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  • Grosse fatigue, baisse de régime ou quoi

    Dans les couches néolithiques, vous pouvez être tranquilles : pas une pince à linge. Alors, affirmer que c'est indispensable, laissez-moi rire !

  • Zèle

    Certes, elle avait demandé aux agents de l'accueil de ne pas laisser entrer les personnes accompagnées d'animaux domestiques, mais ça n'impliquait nullement de fouiller tout le monde pour débusquer d'éventuels porteurs de morpions.

  • Propos de Gilly

    Dans mon pays, l'année Rousseau a avancé à pas mesurés, voire timides. A Chambéry, pays où vécut Jean-Jacques, et dans toute la région, un grand nombre de manifestations fait la part belle à l'auteur des Confessions (je saisis l'occasion pour évoquer ici « l'émail des prés », exposition de la photographe Yveline Loiseur, installée aux Charmettes, lieu où vécut Rousseau, jusqu'à la fin de l'année). La bibliothèque de Gilly-sur-Isère, petite commune non loin d'Albertville, n'est pas restée en retrait et a organisé exposition, rencontres, débats autour de l'écrivain. J'étais invité dans ce cadre pour évoquer le genre autobiographique, puisque « J'habitais Roanne » ressort sans doute de cette forme.
    A Gilly, c'est vrai, je me sens un peu chez moi. Malgré la distance je pense souvent à ce petit monde là-bas qui, sous la houlette de Marielle, s'active pour faire vivre la littérature. Des liens se créent. Trop inhibé pour lancer des déclarations tonitruantes, je dis seulement que je suis heureux d'être invité, alors que j'en suis profondément touché, voire un peu confus. Mais passons. Il était donc question d'autobiographie. On a tendance à chercher de lointains ancêtres du genre, mais force est de constater, rappelait Laetitia Agut, professeur de lettres qui assurait une présentation de cette littérature en première partie, que Rousseau en est l'inventeur. Saint-Augustin ou Montaigne ont produit des essais, souvenirs, formes introspectives certes, mais qui ne répondent pas aux critères du « pacte autobiographique » établi par Lejeune en 1978 avec cette définition célèbre : « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Règle amendée plus tard légèrement (Lejeune est revenu sur le critère de la prose, trop restrictif) mais toujours valable, et que justement les auteurs du vingtième siècle ont tenté d'éprouver. Des auteurs comme Pérec ont questionné les limites du genre (voir « W »), travail qui a ouvert la voie, pour faire court, à l'autofiction. Cette littérature qui provoque agacement et perplexité chez certains auditeurs de la conférence, a initié un débat -orienté ensuite sur la question de la sincérité et de la vérité- avant que j'entre en scène. Laetitia, chauffeur de salle, quelle promotion !
    Ensuite, c'est à nous. Marielle impose le vouvoiement, une façon de ne pas transformer la rencontre en dialogue entre deux vieilles connaissances, et de diriger la parole vers le public. Marielle a beaucoup travaillé comme d'habitude, fait des passerelles entre mon dernier livre et -surprise- un passage d'une préface écrite pour le livre de l'artiste Christine Muller (« êtes-vous débarrassé ? » Réponse : « Non »), saisit dans la conclusion de « J'habitais Roanne » une phrase inattendue (« l'insatisfaction à subir le monde tel qu'il est »), où elle pense me retrouver tandis que je croyais parler de Roanne. Je dois admettre qu'elle a raison. Il sera question du « J' » de « J'habitais Roanne » dont j'explique la valeur d'outil pour la compréhension de ma ville. Il sera question des lieux et des notions qu'ils véhiculent, intimement, pour moi. L'occasion de parler des bibliothèques et de la valeur d'amour de l'humanité dont elles sont, selon moi, la grande preuve. L'occasion d'évoquer des lieux ensevelis, disparus, où l'enfance ne peut plus promener ses pas et de la sensation de l'éphémère du monde. Pas de nostalgie, mais le constat que tout est périssable, y compris les paysages, les habitats, et jusqu'aux villes et aux civilisations, mortelles, comme on sait depuis Paul Valéry.
