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choses vues - Page 30

  • Hier, Golden Triangle à Villeurbanne

        Le dispositif est une architecture ouverte, aérienne et blanche, où se lit pourtant le présage  d'un enfermement possible. Dès la première seconde, on assiste à la course éperdue d'un homme entre les montants de la structure. Fugitif, souris de laboratoire jetée dans un labyrinthe, simple symbole de la condition humaine ? L'identification est instantanée. La structure à base de carrés entrecroisés, ce sera tout l'espace scénique, ce sera tout l'univers. Aux spectateurs de le comprendre, de s'y inviter, de participer. La circulation du danseur se heurte aux frontières que deux hommes, mécaniquement, froidement, matérialisent par des sangles de couleurs tendues entre les solives blanches. Une angoisse naît. Angoisse du danseur, montée de la musique, anxiété à laquelle concoure plus ou moins volontairement le spectateur qui se décide à pénétrer entre les montants de bois.
        Il existe une tentation peut-être cruelle d'anticiper le jeu, d'aller au bout de la logique et de participer au confinement du fou qui se débat dans des espaces de plus en plus petits, pour voir. Les sangles se multiplient, s'additionnent toujours aussi mécaniquement, par gestes chorégraphiés au millimètre. Au fil du temps, le réseau de sangles réduit l'espace d'expression du danseur, le public le plus volontaire s'est aventuré au plus près du danseur. On pourrait craindre l'emprisonnement, la peur. Mais les ruades révoltées ont eues lieu, les secousses et les velléités de dépassement, tout cela s'est effectué sous le regard de tous. Nous n'en sommes déjà plus là. A la fin, quand il ne reste plus au danseur qu'un triangle restreint, c'est l'apaisement qui survient. Pas la résignation ou le découragement, mais la certitude qu'enfin, chacun a trouvé sa place. Et, les bras ouverts, solaire, l'homme en son triangle irradie de sérénité.

        En une demi-heure, grâce à la complicité entre un musicien (Jérôme Bodon-Clair), un danseur (Philip Mensah) et un plasticien (Mark Klee et son assistant), ce spectacle hors-norme construit une histoire muette, fait vivre à tous, public et « agents », une expérience absolument commune, une symbiose rare. Tous lancés dans le même élan, les humains accueillis ce soir-là au Mikrokosm : spectateurs, danseur, musicien, plasticiens, ont vécu et généré quelque chose de l'ordre du mythe.

     

    Golden Triagnle est une coproduction NU laboratoire Compagnie, Mikrokosm (Villeurbanne) et Carré Currial (Chambéry), sur une idée orginale de Jérôme Bodon-Clair.

  • N.

    Je ne l'avais vue que deux ou trois fois, beaucoup appréciée parce qu'elle était le symbole d'une exigence dans l'écriture, j'avais lu ses textes impeccables et inspirés. Mais je n'étais pas un proche. Quand un ami à elle (presque un parent tellement ils se connaissaient bien), nous a appris la mort de N. dans un mail laconique, hébété, assommé, j'étais sous le choc. J'ai appelé cet ami, redoutant les précisions qu'il allait me donner, et en effet : N. s'était suicidée. Submergé d'émotion, j'ai fondu en larmes incontrôlables, malheureux de cette démonstration, tandis qu'à l'autre bout du fil, un de ses amis les plus proches serrait les dents et affrontait sa douleur avec dignité.
    J'ai mal dormi ensuite, enfin encore plus mal que d'habitude je veux dire. Remuant les souvenirs de N., le peu de souvenirs que j'avais, le visage de N. souriant, N. lisant un texte, etc., mais surtout, mêlé à l'émotion que je ressentais, le sentiment que ma souffrance était illégitime. Que moi, qui l'avais si peu connue, je n'avais pas le droit de sembler plus accablé que ses amis intimes. Je voyais ma peine comme une indécence et m'insultais intérieurement d'une telle obscénité.
    J'ai longtemps hésité à me rendre aux funérailles, pour la même raison. Finalement, in extremis, j'ai décidé de m'y rendre, ma douce m'a accompagnée. Elle connaissait bien N. aussi. Nous sommes restés au fond pour ne pas être vus. Je n'ai pas pleuré, cette fois. Comme un qui a compris ce qu'est la vraie douleur.

