparer du sujet. Le résultat est magnifique. Il y avait, dans cette histoire venue des origines de la civilisation (La Joyeuse est inspirée d'un passage de L'épopée de Gilgamesh, le plus vieux texte du monde), quelque chose de terrien, de tellurique, de biblique, et chaque fois que Winfried fouille cette glaise, découvre les corps comme des racines tout engobées de tourbe, je retrouve ce que m'inspire ce récit des origines. Il y a des encres, des dessins assourdis de noir, texturés de traits, des lavis qui embrument les corps. Une variété de techniques qui contribue à magnifier l'onirisme, à évoquer le fruste, le primitif, le nocturne, à donner l'effet d'une réminiscence. J'assiste, émerveillé, à l'équation du texte et du dessin. Dans La Joyeuse, mais aussi dans le mythe original, il y a cette idée que l'amour physique civilise (alors que dans notre pensée judéo-chrétienne, le sexe est supposé abêtir, abaisser au rang de l'animal). Les images que Winfried Veit a réalisées travaillent ce sentiment d'une élévation tirée de la terre, fait le portrait d'une créature « à la chair de météore » élevée au rang d'homme qui parle et pense. C’est le récit d'une humanisation aidée par les bons soins d'une courtisane. Ce matin, un nouvel arrivage de dessins me parvenait. Un régal, à nouveau, la confirmation que le choix du galeriste était le bon. Il fallait de la puissance, de l'humanité. Winfried Veit a su relever ce défi.
    Des images ? Patience...

  • Dans le détail

    - La chatte vomit du sang
    - Ah bon ?
    - Hier, elle vomissait ses croquettes, mais là, c’est un mélange de glaires et de sang. Beaucoup de sang.
    - Ah.
    - Ce n’est pas le vomi habituel. Quand c’est du vomi normal, la chienne bouffe le vomi de la chatte. Là, non.
    - Chérie ?
    - Oui ?
    - Est-ce qu'on peut en parler après le repas s'il te plaît ?

  • Nolife TV parle de Mausolées

    Mausolées fait son bonhomme de chemin, comme me l'avait prédit mon éditeur. On reste encore dans la sphère Geek et férus de littérature de l'imaginaire, mais j'aime bien le peu que disent les chroniqueurs de cette émission de Nolife TV. C'est à partir de la septième minute (non pas que ce qui précède ou suit ne soit pas intéressant, mais bon, je suis chez moi).

  • L'expérience du texte

    Plus de livres. Bon, dommage. Des textes numériques mis en réseau, très bien. Des échanges à leur propos, des commentaires communs ou pointus, pourquoi pas ? Mais il faudra bien assouvir le besoin de l'expérience collective, du partage direct du ressenti.
    Après tout, le théâtre est peut-être le médium le mieux placé pour poursuivre la geste littéraire.

    En tout cas, ma prochaine pièce, Pasiphaé, sera jouée en janvier 2015 au théâtre de Roanne (scène régionale).

  • ALIROULU saison 2

    Pour commencer la nouvelle saison de Aliroulu, un hors-série (il y en aura d'autres), spécial Proust. Avec François Podetti qui raconte, lit, explore un des nombreux moments de grâce de "A l'ombre des jeunes filles en fleurs". Réalisation Yohann Subrin.

