C'est certainement très facile, et quand on ne peut pas vraiment s'exprimer à haute voix, le plus simple est d'aller piocher dans la manne hugolienne la verve dont on est dépourvu et dont on a besoin. Kronix est en vacances, mais Totor n'en a jamais pris, et n'en prendra jamais, tant qu'il y aura des Badinguet dans ce monde. Extraits.
"Il aime la gloriole, le pompon, l'aigrette, la broderie, les paillettes et les passe-quilles, les grands mots, les grand titres, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Certes, ce cerveau est trouble, ce cerveau a des lacunes, mais on peut y déchiffrer par endroits plusieurs pensées de suite et suffisamment enchaînées. Il a une idée fixe, mais une idée fixe n'est pas l'idiotisme. Il sait ce qu'il veut, et il y va. A travers la justice, à travers la loi, à travers la raison, à travers l'honnêteté, à travers l'humanité, soit, mais il y va.
Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde; il affirme, méfiez vous; il fait un serment, tremblez.
Machiavel a fait des petits.
Annoncer une enormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l'on se rassure et où l'on rit de l'énormité en question, l'exécuter.
Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant
créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est
le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.
L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé."