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kronix - Page 125

  • Faute professionnelle

    Le peintre étonné suspend son geste : il vient de faire l'autoportrait d'un autre.

     

    Cette petite fatrasie a eu l'heur de plaire à Vents contraires, la revue du Rond-Point. ce sont des retrouvailles, après des semaines pendant lesquelles aucun de mes billets ne leur convenait. J'avais qu'à être meilleur, aussi ! c''est le principe : "soyez bons, nous sommes très méchants". J'aime.

  • Premiers retours

    Les premières réactions de lecteurs de « J'habitais Roanne » commencent à venir, par mail ou témoignage direct, et puis il y a la blogosphère. Pour l'instant, tout va bien.
    Sur son blog, l'auteur des Calamités quotidiennes évoque sa gourmandise de Roannais à retrouver ses marques et ses lieux. Je ne sais pas si je peux citer son nom ici, aussi suis-je contraint de le remercier anonymement.
    Laurent Cachard, lui, n'est pas roannais, et je dois dire que j'attendais avec un rien d'anxiété ce que cet exigent lecteur et auteur allait penser de ce parcours singulier dans une ville modeste et inconnue. Ce qu'il en dit est à lire ici, sur son blog, et je dois dire que son texte m'a cueilli. Laurent a su restituer dans son article les enjeux essentiels qui traversent le livre, et il l'a fait avec beaucoup d'humanité, de sincérité, d'intelligence. Je sais que ce n'est pas seulement par amitié, mais parce qu'il a vraiment aimé. Alors, je suis très fier de vous proposer d'en prendre connaissance. D'un point de vue purement formel et littéraire, c'est déjà un régal, ça compte.

  • Les hirondelles

    Cette année, elles ne sont pas revenues. Et nous, habitués à leur fidélité, inconsolables devant ces nids déserts, comme des écuelles privées d'offrandes.

     

    (je poste ce billet, ma douce m'appelle : "viens voir". Elles sont arrivées)

  • Cachard au carré

    Dans le cadre de l'exposition "Carrés de Soi" au Carré de Soie, Laurent Cachard présentera son dernier roman, "le Poignet d'Alain Larrouquis" à la Librairie Gibert Carré de Soie, à Vaulx-en-Velin, le 30 juin à partir de 16h30.
     
    Qui est Alain Larrouquis ? Qu'a son poignet de si spécial qu'il inspira un auteur et le destin d'un personnage de roman ? Si vous l'ignorez, cela signifie que : 1) Vous n'êtes pas familier de ce blog ; 2) il vous reste au moins un roman à lire dans votre vie ; 3) vous allez imméidatement remédier aux deux premiers points et aller rencontrer Cachard, auteur déjà classique (puisqu'on l'étudie en classe, figurez-vous).
    Voilà.

  • Check

    La séance de signatures battait son plein, comme on dit. Tandis que je dédicace un livre, je vois du coin de l’œil un couple apparemment intimidé qui n’ose s’avancer. Je finis ma dédicace, les encourage du regard à approcher. Ils font un pas en avant. La dame fait un geste pour me faire comprendre qu’ils ne vont pas acheter de livre, premier point ; second point, elle me demande : « Vous êtes le Christian Chavassieux qui était dans telle école, à tel moment ? ». Oui, réponds-je. Elle me dit qu’elle était dans ma classe, me donne son nom qui ne m’évoque rien ou très vaguement et me salue avant de repartir. Elle était venue vérifier, c’est tout. Je ne sais toujours pas quoi penser de cette irruption.

  • Dernières volontés

    Le très actif comité de défense de M. Choucart est plus discret depuis que le malade en phase terminale dont il défend le droit à mourir dans la dignité, a réclamé, préalablement aux doses létales de morphine, d'aussi fortes doses de Viagra, de façon à ce qu'il puisse s'accoupler (dans l'ordre de la liste qu'il a soumise à son comité), avec : miss Monde 2006, une truie, un diplomate hongrois, une nonne, un syndicaliste et mademoiselle Demond-Picard, sa voisine de palier. La truie a officiellement refusé.

     

    (les fidèles auront reconnu un billet ancien, et ils auront raison. Avec toutes mes excuses, je vous demande de rigoler à nouveau à une vieille blague. Vous faites ça avec vos conjoints chaque dimanche, je ne vois pas pourquoi vous ne me feriez pas ce cadeau aussi).

  • Ze Miserabeuls

    Harry Baur, Jean Gabin, Lino Ventura, Gérard Depardieu, Hugh Jackman... Finalement, ce sont les acteurs les mieux payés de leur temps qui jouent dans les Misérables. Faut dire que ça a été écrit par un des écrivains les plus riches de son époque. Tout se tient.

    P.S. : Je chante "Par la volonté du peuple" à tout acheteur de 60 de mes livres, que je signe aujourd'hui, à la galerie Pikinasso à Roanne, à condition qu'il se munisse du texte que je ne connais pas et qu'il ne soit pas trop exigent sur l'air, que je connais mal.

  • Barbus

    Ma douce me fait souvent remarquer que les barbus sont des gens biens. Un barbu apparaît à la télé. Discours du barbu. Valeurs humanistes, défense du partage, projets généreux, engagement dans la culture ou la solidarité... Souvent, étrangement, son raisonnement absurde tombe juste : le barbu, selon nos valeurs, est un type bien. Le fait que je sois barbu n'a bien sûr aucune influence sur la manière de voir de ma douce. Et tout aussi certainement, les Talibans sont l'exception qui confirme la règle.

  • La chanson engagée

    J'écoute la chanson de Dominique A « Rendez-nous la beauté, le monde était si beau et nous l'avons  gâché » ça me dit quelque chose. Ah, Voyons. Ces paroles fortes, cette dénonciation de la bêtise humaine, cet engagement sans compromis, cette révolte. où ai-je déjà lu ça ? Oui, ça y est : dans mes poèmes quand j'avais douze ans !

  • Grosse fatigue, baisse de régime ou quoi

    Dans les couches néolithiques, vous pouvez être tranquilles : pas une pince à linge. Alors, affirmer que c'est indispensable, laissez-moi rire !

  • Zèle

    Certes, elle avait demandé aux agents de l'accueil de ne pas laisser entrer les personnes accompagnées d'animaux domestiques, mais ça n'impliquait nullement de fouiller tout le monde pour débusquer d'éventuels porteurs de morpions.

  • Propos de Gilly

    Dans mon pays, l'année Rousseau a avancé à pas mesurés, voire timides. A Chambéry, pays où vécut Jean-Jacques, et dans toute la région, un grand nombre de manifestations fait la part belle à l'auteur des Confessions (je saisis l'occasion pour évoquer ici « l'émail des prés », exposition de la photographe Yveline Loiseur, installée aux Charmettes, lieu où vécut Rousseau, jusqu'à la fin de l'année). La bibliothèque de Gilly-sur-Isère, petite commune non loin d'Albertville, n'est pas restée en retrait et a organisé exposition, rencontres, débats autour de l'écrivain. J'étais invité dans ce cadre pour évoquer le genre autobiographique, puisque « J'habitais Roanne » ressort sans doute de cette forme.
    A Gilly, c'est vrai, je me sens un peu chez moi. Malgré la distance je pense souvent à ce petit monde là-bas qui, sous la houlette de Marielle, s'active pour faire vivre la littérature. Des liens se créent. Trop inhibé pour lancer des déclarations tonitruantes, je dis seulement que je suis heureux d'être invité, alors que j'en suis profondément touché, voire un peu confus. Mais passons. Il était donc question d'autobiographie. On a tendance à chercher de lointains ancêtres du genre, mais force est de constater, rappelait Laetitia Agut, professeur de lettres qui assurait une présentation de cette littérature en première partie, que Rousseau en est l'inventeur. Saint-Augustin ou Montaigne ont produit des essais, souvenirs, formes introspectives certes, mais qui ne répondent pas aux critères du « pacte autobiographique » établi par Lejeune en 1978 avec cette définition célèbre : « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Règle amendée plus tard légèrement (Lejeune est revenu sur le critère de la prose, trop restrictif) mais toujours valable, et que justement les auteurs du vingtième siècle ont tenté d'éprouver. Des auteurs comme Pérec ont questionné les limites du genre (voir « W »), travail qui a ouvert la voie, pour faire court, à l'autofiction. Cette littérature qui provoque agacement et perplexité chez certains auditeurs de la conférence, a initié un débat -orienté ensuite sur la question de la sincérité et de la vérité- avant que j'entre en scène. Laetitia, chauffeur de salle, quelle promotion !
    Ensuite, c'est à nous. Marielle impose le vouvoiement, une façon de ne pas transformer la rencontre en dialogue entre deux vieilles connaissances, et de diriger la parole vers le public. Marielle a beaucoup travaillé comme d'habitude, fait des passerelles entre mon dernier livre et -surprise- un passage d'une préface écrite pour le livre de l'artiste Christine Muller (« êtes-vous débarrassé ? » Réponse : « Non »), saisit dans la conclusion de « J'habitais Roanne » une phrase inattendue (« l'insatisfaction à subir le monde tel qu'il est »), où elle pense me retrouver tandis que je croyais parler de Roanne. Je dois admettre qu'elle a raison. Il sera question du « J' » de « J'habitais Roanne » dont j'explique la valeur d'outil pour la compréhension de ma ville. Il sera question des lieux et des notions qu'ils véhiculent, intimement, pour moi. L'occasion de parler des bibliothèques et de la valeur d'amour de l'humanité dont elles sont, selon moi, la grande preuve. L'occasion d'évoquer des lieux ensevelis, disparus, où l'enfance ne peut plus promener ses pas et de la sensation de l'éphémère du monde. Pas de nostalgie, mais le constat que tout est périssable, y compris les paysages, les habitats, et jusqu'aux villes et aux civilisations, mortelles, comme on sait depuis Paul Valéry.
    Je reviens aussi sur cette notion paradoxale : je considère qu'« on a toujours raison de partir » et pourtant je suis un sédentaire. Ne nourrissant aucune ambition, j'ai décidé (mais vraiment décidé), de rester ici. J'ai donc vécu, hors pour les études, toute ma vie à Roanne. C'est donc ce « J' », (pas « Je », voyez la nuance. Dans mes carnets de notes, le narrateur était noté « J' ») imprégné de ma ville qui sert de guide pour la comprendre. Et il doit être là, ce « J' » , pour incarner les lieux, les rendre vivants et palpables au lecteur. Quel lecteur, demande Marielle : pour qui écrivez-vous ? Dans le cas qui nous intéresse, je réponds sans hésiter : les Roannais, même si les non-roannais sont conviés à venir faire un tour et surtout, à partager mes méditations sur la vie et la ville, devenue la Ville exemplaire, selon Daniel Arsand, le préfacier. La réponse aurait tout autre il y a quelques années. L'idée du lecteur a évolué entre la période où j'écrivais pour moi-même et celle où je sais (par exemple ici) que le livre sera édité. Le lecteur alors prend une épaisseur. Ici, qui est-ce ? J'avais en tête tous les noms que je mets dans le livre. Mais selon un principe d'universalité assez répandu, nous sommes tous ce « J' », cet « homme qui marche ».
    « J'habitais Roanne » ressort donc du genre autobiographique, et il m'a fallu lutter longtemps avec ma préférence, mon appétence naturelle pour la fiction. Quand on dit « je », quand on écrit à la première personne, on se dévoile, pense-t-on. Est-ce difficile ? Pendant sa présentation, Laetitia Agut rappelait que pour Gide, paradoxalement, la fiction nous aide à aller plus loin que dans la supposée sincérité de la vraie vie. Ce n'est pas si difficile donc, puisque je crois que l'on se protège en écrivant « Je » ou en tout cas, on inhibe, on reste en retrait. L'implication de soi importe et va influer, mais n'est pas la garantie d'un dévoilement absolu, bien au contraire.
    Un autre grand théoricien de l'autobiographie, Jean Starobinski s'est intéressé à la recherche de style dans le genre autobiographique. Marielle me demande si l'exigence de l'écriture n'interfère pas avec la recherche de sincérité (Annie Ernaux est-elle plus sincère que moi ? L'écriture sèche et méfiante à l'égard des séductions de la littérature, « mettre de la honte » dans ses livres, est-ce là aussi une garantie d'authenticité ?). J'ai peu de temps pour y réfléchir, face au public, mais je maintiens ma réponse donnée ce soir-là : Je ne pense pas que le style nuise à la sincérité. Et plus largement : l'autobiographie dit-elle une vérité ? Le souvenir est une fiction, ontologiquement, il faut l'admettre. Et il me semble qu'à cette aune, l'autofiction est d'une certaine manière plus honnête que l'autobiographie, puisque la part de fiction qui la traverse est revendiquée.
    « J'habitais Roanne » s'achève par un petit gag. Un épilogue d'une ligne revendique mon appartenance à la fiction, mon véritable univers. Je n'aurai dérogé qu'une fois, ici, pour ce livre, et c'est bien suffisant. Désormais, oui : je retourne à la fiction. Place à la vérité des personnages inventés. En quelque sorte, c'est le sujet d'un roman qu'un éditeur veut bien publier à l'automne 2013. Vous allez être surpris. Je réalise à quel point tout mon travail est en connexion, décidément.

