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Matières à penser - Page 29

  • Salon de l'aigri

    Vous pouvez me retrouver encore cet après-midi au salon de l'écrit de Commelle-Vernay, dont l'organisation est partagée avec plusieurs communes limitrophes. L'originalité de ce salon est qu'il est accueilli chaque année dans une commune différente de la région. Lectures, dictées, débats, et surtout stands avec auteurs (c'est une rafle : il y en a une cinquantaine, presque tous édités à compte d'auteur). L'an dernier, c'était charmant : nous étions alignés comme des boeufs au salon de l'agriculture, et les promeneurs du dimanche, venus par curiosité avec leur poussette et leur grand'mère, passaient devant nous en nous observant. Tout juste si on ne nous flattait pas la croupe.

    Autrement, les écrivains se jaugent et médisent de l'un ou l'autre, observent combien untel a vendu. On y retrouve aussi des auteurs amis, car il y en a. De ceux dont les exigences sont parentes.

  • Une idée comme ça

    Et si l’anglais était plus menacé que le français ? A la lecture d’un excellent article des cahiers de Sciences et Vie, on réalise que les formes mondialisées de l’anglais : franglish, spanglish, globish (l’anglais d’aéroport, comme dit Eric Sadin), sont autant de mutilations et d’appauvrissements infligés à la langue d’origine et que, peut-être, sa forme la plus sophistiquée est davantage menacée par un tel traitement que le français, réduit à sa fonction hexagonale, enrichit par des apports immigrés, mais peu susceptible d’être « dégradé » par un usage sommaire. Enfin, c’est une idée que je lance, comme ça.

  • Un peu de prétention, et pourquoi pas ?

    Le contenu de ce billet pourra paraître extrêmement prétentieux, mais je viens de comprendre un principe assez étrange. A la relecture d’un manuscrit relativement ancien que je m’apprête à envoyer chez un éditeur, le considérant avec ce mélange d’innocence et de vigilance qui conduit le travail critique d’un texte qu’on a –non pas oublié- mais rangé plus ou moins dans la catégorie des livres publiables à revoir, je me suis aperçu que certaines idées, certaines réflexions esquissées par les personnages, sont (je rougis, la prétention arrive, attention), plutôt bien vues, assez originales et pour tout dire, dépassant la hauteur de pensée qui est généralement la mienne. Ce que je veux dire c’est qu’il m’apparaît que les livres sont plus intelligents que leurs auteurs. C’est un mystère, ça, tout de même. Comment, dans un cerveau à peu près normé tel que le mien, peuvent s’échapper des formes qui me dépassent, qui m’enseignent des idées, neuves pour moi-même ? S’il y a une réponse, je serais tenté de la trouver tout simplement dans le temps de maturation extraordinaire qu’est celui d’un texte littéraire. A force de se pencher sur chaque virgule, de réfléchir à l’attitude du moindre personnage, d’entrer dans sa vie et dans ses émotions, à force de revenir et revenir sur une idée, jour et nuit (blanche), des heures et des heures sur une phrase parfois, sur une bribe, un embryon d’idée qui vient de nous traverser, il me semble que nous finissons par produire une pensée plus élaborée que celle qui, d’habitude, nous sert à communiquer avec les autres. C’est peut-être pour cela aussi, qu’un auteur n’a pas toujours les clés pour expliquer son œuvre. Parce qu’elle est issue d’un autre, meilleur que lui-même.

  • Le corps qui sait

    Ce n’est pas compliqué. Pour connaître si je suis au bon moment au bon endroit dans la bonne fonction, il suffit que j’observe mon corps. Si j’étouffe, qu’un carcan de plomb me réduit le souffle jour et nuit, c’est simple : je ne suis pas à ma place. Seulement voilà, certaines contraintes me dictent la patience. Et mon corps, toujours asphyxié pourtant, attend sa libération.

     

  • Un demi-siècle !

    Nous l'avons tous pensé, j'imagine. Quand nous avions quinze ans, nous avons tous été saisis d'incrédulité à l'idée de parvenir à quarante. Aller au-delà n'était même pas concevable. Et me voici dépassant le demi-siècle (je me répète « un demi-siècle ! ») alors qu'il me semble avoir juste refermé mes trousses d'écolier. Cet âge n'est pas forcément le plus confortable pour tous, mais en ce qui me concerne, c'est le moment de ma vie où je me trouve absolument en paix avec moi-même (tandis que, c'est vrai, des combats avec le temps et certains individus mobilisent mon inquiétude et ma rage). Il est possible que j'aie trouvé simplement ce que j'ai à faire en ce monde.

  • La vertu, nu en avion

    J'ai découvert au hasard de mes lectures* cette lettre de Saint-Exupéry, adressée à Pierre Chevrier et datée du 30 juillet 1944

    "J'ai failli quatre fois y rester. Cela m'est vertigineusement indifférent.

    L'usine à haine, à irrespect qu'ils appellent le redressement, moi je m'en fous. Je les emmerde. Je suis sous le danger de guerre le plus nu, le plus dépouillé qui soit possible. Absolument pur. Des chasseurs m'ont surpris l'autre jour. J'ai échappé juste. J'ai trouvé ça tout à fait bienfaisant. Non pas le délire sportif ou guerrier, que je n'éprouve pas. Mais parce que je ne comprends rien, absolument rien que la qualité de la substance. Leurs phrases m'emmerdent. Leur pompiérisme m'emmerde. Leur polémique m'emmerde et je ne comprends rien à leur vertu. La vertu, c'est de sauver le patrimoine spirituel français en demeurant conservateur de la bibliothèque de Carpentras. C'est de se promener nu en avion. C'est d'apprendre à lire aux enfants. C'est d'accepter d'être tué en simple charpentier. Ils sont le pays... pas moi. Je suis du pays. Pauvre pays !"

    Le lendemain, Antoine de Saint-Exupéry disparaissait.

    *(Antoine de Saint-Exupéry, oeuvres complètes. Bibliothèque de la Pléïade. Tome II, page 979)

     

  • Ambigus

    Nous réclamons le chaos de la révolution, mais incapables d'aller sur un coup de tête nous promener une après-midi en négligeant les patrons qui nous attendent.

  • Mon cher Paolo,

    Je ne vois pas quelle vertu et quel extraordinaire il y a à écouter son cœur plutôt que sa raison. Le cœur fait un tel ramdam, s'impose avec une telle autorité, tandis que la raison souvent, s'immisce, susurre, prie qu'on lui prête attention.

     

  • Inéluctable

    Nous savons bien que nous allons vers le fascisme. L'Histoire ne fait que nous apprendre les possibles, et les possibles, possiblement, adviennent.

  • Du cerveau qui repousse

    Qui entendais-je se gausser des informations approximatives trouvées sur internet ? Giesbert ou un autre, je ne sais plus. Il faut évidemment manier avec prudence les données collectées sur le net, de là à voir dans leur manque de rigueur une nouveauté... L'approximation et le crédit excessif qu'on met dans l'information offerte ne datent pas d'aujourd'hui. Dans un livre du célèbre Camille Flammarion intitulé « le monde avant la création de l'homme » (1886), on peut voir une affreuse image de pigeon sur lequel on a pratiqué l'ablation des lobes cérébraux. La légende nous apprend que « le cerveau repoussera et l'intelligence repartira » (!). Ce bon Flammarion, astronome, grand vulgarisateur, n'était pas moins crédible que les auteurs de Wikipédia, et les familles achetaient de bonne grâce ses éditions illustrées, qu'on calait près des Larousse dans les rayons du savoir, pour l'édification des enfants.

    De même, je suis toujours assez amusé qu'on stigmatise les photographies de magazine et les retouches que le numérique autorise. On prévient que l'image est trompeuse, on fait le procès de chacune pour mettre le citoyen en garde contre l'orientation qu'on peut lui donner. Encore une fois, nihil novi sub sole. Pour les lecteurs du XIXème, rien de plus exact, rien de plus probant que les gravures dramatiques qui accompagnaient les articles de « l'Illustration » et de tous ses avatars. Le lecteur savait bien qu'il était face à une création, un dessin, éminemment artificiel, subjectif, travaillé. Loin des effets d'instantané de la photographie. C'était pourtant la représentation prétendument objective d'un fait. Aujourd'hui, la retouche n'est finalement qu'une fine modification de la réalité, comparée à l'artefact des gravures. Et le numérique et ses possibilités, paradoxalement moins spécieux que les dessins de nos aïeux.

