L'équipe de l'émission "des jours avec et des jours sans" s'est rendue chez Laurent Cachard. Et c'est désopilant. Une fois n'est pas coutume, je m'autorise à vous renvoyer chez lui, direct. C'est ICI. Et ne croyez pas que c'est pour éviter d'écrire un billet. La preuve : qu'est-ce que je viens de faire, hein ?
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Et pendant ce temps, chez les voisins
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0,1 %
Mnémos est un des rares éditeurs de littérature de l'imaginaire à permettre à de nouveaux auteurs français de publier dans ce genre, généralement dominé par la culture anglo-saxonne. C'est risqué, c’est compliqué, c'est courageux. Les éditions Mnémos reçoivent chaque année environ 2000 manuscrits de langue française. Vous avez bien lu : 2000. Travail titanesque de sélection. Bien sûr, on s'en doute, plus de la moitié de ces fichiers (l'éditeur propose l'envoi par mail, ce qui est fort commode), est éliminé à la lecture de la première page ou de la note d'intention style « J'ai 15 ans et je suis fan du Seigneur des Anneaux que jai fai dans se roman un homage ». Il en reste cependant environ 1000. Pour ceux-là, un sondage plus consciencieux permet de faire un nouveau tri : thème rebattu, absence de style, dynamique de l'écriture. Un professionnel a vite fait de repérer s'il a à faire à un écrivain ou pas (l'éditeur d'ailleurs éliminera également les manuscrits d'auteurs paranoïaques assortis de l'avertissement : « Ce texte est protégé sous les N°s --- et --- de la SACD, ne vous avisez pas de le publier sans mon accord ou même de reprendre les idées qui y sont car je n'hésiterai pas à vous intenter un procès. » Il en reste donc encore 500 qu'une équipe d'une dizaine de lecteurs bénévoles vont se partager et pour lesquels une fiche de lecture argumentée est demandée. Là-dessus, les derniers choix sont effectués. Cette année, Mnémos publie deux nouveaux auteurs français dans ce genre de littérature. Si vous m'avez suivi jusque là, vous conclurez que Mausolées avait 0,1 % de chance d'émerger de la masse. Un survivant.
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On connaît la chanson
Trois jours épatants. Pendant lesquels Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti ont répété les chansons de la prochaine pièce de la NU compagnie : Pasiphaé. Aux manettes, Jérôme Bodon-Clair, jovial, enthousiaste, précis, corrigeant une intention, un souffle. Et grâce à cette exigence de tous, des progrès tangibles au terme de cette courte période. Des ajustements de texte aussi, normal, et même une chanson supplémentaire. Lundi après-midi : découverte un peu contrite que Dédale n'a pas « sa » chanson. Mardi matin, écriture du texte sur un coin de table (mais vraiment un coin de table) ; mercredi matin, création de la mélodie par Jérôme et enregistrement de la musique. Le pire, c’est que le résultat est bon. On est vraiment des bêtes.
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Infidèles
Je sais que, parfois, vous m'êtes infidèles. C’est normal, pas de culpabilité je vous en prie. Vous allez en lire d'autres, je sais. Moi, même Chevillard parfois, me lasse. Et puis je reviens. Je comprends donc parfaitement que vous ne veniez pas chaque jour ici pour lire mes élucubrations, pas toujours fines il faut bien le dire. C’est la raison du rythme quotidien de Kronix, d'ailleurs : car je me veux fidèle envers vous. Je suis la Pénélope du web (comme d'autres, hein), je vous attends, je patiente. Chaque jour je prépare votre couche, fais le ménage, dispose un bouquet de fleurs sur le guéridon et aère les pièces, pour le cas où, soudainement, vous réapparaîtriez sur le seuil. Allez, allez en voir d'autres, va ! Je ne vous hais point. Non non, ne culpabilisez pas, surtout pas, moi je suis là, je vous attends. Voilà voilà.