  • Enervé

    J'avais pris un café à la gare pour ne pas m'endormir dans le train. Et en effet : 2, 40 €, ce scandale m'a tenu éveillé un bon moment.

  • "JE SUIS NOIRE MAIS JE SUIS BELLE"*

    A l'heure où vous lirez ces lignes, je serai dans le train de retour de Gilly sur Isère. Je vous laisse donc un billet ancien, et merci de votre indulgence. Il était question d'une petite annonce parue dans la presse (me demandez pas où) en ces termes :

    "Jeune Noire cherche compagnon. Origine ethnique sans importance. Je suis belle et j'adore m'amuser. Je raffole des grandes promenades dans les bois, de ballades en 4x4, de chasse, de camping, de sorties de pêche et de soirées où je suis confortablement allongée auprès du feu. Je serai à votre porte quand vous rentrerez du travail, ne portant sur moi que ce que la nature m'a donnée. Embrassez-moi et je suis à vous. Composez le (404) 875-WXYZ et demandez Daisy."

    Plus de 15.000 hommes ont répondu à cette annonce et ont découvert qu'ils avaient appelé la SPA au sujet d'une chienne Labrador de 8 semaines...


    * (Cantique des cantiques)

  • Ce soir à Gilly.

    Je suis à Gilly sur Isère ce soir, comme je l'ai annoncé il y a peu. Je vais essayer d'y expliquer comment le « Je » de « J'habitais Roanne » (que j'écris d'ailleurs dans mes notes, le « J' ») est un outil de compréhension, plutôt que la figure incarnée propre à l'autobiographie. Je vais tenter de dire aussi pourquoi, malgré les apparences, les lieux visités de ma ville, ne sont pas les supports de la nostalgie. Je vais surtout essayer de ne pas m'égarer en chemin, car la digression est mon grand mal.
    Je pense bien sûr à ma douce qui n'a pas pu m'accompagner et lit ces lignes.

  • D'un côté comme de l'autre

    Sans doute sous l'influence d'émissions comme « un dîner presque parfait », les repas sont maintenant l'occasion pour chacun de produire une petite prestation, selon ses capacités. Les miennes étant réduites, j’ai cherché dans quelle discipline je serais le plus à l’aise. J’ai écarté d’emblée l’emploi du cor de chasse pour lequel je n’ai aucune disposition, la déclinaison des verbes kalmouks, généralement ennuyeuse, et le modelage de mes propres excréments, pratique originale certes, mais diversement appréciée.