  • La vertu et le pardon. Lettre à J.

    Je ne conteste pas le goût pour la vertu, l'exigence que tu veux avoir de ne pas te plier aux rituels. Je m'incline devant ce rejet des normes qui font suivre une mélodie intelligente et recueillie par un fracas de mains frappées, applaudissements érectiles, codifiés, décérébrés, pavloviens. Je ne conteste pas, j'admire la sorte d'exigence qui te faisais éviter, avec ton ami, la convention du « bonjour », poignées de mains ou embrassades tout aussi normatives et bêtifiantes. J'y souscris. Mais nous avons une manière différente de déduire de nos actes, de nos choix exigeants de vie et de comportements, un regard aux autres. Toi et ton ami y voyez l'édification d'une solitude magnifique, un dandysme à l'écart des foules abruties, soumises aux rituels et aux politesses incessantes, qui ne sont que scories des sociétés ; moi j'y vois une source d'attendrissement et de reconnaissance envers mes frères humains. Pourquoi ? Parce que, tout simplement, je n'y arrive pas. Je ne peux pas être pur, c'est difficile, c'est risqué, c'est épuisant. C'est impossible. « Soyez dignes en tout », écrivais-je un jour à mes enfants, parce que, découvrant que c'est impossible, vous trouverez dans l'exercice une tolérance envers ceux qui n'y parviennent pas, ou ont abandonné. Je suis de ceux-là. Evertuons-nous, et dans l'échec, aimons-nous davantage.

  • Le syndrome de Chasles

    France Culture à midi, hier. Alain Finkielkraut est annoncé : il va s’exprimer sur les mauvais résultats de l’équipe de France. Je ne sais rien des problèmes de notre équipe, je comprends seulement qu’il y en a, puisqu’on tend le micro à un de nos plus éminents intellectuels, mais avant les premiers mots du philosophe, je sais déjà ce qu’il va dire : en gros, c’est la faute des musulmans. Et en effet, j’écoute le penseur fustiger une équipe qui est le reflet de la société communautariste et dont les comportements sont inspirés de ceux des banlieues, etc. Du Finkielkraut, quoi. Sans surprise aucune. La même obsession anti-musulmane dans laquelle tous ses concepts se fondent, au feu de quoi toutes ses pensées bouillonnent et s’éclairent. Un journaliste de l’excellente radio expliquait peu après l’intervention de A. F. que d’autres équipes étaient concernées par les mêmes dissensions et excès que la nôtre sans qu’aucun clanisme ou tribalisme n’entre en ligne de compte. Mais Alain, lui, sait : il a sûrement vu autant de matches qu’il avait vu de films de Kusturica avant de pareillement le vouer aux gémonies, mais il a trouvé la faille. Elle est toujours la même à ses yeux : tout procède de la banlieue (ce qui signifie qu’il a une idée de la banlieue, mais une seule). Le mal, c’est la banlieue, le mal c’est le noir, l’arabe, le musulman et leur indécrottable, atavique, génétique besoin de se retrouver entre eux et de repousser l’autre. J’ai beaucoup de respect pour l’intelligence et la pensée abstraite, mais quand je suis capable, moi, quasiment inculte, autodidacte sans bagage, de deviner avant le premier mot ce qu’un intellectuel de ce niveau va dire, je perds confiance en ses capacités d’analyse, et je me dis que le plus beau cerveau, le plus roué, le plus huilé, ne sert plus à rien quand il est stérilisé par l’obsession et le fantasme. Et me reviens l’exemple du pauvre Michel Chasles. Un génie, ce mathématicien, une pensée également huilée et rompue aux exercices abstraits les plus délicats. Pourtant, son obsession patriotique, sa rage xénophobe l’ont conduit à acheter des lettres francophiles de (tenez vous bien si vous ne connaissez pas cette incroyable affaire): Vercingétorix, Galilée, Aristote, Jésus-Christ, César, Cléopâtre, Newton, Alexandre le Grand et j’en passe (il me semble même qu’il y avait Bouddha, mais sous réserve), toutes écrites dans un faux vieux-français quasi parodique. L’abnégation de toute intelligence au profit d’un fantasme. La peur qui submerge toute capacité à prendre du recul. La capacité d’analyse, l’aptitude à prendre du recul par rapport aux faits et aux émotions, c’est ce qu’on demande avant tout à un intellectuel. Non pas que je néglige la montée du communautarisme et ses dangers potentiels, mais il est absurde (et paresseux) d'y voir l'origine de tous les maux de la société. Finkielkraut devrait aller se promener un peu en banlieue, y vivre quelques jours, histoire d'affiner son jugement et éventuellement de le revoir complètement. Une expérience très simple qu’il ne devrait pas refuser. Mais hélas, hélas…