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L'aventurier
Pendant que vous lisez ce billet, je suis à Paris, magie de la programmation anticipée qui nous rend ubiquistes. Que fais-tu dans la vieille capitale, Ô provincial égaré ? Je vais rencontrer mon futur éditeur, peut-être aussi mon éditeur actuel avec ma correctrice (voir si le portrait que je me suis fait d'elle en guêpière et fouet correspond), retrouver quelques ami(e)s et tenter d'assister aux répétitions des parties musicales de Pasiphaé. Cependant je laisse ma douce, partagée entre le bonheur de me savoir aux prises avec ma passion et son angoisse de me voir emprunter des moyens de transport aussi dangereux que le train, le métro, peut-être même le bus ou le vélib' ! C’est sûrement prétentieux, mais je promets, moi, de faire attention aux camionnettes de blanchisseurs.
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Quartier lointain
Un Christian lointain. C’est une bonne définition. Celle d'un ami à la lecture de Mausolées. Un ami de 30 ans, et qui avait donc lu l'ancienne version. L'auteur de ce roman est un Christian lointain, en effet, pas encore moi, mais déjà mobilisé par les mêmes thèmes, incessamment retravaillés depuis. Dans Mausolées, il y a des dialogues, procédé que je n'emploie plus ou très peu, il y a des scènes d'un mauvais goût absolu, de l'action, du sexe, c’est un film à grand spectacle. La littérature, là-dedans ? Je crois que je l'ai inoculée tardivement, lors de la réécriture. Ce n'était pas franchement mal écrit, mais je n'avais pas la même exigence. J'ai tenté d'élever l'ensemble, en m'appuyant sur les bonnes choses de l'existant (il y en avait). Au total, plus que pour n'importe quel autre livre, je suis inquiet et impatient des premiers retours de lecteurs. Il me faut donc des lecteurs (qu'il est malin) et donc, les lyonnais pourront se laisser convaincre de débourser 20 euros pour acquérir Mausolées en venant à ma rencontre demain après-midi (dimanche) à la MJC Montplaisir, 25 rue des frères Lumière, dans le 8e arrondissement, métro Sans Soucis. c’est dans le cadre des Intergalactiques. Je serai sur le stand des éditions Mnémos (ou sur celui de la librairie Omerveilles, je ne suis pas sûr d'avoir compris).
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Vu par
Que ma relation de la soirée Littérature et musique par Laurent Cachard et ses complices au Réalgar ne vous retienne pas de lire celle de l'intéressé, sur son blog, ici. Et puis moi, ça me fait un billet sans effort et c'est toujours ça de pris.
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Frédéric Weil, interviewé par Rue89-Lyon
Mon éditeur (en tout cas, celui de mon dernier roman, Mausolées), interviewé récemment, c'est à lire ICI. Frédéric Weil, je l'ai enfin rencontré à Ambierle, il y a quelques semaines. Les impressions des contacts précédents, par téléphone ou mail, ont été confirmées alors. Amical, chaleureux, enthousiaste. Le portrait de Rue89 lui rend tout à fait justice, je trouve.
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Que d'émotions
Daniel Damart est un jeune homme de 51 ans. Pour qui l'ignorait, Laurent et ses complices se chargent de le faire savoir, cadeau d'anniversaire à l'appui. Et voici le quatuor lancé dans un interprétation métaphysique de Poussin Piou. Œuvre symbolique du XXIe siècle naissant, anti-romantique et post-humaniste, martelant son phrasé régressif dans les oreilles des oisifs en sueur sur les pistes de danse de la perdition. Laurent prononce l'antienne avec une neutralité grand style et les musiciens tentent d'élever leur art à la hauteur de la virtuosité de cette pièce magistrale, écrite pour la postérité. Nos enfants ont bien de la chance, qui hériteront d'un tel manifeste. Après les applaudissements de circonstance, il est temps de revenir à des choses moins graves, moins solennelles, plus distrayantes bien sûr, mais on n'est pas en vie pour se prendre inconsidérément la tête, et le spectacle littérature et musique reprend.
Tandis que Laurent distille des extraits de Ciao Bella (une nouvelle de son dernier recueil, dont la fin provoque, selon le lecteur, attendrissement ou colère), et de Tébessa 1956 (moment particulièrement émouvant), dans la ville, un couple anonyme sort du restaurant, les enfants sont repus et fatigués, tout le monde est heureux de retrouver la voiture. « C'est la vie, c'est écrit » chante Eric Hostettler. Après le passage bouleversant de Tébessa, premier roman de Laurent, les musiciens concluent la représentation par L'Embuscade. Je crois que nous sommes tous profondément remués. Personnellement, les premières minutes qui suivent, dans le brouhaha et les déplacements des invités, je ne peux émettre et répéter qu'un stupide « Que d'émotions », seule expression qui me vienne, capable d'exprimer ce que je ressens. Heureusement, d'autres ont plus de vocabulaire que moi, Daniel, les amis et parents venus de Lyon soutenir l'auteur, Fabienne Bergery (auteure qui il y a peu, lut ses textes courts et inédits sur la scène du cabaret poétique), que je découvre « en vrai » et qui a la gentillesse de me demander mes projets. La pauvre. Après vingt minutes d'énumération, je propose qu'on boive un verre parce que ça suffit comme ça. Je félicite les musiciens (c'est le truc le plus nécessaire et le plus débile, féliciter ceux qui nous ont donné tellement de bonheur, on ne sait jamais quoi dire, en général, ils sont entre eux, discutent boulot, on arrive comme des intrus : « Que d'émotions, merci. » voilà c’est fait, je suis définitivement un gros bouseux qui passe). J'avise Clara, la violoncelliste, la félicite pour la maîtrise avec laquelle elle joue de son « gros violon », mon humour tombe complètement à plat, il vaut mieux que je prenne un deuxième verre, et un morceau de tarte aux pralines apportée par l'adorable sœur de Laurent. Je ne fais pas connaissance avec la compagne de Laurent, dont je ne capte qu'un sourire (il avait qu'à nous présenter correctement, aussi), j'échange quelques mots émus avec madame Cachard, maman de l'auteur, je découvre le travail d'une artiste argentine et l'artiste elle-même, je me fais dédicacer un exemplaire de Valse, Claudel, par Laurent Cachard bien sûr et simultanément par David Foenkinos (mais oui ! C’est incompréhensible mais j'ai bel et bien un ouvrage dédicacé du parrain de la fête du livre, quelques mots inscrits directement sous la signature de Cachard : « je m'ai bien régaler », agrémenté d'une petite fleur.) Il est temps de prendre la route du retour. Je remercie Laurent, je remercie Daniel, je remercie tout le monde, que d'émotions, mais oui mais oui, on lui dira, je sors. La nuit est douce. Tout imbibé de musique et de mots, je dépasse les limites de Saint-Etienne, m'engage sur la voie expresse qui me conduira jusqu'aux bras de ma douce. Devant moi, à quelques kilomètres, je ne le sais pas encore, mais un couple anonyme avec ses enfants vient de croiser un vieillard qui a pris l'autoroute à contre-sens.
Après une heure et demie bloqué dans la voiture, quand je croiserai enfin les lieux de l'accident, au milieu des gyrophares et des carcasses défoncées, j'aurai en tête le refrain entonné par Hostettler, « c’est la vie, c’est écrit ». Je ne sais pas, si je n'avais pas assommé Fabienne de mes projets pendant vingt minutes, ma douce ne m'aurait peut-être jamais retrouvé.
Que d'émotions. -
Soirée cadeaux au Réalgar (suite du billet d'hier)
Entourés des peintures et estampes de Mourotte, nous sommes une trentaine de personnes, pieds de chaise enfoncés dans le beau gravier blanc qui tapisse le sol de la galerie. Les toiles exposées sont de puissantes compositions qui mêlent corps drapés et draps musculeux, villes organiques, concrétions, cristallisations, confrontent et articulent des intérieurs et des extérieurs, des réseaux et des fibres qui hésitent entre nature animale et végétale, entre scarifications et écorces, rides des rivières et plis de peaux. Face à nous, instruments et micros sont disposés sur une scène improvisée. Laurent a pris place le premier. Il présente le programme et, donc, nous fait le premier cadeau de la soirée.
