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Matières à penser - Page 26

  • D'abord

    C'est pourtant le même objet, ce dictateur en bronze de douze mètres de haut, dressé sur un socle ou couché dans les ronces. Mais il jette une ombre menaçante ou sert d'abris aux lapins, selon qu'il est vertical ou horizontal. Pareillement, toutes les fabriques immodestes érigées au défi du ciel, un jour déchues, un jour de réveillon, qui s'inclinent et s'allongent, puis s'endorment, inoffensives. Et pourtant...  il ne faut que le geste qui retient de les construire d'abord.

  • Interprète, please

    Les loutres parties, un dragon en peluche tenta de rétablir l'électricité dans la vieille maison. Il toussait le malheureux, cela faisait peine.

    Je ne sais pas trop ce qu'aurait fait Freud d'un tel rêve.

  • 10 minutes

    C'est le temps qu'il m'a fallu, dans mon prochain livre, pour supprimer toute allusion à quelque cinq années de ma vie. Et vous savez, d'un seul coup, je m'en sens libéré aussi, de ces cinq années et de leur bilan.

  • Tout à perdre

    La partie de poker allait commencer. Il était convenu qu'on mettrait toute sa fortune en jeu. Les lingots, les cartes de crédit, les piles de billets et d'obligations s'amassèrent sur la table. Après une courte hésitation, l'ascète posa une agate, un bout de ficelle et une mèche de cheveu tenue par un ruban de soie.

  • Western

    La comparution immédiate ne serait-elle valable que pour les petits loulous de banlieue ? Récemment, une connaissance se fait tabasser par deux voisins, paysans comme lui, mais excités par une affaire de propriété. Et tabasser comme peuvent le faire deux costauds habitués à maîtriser des taureaux d’une main et à abattre des arbres en hiver, c’est-à-dire que le visage de l’infortuné est méconnaissable pour sa maman. Urgences, constat des violences, plainte déposée, etc. Deux mois passent, et davantage encore. La justice prend son temps, là. Les gars sont toujours libres, toujours voisins, toujours brutaux, et leur victime convalescente n’ose pas sortir, une mauvaise rencontre ayant suffi. Nous ne sommes pas dans les quartiers sensibles, les « zones de non-droit ». Non, nous sommes dans la France profonde, dans la ruralité montrée en modèle par not’président. Là où on peut cogner qui on veut, faire sa loi, et se promener le matin les mains dans les poches sans craindre la maréchaussée, occupée à traquer les gamins en casquette qui piquent des DVD dans les supermarchés. Le genre de délinquants dont l’opinion publique est satisfaite de savoir que, hop, ni une ni deux, on te les envoie en taule vit fait bien fait, non mais.

  • Métaphore, avant de sortir

    A chaque faire-part de naissance, j'ai un pincement au coeur. C'est comme si des amis me disaient : on vient de déposer un chaton au milieu de l'autoroute. Le jeu consisterait ensuite à voir comment il se débrouille pour survivre.

  • In memoriam

    « On a fait semblant de croire qu'en mutualisant les risques on les faisait disparaître. On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur. On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation et les fonds spéculatifs. On a obligé les entreprises, les banques, les compagnies d'assurance à inscrire leurs actifs dans leurs comptes aux prix du marché qui montent et qui descendent au gré de la spéculation. On a soumis les banques à des règles comptables qui ne fournissent aucune garantie sur la bonne gestion des risques mais qui, en cas de crise, contribuent à aggraver la situation au lieu d'amortir le choc. C'était une folie dont le prix se paie aujourd'hui ! »

    N. Sarkozy en 2008. Quel visionnaire, ce Nicolas, il avait tout compris. Ben oui, mais alors...? S'il avait tout compris, que n'a-t-il donc rien fait ?

  • Toute honte bue

    Je rejoins cette idée qu'il faut un peu de honte dans un livre quand il sort. Que l'auteur ait quelque remords à le faire publier, qu'il ait dû, dans cette démarche, surpasser la honte ressentie, qu'il ait besoin de courage pour livrer ainsi son travail au jugement des autres. Il faut bien -judéo-chrétiens que nous sommes restés- que le plaisir d'écrire se paye d'une manière ou d'une autre.

  • Origine des menhirs

    La résolution du mystère de l'érection des menhirs fit un grand pas le jour où l'on comprit qu'il suffisait de choisir une montagne et de tailler dedans.

  • Mwouahah

    On fustige souvent le système social américain. C'est pourtant le plus généreux du monde. En tout cas, si l'on en juge par les moyens extraordinaires dont disposent les super-viliains, alors qu'ils n'ont aucun revenu.

  • Pas toujours les mêmes

    L'ancien bourreau nazi (enfin : ancien bourreau mais toujours nazi), vérifia encore une fois son billet et son coeur bondit : il avait bien gagné à l'euromillions. « Il y a quand même une justice », se dit-il en s'allongeant sur le lit de sa cellule.

  • Dans le vent

    Non que cela m'obsède particulièrement, mais j'apprends par la dernière newsletter que mon avant-dernière contribution à ventscontraires (ils en ont publié une autre depuis) est la rubrique d'internaute la plus lue ce mois-ci. Et la lettre du rond-point de me citer et de me féliciter.