  • En comparaison

    Parfois, je considère l'ensemble des moments où je me suis comporté comme un sale con, et je les mets face au comportement permanent de certains. Je m'en trouve soudain -valablement bien qu'artificiellement- valorisé.

     

  • Pas arrivé

    Mais c'est que je ne comprenais pas ce qu'on me voulait ! Je parcourais les couloirs, les classes et les gymnases, je m'asseyais comme-ci comme-ça, j'écoutais, je notais, mais je ne comprenais pas. Quand on disait que tel enseignement m'aiderait dans ma vie d'adulte, cela me causait une horrible angoisse : quel adulte ? Où ça ? Comment pourrais-je un jour appartenir à ce monde incroyable où les hommes et les femmes se côtoient avec naturel et où les gens prennent des décisions, gagnent de l'argent, ont un métier ? Savent où ils sont, apparemment. Jamais je n'y arriverais. C'était comme regarder un film et savoir qu'on ne sera jamais dans la distribution (d'abord, parce que le film a déjà été tourné, sans vous). Et puis, il a bien fallu devenir adulte. Je ne sais toujours pas ce que c'est, qu'un adulte. Pas plus que je ne savais ce qu'était un enfant quand je l'étais. Si on m'avait seulement dit un jour qu'être adulte ne demande aucun effort, seulement de se laisser vieillir, j'aurais été rassuré. Mais on a voulu me faire croire qu'il fallait travailler à cela. Quand je vois ceux qui y sont parvenus en forçant leur nature, je me dis que j'ai bien fait de patienter. Et si ça se trouve, je n'y suis toujours pas.

  • Le bonheur à table

    A., si tu passes par là, tu vois : je vais parler du bonheur. En souvenir notamment de cette soirée « banquet-philo » qui a réuni près de 25 personnes autour d’une vaste table dressée, dans la maison de J., notre ami.

    A., l’autre soir, m’avoue sa déception de n’avoir pas trouvé de relation de cette soirée sur Kronix, sinon le lendemain, en tout cas dans les jours qui ont suivi. J’avoue ne pas y avoir pensé. Surtout, l’entreprise dépasse mes compétences : comment résumer les propos, échanges et idées, remués en l’espace de quelques heures ce soir-là, et par exemple, comment parler savamment du rapide et essentiel tour de la question, réalisé de main de maître en apéritif par notre chère C. ? Impossible, en ce qui me concerne. Ou bien trop de travail pour le petit amateur de pensées que je suis. Voilà pourquoi je n’ai rien écrit, A. Mais il y a tout de même quelque chose à en dire. En dehors de cette évidence que, travaillant sur l’idée du bonheur, nombreux et attentifs à la parole des autres nous avons participé à le fabriquer ensemble. En dehors de cette évidence que, seul ou à plusieurs, il est toujours en notre pouvoir de se le procurer et d’en procurer aux autres. Et d’en procurer de la qualité voulue. Je veux dire que le travail, le temps mis à la préparation de cette soirée, se retrouve dans l’équation partage=bonheur. En dehors de ces évidences donc, il y a eu ces paroles authentiques, inspirées et improvisées celles-là, de toi, A., et de ton compagnon. Nous avons perçu l’existence de votre bonheur dans la simple attitude de votre sérénité, votre assurance à parler de la solidité du vôtre. Ce bonheur là, sans théorie, provoquait le désir de l'inventer pour ceux qu'on aime.

