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Livres - Page 37

  • Première marche - 7

    Quand je commence un roman, quand je jette la première phrase sur le papier, un certain nombre d’étapes a déjà été franchi. Il faut d’abord que je sois convaincu de l’intérêt du sujet, car je vais vivre plus d’un an avec des personnages et dans leur univers, presque quotidiennement. Cela mérite réflexion. Souvent, un sujet s’impose seul, et il me serait très difficile d’analyser toutes les arcanes qui le font naître. Ce sont des questions qui me taraudent, des choses qui mobilisent mon attention. La valeur et la fragilité de la démocratie, la trahison des idéaux que l’on s’est fixé, la subtilité et la volatilité de la mémoire des sociétés, sont des thèmes que j’affectionne, entre autres.

    Il se trouve que, cette année-là, mon fils, à peine âgé de 16 ans, faisait un stage d’été très physique. Il revenait exténué les soirs, partait très tôt le matin. C’était éprouvant de voir son jeune corps soumis à de telles contraintes. Je repensai alors aux enfants des mines, au XIXè, leurs perspectives de vie complètement bloquées, leur avenir d’ouvrier agonisant dans la poussière industrielle. Cette vision désespérée du monde, si elle était élargie à tous les degrés de la société, en poussant à l’extrême les valeurs du travail manuel –exténuant de préférence– comme vecteur de bonheur, pouvait donner un livre intéressant. Je me suis donc engagé dans l’écriture d’une grande fresque de politique-fiction, intitulée « l’Husine », le «H » majuscule ouvrant sur l’idée que l’usine du titre, vaste comme une agglomération, symbolisait l’humanité.

    J’y présentais Mido, un garçon comme le mien, entrant avec son père dans un des ateliers de cet incommensurable complexe industriel. Cela commençait ainsi :

    « L'Husine. Le froid du petit matin, les loupiotes accrochées au béton. Au milieu de la foule de têtes rases qui avancent, le petit Mido, inquiet mais fier, l'épaule meurtrie par un sac de nourriture trop chargé. La main de son père sur l'autre épaule. La silhouette de son père que Mido s'imaginerait longtemps massive et altière ; qu'avec le temps il admettrait voûtée et fatiguée.

    L'Husine et son goût de fer et de graisse, sensible de loin. Et les portes franchies, cette lumière inhumaine, pesant sur la nuque avec son haleine de bruit, qui écrase et vous dit d'obéir. L'Husine aux dimensions incroyables –où l'on apprend à faire son nid, malgré tout, avec l’âge– qui avale le trop jeune Mido, l'éloigne de son père et le propulse devant une machine terrible, vorace mais belle. »

    J’ajouterai plus tard de courts textes, extraits de notes circulant au plus haut niveau de l’organisation de l’Husine, et qui dessinent un portrait de la société dans laquelle se débat le jeune Mido. Cela donnait :

    « Le système est construit sur le principe du travail. Le travail n’a d’autre fonction que d’assurer la pérennité du système. Le travail doit être perçu comme le sens de la vie. Il est impératif qu’il soit non seulement apprécié mais désiré. Le travail doit être la préoccupation essentielle de chaque minute, la raison d’être de chaque geste, le but de chaque projet, la matière de toute pensée. Il doit être assimilé à l’air, au sang, à l’eau, à l’éventualité d’un lendemain. Il doit être inséparable de l’idée de vie. Le travail doit être aussi répétitif que possible et littéralement épuisant. Cet épuisement a pour objet de rendre inopérante toute pensée destructive pour le système. La liberté de penser hors du travail est inconcevable. L’ouvrier doit croire que sa liberté de penser, il la gagne au sein de son travail, grâce à la vacance des idées que permet une tâche abrutissante et répétitive… » etc.

    Des mois et des mois de travail, et petit à petit, le doute qui s’immisce. Je découvre que mon personnage est un personnage du XIXè siècle, que mon propos sur la démocratie peut-être confondu avec un manifeste à la Zola (d’où l’intérêt de tester auprès de lecteurs critiques, le travail en cours), que le véritable sujet est dissous dans une histoire trop « typée » culture ouvrière. Je me suis trompé. La mort dans l’âme, je finis par clore l’écriture alors que j’abordais la fin de la première partie, sur les trois prévues. Mais tout ce travail n’est pas perdu. L’univers de l’Husine, ses rues bouffées par la brume, la fatigue perpétuelle qui pèse sur les épaules des hommes, tout cela réapparaîtra dans « le Baiser… », livre dans lequel je trouve enfin le bon angle pour dire ce que je voulais dire. Entre les deux, j’ai simplement attendu, écrit un autre livre, très distrayant.

    Il y a peu, j’ai échoué de la même manière sur un autre roman, pourtant bien avancé, très ambitieux et foisonnant, mêlant trop d’éléments autobiographiques à un thème riche en niveaux de lecture. Comme pour l’Husine, j’ai fini par abandonner. C’est un renoncement douloureux, il me faut du temps pour prendre la décision, mais je sais que c’est mieux ainsi. Comme dans le cas de l’Husine, j’ai entamé à la suite de Magma (titre provisoire de ce livre avorté) et sans perdre de temps, un récit plus fluide (mais jamais anecdotique ou convenu), grâce auquel je me régale tous les jours (et ma douce première lectrice aussi).

