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kronix - Page 171

  • Entre terre et ailleurs

    Je ne suis pas scientifique, je ne comprends pas l'anglais (ou très mal), mais il se trouve que je suis actuellement en vacances et que j'ai le temps, entre deux paragraphes (je me suis remis à écrire. Ô joie!), de chercher des pépites sur le net. En ce moment, je regarde ça, sur NASA TV.

    Je ne sais pas s'il s'agit de direct, de léger différé, ou de simples enregistrements, mais voir ces types travailler dans la station spatiale, à des milliers de kilomètres au dessus de mon toit, me procure un vertige apaisant, qui incite à la méditation, au recueillement, qui est l'état que je cherche, présentement, après une petite marche dans la campagne.

    Je me tais, je vous laisse profiter. Regardez en buvant un petit café. Ca vaut un bain relaxant ou un joint, je suppose (pour ceux qui pratiquent).

  • Avatarte

    Vu les premières images d'Avatar, la fameuse révélation cinématographique de Cameron. Déçu. Créatures et monde déjà vus dans la BD et dans l'animation depuis des dizaines d'années, chez Corben, Mézières ou Vatine (que je n'aime pas, d'ailleurs, Vatine). C'est sur écran, en 3D ? Et alors ? je suppose que c'est seulement bien fait. Moi, j'attends que ce soit original. Ce sera pour une autre fois.

  • L'autre dimension de la 3D

    Je suis sûrement un peu parano, mais je trouve très suspect cet engouement pour le cinéma 3D, ces derniers temps. Tous les films d’animation ou presque sortent (voir re-sortent) en relief, le reste de la production s’engouffre dans le même élan, bons et mauvais films compris (autrefois, le relief était l’apanage des licences en perte de vitesse : « Jaws », « Emmanuelle », « Halloween », etc.). La technique de base n’est pas nouvelle (l’image stéréoscopique date des débuts de la photo, il y a plus d’un siècle), mais ce qui change, c’est l’obligation pour les salles, si j’ai bien compris, d’être équipées en numérique. Ce qui, dans un premier temps, va favoriser les multiplexes. Dans un premier temps…
    Si le phénomène se propage et s’accélère, il ne sera plus possible aux exploitants de ne pas suivre le mouvement. Or, le remplacement des projecteurs classiques (déjà des outils très coûteux) par leurs équivalents numériques coûte une vraie fortune, oblige à un endettement supplémentaire, malgré les aides du CNC en matière d’investissement. (une petite part sur le billet d'entrée que vous payez au cinoche va dans une cagnotte dédiée à la modernisation des salles) Ensuite, il découle du passage au numérique une autre modification dans le circuit de distribution du cinoche : plus de pellicule, mais des fichiers, que l’exploitant pourra obtenir via internet par abonnement ou contrat avec une « major ». Quand il aura payé son projecteur et son abonnement (ses abonnements, en fait : un par compagnie), il lui faudra certainement acheter le logiciel adéquat (et pourquoi pas les logiciels : un pour chaque « major ») ainsi que les mises à jour constantes que ces merveilles technologiques nécessiteront (vous voyez déjà le tableau ?). Quand tout cela sera bien en place, les producteurs indépendants n’auront pas d’autres choix que de se mettre, eux aussi, au tout numérique (avec les économies de coût que ces techniques induisent d’abord dans le processus de production des films – et de diffusion aussi. Enfin, dans un premier temps, toujours) et par qui seront-ils obligés de passer, pour diffuser leurs films ? Vous croyez que les patrons des multiplexes, qui auront investi des fortunes pour faire passer les block busters dans leurs salles, vont encore acheter des systèmes d’exploitation pour les indépendants ?
    A ce moment-là, les dernières salles « chimiques » auront disparues, faute de pouvoir assumer de tels investissements, et comme les salles « numériques » ne voudront pas faire passer de films indépendants, c’est la mort du cinéma d’auteur (ou bien, un renouveau via le net ?).
    Je ne suis pas parano, donc (enfin, je me soigne), mais je me demande tout de même s’il ne faut pas voir dans la multiplication des films en relief une offensive radicale des grandes maisons, notamment américaines, pour détruire ce qui subsiste des productions nationales ou confidentielles. Le débat est ouvert.

