Winfried Veit est un artiste qui s'interroge. Il est artiste dans ce but, probablement. En tout cas, sa nature lui dicte d'incessants questionnements que ses dessins, toiles ou sculptures tentent, au moins, d'exprimer. Les réponses ne sont pas de ce monde, ce n'est pourtant pas échouer que de parvenir à les donner à lire. Le temps ne fait rien à l'affaire, l'expérience ne résout rien, mais apporte des fragments de réflexion, fragments offerts aux autres, aux heureux visiteurs de la Galerie Le Réalgar, à Saint-Etienne, par exemple.
« Hommes sans âme ? » se demande l'artiste. Quelle âme ? Ce qui est permanent en nous, qui nous dépasse, qui nous survit, qui nous relie à l'univers. Une mystique sans divinité, mais une foi du peintre en une parcelle, un scintillement précieux qui, issu de nous, est plus grand que nous. Sur chaque tableau, les corps se courbent, se penchent, exhibent des croupes ou des dos, mais aussi s'écartèlent, ouvrent les bras, crucifient l'espace de gestes mystérieux, d'appels énigmatiques. On va à la rencontre de femmes monumentales, de piétas où l'érotisme ne se voile plus, d'humains à qui l'on a greffé des ailes et qui en semblent encombrés comme on l'est parfois d'un cadeau immérité, trop beau, trop grand pour nous. Winfried Veit a travaillé obstinément, concentré, vif, acharné, pour cette exposition, pour aboutir à ce moment, avec en tête cette expression obsédante à la forme interrogative « Hommes sans âme ? ». Les anatomies réalistes, les muscles et les courbes se déploient dans l'espace rectangulaire et blanc du papier, s'expriment en crayon ou fusain dilué de jus clair, rehaussé de couleurs qui enrichissent les ombres, soulignent des contours. Autant de gestes nerveux et sûrs venus par addition épaissir la chair des figures représentées. Elle est certainement par là, entre les lignes, dans la superposition des glacis, l'âme que cherche Winfried, comme certain cynique cherchait un homme. Diogène s'était armé d'une lampe pour tenter d'approcher l'humain ; Winfried fait un pas vers lui, sa lumière se dépose, ébauche un contour, ses pinceaux détaillent la pénombre, quelque chose survient, qui n'est pas si loin de l'Homme, aussi proche que possible de cette âme qu'il ne renoncera jamais à vouloir cerner. Et ce ne sont pas les matérialistes obtus qui le détourneront de cette quête. Pour le plus grand bonheur de tous.
Hommes sans âme ? Winfried Veit, Galerie Le Réalgar, rue Blanqui, Saint-Etienne, jusqu'au 20 Février 2015
rencontres avec des gens biens - Page 17
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Incarner une quête de l'âme
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Reprenons
Les quelques jours passés à Saint-Etienne, au contact de gens merveilleux : la troupe de NU compagnie, mais aussi l'équipe du Chok théâtre, celle de l'émission « A plus d'un titre » de RCF, les libraires qui défendent mon livre, Daniel de la galerie Le Réalgar, Winfried Veit qu'il exposait, son épouse Olga, tous les visiteurs curieux, les amis venus nous soutenir, la personne qui nous hébergeait, enfin, tous ces gens passionnés, subtils, pertinents, toutes ces personnalités qui privilégient l'être à l'avoir, en cette période, m'ont fait un bien fou. A partir d'aujourd'hui, Kronix reprend son activité quotidienne.
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Je suis Vivant
Kronix est resté muet ces derniers jours. Beaucoup de choses très belles ont été dites, des choses très stupides aussi. Et pas mal de banalités. Ce n'est pas une critique, même des choses banales doivent être exprimées quand le choc rend les mots fébriles et maladroits. Aussi pertinent que je tenterais d'être (ce que je m'étais plus ou moins préparé à faire lorsque serait venu le temps de la parole), je ne pourrais qu'ajouter ma voix à toutes les autres. Je crois que tout a été dit.
Tandis que les effets de ce traumatisme se poursuivaient en chacun de nous, la Compagnie Nu jouait sur scène. Tant de travail, toute cette énergie, alors que les esprits étaient sidérés, que le chaos nous était promis. C'était bien, c'était bon, mais combien ça semblait dérisoire. Dans le même temps, encore, je tentai d'ajouter quelques lignes à mon prochain roman. Je n'y suis parvenu qu'hier, tant l'écriture de fiction et les thèmes que j'abordais me paraissaient définitivement mis hors-jeu par la sauvagerie, par le chagrin, l'impensable et écrasant chagrin qui, de temps en temps, sans prévenir, rappelle les larmes depuis une source qui ne semble jamais pouvoir se tarir.
Je voulais analyser, synthétiser, livrer ma vision des choses. J'ai renoncé. Que vaut mon regard ? Cependant, j'ai écouté tous les avis, toutes les failles, les pires récupérations, les plus beaux témoignages. Tout ce matériau, multiple, choral, polysémique, contradictoire, aurait pu m'embrouiller l'esprit, me faire confondre les choix et les urgences. Il n'en est rien. Tout est clair et simple.
Nous sommes vivants.
Pas seulement des créatures organiques qui se meuvent à la surface d'une quelconque planète, mais des êtres de pensée. Il arrive que ces créatures prennent des idées pour des pensées. Il arrive qu'elles meurent ou tuent pour elles.
Je suis vivant,
je veux ajouter de la pensée dans mes idées. Je suis vivant, je me nourris d'intelligence et de réflexions.
Nous sommes vivants,
il n'a jamais été aussi essentiel de proposer de l'intelligence, de défendre l'intelligence, de partager de l'intelligence, de promouvoir l'intelligence. Le mépris de l'intelligence qui se manifeste depuis des années, qui gonfle le torse et se satisfait de la bonne bêtise, si relaxante, et du bon sens, si évident, c'est d'abord lui, notre ennemi. C'est lui, le bourreau dont il faut arrêter le geste. -
Il te ruinera, Minos. Je sens sa colère.
"Je suis Pasiphaé. Seule de ce nom, la première et la seule. J'ai l'éternité devant moi. Je flotte. On oubliera qui j'étais, mais Pasiphaé me survivra. Est-ce possible ? Est-il possible que ce soit à moi que pareille chose arrive ? Moi, qui n'étais rien ? Je comprends que je suis à l'amorce des choses. Tout ce qui suivra naîtra de moi. De mon ventre viendront tous les enfantements, tous les jaillissements. On dira mon nom pour énoncer demain. On mentira sur mon sacrifice. On mentira sur mon passé, ma vie, mes désirs. On écrira des contes à l'allure de vérité, on dira des rêves et des merveilles. Je le sais, je l'entends. Tandis que je souffre, on commence à fabriquer des splendeurs. On fouille les boues et les secrets, on élève des stèles. On en sait plus que moi. On dira d'Eve qu'elle a fauté, de Pandore qu'elle a trahi, de Madeleine qu'elle s'est vendue. On dira de moi. On dira de moi... Ah ! Mon amour, mon amour. Dédale, à moi !"
Et Aurore Pourteyron dit ça avec une justesse, une qualité d'intention... Vous savez, comme certains lecteurs, certains comédiens sont plus intelligents que les auteurs.
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Noué
Il m'est arrivé plusieurs fois de m'épouvanter tout seul en écrivant une scène, dans un roman. Les séances de torture dans Le Baiser de la Nourrice, une affreuse scène sadique vers la fin de Mausolées, m'ont parfois fait penser « mais il faut vraiment être malade pour écrire des choses pareilles ». Je suis allé assister à plusieurs répétitions de Pasiphaé et, disons-le tout net, la scène de « l'acte », en milieu de pièce, me remue à chaque fois, et à chaque répétition de plus en plus fort. Je suis ébahi par la violence contenue dans mon propre texte, son côté dérangeant (rien n'est montré, bien sûr), et complètement admiratif de l'engagement des comédiens. Notamment, pardon pour les autres qui font aussi tellement de merveilles, pour Aurore Pourteyron qui empoigne le rôle-titre avec un courage insensé. Après chaque répétition de cette scène-clé, alors que j'ai l'estomac noué, que j'ai l'impression d'être vidé, elle est prête à recommencer et moi, je me demande comment j'ai pu me permettre d'infliger ça à une femme. Le 9 janvier, au théâtre, il n'est pas impossible que des personnes n'en supportent pas d'avantage et quittent la salle à ce moment-là. Elles auraient tort : ce n'est qu'un début !
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Pars, travaille !
Le récit de Maryse Vuillermet paru à « La Rumeur Libre » est dans la lignée des œuvres des auteurs qui l'ont précédée dans cette impeccable maison, je pense à Patrick Laupin notamment. La force des textes choisis par Andrea et Dominique Iacovella réside dans leur sincère tentative de faire entendre la voix de ceux que la littérature ignore ou fait semblant de réanimer, le temps d'une fiction (le genre de choses qui m'arrive, soyons honnêtes).
Pars ! travaille ! Est le titre évocateur de ce livre singulier. Pars d'ici, de ce pays de peu, va gagner ta croûte, progresse, élève-toi. Ici, il n'y a plus rien. L'auteur a bien cru entendre ça, comme ses ancêtres italiens, dont elle retrace par bribes le destin au cours d'une enquête émouvante. Mais l'injonction est tacite, enfin on la reçoit, on croit la comprendre, on se dit que c'est l'évidence. On ne va pas rester dans ce patelin sinistre à polir des pipes ou enfiler de fausses fleurs sur des branches en plastique, à traîner dans les bars ou dans les rues que les commerces désertent.
On part depuis toujours, quand la terre est pingre. Ainsi, les arrière-grands oncles, deux frères, Italiens, partis pour l'Australie, qui se séparèrent là-bas. Un seul reviendra. Aller sur les traces de celui qui n'est pas revenu, c’est interroger toujours l'existence, la question des choix, du destin sur lequel on ne revient pas. Partir ? S'exiler ? La richesse, l'aisance (on ne parle pas de bonheur, loin s'en faut !) serait au fond d'une mine d'opale ? Pas sûr. En Australie, terre d'immigration, ceux qui étaient déjà là, avant, sont les exilés de leur propre terre. Ils dépriment et meurent sur place, leurs rêves sont vendus aux touristes. Quant à ceux qui sont venus chercher fortune, ils retourneront à leur terre. Les vivants ne les ont peut-être pas toujours attendus, eux. Si Maryse Vuillermet s'autorise ce qui ressemble à des digressions (l'Australie, les considérations sur le couple et les enfants, l'Algérie, la carrière professionnelle) ce sont autant de façons d'aborder la même problématique : Pour quoi part-on et pour qui ?
Partir, oui, mais est-ce que l'auteur a eu raison de partir ? Après de brillantes études, elle enseigne, elle donne à ses élèves des clés pour s'exprimer, pour exister. Se plaindre si nécessaire. C'est important de se plaindre. L'insatisfaction est le moteur de la machine qui vous déracine. Pour le meilleur et pour le pire. Le prix à payer, celui auquel on ne s'attend pas, c'est le déphasage du retour. Celle qui est partie a changé, elle n'est plus du même monde, sa langue a pris une souplesse, une tenue que n'ont pas les autres, ceux qui sont restés. Et l'exilée, partie travailler parce qu'elle était persuadée qu'il le fallait, que doit-elle faire de cette langue qui est le stigmate de sa différence, irréductible désormais ? Témoigner? Mais ce monde qu'elle a quitté, le comprend-elle encore ? Le père lui reproche ces récits sombres, pessimistes, lui ne se voit pas comme ça. Contrairement à Enée, dont une représentation illustre la couverture du livre, Maryse Vuillermet n'a pas emporté Anchise, son père, pas plus que sa mère, pas plus que son territoire d'enfance. C'est une illusion, ce bagage, on n'emporte avec soi que le peu de compréhension qu'on a des autres. En ce sens, mais est-ce conscient, le livre de Maryse Vuillermet est le constat tragique d'une impossibilité. On ne peut donc jamais être d'ici, et obtenir l'outil qui vous permettra de dire le vrai ? C'est le paradoxe superbe de cette langue qu'on va chercher ailleurs, pour tendre un miroir à l'existence de ceux qui n'ont pas entendu la double injonction, et qui n'y parvient qu'à condition de trahir.Pars ! travaille ! Maryse Vuillermet. Editions La Rumeur Libre; 155 pages. 20 euros.
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Le plein, s'il vous plaît
L'année 2015 va commencer avec un mois de janvier chargé, en ce qui me concerne.
Bien sûr, les répétitions pour Pasiphaé s'accélèrent puisque la première représentation de cette « farce du désir » assez risquée se déroulera le 9 janvier à 20h30. Cette production est un tournant pour la compagnie NU. Je sais que François Podetti, le metteur en scène, est sous pression comme rarement. Tant de choses inédites pour nous ont été imaginées pour cette pièce, que sa représentation relève de la gageure constante pour Jérôme Bodon-Clair à l'univers musical et Marc Bonnetin à l'univers visuel. Personnellement, je rencontrerai les élèves d'un lycée roannais le 12 janvier. Ils auront assisté à la pièce. L'échange devrait être passionnant. Les 15 et 16 janvier, Aurore Pourteyron (Pasiphaé), François Frapier (Dédale) et François Podetti (Minos) endosseront à nouveau les costumes d'Odile Gantier pour jouer notre pièce sur la scène du Chok Théâtre, à Saint-Etienne, à 20h30. Le vendredi 16 janvier, sur ce même plateau, dans les décors d'Yves Perey, mais à 18 heures, j'aurai l'immense plaisir d'être interviewé par Jean-Claude Duverger dans le cadre de l'émission « A plus d'un titre » sur RCF. Il s'agira surtout d'évoquer « L'Affaire des Vivants », paru chez Phébus cette année. Les spectateurs venus pour l'émission pourront enchaîner - je le leur conseille - avec la représentation de Pasiphaé. Restons à Saint-Etienne où, le lendemain, samedi 17 janvier à 18 heures, la Galerie Le Réalgar (par ailleurs éditrice de « La Joyeuse »), ouvre l'exposition « Hommes sans âme ? » consacrée à Winfried Veit, artiste puissant et merveilleusement humain, qui a justement illustré ma nouvelle. J'y serai pour dédicacer notre petit ouvrage.Le 23 janvier, c'est l'ami Christian Degoutte, dont le « Sous les feuilles » a été un de mes éblouissements l'an dernier (déjà?), qui animera une rencontre à la Bibliothèque de Commelle-Vernay. Christian est du coin, c'est un auteur magnifique, quelqu'un que, que... Bref, je me suis permis de lui demander ce grand service et pour mon bonheur, il a accepté. Ce sera à 18 heures.
Le 30 janvier, c'est le cercle de lecture « Parole et plumes » qui m'accueille à Saint-Germain-en-Laye pour parler de « L'Affaire des Vivants », sujet également de la rencontre du lendemain, plus près de chez moi cette fois, à Saint-Haon-le-Châtel, dans la bibliothèque municipale à partir de 17 heures.
Pour l'instant, je n'ai qu'une seule date en février. Sensation étrange d'un grand vide. Heureusement, mars et avril commencent à se remplir. Me voilà rassuré. Après, le vrai problème est d'insérer l'écriture et la lecture au milieu de tout ça. On ne va pas se plaindre, c'est très bon d'être sollicité. -
Surpoids
Mon éditrice avait dit : « Je verrais bien un roman ambitieux, un gros pavé, plus que Mausolées. » Et bien, à ma grande surprise, c'est bel et bien ce que je suis en train de produire, chapitre après chapitre. Et je devine, vu le rythme pris, que le mois de janvier, bien qu'il sera très chargé (voir la note de demain), sera celui de l'achèvement de la première mouture des Nefs de Pangée.
De l'avantage d'avoir arrêté de travailler (j'insiste, excusez-moi, mais sans cela, il m'aurait fallu renoncer pour me consacrer au livre suivant). Je vous dis ça et j'oublie l'essentiel : belle fin d'année à vous. Soyez heureux au moins jusque là. Après... -
2015 en vue
Parce que 2014 est passée. Une année exceptionnelle pour moi, oui, avec trois publications successives. Lucifer Elégie et Nos Futurs chez Sang d'Encre, La Joyeuse au Réalgar et L'Affaire des Vivants chez Phébus. Sans compter les rencontres, les moments précieux, les amis, les librairies, les lecteurs, les rencontres, les rencontres... Il me faudrait des pages et des pages pour tenter un bilan de l'apport de cette année folle. Mais il faudrait parler des deuils, des souffrances, qui ne furent pas moindres. Il faudrait évoquer, sans espoir que cela compense mais tout de même, atténue et adoucit, la décision radicale de cesser de travailler et de me consacrer à l'écriture. Quelques nuits blanches, de mauvais réveils, des calculs faits et refaits et puis, finalement, l'entrée dans un quotidien, une normalité de la fonction d'écrivain à plein temps. Statut fort bénéfique, puisqu'il me permet aujourd'hui, entre autres, d'envisager de boucler un manuscrit (imposant) pour les éditions Mnémos et enchaîner avec un prochain roman pour Phébus. Je vois aussi se multiplier les propositions. Pas le Pérou, mais des perspectives qui rassurent, nous confortent, ma douce et moi, dans le choix que nous avons fait en avril, de changer de vie. 2015 sera l'année de Pasiphaé, des Nefs de Pangée et, c’est très probable, de Voir Grandir. De tout cela, évidemment, il sera question sur Kronix. Ce blog où, il y a seulement six ans, je disais mon désespoir d'être jamais édité.
