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BD - Page 2

  • 2679

    Après le retrait des missiles nucléaires à Cuba, l'écrivain Pol Mathil échange avec Che Guevara.

    Le Che : En acceptant le démontage des bases et des fusées, les Russes ont commis une erreur historique.
    Pol Mathil : Et toi, qu'aurais-tu fait à leur place ?
    Le Che : Si les fusées avaient été entre mes mains, elles auraient été tirées et auraient atteint la cible vers laquelle elles ont été orientées. C'est pour cela qu'elles ont été installées ici.
    Pol Mathil : Pourtant, si vous les aviez tirées, la riposte américaine aurait été immédiate et terrible. Cuba aurait été engloutie sous l'océan.
    Le Che : Peut-être. Tel aurait pu être le cours des événements. Mais le but aurait été atteint et l'impérialisme yankee nous aurait accompagnés au fond de l'océan.

    (Extrait traduit de L'intrus. 2007. Pol Mathil)

  • 2531

    affiche-cc.jpgChaque année, je viens, à l'invitation de l'équipe de Marielle, présenter ma "carte blanche". Chaque année, je viens avec un nouveau livre, une brioche aux pralines, un ou des invités, et un ou des kilos en plus.

    Cette année, ce seront trois invités et trois kilos.

    Ce soir, nous évoquerons les ouvrages de la dernière sélection Lettres-Frontière (et incidemment, "L'Affaire des Vivants", qui a le bonheur et le privilège d'en faire partie).

    Demain, c'est l'instant carte blanche avec, cette année, des potes auteur(e)s de BD. Tous issus de cette belle expérience que fut l'association Ikon&Imago, il y a.. hum... Euh... 15 ans !? Bref.

    Léah Touitou, dessinatrice, vidéaste, bédéaste, globe-trotteuse, engagée sans se déclarer telle mais parce que c'est comme ça...

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    Quelqu'un qui va vous donner une pêche formidable. C'est peut-être le point commun de mes trois i

    nvités, parce que Sarujin et Petelus n'engendrent pas spécialement la mélancolie, non plus.

    Petelus, c'est un univers tellement singulier que... je ne saurais pas en parler. Le mieux est que vous veniez vous en faire une idée. J'espère bien, par mes questions, donner un aperçu de l'univers de ce cosplayer, vidéaste, mélomane, lecteur de Nietzsche et fin analyste des absurdités de la société (il en déniche qui m'étaient restées invisibles, c'est dire s'il est fort).

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    Quand à Sarujin, le stéphanois de la bande, il a fait lui aussi ses premières armes dans l'association roannaise, et se consacre désormais à son art. Comme les amis sus-cités, il s'exprime rarement sur son métier, et ce sera l'occasion d'évoquer son travail, de l'illustration pour des jeux, des couvertures de livres, chez Fleurus ou Bordas, la colorisation... J'insère ici un dessin que ce talentueux garçon avait réalisa pour me soutenir, lors de la censure de "J'habitais Roanne" par le Pays Roannais (hebdomadaire local). Une attention qui me touche toujours.

    affiche christian.jpgCe sera donc, samedi matin à 11 heures, une rencontre passionnante, la découverte d'un métier aux multiples surprises (comment modifie-t-on une bulle de manga pour la remplacer par une onomatopée allemande interminable, sans détériorer l'ambiance du dessin original, par exemple).

     

    Venez nombreux, ça en vaut vraiment la peine.

  • 2515

    colporteur2.jpgJe crois que j'avais dit un jour, que je mettrais une planche d'une de mes BD.

    Pas trouvé grand-chose à dire aujourd'hui ; je prends donc ce prétexte pour tenir promesse.

  • Le salon de l'auto (promotion) - 2

    Sur un stand, le jeune homme vend des albums de BD. Toujours intéressé par ce type de publication (souvenirs...), je m'approche. Le produit est flatteur de prime abord (couverture cartonnée, couleurs pétantes...) mais j'ouvre, j'ausculte, et découvre des dessins assez vilains que la colorisation ne parvient pas entièrement à sauver. C’est de la SF dont le scénario, enfin ce que je peux en juger par un examen aussi rapide, ne me semble pas très original. Qui peut publier ça ? Je vois un label d'édition, FTW, je demande à l'intéressé où est cette maison, il m'explique que ça signifie Fuck the World (aha), que c'est lui et des copains qui ont monté ça « parce qu'il en avait marre de bosser pour Dargaud ». Je plisse les yeux, reviens à l'album. Chez Dargaud, un dessin aussi foireux ? Je ne dis rien à ce sujet, lui demande s'il s'en sort ; il me dit que oui, « à peu près ». Je lui souhaite bon courage. Un salon du livre est, avec un festival de cinéma, le genre de lieu où la mythomanie se vautre sur elle-même de la façon la plus indécente.