  • Générique

    « Prédictions », « agents secrets », « burn after reading », quel est le point commun à tous ces films ?

    Chacun d'eux commence par une vue de la terre depuis l'espace et un zoom avant sur la zone où se passe l'action. C'est ce que j'appelle le syndrome « Google earth ». j'ai listé ceux-là mais cherchez bien : depuis quelques années, c'est devenu une véritable convention visuelle.

  • Coule

    Il les cherche aussi, les parodies ! Tout seul devant un horizon maritime, dans une prémonition de la phase ultime du réchauffement climatique, avec une montée des eaux qui recouvre définitivement toute trace de vie. N'est-ce pas une fanfaronnade pathétique de se dire fort quand on est totalement submergé ?

  • Civilisé

    La question était mal posée. Il fallait d'abord demander : « Pour vous, qu'est-ce qu'une civilisation ? » Toujours s'entendre sur le vocabulaire. Je pouffe en imaginant Guéant s'emmêler les pinceaux à tenter, en direct, de définir une notion aussi complexe.

    Ensuite, il était éventuellement possible de lui demander un classement, pour voir.

  • Plus qu'hier

    - Merci pour les roses. Elles sont très belles. Tu as quelque chose à te faire pardonner ?
    - Oui
    - Quoi ?
    - De ne pas t'en avoir offert hier.

  • Crever la dalle

    Par chez moi, on fait la grève de la faim pour réclamer des parkings. Oui m'sieur ! Pas pour défendre  les droits de l'homme, alerter l'opinion publique sur le sort des SDF en hiver ou protester contre la maltraitance en milieu carcéral, pas pour s'indigner des condamnations à mort en Chine ou s'inquiéter de la centralisation des Caisses d'assurance ou du non-financement des dépenses de santé. Non : pour des parkings. Gandhi n'y avait pas pensé, Bobby Sands non plus. Ou peut-être auraient-ils trouvé ça absolument obscène. Va savoir.

  • Courrier (in)désirable

    Sur des charbons ardents, en ce moment. Récemment, tandis que je faisais un peu de ménage dans ma boîte mail, je me hasarde dans la rubrique « courrier indésirable », que je m’apprête à vider comme il se doit. Parmi les suppliques d’enfants malades, les loteries gagnantes et le tout-venant de l’e-trash, mon œil est arrêté par un objet singulier : le nom d’une personne que je ne connais pas... suivi du titre d’un de mes romans inédits ! Un peu abasourdi, j’ouvre le mail et je lis : "Bonjour, Votre manuscrit  "......" nous est parvenu par une voie un peu détournée – recommandé par un confrère éditeur. Une première lecture ayant suscité un intérêt, nous nous apprêtons à en effectuer une seconde. Pouvez-vous me confirmer que vous êtes toujours à la recherche d'un éditeur pour ce texte ?"


    Parmi les éditeurs qui ont refusé mon manuscrit, il y en a donc un qui l’a jugé assez intéressant pour le signaler à un confrère. Je ne sais pas lequel est-ce (enfin, j’ai mon idée, mais), ni si ce livre sera un jour enfin accouché, mais je trouve sa démarche belle et… j’en suis un peu retourné pour tout dire. En tout cas, la maison d’édition qui est aujourd’hui intéressée par ce texte est tout-à-fait dans l’esprit que j’aime. Une belle ligne éditoriale, une vraie valeur littéraire, une attention à l’objet-livre aussi, à la qualité du papier, etc. Si jamais je suis édité chez eux, aussi, c’est une marche significative dans la reconnaissance de mon travail, puisqu’il s’agit de sortir de l’édition confidentielle où des auteurs comme moi sont souvent confinés (ce qui a bien sûr de très bons côtés). Enfin, calmons-nous : rien n’est fait.

    Je vous tiens bien sûr au courant.