L'un des projets d'écriture de Cachard, défi énorme, est le récit de la vie d'une jeune fille au cœur de la révolution russe. Elle se nomme Aurélia Kreit, et le fait qu'elle n'a jamais existé n'importe pas. Laurent décrit les circonstances de sa création puis lève une feuille imprimée devant lui. Mon cœur bondit : depuis le temps que j'attends ce moment. Difficile d'exprimer ce que je ressens, alors. Comme si ce cadeau était d'abord tourné vers moi. L'écriture de son vaste roman russe est donc lancée et nous, spectateurs du Réalgar ce 19 octobre 2013, sommes les premiers témoins que, cette-fois, il y est et que, désormais, même si ça doit lui prendre « 25 vies », il prend l'engagement moral de venir à bout de son histoire. Une page lue impeccablement, un phrasé proustien qui décrit le départ de la famille Kreit, enveloppe sensations et description dans le même flux, des détails qu'on ne retient pas à l'écoute, mais qui augurent d'une richesse et d'une dynamique à la hauteur de l'enjeu. Si tout le roman est de cette eau-là, Aurélia Kreit sera une expérience littéraire marquante. Première émotion d'une soirée qui en comptera tant (et j'écris comme une brouette aujourd'hui, décidément).
Quelque part, dans la rue, un couple anonyme et ses enfants, chargés de livres, passent. Ils sont en quête d'un endroit où manger. Ils n'ont pas encore repris la route. A l'intérieur, Laurent invite son vieux complice Eric Hostettler à le rejoindre. Eric empoigne sa guitare et chante un extrait de son premier album solo, une chanson écrite par Laurent, Faire l'hélicoptère. Laurent Cachard est une sorte d'aimant qui attire d'abord la fidélité de ses amis proches puis, dans un mouvement naturel, comme gravitaire, celle des enfants de ses amis. « Face à l'école du profit, celle de l'amitié et de la famille ». Les projets font un lien fort, une marche commune. Pauline, fille d'Eric, a rejoint le casting de la comédie musicale lycéenne Trop pas ! et interprète comme une pro, L'Ecole buissonnière. Ainsi, Gérard Védèche, musicien, arrangeur, est venu avec sa nièce Clara, violoncelliste. Un plus évident dans le registre des thèmes abordés par l'auteur, mis en musique par Eric. Les accents de l'instrument pénètrent le cœur, soulignent l'émotion des lectures que Laurent enchaîne. La formation complète prolonge l'univers de La Partie de Cache-Cache par la superbe chanson Au dessus des eaux et des plaines. Puis Quantifier l'amour fait suite à la lecture d'un extrait du dernier recueil de Cachard La troisième jouissance du Gros Robert et ainsi pour Le Poignet d'Alain Larrouquis ; chaque livre se voit attacher une couleur musicale, dressant un inventaire conjoint des domaines explorés par l'écrivain. L'écoute de ce spectacle très au point (malgré l'impréparation dont s'accuse l'auteur, élégamment) confirme une double cohérence : celle de l'univers littéraire de Laurent Cachard et celle de l'univers musical du compositeur Hostettler.
C'est le moment que choisit Laurent pour suspendre le fil de la représentation et faire un nouveau cadeau.
La suite demain. -
Début de soirée
D'abord, il s'est agi de franchir un rempart de foule agglomérée. Dans les remugles de la promiscuité, le visiteur égaré pouvait soudain saisir la raison de cet encombrement. Une vieille tête connue. Michel Drucker, je crois, dédicaçait un livre, son livre dit-on sans rire, un objet de papier avec des signes imprimés dessus, tout à fait convenable je suppose pour toute personne qui ne lit pas mais veut serrer la paluche d'une icône de la télé, ou seulement la voir. Mon objectif étant de retrouver Laurent Cachard, je hurlai au dessus du public compacté : « Je ne veux pas voir Michel Drucker, laissez-moi passer. Je ne veux pas voir Michel Drucker, je veux voir Laurent Cachard, laissez-moi passer. » etc. Petit à petit, l'étau se desserra et je pus enfin approcher Laurent. Il était à la foire aux bestiaux du livre de Saint-Etienne, sur le stand de la librairie Quartier Latin, à la même table que Leny Escudero.