    Serein, je sais que les thèmes abordés dans Magma resurgiront, et qu’alors, j’aurai trouvé la bonne manière de les traiter. Juste un peu de patience.

     

     

  • Première marche - 6

    C’était l’été. Nous étions en Ardèche.

    L’écriture du Baiser avait commencé un peu plus tôt. Tandis que j’achevais celle du roman précédent, je commençais à jeter les bases du suivant. Une méthode que j’utilise toujours, et qui me permet d’enchaîner roman sur roman, sans coupure. Méthode qui explique peut-être que j’écris chaque histoire, comme une réaction à la précédente. Je venais d’achever un livre facile pour moi, à l’écriture fluide, une histoire nu peu délirante, un vrai plaisir. J’avais envie de me confronter à un thème difficile, et de me lancer un défi littéraire. Le sujet du Baiser est dans la veine d’autres de mes livres, et explore par exemple la fascination des systèmes totalitaires, la séduction des dictateurs, mais surtout : comment les fascismes forment le milieu idéal où vivent et prospèrent les crapules. Pour raconter cette histoire terrible et noire, je voulais une syntaxe particulière, un effet d’étouffement, des phrases longues qui engluent. J’ai fait de nombreux essais d’amorce, écrit des pages de longues phrases, pas toujours en rapport avec le sujet d’ailleurs, pour obtenir la « musique » souhaitée. J’ai cherché ainsi tant que mon roman en cours n’était pas terminé. Enfin, je me suis lancé. Un peu plus tard, c’était les vacances, et j’étais avec N., ma compagne de l’époque, en vacances dans un ancien couvent, au fond des terres ardéchoises, au calme.

    N. m’avait prêté son portable. Le soir ou le matin, avant ou après une promenade, tandis qu’elle lisait ou s’alanguissait sous un figuier, j’écrivais. Comment ce récit brutal, excessivement noir, désespéré, a pu trouver sa forme presque définitive dans un environnement aussi paisible, auprès d’une femme attentive et rieuse, n’est pas si mystérieux, mais confirme que la littérature est un artifice.

  • Première marche -5

    Et la préface ? Ah. La préface... Le Baiser de la Nourrice est dédié à Jean Mathieu, il est donc tout naturel que je le sollicite. Je souhaitais aussi impliquer un autre auteur, connu de longue date : Jean-Pierre Andrevon. Jean-Patrick me rassure, il est possible de mettre deux préfaces, ils l'ont fait notamment pour l'édition précédente des "Soeurs Océanes" : La Chair, de Serge Rivron.

    Jean est évidemment d'accord. J'écris à Andrevon. Pourquoi Andrevon ? Parce qu'il fut l'un de mes premiers lecteurs. C'était dans les années 97 ou 99 je ne suis plus sûr. J'avais enfin mis la dernière main au premier roman qui me semblait être assez "professionnel" pour être proposé aux éditeurs. Cela s'intitulait A la Droite du Diable, c'était un gros volume, ressortissant manifestement du genre SF, dont Andrevon est un des maîtres, en France. A l'époque, je faisais partie de l'équipe d'organisation du festival de la SF à Roanne. Le président du festival, Jo Taboulet, me confia l'adresse d'Andrevon, à qui j'envoyai le manuscrit. Il le lut, me le rendit avec un mot griffonné, que j'ai encore, disant en toutes lettres : "C'est excellent. Si j'étais directeur de collection, je le publierais." Plus loin, il me conseillait de présenter le texte à "L'Atalante", éditeur de romans relativement "en marge", comme l'était le mien. La tentative échoua (de peu : le comité de lecture hésita longtemps, tergiversa, avant de renoncer finalement, évoquant une certaine "froideur"). Mon premier échec, ou semi-échec, puisque le manuscrit avait tout de même franchi divers seuils de sélection, pour être discuté in fine, par plusieurs lecteurs.

    Depuis, je lis autant que possible les derniers romans de Jean-Pierre Andrevon, auteur prolofique, et il m'arrive de lui écrire (rarement, j'admets). Il y a un mois donc, je m'enhardis (cette histoire est une longue suite de dépassements de ma réticence viscérale à croire en moi) à lui demander s'il veut bien écrire la préface de mon premier roman édité, le Baiser de la Nourrice, dont le texte est joint à mon courriel. La réponse est immédiate, c'est l'accord de principe que j'espérais, et c'est la briéveté du roman qui a été l'élément décisif.

    Quelque temps plus tard, Andrevon m'adressait une préface drôle, vive, à son image. Suivra celle de Jean, que je me permettrai de mettre en ligne ici.

    Ce sera pour demain, ou dans les jours qui viennent, si le temps me manque.