    Bref, mon choix s’est restreint, restreint, et puis j’ai trouvé : le domaine dans lequel j’étais capable de ne pas paraître trop gauche, concerne l'histoire de la recherche des caractères déterminants de l’orientation d’une boule de billard français.

    Voici une boule de billard français.

    Boule_de_billard.jpg

     

     

     

    En l’occurrence, une boule blanche.

    Voici une face,

    Boule_de_billard.jpg

     

     

    en voici une autre.

    Boule_de_billard.jpg

     

     

    Comme vous pouvez le constater, malgré tous les efforts du fabricant, rien ne permet de distinguer son côté gauche de son côté droit. C’est là un problème auquel ont été confrontées de nombreuses générations de joueurs, et que plusieurs scientifiques ont tenté de résoudre. Si la physique nucléaire a fait naître un temps l’espoir d’une solution, force est de constater que toutes les expériences se sont soldées par des échecs. Rappelons quelques unes de ces expériences.
    La solution de Samuel Jonze Barclay, en 1728, est originale et simple. Il s’agit de désigner arbitrairement un côté, comme le côté gauche, par exemple, qu'on prendra soin cependant de déterminer en fonction de la gauche et de la droite de sa propre personne. Barclay suggère plusieurs solutions ensuite : exposer le côté gauche au nord, au fond d'une forêt humide, très longtemps, de façon à favoriser le développement de mousse, couper la balle en deux, ou d'autres méthodes que j'admets n'avoir pas comprises.
    La solution de Brice Boulaingrain est le suicide.
    Vers 1900, Javier Toledano y Perez innove en suggérant que les côtés gauche et droit d'une boule sont au même endroit à l'origine, mais qu'une forte rotation opérée sur l'objet permet, par l'effet de la force centrifuge, de les séparer. Cependant, selon lui, la décélération puis l'immobilisation de la boule, ont pour conséquence une nouvelle fusion des deux côtés. La difficulté est donc de tenter l'application d'un marqueur efficace, comme un petit morceau de crotte de pigeon par exemple, pendant la période d'accélération maximum. La dextérité requise et la célérité d'exécution ont exigé le domptage d'une espèce particulière d'araignée, remarquablement véloce. Touchant au but, Toledano y Perez a dû renoncer cependant à son projet, le gouvernement espagnol lui refusant les 12 milliards de pesetas que nécessitait la fondation d'une école et la formation d'enseignants pour dompteurs, avant même de passer à la phase concrète.
    1962. La solution de Maurice Charbonnier, plus connue sous le nom d'« expérience de Maurice » consiste à greffer un cerveau humain sur la boule, d'espérer lui donner ainsi une conscience et de lui demander ensuite, tout simplement, où se situe sa gauche. Maurice Charbonnier aurait tenté l'expérience sur lui-même. L'expression « expérience de Maurice » est utilisée dans le jargon scientifique pour évoquer une tentative désespérée, douloureuse et sale, de prouver qu'on a raison.
    En 1988, la remarquable « hypothèse Montaigne » fait penser que la solution est enfin à portée de main. Le collectif de chercheurs regroupé sous ce nom se coltine à l'énigme et parvient, dès les années 70, à une première avancée, selon un point de vue radical : modifier la perception de l'observateur, et lui faire adopter une certitude arbitraire : « ceci est le côté droit », par exemple. L'écueil de l'hypothèse Montaigne réside dans la difficulté à faire cohabiter deux observateurs conditionnés mais d'un avis opposé. S'ensuivent maintes bagarres et injures, aboutissements désavoués par les concepteurs-mêmes.
    Enfin, nous retiendrons la solution très nietzschéenne de Benoît Delporte-Voboisin. Opérant un transfert sémantique de l'expérience, le fameux joueur de billard la place sous l'éclairage philosophique et clôt la discussion d'un brutal, mais exutoire : « On s'en fout. »
    Je ne saurais mieux dire.
    Merci de votre attention.

  • Bilan

    Je dois avouer que j'ai manqué d'ambition dans ma vie : mes ennemis n'avaient aucun charisme.