    Je reviens aussi sur cette notion paradoxale : je considère qu'« on a toujours raison de partir » et pourtant je suis un sédentaire. Ne nourrissant aucune ambition, j'ai décidé (mais vraiment décidé), de rester ici. J'ai donc vécu, hors pour les études, toute ma vie à Roanne. C'est donc ce « J' », (pas « Je », voyez la nuance. Dans mes carnets de notes, le narrateur était noté « J' ») imprégné de ma ville qui sert de guide pour la comprendre. Et il doit être là, ce « J' » , pour incarner les lieux, les rendre vivants et palpables au lecteur. Quel lecteur, demande Marielle : pour qui écrivez-vous ? Dans le cas qui nous intéresse, je réponds sans hésiter : les Roannais, même si les non-roannais sont conviés à venir faire un tour et surtout, à partager mes méditations sur la vie et la ville, devenue la Ville exemplaire, selon Daniel Arsand, le préfacier. La réponse aurait tout autre il y a quelques années. L'idée du lecteur a évolué entre la période où j'écrivais pour moi-même et celle où je sais (par exemple ici) que le livre sera édité. Le lecteur alors prend une épaisseur. Ici, qui est-ce ? J'avais en tête tous les noms que je mets dans le livre. Mais selon un principe d'universalité assez répandu, nous sommes tous ce « J' », cet « homme qui marche ».
    « J'habitais Roanne » ressort donc du genre autobiographique, et il m'a fallu lutter longtemps avec ma préférence, mon appétence naturelle pour la fiction. Quand on dit « je », quand on écrit à la première personne, on se dévoile, pense-t-on. Est-ce difficile ? Pendant sa présentation, Laetitia Agut rappelait que pour Gide, paradoxalement, la fiction nous aide à aller plus loin que dans la supposée sincérité de la vraie vie. Ce n'est pas si difficile donc, puisque je crois que l'on se protège en écrivant « Je » ou en tout cas, on inhibe, on reste en retrait. L'implication de soi importe et va influer, mais n'est pas la garantie d'un dévoilement absolu, bien au contraire.
    Un autre grand théoricien de l'autobiographie, Jean Starobinski s'est intéressé à la recherche de style dans le genre autobiographique. Marielle me demande si l'exigence de l'écriture n'interfère pas avec la recherche de sincérité (Annie Ernaux est-elle plus sincère que moi ? L'écriture sèche et méfiante à l'égard des séductions de la littérature, « mettre de la honte » dans ses livres, est-ce là aussi une garantie d'authenticité ?). J'ai peu de temps pour y réfléchir, face au public, mais je maintiens ma réponse donnée ce soir-là : Je ne pense pas que le style nuise à la sincérité. Et plus largement : l'autobiographie dit-elle une vérité ? Le souvenir est une fiction, ontologiquement, il faut l'admettre. Et il me semble qu'à cette aune, l'autofiction est d'une certaine manière plus honnête que l'autobiographie, puisque la part de fiction qui la traverse est revendiquée.
    « J'habitais Roanne » s'achève par un petit gag. Un épilogue d'une ligne revendique mon appartenance à la fiction, mon véritable univers. Je n'aurai dérogé qu'une fois, ici, pour ce livre, et c'est bien suffisant. Désormais, oui : je retourne à la fiction. Place à la vérité des personnages inventés. En quelque sorte, c'est le sujet d'un roman qu'un éditeur veut bien publier à l'automne 2013. Vous allez être surpris. Je réalise à quel point tout mon travail est en connexion, décidément.