  • Réflexe

    Nous avons, dans notre nouvelle maison, redécouvert la télévision et les réflexes conditionnés qu’elle génère.

    L’autre jour, passe un reportage sur les dizaines de millions d’euros données aux éleveurs de fruits et légumes, au mépris des règles européennes (je résume). La voix du commentateur a énoncé soudain « Qui va payer la facture ? » et moi, bêtement, dans un automatisme, seul devant mon écran, j’ai levé le doigt.

  • Dans la chaleur de l'été

     

    L’été. L’autre jour. La traversée des champs au milieu des vaches stupides et bonnes. Et puis la Loire, accueillante. L’eau comme une onction, opaque au-delà de deux mètres mais souple et sensuelle autour de nous. Nous seuls. Mes enfants, ma douce, longue baignade, nage contre le courant, les serviettes étendues sur l’herbe à l’ombre d’un saule, une bouteille d’eau fraîche dans le sac. La chaleur, forte, le calme. J’espère seulement que vous avez connu des heures pareilles, un jour ou l’autre. Sinon, faites en sorte de les fabriquer, ces moments. Je vous en prie.

  • Bon aloi des séries

    La dernière séquence du dernier épisode de la dernière saison de « six feet under » (merci Didier) est une merveille (d’ailleurs, je crois bien que je vais proposer à ma douce qu’on se le regarde à nouveau, histoire de n’en rien perdre). Même si les scènes précédentes donnent le sentiment que tous les violons, rangés dans les tiroirs depuis le début de la série, sont de sortie pour cet ultime volet, tout est rattrapé par un épilogue en forme de vertigineuse prospection du futur, qui ajoute de la noblesse à l’ensemble de cette série qui n’en a jamais manqué.

    Après cela, nous avons parlé naturellement de notre fin possible (j’ai amené le sujet, parce que, statistiquement, les hommes partent avant les femmes), et du sort de celui qui reste. Dans l’épisode, un personnage dit en gros que « le temps ne fait rien à l’affaire », que le deuil est toujours une violence, une injustice impossible à admettre. C’est une mère qui parle de son fils disparu, en l’occurrence. C’est sans doute vrai. Mais le temps produit tout de même assez de distance pour que la douleur s’atténue –au moins ne soit pas permanente et insupportable. Que demander de plus ? Notre vie est aussi une accumulation de chagrins. Dans l’idéal, il faudrait tenter de recevoir ces deuils sans qu’ils soient destructeurs, et puis les conserver longtemps, adoucis, apaisés, et s’en servir pour considérer les autres, soi-même, la vie, avec plus d’indulgence.

    Voilà : de l’indulgence. J’ai cru en la tolérance, mais je me demande à présent si l’indulgence n’est pas une vertu plus haute, moins rigoriste ou doctrinaire que la tolérance. J’ai souvent remarqué de l’intolérance tout près de la tolérance, voire accouplée à elle, comme une face et son revers. Soyons simplement indulgents. Nous ne sommes pas là pour si longtemps, et sûrement pas meilleurs que les autres.

  • Ne pas écrire

    J'ai toujours défendu l'idée que, pour écrire (notamment écrire des romans), il ne faut pas attendre d'avoir du plaisir à le faire. C'est-à-dire qu'une certaine exigence de production nécessite une régularité, un labeur, incompatibles avec l'inspiration, l'envie, le désir. Malgré cela, il faut bien admettre que je suis parfois confronté au manque absolu d'envie d'écire. Plus précisément, dans le récit que j'ai mis en chantier, une scène résiste. Une scène de repas à plusieurs voix, sous le regard d'une jeune femme. Impossible de trouver l'angle intéressant, impossible d'écrire deux lignes intelligentes, originales sur ce thème. Impossible pareillement de passer à une autre scène, contrairement à ce que je fais parfois dans de tels cas de blocage. Mon agacement est multiplié par le fait que, comme je le disais dans un billet récent, je n'ai jamais travaillé dans d'aussi bonnes conditions, dans une pièce rien qu'à moi, entouré de livres par centaines, tandis que les vacances me donnent du temps et protégé par la tendresse de ma douce. C'est extrêmement désagréable de se trouver en panne dans un tel contexte.