On se salue. Je suis ravi de le retrouver. La foule est moins dense ici mais tout de même, nos fronts luisent, nos barbes (Laurent laisse pousser, ce qui ne lui va pas mal) transpirent. Il dédicace sa Partie de Cache-cache à une de ses anciennes élèves, pas fâchée du souvenir de son prof de français, voire plutôt reconnaissante, venue avec sa maman (j'affirme qu'il existe un lectorat féminin de Cachard, je commence à accumuler des preuves.) Une dame venue voir Leny Escudero demande où il est, nous désignons le vieillard souriant, à quelques places de là mais elle ne comprend pas, elle répète après un moment d'hésitation « Il est là, Leny Escudero ? » Il faudra que je le désigne comme « celui qui ressemble à une vieille dame, là-bas » pour que le regard de la visiteuse s'éclaire et qu'elle émette une sorte d'exclamation désolée, exprimant ainsi un mélange de plaisir (voir enfin son idole) et de déception (Mon Dieu, tu ne nous épargnes donc rien). Laurent a beau expliquer à la dame que lui est plus jeune et qu'il fera de l'usage plus longtemps, ce que je confirme, la visiteuse ne quitte pas son objectif et nous abandonne. Je renonce à tenter d'approcher Delphine Betholon ou Thomas Sandoz, découvre à côté de Laurent l'écrivain Valère Staraselski, auteur d'une biographie d'Aragon. Le placer à côté d'un nizanien était de l'inconscience, mais les deux hommes sont courtois et intelligents et tout de passe très bien.
Dans la foule, une famille anonyme passe. Les enfants sont fatigués, ils réclament de l'espace, à boire, enfin qu'on arrête de piétiner comme ça au milieu d'une foule absurde.
J'ai quitté Laurent pour repérer la galerie Le Réalgar où dans quelques heures, ses amis et lui se donneront en spectacle. En reprenant et en déplaçant ma voiture pour la rapprocher, je revois des lieux de ma vie étudiante. C’est émouvant. Aucune nostalgie, pas de paradis perdu, d'âge d'or, rien de tout ça, mais le constat que les lieux sont là et nous, qui les regardons, également. Des survivants. Un effet de boucle aussi (était-il nécessaire que tu pérégrines ainsi pendant des années pour revenir ici, à cette place ? Qu'as-tu fait de tout ce temps ?) et un autre constat : les lieux ont peu changé. Et nous ? Finalement, en présence de son passé, on mesure le chemin parcouru et on réalise qu'on est le même, à peu de choses près. Fatigué, renouvelé, mais foncièrement identique. Bref.
Le Réalgar (nom étrange emprunté au vocabulaire de l'alchimie) est une galerie d'art dirigée par Daniel Damart qui l'a fondée en 2007, après un parcours professionnel sans rapport avec le monde artistique. L'homme s'est seulement senti un jour, las de travailler comme une brute pour des projets certes enthousiasmant, mais vides de sens. Ses goûts le portaient vers la peinture et la littérature. Il a tout arrêté pour se consacrer à sa galerie stéphanoise et depuis peu, Daniel Damart édite des nouvelles illustrées par les artistes qu'il défend. La première nouvelle publiée est le « Valse, Claudel » de Laurent Cachard, illustrée par un des nombreux complices de l'auteur, Jean-Louis Pujol. Ce dernier est exposé dans une salle attenante, tandis que Laurent, ce soir-là, s'exposait, assis derrière un micro, entouré de ses amis musiciens, devant une assemblée aussi exigeante que bienveillante.
Là, il commença par offrir un cadeau exceptionnel à l'assistance...La suite demain.