  • Enervé

    J'avais pris un café à la gare pour ne pas m'endormir dans le train. Et en effet : 2, 40 €, ce scandale m'a tenu éveillé un bon moment.

  • "JE SUIS NOIRE MAIS JE SUIS BELLE"*

    A l'heure où vous lirez ces lignes, je serai dans le train de retour de Gilly sur Isère. Je vous laisse donc un billet ancien, et merci de votre indulgence. Il était question d'une petite annonce parue dans la presse (me demandez pas où) en ces termes :

    "Jeune Noire cherche compagnon. Origine ethnique sans importance. Je suis belle et j'adore m'amuser. Je raffole des grandes promenades dans les bois, de ballades en 4x4, de chasse, de camping, de sorties de pêche et de soirées où je suis confortablement allongée auprès du feu. Je serai à votre porte quand vous rentrerez du travail, ne portant sur moi que ce que la nature m'a donnée. Embrassez-moi et je suis à vous. Composez le (404) 875-WXYZ et demandez Daisy."

    Plus de 15.000 hommes ont répondu à cette annonce et ont découvert qu'ils avaient appelé la SPA au sujet d'une chienne Labrador de 8 semaines...


    * (Cantique des cantiques)

  • Ce soir à Gilly.

    Je suis à Gilly sur Isère ce soir, comme je l'ai annoncé il y a peu. Je vais essayer d'y expliquer comment le « Je » de « J'habitais Roanne » (que j'écris d'ailleurs dans mes notes, le « J' ») est un outil de compréhension, plutôt que la figure incarnée propre à l'autobiographie. Je vais tenter de dire aussi pourquoi, malgré les apparences, les lieux visités de ma ville, ne sont pas les supports de la nostalgie. Je vais surtout essayer de ne pas m'égarer en chemin, car la digression est mon grand mal.
    Je pense bien sûr à ma douce qui n'a pas pu m'accompagner et lit ces lignes.

  • D'un côté comme de l'autre

    Sans doute sous l'influence d'émissions comme « un dîner presque parfait », les repas sont maintenant l'occasion pour chacun de produire une petite prestation, selon ses capacités. Les miennes étant réduites, j’ai cherché dans quelle discipline je serais le plus à l’aise. J’ai écarté d’emblée l’emploi du cor de chasse pour lequel je n’ai aucune disposition, la déclinaison des verbes kalmouks, généralement ennuyeuse, et le modelage de mes propres excréments, pratique originale certes, mais diversement appréciée.

    Bref, mon choix s’est restreint, restreint, et puis j’ai trouvé : le domaine dans lequel j’étais capable de ne pas paraître trop gauche, concerne l'histoire de la recherche des caractères déterminants de l’orientation d’une boule de billard français.

    Voici une boule de billard français.

    Boule_de_billard.jpg

     

     

     

    En l’occurrence, une boule blanche.

    Voici une face,

    Boule_de_billard.jpg

     

     

    en voici une autre.

    Boule_de_billard.jpg

     

     

    Comme vous pouvez le constater, malgré tous les efforts du fabricant, rien ne permet de distinguer son côté gauche de son côté droit. C’est là un problème auquel ont été confrontées de nombreuses générations de joueurs, et que plusieurs scientifiques ont tenté de résoudre. Si la physique nucléaire a fait naître un temps l’espoir d’une solution, force est de constater que toutes les expériences se sont soldées par des échecs. Rappelons quelques unes de ces expériences.
    La solution de Samuel Jonze Barclay, en 1728, est originale et simple. Il s’agit de désigner arbitrairement un côté, comme le côté gauche, par exemple, qu'on prendra soin cependant de déterminer en fonction de la gauche et de la droite de sa propre personne. Barclay suggère plusieurs solutions ensuite : exposer le côté gauche au nord, au fond d'une forêt humide, très longtemps, de façon à favoriser le développement de mousse, couper la balle en deux, ou d'autres méthodes que j'admets n'avoir pas comprises.
    La solution de Brice Boulaingrain est le suicide.
    Vers 1900, Javier Toledano y Perez innove en suggérant que les côtés gauche et droit d'une boule sont au même endroit à l'origine, mais qu'une forte rotation opérée sur l'objet permet, par l'effet de la force centrifuge, de les séparer. Cependant, selon lui, la décélération puis l'immobilisation de la boule, ont pour conséquence une nouvelle fusion des deux côtés. La difficulté est donc de tenter l'application d'un marqueur efficace, comme un petit morceau de crotte de pigeon par exemple, pendant la période d'accélération maximum. La dextérité requise et la célérité d'exécution ont exigé le domptage d'une espèce particulière d'araignée, remarquablement véloce. Touchant au but, Toledano y Perez a dû renoncer cependant à son projet, le gouvernement espagnol lui refusant les 12 milliards de pesetas que nécessitait la fondation d'une école et la formation d'enseignants pour dompteurs, avant même de passer à la phase concrète.
    1962. La solution de Maurice Charbonnier, plus connue sous le nom d'« expérience de Maurice » consiste à greffer un cerveau humain sur la boule, d'espérer lui donner ainsi une conscience et de lui demander ensuite, tout simplement, où se situe sa gauche. Maurice Charbonnier aurait tenté l'expérience sur lui-même. L'expression « expérience de Maurice » est utilisée dans le jargon scientifique pour évoquer une tentative désespérée, douloureuse et sale, de prouver qu'on a raison.
    En 1988, la remarquable « hypothèse Montaigne » fait penser que la solution est enfin à portée de main. Le collectif de chercheurs regroupé sous ce nom se coltine à l'énigme et parvient, dès les années 70, à une première avancée, selon un point de vue radical : modifier la perception de l'observateur, et lui faire adopter une certitude arbitraire : « ceci est le côté droit », par exemple. L'écueil de l'hypothèse Montaigne réside dans la difficulté à faire cohabiter deux observateurs conditionnés mais d'un avis opposé. S'ensuivent maintes bagarres et injures, aboutissements désavoués par les concepteurs-mêmes.
    Enfin, nous retiendrons la solution très nietzschéenne de Benoît Delporte-Voboisin. Opérant un transfert sémantique de l'expérience, le fameux joueur de billard la place sous l'éclairage philosophique et clôt la discussion d'un brutal, mais exutoire : « On s'en fout. »
    Je ne saurais mieux dire.
    Merci de votre attention.