  • Tradition

    2013 aura été une année médiane, intermédiaire. Elle a concrétisé la publication de Mausolées (signée dès 2012) et augure de plusieurs publications en 2014 (deux livres dès le premier trimestre : Lucifer Elegie chez Sang d'encre et La Joyeuse au Réalgar), la représentation de la pièce Pasiphaé en septembre (écrite en 2011) et la publication de L'Affaire des Vivants chez Phébus, à la rentrée de septembre 2014 (signée là aussi dès 2012). Une année qui, sans la Médiathèque de Gilly, aurait un peu manqué de relief littéraire, donc. Gilly, souvenez-vous fidèles lecteurs : il s'agissait d'une carte blanche à laquelle Laurent Cachard nous fit le plaisir de participer et, en plus, pour laquelle il imagina une petite production bicéphale intitulée Réversibilités. L'occasion de réaliser qu'il vaut mieux éviter d'organiser des rencontres le samedi soir en juin (beaucoup de propositions concurrentes), et que je ne suis décidément pas un bon interviewer. C'est l'année, pour prolonger le cas Cachard, de la sortie de son dernier opus La troisième jouissance du Gros Robert, et l'année où j'eus enfin l'occasion de l'écouter lire, accompagné de ses amis musiciens. Et d'entendre les premières lignes de son futur grand roman.
    Autrement, moi, et bien, j'ai continué d'écrire. Un inédit à propos d'un ami de plus de trente ans, un texte à conserver dans le secret, et pour ma douce, des mots de tendresse et de compassion, qui figureront dans le recueil de Sang d'encre, à paraître en janvier, me dit-on. Et puis des romans. Oui : des, parce que je ne sais faire que ça. Je ne résisterai pas à l'envie de vous en donner quelques extraits, en cours d'année. Je me connais.

  • Se rappeler du titre

    Une nouvelle calamité sur calamités quotidiennes ? Pas vraiment, en tout cas, mieux vaut ne pas lui en faire le reproche.

  • Mausolées en Psychovision

    Sous la plume d'un certain Stegg, une nouvelle critique de Mausolées. A lire ici. Bon, le gars s'est un peu emmêlé les pinceaux sur les règles du jeu du Palais des fous, mais vu la complexité du machin, je ne saurais lui en tenir grief; et son analyse est intéressante. Je ne sais pas qui c'est, mais merci à lui.

  • Mausolées vu par Cachard

    C'est travaillé, ça, monsieur, c'est du Cachard, oui, j'ai de la chance, hein ?

    A lire sur son blog, sa critique de Mausolées.

  • Le vent qui ne se lève pas (encore)

    Dans le car qui me ramène à la maison, les conversations de très jeunes adultes. Elle et lui sont assis comme toujours côte à côte. En général, ils parlent musique et sorties. Ce soir, on dirait qu'elle boude. Peut-être pour écarter le malaise qui s'installe, le garçon est plus volubile qu'à l'accoutumée, il parle de sa journée, raconte des choses sans grand intérêt. Dans un silence, la fille place : « Sinon moi, ça va, j'avais mon rendez-vous à l'ANPE, je me suis bien fait pourrir, merci de prendre des nouvelles. » Je ne le vois pas, mais j'imagine le garçon se mordant les lèvres. « Ah oui, et comment ça s'est passé au fait ? » « Ça t'intéresse pas de toute façon, tu t'en souvenais même pas. » Il grogne, se défend, ne s'excuse pas par orgueil mais on sent le type embarrassé de sa gaffe. Ils sont un moment silencieux, puis il insiste et elle finit par raconter. « Il a vu que j'étais au chômage depuis plus de trois mois, il m'a dit qu'il fallait que je me bouge. Je lui ai dit que, oui, je me bougeais, que je cherchais. Il m'a demandée où j'avais cherché, si j'avais demandé à telle boîte, là ou là, j'ai dit oui, mais que j'avais pas de réponses. Il m'a dit « Mais vous savez, il faut pas rechigner, prendre tout ce qui passe, pas hésiter » j'ai dit faut pas croire, je rechigne pas (le garçon râle : qu'est-ce qu'y croit, lui ?), j'ai dit je cherche hein, je prendrais ce qui se trouve, mais y'a rien. Il m'a énervée, comme si je voulais pas bosser. Et puis il me fait la leçon comme quoi il faut bien présenter, bien s'habiller, être poli. Je lui ai dit que je savais (le garçon répète « qu'est-ce qu'y croit ? ») Que j'étais polie, que je parlais correctement pour me présenter, pour faire bonne impression, tout ça. » j'écoute et je suis bouleversé par cette jeune fille que j'imagine se débattant avec les difficultés de son milieu, obligée de s'excuser devant un type bien installé, de ne pas trouver assez vite du travail, dans une région où la pauvreté est galopante, où le chômage grimpe à 13%. J'ai honte de cette société qu'on leur a fabriquée, qui non seulement exclut, mais culpabilise ceux qu'elle exclut. Je les trouve bien gentils, bien patients, ces jeunes, qui devraient foutre le feu partout, une fois pour toutes.