    Même Kronix reste sec, comme vous avez dû le remarquer (non ? Ah.), mais, pardon, c'est un peu moins grave, pour moi. Est-ce par compensation ? J'ai beaucoup lu ces derniers temps, notamment les autres livres sélectionnés pour "lettres frontière". je n'ai pas fini (pas tout reçu), mais "Twist", "laisse les hommes pleurer", "La main de Dieu", et les romans de Claudie Gallay (lu plusieurs dans la foulée, dont l'excellent "L'office des vivants" en attendant "les déferlantes"), m'ont beaucoup impressionné. Je lis aussi "La chambre claire" de Roland Barthes, à cause d'une prochaine lecture en public, avec mes précieux amis Jean Mathieu et Dominique Furnon. J'ai aussi lu récemment "La grande Beune" et "les onze" de Michon. Quelles merveilles !

    Je m'occupe, quoi, en attendant que "ça" revienne. Pas facile, des fois...

  • Au suivant

    Mon éditeur vient de me le confirmer : mon prochain roman, "le psychopompe" sortira à la fin de l'année. Quant au "baiser de la nourrice", ma foi, il continue son petit bonhomme de chemin. Je suis invité le 11 septembre à Thonon, pour en parler.

    En attendant, j'ai beaucoup de mal à reprendre l'écriture du dernier. Je n'ai pourtant jamais eu de meilleures conditions pour travailler : du temps, un beau bureau, de la documentation à disposition, et l'admiration infatigable d'une femme aimante.

    Pas de panique, je sais que ça reviendra. Ma hantise par rapport à ce projet, est de baser ce très long chantier (sûrement plus de deux ans d'écriture), sur une forme vieillie. Ma douce a beau me rassurer, je doute.

    La prochaine pièce de théâtre est un projet magnifique dont j'espère avoir l'occasion de vous parler. Car il ne s'agit pas seulement de l'écrire, mais de mêler à son élaboration les comédiens qui vont l'interpréter, et l'expérience de peintres, puisqu'il sera question de l'acte de peindre. Il nous faut un financement minimum, sans lequel rien n'est envisageable. Une récente conversation avec une jeune actrice qui défendait l'idée de la création sans financement, et donc libre, me revient à ce sujet, et j'écris vraiment comme une savatte ce matin.

    D'abord, des expériences à "budget zéro", j'en ai pratiqué depuis toujours, je connais, merci, et, justement, je n'ai fait que ça. Bidouiller, "faire avec", trouver des solutions malignes, s'appuyer sur les bonnes volontés, renoncer à certaines idées, j'en ai ma claque. A partir d'un certain niveau d'ambition, je crois qu'il faut de l'argent. Pas des fortunes, je vous rassure -il sera toujours question de se démerder avec des budgets restreints- mais au moins avoir la possibilité de réaliser quelque chose qu'on a conçu avec la perspective d'un certain confort. C'est gratifiant, de parvenir au résultat escompté, c'est gratifiant aussi de pouvoir rémunérer ceux qui travaillent autour de vos idées.

    Disant cela, je revendique aussi le statut libertaire et la nécessité d'une culture anticonformiste, pauvre, hirsute, qui survit sous les déchets de l'autre, et qui est le sel de la terre. Celle qui continuera toujours de palpiter, malgré les ors et les ordres. Celle qui n'a pas besoin d'argent. Pratiquons les deux, n'ayons de mépris ni pour l'une ni pour l'autre.

  • Totor n'avait pas tord

    C'est certainement très facile, et quand on ne peut pas vraiment s'exprimer à haute voix, le plus simple est d'aller piocher dans la manne hugolienne la verve dont on est dépourvu et dont on a besoin. Kronix est en vacances, mais Totor n'en a jamais pris, et n'en prendra jamais, tant qu'il y aura des Badinguet dans ce monde. Extraits.