  • Bilan

    Je dois avouer que j'ai manqué d'ambition dans ma vie : mes ennemis n'avaient aucun charisme.

  • Belle journée

    Simultanément, tandis que je soupesais le beau livre réalisé par Thoba's, m'arrivait un courriel que j'attendais. Réponse d'un éditeur au sujet d'un roman remanié l'an dernier et à lui confié. Réponse positive, positive et enthousiaste. Le contact par téléphone qui a suivi a confirmé que cet enthousiasme n'était pas qu'une formule. Voilà ce qu'on attend d'un éditeur ; qu'il vous dise oui oh oui je le veux ton texte donne-moi ton texte oui ! Avec plus ou moins de sobriété bien sûr, mais qu'il vous dise : c'est ce texte que je veux. Je le veux absolument, pour moi, je ne veux le laisser à personne d'autre. S'il précise : « ça fait dix ans que j'attends ce texte » et bien, que voulez-vous, les écrivains sont des gamines comme les autres... ça se pâme et ça frétille, ça en redemande. Plus sérieusement, avec ce roman et cet éditeur, on va passer un cap. Je vous tiens au courant, les amis, comme d'habitude, mais vous devinez que, tandis que la sortie de « j'habitais Roanne », déjà, me comble de satisfaction, l'avènement d'une nouvelle édition pour un texte auquel je tiens particulièrement, qui est la souche de mon travail d'écriture depuis plus de dix ans, ajoute à la satisfaction un bonheur presque insupportable.

  • Si ça vient de moi, ça va de soi ? *

    Depuis quelques années et la sélection du « Baiser de la Nourrice » au prix lettres-frontière, auteurs et médiathèques accueillant(es) ont tissé parfois des liens privilégiés. J'ai eu cette chance avec les médiathèques de Bozel puis de Gilly-sur-Isère. Grâce à Marielle Gillard, sa responsable, j'ai même l'honneur d'être le parrain du club de lectures de cette dernière structure (qui aurait cru qu'un jour... Faudrait que j'envoie ça à ma prof de français de sixième, tiens). En plus de cette majesté, l'équipe de Gilly a pensé faire le lien entre le récit d'inspiration autobiographique qu'est « J'habitais Roanne » et une série d'animations autour de Jean-Jacques Rousseau (c'est l'année, savez-vous ?). Une soirée est donc organisée le samedi 26 mai à partir de 18 heures, qui commencera par un exposé de Laetitia Agut, professeur de lettres, intitulé « l'autobiographie, histoire d'un genre » et sera suivie d'une rencontre autour de mon livre. On abordera « J'habitais Roanne » sous deux angles principaux. Le « J' », notion évidemment autobiographique (mais il faut se méfier des évidences), qui guide et conclut mon livre. C'est en questionnant cette « évidence » que des surprises peuvent surgir, je crois. Il sera aussi question de la notion de lieu, lieu traversé, lieu « hanté » par la mémoire, en écho à l'exposition en place dans la médiathèque : « 7 territoires où vécut Jean-Jacques Rousseau », ce sera pour moi l'occasion d'évoquer le « habiter quelque part », que je tente de définir tout le long de mon texte.