  • Première marche - 4

    Jean-Patrick et Michèle ont ouvert depuis peu une librairie-galerie, dans un village du livre, à mi-chemin de nos deux résidences. La librairie s'appelle Garalde, du nom d'une typographie élégante et noble. Quand j'y pénètre, il flotte une odeur de peinture fraîche et les couvertures des premiers livres arrivés là se réchauffent sous la paume du soleil, entrée par les fenêtres étroites.

    C'est une réunion de travail. Nous allons relire le manuscrit, chasser les fautes ou coquilles éventuelles. Haddock, qui n'est pas un labrador mais un Golden Retriever (ortographe incertaine), me présente fièrement l'os artificiel que ses maîtres lui ont récemment acheté, et ne me lâche plus après la première caresse vers les oreilles. Un petit café, on s'installe autour d'une grande table de travail. Michèle va lire, Jean-Patrick est sur l'ordinateur, avec lequel il vérifiera les points problématiques, les singularités grammaticales. Michèle prend une grande respiration et attaque. Je comprends pourquoi le rôle de lecteur lui est dévolu : elle lit à une vitesse vertigineuse, relève néanmoins le moindre incident, la moindre coquille (il y en a très peu, tout de même : je suis assez sourcilleux sur mes manuscrits), parfois, dans le souffle d'une phrase elle glisse : "C'est très beau, ça", et poursuit sans rompre le  rythme. Au bout de deux heures, nous avons parcouru un quart du livre. Il n'y a eu qu'une seule pose, très courte, histoire de reposer la voix, grâce à une moitié de biscuit, l'autre étant accordée à Haddock, qui n'a pourtant rien foutu.

    Samedi, c'est-à-dire hier matin, nous nous sommes retrouvés dans les mêmes conditions pour achever cette lecture critique. Tout cela est fait avec le plus grand sérieux, méticuleusement. Rien n'est critiqué sur le fond : ils ont choisi ce texte, l'aiment tel qu'il est, ne discutent aucun point sous cet angle. La lecture finie, je les salue, toujours un peu embarrassé de ne pas savoir leur dire le cadeau qu'ils me font. Je retrouve la route que la brume du petit matin a abandonné à présent, balayée par un soleil robuste et rieur. Je pense à demain, je pense à mon travail, je pense à ma douce, à mes enfants, à la beauté tellement fragile du monde. La route glisse, silencieuse, je conduis doucement. Il ne m'est jamais paru aussi urgent de rester en vie, un ou deux mois de plus.

  • Première marche - 3

    La première rencontre. Car il s’agit de se rencontrer, de se connaître, de se flairer. Qui sommes-nous, directeur de collection et auteur, quelles amours livresques avons-nous connues, quel chemin nous a menés l’un à l’autre, quelle littérature enfin, nous réunit ?

    Ma douce et moi, parvenons un soir d’été en fond de campagne, au bout d’un chemin si peu fréquenté que je crois m’être trompé de direction. Un coup de fil, non c’est bien là, la voix de Jean-Patrick nous guide et apparaît bientôt une ancienne ferme, refouillée sans artifice par des bras respectueux, des mains intelligentes. Des citadins qui ne voient pas le rural comme une contrée colonisée.

    Jean-Patrick nous accueille, avec ce doux sourire que je lui sais désormais, Michèle, sa compagne, nous rejoint et nous présente Haddock, le grand labrador au pelage clair, avide de fraternité, et Pipette (ce n'est pas ce nom là, mais l'intéressée me pardonnera) la mésange, qui épie notre venue depuis son fil électrique. Qui sommes-nous ? Nous nous racontons. Et eux ? Jean-Patrick est proche de la retraite, fils d’un libraire lyonnais très connu, frère d’un auteur non moins célèbre, il est magistrat, s’occupe notamment des parutions immédiates. Sa carrure et ses vastes mains racontent aussi qu’il fut éducateur. J’imagine la volonté et l'acharnement nécessaires pour atteindre ce niveau. Michèle est professeur d'université. Tous deux travaillent quelques jours en début de semaine, parviennent à préserver du temps pour eux, et pour leur collection. Et je ne sais pas encore tout.

    Nous mangeons dehors un poulet des environs, grand comme une dinde, aux cuisses athlétiques, que seul un paysan intrépide peut avoir le courage d’affronter autrement qu’avec un bazooka. Le monstre a cuit trois heures. La discussion et le repas sont délicieux. On parle peu de mon livre, parce que je ne peux m’empêcher sans arrêt, de détourner le sujet. Infernale pudeur. C’est que je n’ose pas encore croire que de vrais férus de littérature trouvent mon travail assez bon pour en envisager l’édition.

    Ma douce en est triste pour moi. Mais après le café, dans le refuge de la maison, tandis que la forêt rafraichit l’air du soir, je me rattrape. J’ai apporté mes autres romans, et j’assomme nos hôtes en leur détaillant mes sujets, mon univers, mes méthodes de travail, blabla bla. Je dépose également le manuscrit d’un ami qui, s’il n’est pas édité chez eux, mériterait de l’être, et mérite, de toute façon, d’être lu.

    La suite bientôt.