  • Le tourbillon de la vie

    Ma douce a entrepris de classer notre bibliothèque commune. Après les poches et les documentaires, elle ressort les bandes-dessinées. Je l'entends s'exclamer soudain. Elle m'appelle. Sur l'une des miennes, en page de garde, elle me montre une petite annotation au crayon. J'ai acheté cet album il y a plus de trente ans. Et la libraire... c'était elle.

  • Spathul se confie

     Ce que les gens sont décevants ! La tricherie, la duperie, tout ça ne leur fait ni chaud ni froid s'ils sont persuadés que la situation l'exige, s'ils pensent qu'il vaut mieux un tyran que la délicatesse de la démocratie. Toujours ce fantasme de l'homme providentiel. Je crois que les peuples se fatiguent, qu'à un moment de leur histoire, ils en ont assez qu'on les sollicite pour concevoir leur propre futur, exercice éminemment complexe, angoissant. Alors ils délèguent cette peine à ceux qui en feront quelque chose de compréhensible, d'évident. Cela ressemble à l'attitude des soldats dans la guerre. Plutôt charger, attaquer, foncer, plutôt risquer la mort que d'attendre la fusillade, l'inconnu, l'ennemi embusqué. Tout plutôt que l'angoisse. Et puis la tyrannie donne la sensation d'une certaine égalité pour les plus humbles. Ils se disent que, à partir de là, tout le monde est dans la merde, comme eux. Voilà, les dictatures naissent de prurits insupportables, quand on préfère se gratter au sang plutôt que de subir l'agacement de la démangeaison. Qu'importe ce qui arrivera : ça soulage. C'est assez romantique, en fait, ce désir d'assouvissement d'un besoin, comme la consommation d'une passion, trop puissante pour être retardée.

     

    Extrait d'un scénar de BD en cours. "Renzo et le tyran"

    (et c'est la 1800 ème note)

  • Dans la bulle

    Dans les BD que je lisais, enfant, des personnages criaient parfois : « Au sec ! » et je me demandais ce que cette injonction à se mettre à l'abri pouvait bien signifier. Notamment quand un soldat subissait un bombardement en plein désert. Bref, il m'apparut enfin que « au sec » était suivi de trois petits points et que « au sec... » était la forme interrompue de l'exclamation « Au secours ! », qu'une bombe ou un autre incident brutal avait tronquée. Certaines BD perdirent immédiatement de leur mystère.

  • De Roanne à Lyon

    CabaretPoetique.jpgDemain dimanche, nouvelle actualité, nouveau défi, nouvelle paire de chaussettes. Je serai sur la scène du périscope, à Lyon, à partir de 17 heures, en compagnie de Mariette Navarro, Marlène Tissot (une consoeur chroniqueuse de Vents contraires, d'ailleurs), et Lionel Tran (ouiiii, le Lionel Tran de « une année sans printemps » et « le journal d'un looser » avec Ambre) à l'invitation de Frédérick Houdaer et en partenariat avec l'Université Populaire de Lyon, dans le cadre du Cabaret Poétique. Le Cabaret poétique, c'est une fois par mois, des auteurs, des poètes, accueillis pour lire des extraits de leur travail. Laurent Cachard et Hervé Bougel (et plein d'autres que je ne connais pas, mais je cite les potes, je suis chez moi), ont déjà confié leurs mots au public de ce lieu pas comme les autres, et je suis extrêmement fier de leur succéder. J'ai choisi de lire "Les chants plaintifs", histoire de plomber l'ambiance. Chaque lecture dure 7 minutes. A la huitième, le poète est plongé dans une bassine de colle à rustine. Ça donne une diction assez nerveuse. Je suis heureux comme quand je suis amoureux.

  • Moebius la boucle

    Pour ceux de ma génération, Giraud alias Moebius et vice-versa, est un maître hors-norme, un surdoué en même temps qu'un patriarche. Je viens d'apprendre son décès à l'instant, et j'écris sous le choc, ce qui fait que je suis un peu démuni pour dire tout ce qu'il a pu apporter. Je n'idolâtre personne, ne sacralise aucun artiste, mais quand même, on vient de perdre un sacré bonhomme.