  • Ô temps

    Je n'avais pas dû répondre assez vite à l'instituteur. Une question évidente appelant une réponse immédiate. Mon mutisme tellement affligeant après cela que l'instituteur éclata en me posant une question du même niveau de facilité : « Tu connais au moins ta date de naissance ? » Je ne la savais pas. Hilarité générale. Le maître, abasourdi face à un tel cancre. Moi, mortifié à jamais. J'ai toujours ce problème avec les dates aujourd'hui. Il m'est très difficile d'en retenir une et surtout, de concevoir quelle distance me sépare de telle ou telle échéance. Un handicap sérieux quand je travaillais dans la communication, métier qui réclame un bon sens du timing. Une vraie difficulté dans la vie de tous les jours. Mais aussi un don précieux, qui crée un environnement flottant, un continuum sans aspérité. Les jours sont comme des débris sur le fleuve, qui viennent à ma rencontre, passent et me contournent.

  • Naguère

    Elles avaient d’étonnantes manières, des spirales déroulées dans le geste du vent, des robes qui buvaient le soleil. L’herbe scintillait, l’air attendri bénissait la peau de toutes les femmes. Elles avaient une beauté qu’on n’aurait su décrire. Nous songions aux caresses, nous rêvions aux ivresses adultes, aux drames de nos futures joutes. Nous étions impuissants, assis étourdis au spectacle des rondes majuscules.

  • Pas touche

    Juste derrière la paroi de verre du magasin, un écran s’adresse au passant impuissant : « Ecran tactile : appuyez ici pour tout savoir sur nos offres ! »

  • Comme d'habituuuude

    Chaque jour depuis des années, je passe devant ce restaurant, et chaque jour je vois par la vitre cet homme attablé à la même heure, à la même place. Je le plains de cette monotonie désespérante. De sa chaise, lui doit me voir passer aussi régulièrement, me plaindre pareillement. Deux types prisonniers des habitudes. On pourrait peut-être manger ensemble, un jour ? Mais la perspective de l’échange de nos platitudes est un puissant repoussoir.

  • Rions un peu

    La lucidité n'aide pas tellement à être drôle. On est vite rattrapé par le cynisme et par l'ironie (« qui réduit tout » comme dit Arsand). Alors, on se souvient que l'humour est la politesse du désespoir, que la dérision permet de se placer au bon niveau, on se rappelle surtout que la vie est une farce, énorme, douloureuse, tragique, mais une farce. Et la drôlerie revient au galop, heureuse, serviable, rassurante. Tout cela finira dans une gigantesque explosion de rire, une fournaise comique, un embrasement d'hilarité. La damnation à ceux qui n'auront pas su rire de cette vaste blague.

  • Révolution

    Précipitons une goutte d'eau dans un vase plein. Le vase déborde. Mais assez peu en vérité, de la valeur de la goutte, ou un peu plus selon la grosseur de la goutte et la hauteur de laquelle elle est tombée. En fait, après le moment critique du débordement, on peut considérer que le vase est toujours à peu près plein. Non, non, pour bien faire, je vous le dis : renversons le vase carrément. Le principe vaut aussi pour la coupe qui, cette fois-ci, est pleine.