  • Première marche - suite

    Jean-Patrick Péju est un colosse, mais sa courte barbe blanche éparpille un sourire doux. Ce soir-là, à la Médiathèque, nous étions peu nombreux à attendre le début de la conférence. Je m’enhardis à lui présenter mon travail, lui expliquer le sujet du Baiser de la Nourrice, et l’enjeu littéraire que j’y avais mis, pensé-je. Jean-Patrick m’écoutait en souriant, parcourant les pages, disant « oui, oui. C’est intéressant. » Son œil exercé attrapait une phrase au passage « Ca me paraît très bien. Le sujet m’intéresse. »

    Plus tard, pendant la conférence, à la traditionnelle question sur les envois de manuscrits, il cita par exemple, des cas où l'auteur apportait lui-même son texte, ce qui est arrivé tout récemment, disait-il, et je pense qu'il s'agit d'un texte très intéressant. Parlait-il de moi ? A la fin de la réunion, Jean-Patrick m'assura qu'il lirait le manuscrit bientôt et que j'aurai une réponse dans dix jours.

    Dix jours plus tard, sa voix au téléphone m'annonçait : "Nous sommes tout à fait partants pour éditer votre texte."

     

    Suite demain.

  • Première marche

    Je tente de situer un point qui figurerait l’instant à partir duquel tout s’est déclenché, ou enclenché ; enfin, le moment qui a décidé de l’édition du Baiser, la source de tout… Je me rends compte, comme ces explorateurs lancés à la recherche de la source du Nil, qu’elle se dérobe sans cesse, toujours plus loin du regard, toujours plus en amont qu’on l’aurait cru. C’est ainsi, il faudrait remonter à cet âge qui me voyait, enfant de –quoi : 14 ou 15 ans- trouvant dans l’écriture de romans idiots, une manière d’être encore plus seul, et pourtant fort d’une multitude d’individus, nés de moi. Il faudrait. Mais ce sera l’objet d’une autre note, un jour.

    Tentons la description d’un moment décisif. Car il y en eut un, initial. Celui où je me laissai convaincre d’adresser à Jean Mathieu, que je connaissais mais dont un soir, soudain, la présence attentive, l’intelligence m’étaient devenu indispensables, ce texte déjà vieux de deux ou trois ans, qui me semblait le plus original de ma production. Pas de réaction pendant des jours et puis, en réponse à un courriel gêné dans lequel je demandai s’il avait lu, Jean me répondit :

    " Comme tu as bien fait de frapper à la porte, je me décide à te répondre, Christian, pour te dire : c'est en gros ce que j'aime, ce que je cherche à lire à haute voix pendant une heure -et suprême plaisir devant l'auteur lui-même. En fait de pénibilité, il n'y a bien que la trop banale accumulations des adjectifs qualificatifs en stéréotype qui m'agace au début (il semble que cela ne concerne que les six premières pages) passé cet agacement, c'est l'avalanche des questions à te poser : en premier, quel auteur as-tu donc bien lu, avalé, digéré pour écrire cela? où l'as-tu écrit?  quel réel t'a soutenu dans cette épreuve? t'a inspiré? mais j'aime, j'aime me lire cela. et en parler c'est autant parler de moi puisqu'il n'y a pas de lecteur tutoyé mais parler, parler après cet écoulement gigantesque, bien sûr c'est ce qu'il faudra faire (devant un verre, ou rien) mais surtout pour aller au fond de la chose et de la forme de la chose (...)"

    Comment éviter de devenir amis, dès lors ? Jean organisa une lecture du texte en public. Trois séances furent nécessaires. De (très) rares curieux assistèrent à l’ensemble. Je ne peux que les remercier de leur soutien. Parmi eux, hors un écrivain dont je me suis permis de parler ici, un directeur de théâtre fut assez convaincu pour me commander l’écriture d’une pièce, mais c’est une autre histoire. En tout cas, le débat qui suivit la lecture m’encouragea à présenter le texte à des éditeurs. Une nouvelle étape fut la réponse d’Alix Prenent, aux éditions de l’Olivier.

    Rappelons que le Baiser est l’un des six ou sept romans (je ne sais plus) que je tente de faire éditer. C’est le plus court, le moins consensuel, le plus difficile. Mais c’est celui qui suscite les réactions les plus fortes.

    Dans la librairie où travaille ma douce compagne, j’avais remarqué un livre « Cyclope, ou le livre de la mort et de la merde », chez Jean-Pierre Huguet éditions. Le sujet était radical, l’écriture sophistiquée et exigeante, la collection qui l’éditait, les « Sœurs océanes », revendiquait une ligne éditoriale sans concession de « textes dérangeants, irritants, voire provocants ». J’avais le sentiment que quelqu’un m’appelait par mon nom, en me lançant des œillades. Je devinais une parenté. Quelques jours plus tard, j’appris par un courriel de la directrice de la Médiathèque de Roanne, Isabelle Suchel, que deux auteures de la collection « Sœurs océanes », (dont Catherine Dessales, auteure de « Cyclope… ») seraient présentes le soir même, ainsi que le directeur de collection, Jean-Patrick Péju. L’accueil du Baiser dans les diverses occasions que je viens d’évoquer m’avait soulagé de mes pudeurs habituelles, et je décidai d’assister à la conférence, en apportant un exemplaire du manuscrit.