  • La chasse au sujet *

    A présent que « J'habitais Roanne » est achevé, et sans nouvelle de mon éditeur (sinon d'inquiétantes, indirectes), je prends de la distance avec ce livre qui m'a demandé plus d'un an de travail. On est toujours incertain par rapport à ce qu'on vient de finir. Est-ce si intéressant, est-ce que cela valait tous ces efforts ? Probablement non. Et s'il ne paraît pas ? Et bien, ce n'est rien. Je passe à autre chose. C'est tellement plus passionnant d'ouvrir de nouveaux chantiers. Alors, maintenant ? Le travail ne manque pas. Reprendre entièrement ce roman-monstre des mes premières velléités scripturaires, production pourtant encensée par au moins un auteur important et plusieurs bons lecteurs, mais qui méritera une réécriture plus cohérente avec la forme littéraire à laquelle je suis parvenu, 15 ou 20 ans après. Ensuite, un scénario de BD. On s'arrache les cheveux avec Rivera pour trouver un sujet. Rivera avait envie de raconter la conquête du Mexique par Cortés. Le projet m'enthousiasme d'abord, parce que j'avais eu cette envie moi aussi, après la lecture d'une courte BD sur un « Pilote » de ma jeunesse. Je trouve l'angle le plus original, il me semble : donner le point de vue de La Malinche, cette femme incroyable qui a aidé Cortès à renverser un empire aussi vaste et puissant que l'empire romain à son apogée. Et puis, patatras : nous découvrons que le grand Jean-Yves Mitton a eu exactement la même idée et en a fait une série de 7 albums chez Glénat, en 2008. Rideau. Je pense ensuite à un épisode peu connu de la France du Moyen-âge : « la Croisade des enfants ». Vlan : tous les scénaristes étant à l'affût de bons sujets, je découvre une série chez Soleil qui traite du sujet. Bon, pas de panique. Hier, j'ai eu une révélation. Je crois, je crois bien que j'ai trouvé. Compte tenu de la course aux projets qui dans les maisons d'édition, je ne peux vous en dire plus. Vous apprendrez cela en temps et heures. En tout ca,s Rivera et moi travaillons déjà sur un début de série. Je la signe sous pseudo, mais puisque nous sommes ici entre nous, je vous donnerais quelques informations au moment de la sortie.

     

    * prononcer 20 fois très vite.

  • Espèce menacée

    Les livres étranges et drôles (et crispants parfois) des requins marteaux risquent de disparaître. Ferraillle ! ce serait trop bête !
    http://www.lesrequinsmarteaux.org/

  • En recherche d'éditeurs

    L'heure du chasseur

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    Fab est un type adorable, marié à une femme adorable, qui est deux fois papa d'enfants adorables, tous dans une belle grande maison qu'il retape dès qu'il a une heure de libre. Ce qui explique qu'il est très occupé par sa vie familiale et professionnelle et qu'il a délaissé la BD, pour laquelle, bon sang de bois, il est sacrément doué. J'avais repris pour ce talent exceptionnel, un vieux scénario auquel je tiens beaucoup : « L'heure du chasseur », une histoire plus ou moins héroic fantasy où les enfants d'un clan se retrouvent seuls (tous les adultes meurent mystérieusement), vont à la recherche d'adultes dans une autre zone géographique et, parvenus dans une nouvelle cité, découvrent que, là aussi, une sorte de malédiction a frappé, et que les adultes sont tous morts, laissant encore un peuple d'enfants. Le principe basique permettait de multiples approches sur la frontière enfant/adulte, la peur de devenir adulte (si je deviens plus mûr, plus responsable, si je grandis, je peux mourir : comment rester un enfant en ayant la charge d'une communauté ?), la mémoire des peuples (les adultes disparus, que reste-t-il de la mémoire d'une société ?), la transmission du savoir, etc. Le scénario a connu plusieurs versions, dont une resserrée, construite à partir de flash-back, version la plus intéressante. 72 planches qui culminent quand les enfants sont confrontés à des adultes qui veulent les tuer. La scène finale est noire (ça vous surprend ?) mais surprenante je crois. Je mets ici quelques images que je regarde avec plaisir et sans remords. Même si Fab ne le reprend jamais, l'expérience de travail avec lui a été formidable. Mais, là aussi, sait-on jamais ?

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  • En recherche d'éditeurs

    L'arbre

    Franck Perrot est l'illustrateur surdoué qui signe la couverture du Psychopompe (et, au passage, celle de l'autre titre de la collection « noirceurs océanes » : Les faux cils et le marteau de Thierry Girandon). Franck est un personnage merveilleux ; père de famille lui aussi (comme les dessinateurs précédemment présentés), ses longues mains sont plus que ses outils de travail, des machines à raconter. Elles recueillent les rêves informulés et les animent avec élégance. Le metteur en images idéal pour deux contes sortis de mes tiroirs : L'arbre, et la statue. Les quelques images ci-dessous disent assez pourquoi je suis relativement confiant sur l'avenir de ce projet : je pense qu'il sera édité un jour.