    Comme toujours, je suis persuadé de ne pas être à la hauteur et, comme toujours, Marielle parvient à me convaincre du contraire.

     

    * Jeu de mots piqué au poète Jean-Luc Lavrille.

  • Retour sur la Muse

    A la relecture, vous savez, je trouve que l'article de Franck Guigue sur mon bouquin dans "LA Muse" est de l'ordre de l'éloge (je m'étais arrêté en première lecture sur des broutilles, aveuglé par l'anxiété). La fin notamment, est un bel hommage : "A l’heure où la municipalité roannaise formalise un diagnostic culturel, pour l’avenir, on ne peut qu’encourager la lecture d’un tel ouvrage, qui, non content de dévoiler un panorama (quasi) exhaustif de ce que la ville a pu compter de plus pertinent dans ce domaine depuis une quarantaine d’années, laisse entrevoir ce qu’elle pourrait enfanter..."

    Car nous sommes quelques uns à penser que, en effet, cette petite ville a d'étonnantes ressources.

  • Il arrive !

    Cet après-midi, bref passage à Roanne... Pour aller chercher MON BOUQUIN !!!
    La diffusion devrait suivre dans la semaine (je vais caler ça avec l'éditeur). Premier rendez-vous : le 26 mai, 18h00 à Gilly sur Isère, dans le cadre d'une table ronde sur Rousseau et l'autobiographie, Premier rendez-vous roannais : Galerie Pikinasso, dimanche 3 juin à partir de 16 heures, dans le cadre d'une exposition spéciale Roanne. Rendez-vous suivants : le 8 juin chez Mayol à partir de 15 heures, le 9 juin espace Culture Leclerc à partir de 16 heures, le 16 juin de 10 h à 12 heures : chez Ballansat (Renaison), le 23 juin à partir de 9 heures librairie Le carnet à Spirales, Charlieu. D'autres dates à confirmer : fin juin (Rencontres Dialogues en humanité), en septembre (Médiathèque de Roanne), en octobre (Livres au Lycée : Albert Thomas), plus tard lectures à Saint-Haon le Châtel, salon de l'écrit... Je vous tiens au courant. Merci de votre soutien.

  • Apartheid

    A l'accueil de ce musée que je connais bien, un couple de retraités se présente. Le monsieur tient un caniche sous le bras. Le garçon à l'accueil a des consignes strictes : les chiens sont interdits dans les salles. Scandale des touristes, réponse aimable du fonctionnaire. Ils insistent, il tente d'expliquer. Enfin, le couple abandonne mais madame glisse une phrase triomphante avant d'abandonner le terrain : « En plus, je suis sûr que les étrangers peuvent entrer, eux. » Le petit caniche était tout blanc.

  • Muser

    Tu tapes deux ou trois mots sur le clavier dans l'espoir que, comme les pas de la marche, ils finiront par trouver une direction et révéler un sens. Et voici que tiens, comme en ce moment, ça se met à fonctionner et que, allez, la phrase poursuit son chemin et te guide, laisse-toi faire, laisse aller, tu verras, aucun risque, ça ne peut pas faire de mal. Et en effet, tu passes quelques lignes, tu évites un paysage ou un portrait, tu files la métaphore de l'écrit et de la promenade. La balade est finie, ma foi, elle fut courte mais agréable, tu as dégourdi le clavier, tu arrives au point final, tu réalises que mine de rien, tu viens de pondre un billet pour demain. Tu as bien fait de remuer les touches, c'est bon pour la circulation.

  • Principe de Heisenberg

    Écrivain, tu as une conscience aiguë du principe d'incertitude. Observant tes créatures, tu déranges l'ordre des choses, et le hasard s'invite pour te surprendre. Et ça, la surprise, tu aimes.