     La suite demain

  • Vanité

    Voilà ce que j'écrivais, il y a moins d'un an :

    " Quelques amis et collègues savent, de plus rares ont vraiment lu. Je pourrai me résoudre à n'écrire que pour eux, mais je vise l'universel, rien que ça. Récemment, j'écrivais à un ami précieux que j'avais fini de m'exciter là-dessus, parce que je considérais enfin, paisiblement, que j'étais un écrivain raté. Ce n'est pas si mal. Au moins ne me suis-je pas contenté de l'illusion d'une compilation autobiographique, comme j'en bouscule sur les stands de tous les salons du livre de la région. J'ai une ambition littéraire, chaque roman comporte un enjeu, mes sujets m'engagent, m'imposent un remuement d'idées et de concepts. Je prétends faire une oeuvre. C'était un secret naguère ; maintenant que plusieurs personnes le savent, c'est juste dérisoire. La fréquentation de bibliothèques monstrueuses où des milliers de livres oubliés additionnent leur reliure dans un pastiche de rempart, m'a habitué à l'idée que publier était vain. Mais écrire. Ecrire est un élan qui m'oblige et m'élève. On n'écrit pas pour soi, me disait un ami écrivain. Oui, j'écris pour un autre, multiple, qui ne me lira jamais. Je ne prétends à rien d'autre que d'élaborer, roman après roman, un univers. Et la création de cet univers m'impose l'éclaircissement de ce qui s'y trouve, et l'exploration de ses limites. C'est un enrichissement suffisant. La diffusion de la production que cette création engendre est une autre affaire. N'a pas d'intérêt en soi."

    C'est que je n'imaginais pas être édité. Aujourd'hui que c'est à ma portée, aujourd'hui que c'est presque fait, comment me situer, par rapport à cette vanité ? En fait, s'il existe une véritable solennité à la métamorphose de son écriture sur un écran en cet objet aux charges magiques qu'on appelle un livre, cela ne change rien. Je n'ai pas choisi d'écrire, je le fais comme la pierre s'effondre, comme le bateau chavire, comme le regard se porte sur l'horizon. J'écrirai tant que cette inclination me mobilisera l'âme.

  • La question du pseudo -3

    Les lecteurs de Kronix m’ont, pendant des années, vu signer Léo Kargo. Encore un personnage de mon petit univers. Le héros de « A la droite du Diable ». Toujours une histoire de sonorité. Un personnage que j’aime bien. Plus jeune que je ne l’étais à l’époque de la rédaction, mais aussi veule, incertain, pusillanime que moi. Je l’ai gardé longtemps.

    L’an dernier, ce questionnement autour du pseudonyme revint au devant de mes préoccupations à l’occasion de l’édition d’un livre sur la vie dans les bordels, à Roanne, ma ville. L’éditeur que je connaissais bien, me demanda si j’aurais envie d’illustrer « Elles sont closes, nos maisons… ». J’acceptai, pour le plaisir de reprendre crayons et pinceaux. D’emblée, je souhaitais…

    Je tergiversai longtemps sur la signature, décidai que Christian Daniel conviendrait (Daniel est le nom de jeune fille de ma mère), et puis…

  • Réponse d'un éditeur

    Je vous l'avais promis.

    Ce même jour que l'on me rend mon ordinateur, blessé mais guéri, je reprends le clavier pour vous annoncer la grande nouvelle :

    C'est fait.

     

    Je serai édité à la fin de l'année ou début de l'an prochain. Plus d'infos quand les faits auront évolué vers une réalisation imminente.

  • Réponse d'un éditeur

    Coucou. Je passe par là deux minutes, histoire de vous tenir au courant, comme promis, de mes pérégrinations littéraires.

    Toujours un refus, mais un refus qui fait très plaisir. Vous allez comprendre. Les éditions de l'Olivier me répondent (en me renvoyant le manuscrit, ce qui est rare), mais surtout, il y a LA lettre d'accompagnement. Je cite, in extenso :

    "Cher (...)

    Nous avons bien reçu votre roman et, si nous avons tant tardé à vous répondre c'est que nous avons été plusieurs à le lire et que Le baiser de la nourrice a fait débat au sein du comité. Finalement, il nous est malheureusement apparu que votre roman aurait du mal à trouver sa place dans notre ligne éditoriale. En effet, il est incontestablement ancré dans un genre littéraire très peu représenté aux éditions de l'Olivier.

    Néanmoins, nous avons tous trouvé que vous aviez du talent, que votre écriture était d'une grande maîtrise et que vous saviez parfaitement conduire votre récit. Certaines scènes sont saisissantes, certaines images et métaphores inoubliables... Néanmoins, votre écriture talentueuse reste, pour nous, au service d'une esthétique et le récit, lui, au service d'une action, d'une histoire qui évoque plus un univers codé, proche du roman d'anticipation, qu'une imagination proprement littéraire. c'est donc bien une question de genre, de ligne éditoriale qui nous a en fin de compte arrêtés.