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    (J'ai mis ce billet dans la catégorie BD mais, évidemment il s'agit d'album illustré).

  • En recherche d'éditeurs

    Essai_planche2.jpgLes deux pouvoirs

    Un vieil ami, devenu par le mystère des flux et reflux qui font les vies, un type que je n'aime pas, s'était permis de ricaner sur la production de Cédric : « Mais il fait quoi ? Du commercial ? » (mettre des aigus sur le "a" de commercial) La formule résumait tout ce qu'il y avait à penser, selon lui, des efforts d'un garçon de 20 ans pour faire sa place dans ce métier difficile. Il ne s'était pas bouché le nez, mais pas loin. Considérant la teneur de ses propres scénarios, je m'interroge, mais passons. Cédric, garçon qui respire la joie de vivre, continue son chemin, et il est le seul de la bande à être devenu professionnel dans le milieu de la BD. Certains, confinés aux chroniques culturelles locales s'en trouvent un peu marris et n'ont pas de scrupules à ne pas se réjouir de la réussite d'un ami. Laissons les goujats à leur constipation. Pour ma part, j'ai gardé d'excellentes relations avec Cédric, et nous avons travaillé sur nombre de projets ensemble. Le dernier en date est une série intitulée « les deux pouvoirs ». Elle est en cours d'élaboration. Pour l'instant, presque deux album sont écrits, et Cédric fait des essais. La recherche des éditeurs se fera dans quelque temps. Je ne peux guère donner d'infos sur le sujet (commercial ! Commercial ! Vocifère le goujat) mais il sera question d'inceste, de mort et de vie (ah bon ? s'interroge le goujat, surpris qu'on puisse assez maîtriser son art pour intégrer de tels thèmes dans une BD commerciale). En tout cas, parce que vous, vous êtes gentils, je veux bien vous confier quelques esquisses. Vrailent des esquisses, d'ailleurs, j'insiste : les dernières versions que j'ai vues sont autrement plus riches et mieux construites. De véritables récits dans le récit.

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  • En recherche d'éditeurs

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    Renzo

    Thibaut est l'exemple (dans le sens du modèle, de l'exemplarité) de ce que produit un travail acharné. La première fois que j'ai vu ses dessins, il y a des années (enfin, moins de dix ans il me semble), je ne peux pas dire que sa production m'ait convaincue. Il fut vite une des forces vives de l'association d'auteurs de BD que nous avions fondée à Roanne, mais il lui restait beaucoup de chemin à parcourir avant de prétendre à l'édition. Il a simplement travaillé tous les jours comme un dingue et a fait la démonstration que, avec de la volonté (et tout de même un peu de goût et d'intuition dans la narration), on peut non seulement atteindre un niveau correct, mais trouver son propre style. Ce qui n'est pas donné à tout le monde. Certains cherchent toute leur vie. J'en ai vu de plus doués incontestablement, mariner et patiner sans évoluer, ne pas travailler assez, et finir par réduire la voilure, s'amoindrir, et s'arrêter. Thibaut n'a jamais cessé.

    Il se trouve qu'il est aussi un bon lecteur, amateur de littérature, et confident scrupuleux de mes écrits inédits. L'un des seuls, pour tout dire, à avoir lu tous mes romans ou presque. Or, Thibaut est sous le charme d'un roman intitulé « A la droite du Diable », roman d'anticipation, politique-fiction mêlant intrigue policière, stratégie diplomatique, introspection, etc. L'un des axes de ce gros bouquin était l'exploration des relations au sein d'une communauté formée autour d'un homme puissant, pratiquement un dictateur. Thibaut aurait aimé travailler sur un scénario inspiré de cet aspect. Suffit de demander : voici « Renzo et le tyran ». Un « one shoot » (comprenez : une histoire complète en un album, par opposition aux séries), ou le tragique se mêle aux drolatique. Quand on scénarise, il y a un plaisir à imaginer des scènes qu'un dessinateur aimera mettre en images. Pour l'instant, le projet est arrêté, Thibaut travaille sur d'autres projets plus personnels (voir le site Senzu, marge à gauche). Peut-être qu'un jour... En tout cas, je suis fier de mon scénario et des premières planches que Thibaut en a tiré.

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  • Dieu en personne en 60 secondes

    Avant de partir pour une absence de quelques jours, au terme de laquelle, ne rêvez pas, je n'aurais probablement pas lu grand'chose, je vous laisse avec cette dernière chronique.