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Entre deux mondes
Retour dans les salons du livre SF et imaginaire. Étrange plongée dans un monde que j'ai quitté il y a une quinzaine d'années, pour me consacrer à une littérature plus... plus, disons plus « sérieuse » pour faire court. Mais la contre-culture a du bon. Ignorée, méprisée, elle m'a pourtant nourri et a sans doute imprégné mon écriture d'une texture, d'un grain singulier. Je lui dois donc beaucoup. Ce que je retiens de ce premier salon du livre dévolu aux domaines de l'imaginaire, c'est la (re)découverte des murs étanches qui séparent les domaines littéraires. Pendant deux jours, j'ai entendu parler d'auteurs que j'adorais mais que je ne lis plus (Brussolo, Bordage, Wagner) ou que je ne connais pas. Il existe cependant des passerelles. Un lecteur de Lovecraft a sans doute goûté à Houellebecq et un lecteur de Michon s'est sûrement aventuré chez Volodine ; de même il existe des relations entre Flaubert et Herbert, entre Ecco et K. Dick. Mais il m'a semblé percevoir plusieurs fois le contour de sphères quasi hermétiques entre les littératures de l'imaginaire et la littérature actuelle française. Si c’est le cas, et bien, j'aimerais assez être un passeur au milieu du gué, capable de réconcilier les deux lectorats. Où l'on découvre que le garçon a de l'ambition. Et puis enfin, peut-être que j'ai tort, et que cette impression s'évanouira dès le prochain salon. Ce sera à Lyon, dimanche 27 octobre.
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Confidences
Le livre n'est pas encore sorti, mais entre écrivains, n'est-ce pas, on se permet de ces relations privilégiées ("tiens, si tu veux lire ça, tu me diras..."), et il arrive que le destinataire se fende d'un grand beau long texte au terme de sa lecture. Je ne vais pas bouder mon plaisir plus longtemps et vous propose de vous rendre sur le Cheval de Troie, le blog de Laurent Cachard. En ce qui me concerne, voici ce que 2014 vous réserve. Je n'en dis pas plus. Et la conclusion est superbe. Cachard est grand, loué soit son nom.
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Tout seuls
L'enfance et l'adolescence que l'on croit souvent préoccupées d'elles seules, sont des périodes où la vie se soumet au regard, à l'opinion des parents et des amis. Ce sont des temps où se construire est à moitié la tâche des autres.
Extrait d'un texte en cours d'écriture sur mon pote et néanmoins artiste, Jean-Marc Dublé.
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Portes ouvertes au Théâtre de Roanne
Aujourd'hui à partir de 16h30, plein de compagnies participent aux portes ouvertes du Théâtre municipal. La Compagnie NU sera présente avec la venue exceptionnelle de François Podetti, Aurore Pourteyron et Philippe Noël, qui interpréteront des extraits de notre prochaine création, PASIPHAE en avant-première. Les protagonistes de NU se trouvent au fumoir (demandez à l'accueil, ensuite, c'est bien indiqué). La séance commence à 17h15.
Pasiphaé est un texte de ma pomme, mis en scène par François Podetti sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.
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Demain au Théâtre de Roanne
Côté jardin le couple s'habille. Pendant ce temps, côté Cour, Dédale prépare le conseil des ministres, il dispose des mannequins autour d'une table.
Minos : Tu fais quoi ce matin ?
Pasiphaé : Je ne sais pas
Dédale: A droite du Régident. On évite mieux les coups.
Pasiphaé : Oui ! Voilà : une amicale d'éclopés. C'est madame Solilesse qui veut que je les reçoive. Elle m'a envoyé des photos. Incroyable. Il leur manque tous quelque chose.
Minos : Tu sais, je t'envie parfois. Toi au moins, tu fais des choses bien. Des choses...
Pasiphaé : Un bras, une jambe, la moitié d'une tête...
Dédale : Monsieur le Ministre des arts plumitifs, prenez place.
Minos : Je veux dire, tu vois ce que je veux dire. Des choses qui font plaisir aux gens.
Pasiphaé : Des pieds, des mains, des parties supérieures, des parties inférieures. Tu verrais cette galerie !
Dédale : Non, pas là, vous êtes sur le fauteuil de madame la ministre des situations assises.
Minos : Des actes, quoi. Du tangible, au contact des gens. Une récompense immédiate.
Pasiphaé : Je les aime bien. En photos. Je veux dire, ils rendent bien, en photos. Surtout celle-là. Tiens, regarde !