    Etrangement, sous la fierté, c'est un petit coup de déprime que je sens poindre en moi. Va comprendre !

  • Tout savoir sur le livre numérique

    Au passage, le site universcience.fr propose en ligne ce qui me semble la somme d'articles la plus pertinente et la plus claire du moment sur le livre numérique. Partagé entre curiosité, inquiétude et nostalgie, j'essaye de rester optimiste et de me dire que ce bouleversement va engendrer une liberté dont nous sommes (ou devrions être), auteurs, les premiers consommateurs. Certains cas tendent à démontrer le contraire, mais nous ne sommes qu'au début de cette révolution du support. Tout peut arriver. A nous de générer le contenu qui  nous ressemble ; à nous de le défendre. Il faut donc pour cela bien connaître le processus, s'y préparer (voir l'éditeur D'un noir si bleu par exemple), et s'en emparer dès que possible.

  • Le bon coin

    Tout de même, les ancêtres des peuples du Nunavut, je ne veux pas être méprisant mais... Je les imagine, au terme d'une migration séculaire, d'une marche de dizaines de milliers de kilomètres pour trouver un endroit où prospérer, s'arrêtant au beau milieu d'une espèce de banquise blanche et glacée, contemplant l'horizon net comme une lame et déclarant : « Parfait. »

  • Ostrakon-z-un peu

    Prenez 1 h 30 et faites plaisir à vos neurones. Plein de choses à revoir, après l'enthousiasme d'une première écoute, mais au moins, une conférence qui a le mérite de concentrer la réflexion sur certaines évidences... trop évidentes. Il sera question d'élection, de vote blanc, de démocratie athénienne. Et surtout de tirage au sort. Comment ? un président tiré au sort ? Ben oui. Suivez la démonstration.

  • L'autre discours

    Le début du dscours de Raymond Aubrac, ce 14 juillet, pendant que l'autre s'enivrait de flonsflons.

    "Depuis bientôt un an, les plus hautes autorités de l'Etat s'acharnent à dresser les citoyens les uns contre les autres. Elles ont successivement jeté à la vindicte publique les Roms et les gens du voyage, les Français d'origine étrangère, les habitants des quartiers populaires, les chômeurs et précaires qualifiés d'«assistés»... Elles ont ressorti le vieux mensonge d'une immigration délinquante, elles pratiquent la politique de la peur et de la stigmatisation.

    Nous avons manifesté le 4 septembre 2010, dans toute la France, contre ce dévoiement de la République. Aujourd'hui, chacun mesure la terrible responsabilité de ceux qui ont donné un label de respectabilité aux idées d'extrême droite, à la xénophobie, à la haine et au rejet de l'autre. De dérapages verbaux en pseudo-débats, de crispations identitaires en reculs sociaux, la voie a été grande ouverte à une crise démocratique encore plus grave que celle du 21 avril 2002."

     

    Vous trouverez la suite sur beaucoup de sites d'information, dont Mediapart, par exemple.

  • C'est chou

    Dans la vitrine du magasin de farces et attrapes, entre le costume de Fée et celui de Spiderman, la panoplie de la parfaite soubrette, illustrée d'une photo de gamine en tenue. Je sourcille.

  • Vents contraires

    Jean-Michel Ribes est partout, il sait encore étonner, il entraîne dans son sillage une frénésie de joyeux drilles, experts dans l'art de penser en biais. Cela s'appelle vents contraires, et c'est ma découverte du jour. Jouissif, vraiment.

  • Mais que Marianne était jolie...

    Vu le Robin des Bois de Ridley Scott. Somptueux, scénario riche, bon rythme, de gros coups de barre, mais bien. Bien. Je note un final remarquable. Politiquement remarquable.
    Les nobles anglais (Robin y compris, dont le père fut un précurseur libertaire, selon le film) réclament à leur roi une charte à caractère libéral : liberté d’expression certes, mais surtout pas ou peu de taxes, droit à la propriété, liberté d’entreprendre, autonomie économique des provinces, etc. En gros, les principes d’une économie de marché, avec entrepreunariat anglo-saxon grand teint. C’est sur la promesse de rédaction d’une telle charte que les nobles s’allient à Jean pour bouter le françois hors d’Angleterre. Patatras : à la fin du film, Jean renie sa parole et déclare hors-la-loi Robin et ceux qui le soutiendraient. La dernière scène et sa voix off relèvent du twist le plus machiavélique : Robin, Marianne et ses amis, entourés de toute une adolescence joyeuse et oisive, chassent et cueillent au cœur de la forêt, loin de la civilisation, créant une communauté altermondialiste, gagnée par les notions de partage et de société égalitaire. Je ne suis pas sûr que ce soit voulu, mais j’ai été épaté par une telle morale.

  • Conquistadors

    Achevant de lire « Conquistadors » d'Eric Vuillard, je pense à un parallèle entre cette poignée d'hommes que leur avidité sans scrupule mènera à faire tomber une civilisation, et notre oligarchie financière, spéculant sans horizon moral et tout aussi capable d'abattre un monde.
    Peut-être ceux-là sont-ils comme leurs prédécesseurs, au bout du compte, les véritables anarchistes, ceux qui précipiteront la fin de la société de marchandisation de la terre, pour des lendemains meilleurs ? En tout cas, autres.