    Nous vous remercions de votre confiance et vous souhaitons de rencontrer un éditeur plus à même de soutenir votre projet."

    Voilà. des réponses négatives comme ça, je veux bien enr ecevoir d'autres (même si ce doit être aussi usant, à force...). De toutes manières, tant qu'ils sont chauds et qu'ils ont repéré mon nom, je vais vite leur envoyer (en remerciant l'auteur de la lettre), deux autres romans qui pourraient convenir. J'ai le sentiment qu'un pas est franchi.

     

  • L'Enfer

    Dante. Traduction (scrupuleuse - magnifique) de Jacqueline Risset.

    C'était vendredi dernier, le 14, dans une superbe bibliothèque, conservée presque dans l'état où l'avait laissé son propriétaire, en 1914, j'étais Virgile.

    Grâce à François Podetti, acteur et metteur en scène, j'ai pu approcher cette oeuvre, et la lire. Travailler ainsi sur un texte est passionnant parce que, surtout, comme me le confiait François, on peut vraiment dire qu'on l'a lu. C'est-à-dire qu'aucune nuance n'échappe, on relit, on analyse, on devine, on comprend, le sens s'éclaire, les périphrases se révèlent, les images apparaissent. Ensuite, il est facile d'aimer.

    Inferno, le premier livre de la Divine Comédie, est d'une richesse dont les siècles n'ont pas eu raison. D'abord, il ne s'agit pas d'un monument de marbre dont les français font vite la réputation pour toute oeuvre littéraire essentielle; Non, Inferno mérite mieux que ça : invention, délire, drôlerie, grotesque, fantaisie, tendresse et compassion.

  • Réponse d'un éditeur

    Les Presses de la Cité.

    Surprise : le manuscrit m'est renvoyé (exceptionnel ; d'habitude, les éditeurs vous invitent à envoyer la somme correspondante au retour par la poste - rien de scandaleux d'ailleurs, vu le nombre qu'ils reçoivent).

    Autre surprise : le refus est argumenté ; quelque chose de plus complet pour expliquer pourquoi mon livre n'entre pas dans leur ligne éditoriale. C'est rien, mais ça console.

  • Réponse d'un éditeur

    NRF. Gallimard. Fallait oser. Seul, je n'aurais pas pu, mais selon ma compagne, "le baiser de la nourrice" valait la peine d'essayer. Nouvel échec.

    Au suivaaant !

  • Réponse d'un éditeur

    "Le manuscrit N° 24243 reçu le 14/11/2007
    est non retenu."

    C'est ainsi que, en cette minute, j'apprends via le site des manuscrits d'Albin Michel que je peux aller me brosser. Un de plus. Un de moins.

  • La dimension des miracles

    f916060d6f1a42638987fb8cbe97e469.jpgDe Robert Sheckley (avec une vilaine couverture de Siudmak).

    Ce livre a une histoire. Il y a fort longtemps, un jeune étudiant travaillait pendant l'été dans un Office HLM, balayait les cages d'escalier, chassait les rats de derrière les poubelles, dans le local ultime des vide-ordures à 6 heures du mat' (ça vous apprend la vie).

    Bon, c'était moi, d'accord, on ne va pas poursuivre vainement sur le ton indirect. Dans une des poubelles pleines, je découvre, avec un ou deux San-Antonio, ce livre. A l'époque, gros lecteur de SF, je lisais beaucoup d'anglo-américains : Huxley, Wells, Asimov, Clarke, Herbert, Van Vogt, Bradbury, De Camp, Spinrad, Brunner, Bloch et King (plutôt fantastiques d'ailleurs), K. Jetter, K. Dick... mais je ne connaissais pas Sheckley.

    Je découvre un ton neuf, drôle, un conte philosophique à la manière de Voltaire, mais avec l'invention délirante et non-sensique de l'école anglaise. L'histoire est celle du médiocre Carmody, bureaucrate fallot, seulement doué dans le pérorage philosophico-dérisoire, capable d'ergoter sur tout et n'importe quoi, de discourir à perte de vue sur n'importe quel sujet qu'il ne connaît pas. Bref, Carmody est diablement humain et fichtrement proche du gamin que j'étais, raisonneur et bavard (comment, toujours ?). Rentré chez lui, prêt à s'offrir un petit whisky dans son fauteuil, il assiste à la matérialisation d'un extra-terrestre venu lui annoncer qu'il vient de gagner au grand Sweepstake intergalactique, et qu'il doit venir avec lui au Centre y retirer son Prix. Carmody accepte. A l'autre bout de la galaxie, Carmody reçoit donc son Prix (et quel prix !), mais ensuite... personne n'a envisagé son retour à la maison. Comment ce petit factotum insignifiant va-t-il rentrer sur la Terre ? D'autant plus qu'il ne suffit pas de remettre les pieds sur la Terre "Où", c'est-à-dire la terre à l'endroit où elle se trouve, mais aussi la terre "Quand", c'est-à-dire au bon moment, et enfin la Terre "Quelle", la bonne terre, celle de Carmody. Et le temps presse : perdu dans l'espace, Carmody est poursuivi par un prédateur généré spontanément, selon la loi de l'Univers qui veut que toute créature possède son prédateur, dans le but exclusif de manger du Carmody. Une course contre la montre s'engage.