  • Haonthologie de la poésie

    Nous devons ce beau mot-valise reprenant le nom du village amoureux de la poésie : Saint-Haon-le-Châtel, à Jean Mathieu. Jean est un féru de littérature. On peut retrouver un savoureux portrait de lui dans le dernier livre de Jean-Yves Loude "Voyage en Côte roannaise avec mes ânes". Surtout, Jean est l'organisateur avec la Bibliothèque dudit village et l'association Demain dès l'Aube, de rencontres autour de la poésie exceptionnelles cette année (pas cette ânée, ne soyez pas bêtes).

    Au programme :

    Samedi 19 mai 2012 à 17h dans "Les Ruines" (ce sera fléché) : LECTURE d’Antonin ARTAUD par Thierry Mortamais

    A partir de 19 h Salle Bel Air, au cours d’un Repas –Buffet  (15€  -inscription au   06 45 88 79 73) : CONFERENCE MUSIQUE ET CHANSON sur ARAGON (je sens que ça va plaire à Cachard, ça) "Au bout des brouillages" par Suzanne Vengeon et Edouard Piolet

    Et à 21h 30 : SLAM par José Simon NARVAEZ (accompagné par la guitare Jean-Philippe Géressy).  José-Simon Narvaez dédicacera son livre "Excursion nocturne" lors de la soirée.


    Dimanche 20 mai de 14h30 à 17h, Jardin Cazamian ( ce sera fléché on vous dit). Table ronde animée par Michèle Naravez, entre quatre poètes et non des moindres :
     
    René Pons,  Pierre Présumey, Lionel Bourg et Jean-Luc Lavrille.

    C'est un week-end chargé, je sais bien, mais prendre le temps d'écouter ce qu'ont à dire des poètes, aujourd'hui, c'est de l'ordre de l'urgence.

  • Si ça continue, vous allez le lire entièrement et gratuitement sur Kronix...

    "Roanne a accueilli nombre de championnats, de rencontres internationales dans de nombreux domaines, et je suppose qu'il faut s'en féliciter. Roanne a aussi accueilli le Tour de France. Qui se souvient de l'acmé brusque et bref qu'il provoqua, admettra que tant d'agitation suivie de tant de silence laisse un goût d'hébétude. On objectera le sens de la fête, le prestige, le gain en terme d'image médiatique... Comment le solitaire, rétif aux glorioles sponsorisées, peut-il expliquer aux foules enthousiastes son incapacité à frémir aux exploits d’athlètes rémunérés ? A y bien réfléchir, tout ça n’est peut-être qu’un problème de vérité. A celui pour qui importe avant tout de ne pas mentir, ou à tout le moins, de ne pas être dupe des mensonges des autres, l’immense foire bariolée qui bouscula la quiétude de nos rues paraît une synthèse de tout ce que la société peut générer de superficialité. Sueur médicamentée et bicyclettes incroyablement sophistiquées, vertige publicitaire, klaxons multi-tons, triomphes, défaites et jusqu’au corps des athlètes aux mollets hypertrophiés : tout est déformation, artifice, mythologie factice d’une société qui paye ses héros. S’il reste une vérité, miraculeusement indemne au milieu de cette tempête abrutissante, c’est l’enthousiasme des spectateurs, sincèrement émus d’une chute, réjouis d’une victoire. Concédons à l’épreuve cet unique éblouissement : deux rives d’émotion vraie que traverse un fleuve de cynisme acidulé. J'ai bien encore quelques flèches susceptibles de filer contre la pratique du sport collectif en général mais à quoi bon ? Et puis j'avais promis d'être court."

  • J'habitais Roanne - Nouvel extrait (pour patienter)