  • En tapinois

    La loi ne punit pas encore les clients des librairies. Vous pouvez entrer à visage découvert, exiger de l'auteur présent la dédicace la plus vicieuse, la plus perverse, personne ne vous en tiendra rigueur.
    Je traîne du côté de chez Mayol, rue Charles de Gaulle à Roanne, aujourd'hui à partir de 15 heures. Ma spécialité : la langue.

  • Pince-moi

    Interview pour l'hebdo local qui avait censuré "J'habitais Roanne" lors de sa sortie. Non ? Si ! J'ai accepté, parce que la journaliste était gentille et sincèrement intéressée, et que j'y voyais le moyen de glisser ceci :
    "Il y a peu, j'étais censuré par ce journal pour avoir contesté un propos selon lequel on doit servir aux lecteurs ce qu'ils sont censés désirer lire. Le fait qu'on me laisse m'exprimer librement ici aujourd'hui est peut-être le signe que, finalement, comme dans mon roman, certains s'interrogent, comprennent qu'il y a de la place pour les idées abstraites, et qu'elles ne sont pas nécessairement des « prises de tête » d'intello."

    A votre avis ? ça va rester ? (oui, peut-être après tout, mais alors avec un commentaire assassin, j'imagine. Mais ça m'étonnerait)

    Ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c'est que la direction, en suspendant un boycott qui aura duré deux ans, estime donc que je n'ai pas eu vraiment tort de moquer les saillies affligeantes d'un de ses journalistes, ou alors faut-il en conclure que la solidarité dans la rédaction est périssable, sinon, pourquoi me contacter ? Personnellement, je n'ai rien demandé et je me fiche pas mal d'apparaître dans cet hebdo.

    Je vous tiens au courant (d'autant plus qu'une bonne âme va sans doute les alerter sur l'existence de ce petit mot). Ah oui : contrairement à eux, s'ils ont quelque chose à dire, l'espace de mon blog leur est ouvert.

    Une hypothèse de dernière minute : le journal a été racheté par un titre auvergnat. La direction de là-bas a peut-être fait taire les réticences du responsable roannais. Ce qui signifierait que la rédaction locale n'a plus vraiment son mot à dire. Si c'est le cas, je ne suis pas sûr de devoir m'en réjouir.

  • Un des aspects de l'absence

    Un envoi de mail groupé et voilà : il y a cette adresse que plus personne n'ira visiter. Alors, avec des remords énormes, m'interrogeant simultanément sur la trahison que, peut-être, le geste recèle, je la supprime.

  • Léo the last (lecteur)

    On pourra parler de tout ça ce soir, à partir de 19h30, à la Médiathèque de Charlieu :