  • Préhistoire

    Non, je ne veux pas parler de Chevillard, même si, en l'occurrence... c'est que je me demande si écrire un roman, aujourd'hui, n'est pas une impasse, ou une manière obsolète d'explorer l'écriture et ce qu'elle a à dire de nous. C'est que je m'interroge sur la pertinence de ce mode littéraire au XXIème siècle. Bien sûr, le roman (cette excellence du XIXème) a été renouvelé au XXème, mais tout de même, il m'apparaît parfois que les romanciers oeuvrent sur une forme vieillie, inadaptée au monde actuel et à ses enjeux. A cette aune, je me dis que la poésie et la forme brève ont plus et mieux à dire que nos récits amples aux personnages complexes et plus ou moins réalistes où tout est contenu, y compris une représentation du monde. Le traitement de la société et de son état n'est-il pas plus juste dans une forme parcellaire et éclatée (par exemple)? Je m'interroge, voilà.

  • Notre nature

    "Nous sommes tout entiers dans l'artifice. On peut toujours débattre et se créer l'illusion que la nature est à l'imitation de l'art,  ce n'est qu'une manière encore, l'humain étant dépouillé de tant de magies, de donner refuge à notre prétention."

    Voilà, j'ai écrit ça il y a un mois et je ne sais absolument plus ce que je voulais dire par là. Incroyable. Je me souviens avoir peaufiné cette phrase pendant toute la durée de mon attente du car qui allait m'emener au travail, ce matin-là. Je me souviens avoir trouvé l'idée, que j'ai senti monter en moi doucement, de la précise évaluation de ce que je voulais transmettre ainsi, et de la maturation de sa formulation. A présent j'ai beau relire, je ne comprends rien, ou bien n'ai plus qu'une vague idée du propos.

    C'est pas à Sartre que ce serait arrivé (si, c'est arrivé ? Ah.)

  • La déclaration

    Dom a organisé une cérémonie qui ressemblait à Véro. Au micro, il a prononcé la plus belle déclaration d'amour que j'aie jamais entendue. Un texte au présent bien sûr, pour réfuter l'inacceptable, adressé à celle que pourtant, il ne reverra jamais. Beaucoup d'amis étaient là, une foule pour tout dire, qui témoignait de la gentillesse éclairante de ce couple.

    Écoutant ses mots, bouleversé par la simple énonciation de ce qu'était sa femme, de ce qui faisait d'elle cet être exceptionnel, je me suis interrogé sur l'étendue de mon amour, sur ma capacité à aimer. Je veux dire que je ne suis pas sûr d'avoir jamais su aimer comme Dom, je ne suis pas sûr d'en être jamais capable. Mais peut-être que cette troisième nuit d'insomnie colore mes impressions et me met en déroute.

  • Le poids des actes

    Pourquoi nos actes ne sont-ils pas anodins ? Pourquoi est-ce que nos paroles désinvoltes, nos pas sans but, ont des implications, des conséquences imprévues ? En tout cas changent un infime aspect de notre vie et de la vie des autres ; un détail qui, bientôt, engendrera des effets plus manifestes. Sommes-nous condamnés à agir sur ce qui nous entoure ? Sur ceux qui nous entoure ? Par le simple poids de notre présence. Il n'y aurait donc, par nos choix, l'impossibilité de l'acte gratuit, sans effet ? Nous ne serions donc pas libres ?

  • Avec une majuscule

    Un sociologue s'est interrogé sur cette pratique qui consiste à parler d'Internet, sans utiliser d'article. On dit la voiture, le courrier, l'ordinateur, le tournevis, le logiciel mais on dit (majoritairement) « Internet », avec cette majuscule. Il n'y a qu'une occurrence d'un principe devenu paradigme devenu concept devenu croyance. C'est Dieu, avec une majuscule pareille. Le sociologue en question refuse d'aller plus loin dans ce rapprochement, mais il est peut-être utile de s'en inquiéter aujourd'hui. Ou bien, susurre ma petite voix athée : « Réjouis-toi, Internet est en passe de détrôner les religions. » Bon, si ce n'est pas pour les remplacer par un dogme mais par le foisonnement d'une pensée universaliste, alors...