  • Belle journée

    Simultanément, tandis que je soupesais le beau livre réalisé par Thoba's, m'arrivait un courriel que j'attendais. Réponse d'un éditeur au sujet d'un roman remanié l'an dernier et à lui confié. Réponse positive, positive et enthousiaste. Le contact par téléphone qui a suivi a confirmé que cet enthousiasme n'était pas qu'une formule. Voilà ce qu'on attend d'un éditeur ; qu'il vous dise oui oh oui je le veux ton texte donne-moi ton texte oui ! Avec plus ou moins de sobriété bien sûr, mais qu'il vous dise : c'est ce texte que je veux. Je le veux absolument, pour moi, je ne veux le laisser à personne d'autre. S'il précise : « ça fait dix ans que j'attends ce texte » et bien, que voulez-vous, les écrivains sont des gamines comme les autres... ça se pâme et ça frétille, ça en redemande. Plus sérieusement, avec ce roman et cet éditeur, on va passer un cap. Je vous tiens au courant, les amis, comme d'habitude, mais vous devinez que, tandis que la sortie de « j'habitais Roanne », déjà, me comble de satisfaction, l'avènement d'une nouvelle édition pour un texte auquel je tiens particulièrement, qui est la souche de mon travail d'écriture depuis plus de dix ans, ajoute à la satisfaction un bonheur presque insupportable.

  • Si ça vient de moi, ça va de soi ? *

    Depuis quelques années et la sélection du « Baiser de la Nourrice » au prix lettres-frontière, auteurs et médiathèques accueillant(es) ont tissé parfois des liens privilégiés. J'ai eu cette chance avec les médiathèques de Bozel puis de Gilly-sur-Isère. Grâce à Marielle Gillard, sa responsable, j'ai même l'honneur d'être le parrain du club de lectures de cette dernière structure (qui aurait cru qu'un jour... Faudrait que j'envoie ça à ma prof de français de sixième, tiens). En plus de cette majesté, l'équipe de Gilly a pensé faire le lien entre le récit d'inspiration autobiographique qu'est « J'habitais Roanne » et une série d'animations autour de Jean-Jacques Rousseau (c'est l'année, savez-vous ?). Une soirée est donc organisée le samedi 26 mai à partir de 18 heures, qui commencera par un exposé de Laetitia Agut, professeur de lettres, intitulé « l'autobiographie, histoire d'un genre » et sera suivie d'une rencontre autour de mon livre. On abordera « J'habitais Roanne » sous deux angles principaux. Le « J' », notion évidemment autobiographique (mais il faut se méfier des évidences), qui guide et conclut mon livre. C'est en questionnant cette « évidence » que des surprises peuvent surgir, je crois. Il sera aussi question de la notion de lieu, lieu traversé, lieu « hanté » par la mémoire, en écho à l'exposition en place dans la médiathèque : « 7 territoires où vécut Jean-Jacques Rousseau », ce sera pour moi l'occasion d'évoquer le « habiter quelque part », que je tente de définir tout le long de mon texte.

    Comme toujours, je suis persuadé de ne pas être à la hauteur et, comme toujours, Marielle parvient à me convaincre du contraire.

     

    * Jeu de mots piqué au poète Jean-Luc Lavrille.

  • Retour sur la Muse

    A la relecture, vous savez, je trouve que l'article de Franck Guigue sur mon bouquin dans "LA Muse" est de l'ordre de l'éloge (je m'étais arrêté en première lecture sur des broutilles, aveuglé par l'anxiété). La fin notamment, est un bel hommage : "A l’heure où la municipalité roannaise formalise un diagnostic culturel, pour l’avenir, on ne peut qu’encourager la lecture d’un tel ouvrage, qui, non content de dévoiler un panorama (quasi) exhaustif de ce que la ville a pu compter de plus pertinent dans ce domaine depuis une quarantaine d’années, laisse entrevoir ce qu’elle pourrait enfanter..."

    Car nous sommes quelques uns à penser que, en effet, cette petite ville a d'étonnantes ressources.