    Tapon-Fougas ! le poète invraisemblable naquit déjà vieux probablement à Thiers en 1810 mais vint vivre les dernières de ses 83 années à Roanne, où il a enfin trouvé un imprimeur « honorable et sérieux qui a mis ses presses à [sa] disposition, pour tous [ses] ouvrages ». Le « Lamartine de l'Auvergne » comme il se nommait lui-même, est entré dans la postérité grâce au dictionnaire des fous littéraires d'André Blavier (...). Tapon-Fougas fut comptable, pion, secrétaire de diverses administrations mais, toujours écrivant, accumulera des milliers de vers mis en pièces (ou de pièces mises en vers si l'on veut), de grands drames, de projets fous, de diatribes et de pamphlets. Sa prolixité enviable ne lui permettra pas de dépasser la subtilité scripturaire de « Je préfère acheter du radis noir aux halles ; que l'étrange français des Belles Cannibales » ou ne le retiendra pas de faire rimer « anthropophage » avec « œsophage » (...). Une plongée dans les archives Coste à la bibliothèque du Musée Déchelette réjouit le cœur en même temps que l'on se sent traversé de tristesse à la lecture de ces délires maladifs. Tapon-Fougas (...) se plaint constamment de son absence de succès. Ses livres peinent à trouver plus d'un acheteur, ses revues plus d'un abonné. Une telle injustice faite à tant de talent ne peut s'expliquer que par un complot international ! Découvrant tardivement Rousseau, il est aussitôt pris en chasse par les voltairiens, les d'holbachiens et leurs épigones, tels que Victor Hugo, à qui il voue une haine tenace (...). Persuadé que Hugo l'a caricaturé dans Les misérables sous les traits de Thénardier, il prend la plume pour se venger et pond Les anti-misérables. Et toc. Poursuivi par la vindicte des franc-maçons et les intrigues de « l'école jésuito-dynastico-gréco-littéraire » qui voulait le « pousser à se suicider », il fuit en Suisse où il organise des lectures désespérément solitaires. Devant cet échec renouvelé, il accuse la presse d'avoir rejoint le complot qui tente de bâillonner sa voix, pourtant nécessaire au redressement national. Le journal reproduit in extenso la protestation du poète et s'excuse ensuite de façon un rien sarcastique et très savoureuse. Les titres de ses satires ou grands poèmes lyriques sont aussi stupéfiants que leur contenu : La lumière électrique par un vrai Diogène Au feu la fausse Némésis ; la Pétronéide, Pour relever et régénérer la France ; la Washingtonéide... La préface de ce dernier texte, grand poème lyrique écrit en hommage au premier président des États-Unis et à son pays, est adressée par ses soins (évidemment : par qui d'autre ?) aux organisateurs de l'exposition universelle de Lyon en 1872, « pour servir de prospectus au livre d'or de l'exposition lyonnaise ». Il explique sans fausse-modestie : « Ce doit être le véritable prix d'honneur de votre grande et si belle exposition universelle, à laquelle il manquait une grande œuvre littéraire et morale à produire à la grande lumière... Je vous l'apporte ! ».

  • J'habitais Roanne - Extrait

    "Nous nous éloignons donc du centre en même temps que s'efface le jeune adulte que j'étais. La trentaine, âge où se révèle que nous ne serons plus immortels désormais, est dépassée, on n'y revient pas sans régression stérile. Je grossis les statistiques impitoyables du mâle français moyen (je grossis tout court, d'ailleurs) et me voici quadragénaire, entamant un divorce, jetant dans l'incertitude mes chers enfants, éradiquant d'un coup des années de vie commune. Isolé, remué par la honte de faire tout ce mal, je tente de trouver un centre, un projet de vie. Je reviendrai à la fin de ce livre sur les éléments mêlés qui y ont contribué mais disons simplement qu'à ce moment-là de ma vie, je prends la décision de me consacrer à l'écriture. J'arrête toutes mes activités associatives (festival de SF, articles de presse, cours de dessins, émissions de radio, bénévolats divers), je cesse de pratiquer d'autres formes de création (illustration, vidéo, peinture) que je considère soudain comme des évasions chronophages. J'ai besoin de temps, du moindre quart-d'heure interstitiel récupéré le soir, le matin, à midi. J'écris encore à la main, sur des feuilles volantes, dans la cuisine, avant que les enfants se lèvent, quand la famille est couchée. Tout le temps."

  • Vocable OGM

    On pourrait imaginer former des mots autrement. Les sculpter par exemple, avec des gants face à un écran d'ordinateur. On pétrirait une pâte virtuelle, et voilà qu'un néologisme paraîtrait, tout neuf. Ou bien comme on manipule un code génétique, on couperait un bout de sanskrit, on le collerait dans un noyau sémitique, on ajouterait un accent nordique, créant une chimère lexicale... Le sens ? Parce qu'il faut que les mots aient un sens ? Tout de suite...