    Ce livre, je l'ai lu à l'époque une bonne dizaine de fois. Ce qu'il disait du monde, ce qu'il disait de l'humanité, ce qu'il disait du destin, sous ses dehors d'aimable aventure, me touchait profondément. Surtout la fin. Et puis, un jour, je l'ai prêté, je ne sais même plus à qui. Le je-ne-sais-plus-qui ne me l'a jamais rendu. J'étais bien triste.

    Il y a quelques mois, lors d'un festival de la SF, bien connu par chez nous, je retrouve "la dimension des miracles" sur l'étal d'un bouquiniste. Je soupçonne même, compte-tenu de certain pli, certaines usures singulières, qu'il pourrait s'agir du mien, revenu sous mes yeux au terme d'un périple indicible. Je l'ai donc acheté et relu, à haute-voix, pour la délectation de ma douce. J'ai retrouvé Carmody, l'ai découvert plus bavard que je ne pensais, mais l'émotion était toujours là.

    je n'ai jamais rien lu d'autre de cet auteur, redoutant qu'il ne se répète dans ses autres livres.

  • L'avenir du livre

    Changement de cap : j'ai décidé de poster cet article plus tôt que prévu. Restons dans l'actualité.

    Le mercredi 28 novembre, à la médiathèque de Roanne, devant une petite assemblée qui ne comptait ni libraire (sauf ma copine), ni imprimeur, ni éditeur, ni directeur de journal, ni graphiste, ni aucun professionnel des métiers du livre, le prospectiviste Lorenzo Soccavo a donné les clés de la révolution qui nous attend : celle du livre électronique.

    Lorenzo Soccavo ne l'a pas dit l'autre soir, en conclusion de sa conférence, mais on l'a tous pensé très fort : « ne nous racontons pas d'histoire, le livre-papier, c'est fini ». Retardé d'année en année pour cause de coût et des multiples résistances des industries traditionnelles en place, le livre électronique arrivera tôt ou tard, et remplacera, à quelques exceptions près, le livre-papier. Que cette révolution prenne trois ou dix ans, autant dire que nous y sommes. Il existera toujours de beaux livres imprimés, comme il y a toujours des disques produits en vinyle, mais l'ère de la chaîne graphique est bel et bien en passe de s'achever. On peut crier, se lamenter, renâcler, trouver toutes les bonnes et belles raisons qui font qu'un livre est un objet sans équivalent, n'empêche, la prochaine génération n'en verra probablement plus que dans les réserves protégées de musées et de médiathèques, et chez quelques particuliers amateurs. Le ton que j'emploie pourrait vous laisser croire que je me réjouis, mais tel n'est pas le cas : j'ai été graphiste, illustrateur, j'écris, je lis, j'ai travaillé dans le milieu de l'imprimerie, j'achète quand je peux des éditions anciennes. J'aime le livre, je suis sensible à sa beauté, à son toucher, à tout ce qui en fait un objet de culture différent et unique. Mais je refuse de me voiler la face. Le livre-papier, à 95 %, est condamné. Il en fut ainsi quand le papyrus remplaça la tablette d'argile, quand l'écrit passa de la forme rouleau à la forme codex, quand l'imprimé chassa le manuscrit, il en a toujours été ainsi. La seule inconnue, c'est la vitesse de la révolution. Mieux on y sera préparé, mieux cela vaudra.

    D'abord, quelle est cette révolution ? Pas seulement la transmission de l'écrit via l'ordinateur, mais un support nouveau : le papier électronique, sur quoi le texte n'est pas un scintillement de pixels, mais bel et bien une encre, l'encre électronique. C'est le premier point. La page que vous lirez s'affiche sans rétro-éclairage, elle est blanche, le texte est d'un beau noir stable. S'il n'y avait pas la vitre de protection, on pourrait croire à un papier glacé, d'épaisseur normale (le premier artiste sur papier électronique a exposé il y a peu à Paris : sans vitre de protection, les dessins ressemblent à des lavis d'encre de chine sur papier). La feuille de papier électronique est d'ailleurs, dans l'appareil, ce qui coûte le plus cher, le reste est d'une technologie équivalente à une bonne calculatrice. Le coût d'un reader oscille de 300 à 600 euros. On peut charger, par un port USB ou grâce à une connexion wifi, l'équivalent de plusieurs centaines de livres (du format d'un livre de poche, un reader pèse 150 grammes environ). Encore en noir et blanc, l'encre électronique en couleurs existe à l'état de prototype, mais c'est évidemment une question de mois avant sa mise sur le marché.