Minos : Ah ? Oui. Ce n'est pas si terrible.
Pasiphaé : C'est madame Solilesse, je me suis trompée. Tiens, regarde ça .
Minos : Oh merde.
Pasiphaé : Oui, hein ? Ça y ressemble. C'est une petite lépreuse irradiée. Ça donne ça.
Dédale : Monsieur le Régident sera un peu en retard ce matin. Vous, éloignez-vous, vos sourires à Madame la ministre agacent le Régident.
Minos disparaît derrière un voile.
Dédale : Oui, monsieur le Régident s'est levé de bonne humeur ce matin. Je crois que nous aurons une belle journée.
La voix de Minos : Tu viens ?
Pasiphaé : Déjà ?
Minos : Oui ( Pasiphaé finit de s'arranger). Alors tu viens ?
Pasiphaé : Oui, mon chéri. (elle rejoint Minos, visiblement très excité, derrière le voile) je n'aurais pas dû te montrer la photo de la petite. Je suis sûre que c'est ça qui...Oh ? Bravo mon chéri !
Dédale : Mesdames, messieurs les ministres. Je crois que Monsieur le Régident sera plus en retard que prévu. Je veux dire : encore plus en retard.Extrait de Pasiphaé, par la NU compagnie. Avec Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti. Sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.
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Campagne d'adhésions de la NU Compagnie
La compagnie NU est certes aidée par les subsides publiques, mais son volume d'activité et ses projets rendent ses finances extrêmement serrées. Il est possible de nous soutenir par une minuscule adhésion de 5 euros. C'est sur le superbe site de la compagnie. A la clé, Newsletter et reconnaissance. Ce n'est pas rien, vous savez...
Photo Marc Bonnetin. François Podetti, mézigue et Jérôme Bodon-Clair, lors de la préparation de "Peindre".
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La rentrée à La Livatte
NU - LABORATOIRE COMPAGNIE
OUVRE LES PORTES DU LABO DE LA LIVATTE à partir de ce We et jusqu'au 13 octobre. Du vendredi au dimanche de 15h à 20 h.
Avec :
MOIRES par Nadège Duffy - art plastique et projections -
une plongée dans l'intimité des tisseuses de vie
LES PASSANTES par Marc Bonnetin - photographie participative -
une expérience visuelle et sonore immergée
Entrée : PRIX LIBRE
LE LABO, C'EST A ROANNE
17 BVD CAMILLE BENOIT
TEL : 06 15 98 87 43 Marc BONNETIN -
Microbe résistant
Manifestement, pour le dernier numéro de Microbe, Jean-Jacques Nuel a fait son marché sur le net (le format s'y prête : textes concis, humoristiques, malins et poétiques), mais il a aussi fait appel à quelques pointures de la poésie papier. Ont donc été joyeusement mis à contribution pour ce numéro 79 de la revue belge (par ordre d'apparition) :
Fabrice Farre
Frédérick Houdaer
Christian Cottet-Emard
Stéphane Prat
Hervé Merlot
Alain Helissen
Stéphane Beau
Bernard Deglet
Roland Counard
Christian Degoutte
Paola Pigani
Pascal Pratz
Grégoire Damon
Jean-Marc Flahaut
Marlène Tissot
et votre serviteur, tout ému de se trouver en aussi belle compagnie.
On peut aussi s'abonner ici. -
Vieille canaille
En ce moment, je tente le portrait d'un ami. D'un artiste et néanmoins ami. C'est extrêmement compliqué. Heureusement, j'ai de lui sa part des échanges que nous poursuivons depuis quinze ans. Le plus surprenant, à la relecture de ses lettres, est de constater combien, sur certaines choses, il est resté le même. Et notamment en ce qui concerne sa défiance par rapport au jeu social, son orgueil de peintre détaché des enjeux financiers mais aussi (c'est lié) sa dérision face au grand cirque de l'art. En tout cas, je peux confirmer ce que chacun peut pressentir : il est très très difficile d'écrire sur un vieil ami. De là l'idée que le romancier privilégie la fiction parce qu'il n’est question que d'inconnus.