  • Ma scène préférée

    Sur le site allociné, une rubrique plaisante s'intitule « ma scène préférée ». Des gens de cinéma y décrivent lors d'une interview, la scène qu'ils préfèrent dans toute l'histoire du cinéma. Je me suis souvent interrogé à ce sujet, sans trouver de réponse. Impossible : tant de scènes marquantes, tant de plans inoubliables, de films magistraux, comment sélectionner une seule scène ? Ou seulement faire un premier tri ? J'admire la faculté des interviewés à répondre, apparemment de façon improvisée, à une question aussi complexe. Une récente nuit d'insomnie m'a donné l'occasion de mûrir le sujet. Impossible de ne retenir qu'une scène, mais plusieurs se détachent.
    Dans « Andreï Roublev », la scène où, après des mois de travail, une nouvelle cloche est inaugurée avec toute la pompe et la foi du moyen-âge russe. Sauf que, le très jeune garçon (un enfant presque), qui a conduit les travaux n'est absolument pas sûr du résultat. Et le madrier est balancé contre le flanc de la cloche énorme. Il approche, millimètre par millimètre, il va la frapper...
    « Les dix commandements ». La scène Hénaurme de l'érection d'une obélisque (tiens ? Encore des travaux ! Un fétichisme du chantier se dessinerait-il chez moi ?)
    « Spartacus », Kirk Douglas découvre le corps d'une femme, l'esclave Varinia, dans son cachot. Magnifique moment sur la musique devenue célèbre d'Alex North. Dans le même film, la scène de leurs retrouvailles m'arrache des larmes (si je suis tout seul).
    « Les possédés ». Deux jeunes réalisateurs imaginent comment ils vont pouvoir réaliser un film point trop honteux avec très peu de budget et un scénario débile. Ils cherchent... et trouvent : ce qui fait peur, c'est le noir. Autour d'une simple lampe de bureau, les scènes-clés du film rêvé se mettent en place.
    « A history of violence ». Le visage de Mortensen, qui vient de tuer. Plan fixe, pas un mot. L'horreur pure.
    De Spielberg, les fameuses vingt premières minutes du soldat Ryan. Au cinéma, la première fois, je crevais de trouille.
    Du même, dans « minority report », le monologue de la précog qui raconte aux deux jeunes parents, le futur « possible » (mais qui n'est pas advenu), de leur enfant mort.
    Dans « Le Guépard », le dialogue entre le comte Salina et un envoyé du tout nouveau gouvernement italien. Un dialogue, confiné dans un bureau. Un échange d'une grande intelligence, empreint de respect, et qui verse dans le poétique.
    « Fellini Roma ». Des archéologues pénètrent dans une crypte que les travaux du métro ont découvert. Là, des fresques somptueuses s'offrent à leur émerveillement. Et puis, en quelques secondes, l'air pollué de la capitale, efface tout sous leurs yeux effarés et impuissants.
    « Good morning Babylonia ». Les frères Taviani mettent en scène deux frères italiens, maçons, artistes restaurateurs d'églises romanes, obligés de migrer en Amérique. A Hollywood, ils sont pris à partie par un petit directeur de plateau quelconque, qui leur envoie son mépris aux visages. « De qui es-tu le fils ? » lui répond l'un des frères. « Nous sommes les fils de Leonardo, Raphaello, Michelangelo. Et toi, de qui es-tu le fils ? » C'est lyrique, tragique, monumental. Bouleversant.
    « Home », premier film d'une réalisatrice belge. La mère a conduit toute la famille à partager sa folie et à emmitoufler la maison dans un cocon matelassé. La famille s'enfonce dans le silence, la nuit, l'étouffement. On s'achemine vers une mort anesthésiée. Et puis, un jour, la mère défonce un mur, et libère son monde de ce ventre délétère. C'est un moment d'une absolue poésie et d'une grande force visuelle.
    « Le conte des contes » Youri Norstein. Les scènes qui racontent la paix. Un minotaure joue à la corde à sauter avec une petite fille, un pêcheur rentre, un poète passe. Dans le même film, la terrible scène du bal pendant la guerre. Les époux décédés s'échappent d'un coup des bras de leur cavalière.
    Frédéric Bach « L'homme qui plantait des arbres ». Encore un film d'animation. Les mots de Giono, la voix de Noiret, les pastels qui ont demandé cinq ans de travail et qui racontent cette histoire magnifique. A un moment, un ami du narrateur dit simplement que le paysan Elzéar (l'homme qui plante les arbres) a « trouvé un sacré moyen d'être heureux ». A chaque vision, sur ces mots, ma gorge se noue.
    « Le vieil homme et la mer », film d'animation de Petrov. La scène du bras de fer dans la taverne. Une prouesse technique autant qu'un moment admirable d'émotion.
    « La règle du jeu » de Renoir. Tant de scènes... Mais l'enchaînement magistral de la course-poursuite dans le château entre le garde-chasse et le braconnier promu domestique, alors que tout bascule dans le chaos.
    « les rapaces » l'uniforme immaculé de Von Stroheim, balancé sans ménagement dans une ignoble bouche d'égout.
    Les longs plans vides de la lente poursuite de « vertigo » dans les rues de San-Francisco.
    Le dernier plan de « A serious man » des frères Cohen.