    Les premiers média en lice sont les journaux, qui ont déjà entrepris le virage informatique. Avec un abonnement, vous aurez la dernière édition sur l'appareil, enrichie de toutes les possibilités de liens, hypertextes, vidéo, sons, qu'offre l'hybridation technologique papier électronique/web. Les guides touristiques suivront logiquement (Le GPS reconnaît votre position, vous signale immédiatement, à la page que vous ouvrez, le restaurant du coin, l'expo à voir, vous enseigne sur l'historique du monument devant lequel vous vous trouvez, etc.), ainsi que tous les dictionnaires, pavés genre « code civil », plus pratiques sous cette forme évidemment, etc. Idem pour toute la littérature "documentaire" : thèses, mémoires, synthèses de colloques, essais, etc. quel est l'intérêt de les imprimer sur papier ?

    Les publicitaires avertis, je suppose, de la révolution en cours, doivent se frotter les mains : les affiches dans les sucettes D... pourront se mettre à jour toutes seules, changer en cours de journée. Les affichages de prix dans les magasins se modifieront automatiquement.

    Le cartable électronique va enfin trouver son véritable médium. Les éditeurs scolaires sont, j'espère, au fait des dernières technologies. Ils seront parmi les premiers touchés.

    La littérature. Ah. La littérature. Que va-t-elle devenir ? Que vont faire les éditeurs ? Comment livrer au téléchargement sans se faire pirater, les ouvrages sortis ? La question se pose déjà via le net, et concerne surtout les best-sellers, comme pour la musique. Mais le e-book va accélérer le phénomène. Dans un premier temps, les libraires vendront des livres électroniques avec -pourquoi pas ?- un catalogue de classiques déjà disponibles. Mais ensuite, comment éviter que la spécificité de ce matériel, mi-informatique, mi-culturel, échappe aux rayons informatiques des grandes surfaces ? Quid du prix unique pratiqué en France, quid des taxes différentes, relativement au support et au contenu ? Quelle protection est-elle envisageable pour les métiers du livre, dans un contexte européen ? Mondial ? (en Chine, les librairies électroniques sont déjà nombreuses).

    Le livre électronique conforte la distinction entre le médium et le discours. Pour moi, un livre est autant un objet qu'un texte. Un texte passionnant sur le net, n'a pas le poids du même sur papier, sans jouer sur les mots. Oui, il y a des cas où le contenant donne une force au contenu. Le journal de Renaud Camus, pavé annuel très attendu, aurait-il la même aura en édition électronique ?

    En tant qu'écrivain inéditable (je pouffe), je sais que je peux vendre en ligne une version pdf de mon travail. En vendre peut-être davantage qu'en version papier, mais je sais que mes romans ne se liront pas de la même façon, imprimés sur un beau papier ou sortis d'une imprimante laser. J'ai longtemps considéré que l'essentiel était de dire, peu importe le moyen. Mais l'expression gagne une force par la technique la plus propre à la magnifier.

    Mais mes réticences sont celles d'une génération qui a grandi avec le livre, avec le romantisme du livre, et même, osons le dire, sous l'ombre tutélaire du Livre. La génération suivante s'accomodera sans sourciller d'une manipulation légère, pratique, et de l'absence de rayons de bibliothèque à la maison.

    Tout de même, un angle sous lequel on peut se réjouir : l'éco-bilan du papier électronique, tout plastique qu'il soit, est nettement en sa faveur. L'industrie du papier, la chimie des encres, sans parler de l'abattage des arbres (aspect ressassé mais pourtant négligeable : 4% du papier utilisé l'est pour imprimer des livres. Le reste, c'est de l'emballage), sont un désastre pour l'environnement.

    Quant au coût humain, social et industriel, certains secteurs vont souffrir dans la décennie qui vient. Un cataclysme ? C'est possible. En tout cas, une industrie sinistrée comme le fut celle des mines ou la sidérurgie. Que faire, à part se préparer ? Ce qui est inquiétant, c'est qu'on a entendu aucun politique se formuler à ce sujet. La politique de l'autruche ?

    A voir, cette étonnante vidéo. Imaginer les 50 années à venir. Curieusement, je trouve les perspectives évoquées assez timides : elles ne tiennent pas compte des deux prochaines révolutions : l'ordinateur quantique et les nanotechnologies.

  • Réponse d'un éditeur

    Albin Michel a une démarche intéressante, pour les auteurs qui leur envoient un manuscrit. Le courrier me donne rendez-vous sur un site dédié à la lecture des manuscrits, avec un numéro de code. J'entre mon numéro, j'apprends que mon manuscrit est en lecture. Curieux de nature, j'entre le numéro de code qui précède le mien et qui, comme je le supposais, concerne un autre manuscrit, reçu le même jour et qui est également en lecture. Poussant plus loin mes investigations, je finis par apprendre que 16 manuscrits (le mien compris) sont arrivés le 14 novembre chez Albin Michel. Ils sont tous "en lecture".

    Le courrier me promet une réponse dans un délai de trois semaines à un mois.

  • A mots découverts

    Vous savez ma passion des mots. Pourtant je n'en utiliserai guère pour vous conseiller l'achat de ce bijou : ceux qui écoutaient les chroniques quotidiennes d'Alain Rey sur France-Inter le matin, avant qu'il ne soit congédié pour cause de mauvais esprit (et sûrement un peu par souci de jeunisme crétin), savent quelles merveilles vous attendent à chaque page.

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