     


     

    Dieu en personne, Marc Antoine Mathieu. 123 pages noir et gris. Delcourt.

  • Là où vont nos pères

    aab1988d7b251b923eb7ed4b3fb3c734.jpgUne BD pas comme les autres. D'un auteur australien d'origine malaise.

    120 pages silencieuses et oniriques, d'une qualité graphique presque inégalée, racontent l'histoire d'un père de famille migrant dans un pays lointain pour sortir de sa condition. L'histoire éternelle de tous les immigrés.

    Sans le moindre texte, Shaun Tan réussit à nous faire percevoir l'étrangeté du monde dans lequel le père débarque (une sorte de New-York), le choc d'une culture inconnue, avec ses langages, ses codes, ses rituels incompréhensibles. Là, tout est différent, les gens ne sont pas hostiles mais il faut parvenir à se faire comprendre... comment trouver du travail, un logement, comment se nourrir dans une société dont les règles vous échappent, où même les animaux de compagnies se comportent de façon curieuse. Malgré tout, malgré son incapacité à communiquer dans le langage de ce nouveau monde (ce qui donne la clé de l'absence de texte de l'album), le père va se débrouiller, faire des rencontres (superbes, et qui sont le prétexte à des images inoubliables), gagner assez d'argent pour faire venir sa famille. La dernière image de l'album conclut merveilleusement cette histoire, intelligente du début à la fin. Les capacités d'adaptation de l'enfance, qui triomphe de tout.

     L'auteur a mis quatre ans pour venir à bout de ce travail de titan. Les dessins sont d'une beauté renversante. Une oeuvre rare, unique.

    C'est chez Dargaud, ça s'intitule "Là où vont nos pères", collection Long courrier.

  • Gash la rage

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    Sans s’éloigner de son inspiration manga et de ses thèmes de prédilection, Petelus esquisse une vision minimaliste de l’apocalypse.

    Toutes les fins du monde connaissent un climax, un point de non-retour que tout bon sauveur se doit d’anticiper. Toutes les fins du monde sont interrompues dans leur processus. Et pour cause. Mais Gash est un sauveur-en-retard.

    Car l'humanité s’est consciencieusement suicidée au long d'un immémorial combat fratricide. La boue engloutit lentement cet interminable amoncellement de cadavres, et la brume achève d’effacer le souvenir des hommes. Les immenses Maurks, des ogres descendus des montagnes, n’ont eu qu’à finir le boulot. Tout est accompli. Le monde est perdu. C’est l’heure que Gash a choisi pour apparaître, lui et sa redoutable épée. A quoi pense Gash ? Est-ce qu’il culpabilise, est-il happé par la folie d’un dernier espoir, la volonté d’en découdre ou par un désir de vengeance ? Personne ne le sait, pas même l’auteur. Tout ce que Petelus connaît de sa créature, c’est qu’elle est née pour se battre contre les Maurks. C’est son seul talent, c’est sa seule fonction, c’est son unique pensée. Alors, Gash se bat. Minimaliste, vous disais-je.

    Gash la rage, par Petelus. Onabok éditions. Sur souscription.

    Voir aussi chez Hector

     

  • Les mauvaises gens - Etienne Davodeau

    Les Mauges, entre Cholet et Angers, une région vallonnée du Maine-et-Loire, rurale, catholique et ouvrière de l’ouest. Le récit débute dans les années 50.

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    Racontée par leur fils, par la grâce d’une BD exemplaire, voici l’histoire de Maurice et Marie-Jo, ouvriers qui s’éveillent à la conscience politique et au combat syndicaliste. Dans un pays extrêmement conservateur et catholique, cela demande du courage, beaucoup de courage.

    Dans ce double portrait tendre et respectueux, drôle et souvent émouvant, c’est l’histoire de toute une région, et au-delà, celle d’une France en pleine mutation que l’auteur, Etienne Davodeau, raconte.

    Souvenons-nous qu’il y a eu et qu’il existe encore une classe ouvrière, qu’elle est oubliée de la parole politique et récupérée par les plus cyniques. Il y a encore un combat à mener, des conditions de travail à faire évoluer, malgré la marche du monde. Et ce combat, des gens de peu l’ont mené. Ils avaient pourtant beaucoup à perdre. Une leçon.

    « Les mauvaises gens » a reçu le prix du public, le prix du scénario, le Grand Prix de la Critique en 2006 à Angoulême, un palmarès rêvé auquel est venu encore s’ajouter le prix France Info 2006.

    Je sors de cette lecture avec une pensée en marche, et de l’espoir. C’est assez rare pour que j’aie envie de vous faire partager immédiatement cette impression.