    "La raison de Kargo vacilla doucement. Il eut la conviction que la bibliothèque avait un sens. Du moins ne pouvait-il l’exprimer d’une autre manière. Il discernait à travers les ouvrages présents, leur nombre, leur agencement, leur titre, leur contenu, une logique préexistante. Une cohérence qui ne devait rien à ses propriétaires, mais que la bibliothèque s’était donnée à elle-même, comme un organisme qui fonctionne selon sa propre nature. Pour Kargo, toutes les interrogations qui lui venaient au sujet de la bibliothèque devaient trouver une réponse par l’existence même de l’ensemble. Les œuvres se questionnaient entre elles, interagissaient selon des schémas qui lui échappaient encore mais qu’il saurait découvrir. Cette manière d’appréhender ce lieu comme une entité vivante, capable de dire quelque chose, lui dicta la lecture de la totalité des ouvrages. Il posa comme principe de commencer cet énorme labeur par le déchiffrement des livres les plus anciens. Tout y passa : antiphonaires, psautiers, cartulaires, almanachs, bréviaires, portulans, obituaires, terriers et rituels ; palimpsestes et incunables, rotules et volumens, en latin ou en grec, puis les romans, les encyclopédies. Sa lecture obsessionnelle s’emballa. À chaque ligne, à chaque mot, il s’agaçait, certain que tout lui était révélé déjà, mais qu’un aveuglement incompréhensible lui masquait une vérité sous-jacente, facilement accessible. Page après page, il s’obstinait dans l’idée que le voile se déchirait lentement, qu’au prochain paragraphe tout deviendrait clair et limpide. Il riait parfois de s’imaginer, dans les secondes prochaines, étonné par la simplicité du secret découvert. Il lisait, il lisait, il lisait, convaincu que le sens de la bibliothèque tomberait à la lecture d’un mot. D’un seul mot. Celui qui était là, dont il percevait la silhouette, au bout de la ligne, ou juste à côté de ce point. Il oublia de manger et ne dormait plus.
    De vagues esprits venaient lui parler, et c’était comme une farandole de jappements indistincts et négligeables. Respirer, respirer encore, les fantômes échangent des sourires. Qu’est-ce qu’un monde peuplé d’esprits, sans enfants, et dont la mémoire disparaît ? L’espace vibrait autour d’écrits remarquables noués dans la chair du papier. Apocalypse ! Apocalypse ! hurlait-il parfois, quand la révélation lui semblait imminente. Les yeux étourdis de l’entrelacs des lettres, il n’entendait pas les échos brumeux d’appels têtus. Autour des livres, il n’y eut bientôt plus qu’un néant. Il finit, dans l’exercice constant et incessant de la lecture, par s’oublier lui-même. Dans la nuit qui l’entourait, un fantôme obstiné lui toucha le bras, et l’appela, d’un nom qu’il connaissait.

    Il tomba d’épuisement."

     

    Extrait de Mausolées.

  • Critique et interview - Mausolées

    Le site ACTUSF est spécialisé, comme son nom l'indique, dans l'actualité de la Science-Fiction. J'ai eu le plaisir de répondre à quelques questions de l'auteur d'une critique de mon livre, Tony Sanchez. La critique et l'interview sont à lire ici :

    L'interview.

     

    La critique.

  • Prescrire

    Je suis son antidépresseur, son anxiolytique, son somnifère et son excitant,. Mais il y a des effets secondaires. L'accoutumance notamment.

  • Autour de Venise

    Jeudi 28 novembre à 18 heures, le musée de Roanne accueille deux lecteurs de l'association Demain dès l'aube. Jean Mathieu et moi-même liront des extraits de Le Voyage du Condottiere d'André Suarés et d'Albertine disparue, de Marcel Proust. Une heure de lecture qui sera précédée d'une visite guidée de l'exposition « Venise au XIXe siècle » par le conservateur du Musée.
    L'entrée est de 5,50 euros.

  • Bravo l'altruiste

    J’ai cru en la tolérance, mais je me demande à présent si l’indulgence n’est pas une vertu plus haute, moins rigoriste ou doctrinaire que la tolérance. J’ai souvent remarqué de l’intolérance tout près de la tolérance, voire accouplée à elle, comme une face et son revers. Soyons simplement indulgents. Nous ne sommes pas là pour si longtemps, et sûrement pas meilleurs que les autres.

  • Mausolées dans son jus

    Demain et dimanche, à Roanne, les Gardiens de la Science-Fiction reprennent le flambeau de l'ancien festival de l'imaginaire. Ils me font l'honneur de m'inviter pour cette deuxième édition, avec les auteurs de BD locaux (mais de belle renommée) : les Griffon, Biesse ou Paire. Nous serons tous au coude à coude sur le stand de la librairie Nebular Store, excellente enseigne où se nichent Comics, BD, Mangas et Manwas, et exceptionnellement un peu de littérature textuelle, comme Mausolées. Dans cet environnement, je ne peux faire autrement qu'exécuter un petit dessin sur la page de garde. Les copains dessineux seront indulgents. Et puis l'âge... Ils ont du respect pour les ancêtres.

    Samedi 14h-18h, à l'Espace Congrès (derrière l'Hôtel de Ville)
    Dimanche 10h-18h (au même endroit, évidemment)
    C’est facile à trouver, suivez la foule qui se rend au salon du mariage (également à l'Espace Congrès) et bifurquez juste à temps sur la droite. Vous êtes en sécurité, tout va bien.