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Reprise (ici aussi) *
Elle avait dix ans, onze ans, pas plus. Ses parents, redoutant de la voir isolée des autres enfants du village, car elle était une des rares élèves de l'école publique, l'avaient tout de même inscrite au catéchisme. Consciencieuse comme toujours, elle y apprit la vie du petit Jésus et ses merveilleuses aventures. Elle excellait. Le catéchisme conduisait logiquement au cérémonial de quelque communion, solennelle ou autre. Un curé lui fit passer sa première confession. Il fallait donc qu'elle confesse ses péchés. La petite ne comprenait pas : quel mal avait-elle bien pu faire ? Le curé se porta à son secours : tu as bien volé un bonbon, mal répondu à tes parents un jour, fais du mal à un petit camarade, mal appris tes leçons ? Non, non, rien de tout ça. Elle aimait doucement tout le monde, adorait apprendre, il ne lui serait jamais venu à l'idée de voler quelque chose, et sûrement pas d'élever la voix contre ses chers parents. Elle avait beau chercher, la petite était dans la plus grande confusion : elle n'avait jamais péché, à sa connaissance. Pourtant, elle faisait preuve de bonne volonté, se torturait l'esprit pour faire plaisir au bonhomme noir qui lui répétait : « mais si, enfin, cherche, tu as forcément péché ! » Rien à faire. Le curé lui imposa donc d'avouer n'importe quel forfait, pourvu qu'il puisse lui octroyer le pardon de Dieu qui, là-haut, guette les faux-pas des innocents. Elle avoua donc, mortifiée, ulcérée, un acte qu'elle n'avait pas commis. Le curé bénit son mensonge, satisfait d'avoir bien œuvré pour cette âme déjà pervertie par l'enseignement public.
Cette âme pervertie est celle de ma douce, restée confiante malgré tout dans le genre humain, et toujours aussi incapable de faire du mal.* private joke
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Fleur bleue
Il y a cette phrase rituelle, qui cause en moi une profonde émotion. En cette période, il peut nous arriver de dire : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté », et je vous assure que je ressens en la disant ou en l'écoutant venue de lèvres sincères, comme un serrement de gorge, une douce tristesse. Je me dis que, oui, voilà, ce serait ça, le mot d'ordre le plus simple du monde, qu'il n'en faut pas plus, que c'est nécessaire et suffisant. Paix sur la terre, aux hommes de bonne volonté.
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Petites phrases anonymes
"
- Prendre deux corps amoureux
- De préférence l'un de l'autre et réciproquement
- Les dénuder
- Les arranger de telle façon que la plus grande surface de peau soit en contact
- Observer la voluptueuse migration des cellules frontalières passant de l'une à l'autre
( Mais que font les peaux lisses ?)
"
Hier, Kronix a généreusement prodigué deux petites phrases. C'était une erreur, mais je n'ai pas tenté de la corriger en cette période festive.
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Petites phrases anonymes
" J'ai un très beau service d'assiettes plates et creuses, comme mes pensées."
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Petites phrases anonymes
"Dans mes rêves s'insinuent cin(q)-six nus."
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Petites phrases anonymes
"La peinture, comme le poisson, s'écaille."
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Petites phrases anonymes
"Tu sais, cette actrice qui était dans le film de ... Celui qui avait tourné avec .... Dont la troisième femme et la cinquième maîtresse était... Ce type de conversation vaseuse de fin de repas est désormais pulvérisée par un brandissant porteur de smartphone ou d'androïde : J'vais vous l'dire ! "
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Petites phrases anonymes
"Je n'avais qu'un désir, qu'elle s'allongeât. Je fus exaucé. Elle passa d'1m62 à 1m71, puis 1m82..."
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Petites phrases anonymes
"Son corps était splendide. Je me hâtais d'y déposer une main courante. J'attendais une certaine réciprocité. Ce fut le commissariat qui m'en informa."
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Petites phrases anonymes
Mon appel à soutenir l'effort quotidien de Kronix a été entendu. Après JMD, une source anonyme a gentiment fourni le matériel qui va me permettre de me concentrer sur autre chose que ce blog pendant quelques jours. Remercions la source, et allons-y :
"116 poires.
Tableau bien bio, 50x65, collection privée"
Nous avons jugé qu'une illustration n'était pas nécessaire.
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Pasiphaé - Extrait
Mais qu'est-ce que c'est que cette pièce ? vous demanderez-vous, après l'écoute de ce discours.
C'est Pasiphaé, sur scène le 9 janvier à Roanne.
Ici, le Ministre des Affairistes étrangers, interprété par François Frapier, évoque la venue du Président de Sablurie, le tyran El Mammuchi.
[on aura corrigé, bien sûr : "je les voue aux Gémonies" et "je les stigmatise"]