    Bon j'arrête là. Il y en a tant, je capitule.

  • Le secret

    Au dessus de ton air sérieux, la marque des anges, sais-tu, sais-tu ce que c'est ? - Non – la petite dépression qui enfonce ta lèvre supérieure – Non, je te dis – Dans le ventre de ta mère, tu savais le secret du monde. A ta naissance, un ange t'a demandé de le taire, et pour signer le pacte, a posé son doigt sur ta bouche – C'est joli – Ce n'est pas de moi – Je sais. Embrasse-moi.

  • Pas tous faits pareil...

    Ses soldats ont fusillé une trentaine de personnes aujourd'hui et il ne compte plus le nombre d'opposants qui hurlent sous la torture en ce moment-même. Cependant, le dictateur dort paisiblement. Alors que pour moi, une simple prise de bec au téléphone et c’est l’insomnie.

  • Carré

    Politique courageux, il avait décidé de dire tout haut ce que son électorat pensait tout haut.

  • Prenez cinq minutes...

    ... et lisez cet éditorial du Monde (écrit par Rocard, oui, mais qui donne un éclairage trop peu souligné sur la crise que nous traversons. )

  • L'émission qui vous voeux du bien

    Je n'ai pas pu résister à vous retranscrire ci-dessous les voeux de l'équipe de l'émission "Là-bas si j'y suis" de Daniel Mermet (France Inter chaque jour à 15 heures). Décidément trop délicieux pour les garder aux quelques abonnés de leur news letter, comme on dit.

    "Merci chers Auditeurs Modestes et Géniaux, grâce à vous, Là-bas se porte bien, et même très bien, selon la dernière enquête Médiamétrie, l’émission vient de battre un record d’audience historique, avec 145 000 auditeurs nouveaux en un an, vous êtes au total 558 000 à embarquer chaque jour pour Là-bas à 15 heures, merci à vous tous !

    Toujours amicale, la direction de France Inter n’a pas manqué de féliciter chaleureusement  toute l’équipe pour les prouesses de la réalisation, la qualité des reportages, pour l’esprit critique et l’indépendance de notre ligne éditoriale « Depuis vingt ans, vous dénoncez l’emprise  de la dictature financière, aujourd’hui l’histoire vous donne tragiquement  raison, vous êtes l’honneur de cette maison ». Les applaudissements n’en finissaient pas, toute l’équipe était émue, les confrères surtout, avaient tenu à venir nous saluer, bravo, merci,  c’est Bourdieu qui avait raison, vive Noam Chomsky ! Vive Frédéric Lordon ! Vive les ouvrières de Moulinex ! A bas le Parti de la Presse et de l’Argent ! Têtes baissées, certains même à genoux, venaient dire à quel point ils s’étaient gravement fourvoyés. Nous les avons rassurés, pas de chasse aux sorcières, pas d’épuration, pas de camp de rééducation.

    Les résistants de la 25eme heure faisaient assaut de zèle. Alexandre Adler hurlait qu’on fusille Alain Minc sur le champ !  Pour Jean-Marc Sylvestre, déchaîné, c’est tous ceux du Fouquet’s qu’il fallait guillotiner sans jugement. Tout modeste, Martin Bouygues nous offrait les clés de TF1 « en vue de la re-nationalisation », disait-il, ajoutant, la main sur le cœur : « Non pasaran ! ».

    Tandis que, le poing levé, David Pujadas et Jean-Michel Apathie entonnaient l’Internationale,  personne n’avait remarqué, par une porte dérobée, le directeur de France Inter  s’éloignant  sur une simple mobylette avec sa  guitare sur le dos, après avoir laissé à son assistante un message pour dire qu’il  reprenait  son honnête  chemin de chansonnier  et qu’il était inutile de tenter de le faire revenir.

    Un vœu qui fut rigoureusement respecté."