    "Il aime la gloriole, le pompon, l'aigrette, la broderie, les paillettes et les passe-quilles, les grands mots, les grand titres, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Certes, ce cerveau est trouble, ce cerveau a des lacunes, mais on peut y déchiffrer par endroits plusieurs pensées de suite et suffisamment enchaînées. Il a une idée fixe, mais une idée fixe n'est pas l'idiotisme. Il sait ce qu'il veut, et il y va. A travers la justice, à travers la loi, à travers la raison, à travers l'honnêteté, à travers l'humanité, soit, mais il y va.

    Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde; il affirme, méfiez vous; il fait un serment, tremblez.
    Machiavel a fait des petits.

    Annoncer une enormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l'on se rassure et où l'on rit de l'énormité en question, l'exécuter.

    Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
    Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France, de l’Europe peut-être.

    Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire.
    Dieu sait pourtant que le Président se démène :
    il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant
    créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est
    le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! Cette roue tourne à vide.

    L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux.

    Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse.

    On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue !
    Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé."

  • Jeu de mains

    Au lieu d'écrire ce matin, je surfe comme un geek de base, et je tombe là-dessus, et je passe un moment à essayer de comprendre, et ça m'énerve, et il est bientôt dix heures, et voilà, rien foutu, m'énerve !

    Moi j'arrête, je me remets à l'écriture, et puis vous, vous tentez de m'expliquer comment ce type réussit son tour. On en reparle.

  • Répétition

    C'était la plus grande des stars planétaires, danseur exeptionnel, adulé par des millions de fans, sa mort foudroyante a donné lieu à des obsèques spectaculaires, diffusées dans le monde entier.

    Il s'appelait Rudolph Valentino, et s'est éteint en 1926. Vous croyiez que je parlais de qui ?

  • Jackson Four

    Il est beaucoup question de la mort de Mickael Jackson, je vais donc vous parler du nikab.

    J'ai entendu l'autre jour des témoignages de femmes, fières de porter ce vêtement, pratique pour se promener nue ou en string à l'insu de tous, mais rarement utilisé dans ce but. Leur fierté, leur discours sincère, leur revendication de femmes intelligentes, instruites, sensées, m'ont fait imaginer un parallèle curieux, que je vous livre tel quel. Ma référence est, bien entendu, littéraire, et voici à qui ces jeunes femmes me faisaient penser : à O, l'héroïne de "Histoire d'O", de Pauline Réage.

    O est une femme libre, intelligente, sensée, cultivée. Elle a choisi d'elle-même une soumission qui l'emmènera probablement, à la fin du récit, vers la mort. Dans certaines de ses pensées, est délivré exactement le message que j'entendais l'autre jour, de la part des femmes qui portent le nikab (que d'aucuns appellent la burka, par machiavélique souci de contagion sémantique) : la fierté secrète d'appartenir à une élite, de vivre une expérience inconnue des autres. Le fait que ces deux formes d'expériences soient liées au concept de soumission, ajoute une étrange pertinence à cette comparaison. Disons qu'une règle ou un dogme sévère, peuvent être assimilés par leurs victimes, comme une source de satisfaction, et même un moyen de se réaliser. La différence, dans le cas de O, c'est qu'elle peut à tout moment, faire cesser le jeu en disant : « J'arrête ».

    L'autre point, selon la rapide analyse que je me permets de faire, est l'innocuité, voire l'effet contre-productif d'une nouvelle loi, qui ne ferait que pénaliser les femmes. D'une certaine manière, si les femmes se cachent ainsi (comme elles couvraient leurs cheveux dans les provinces les plus conservatrices de France quand elles étaient mariées ou veuves et ce, jusque dans les années 50), c'est pour échapper aux regards des hommes. Des hommes que les religions en général (je dis bien « les », souvenons-nous d'Adam et Eve) présentent comme des pourceaux incapables de maîtriser leurs sens, et forcément conduits à se jeter sur la première venue, au moindre signe de leur supposée libéralité (cheveux libres et parfumés = pute). Il y aurait donc tout intérêt, avant de stigmatiser les porteuses de nikab, à instruire d'abord les hommes. Et pour ça, vous savez, il faut du temps.

  • Bonjour tristesse

    En déposant mon fils ce matin à la gare, avant que l'aube pointe, le voyant, mal rasé, les cheveux trop longs (ça ne lui va pas), engoncé dans un blouson trop chaud et trop grand pour lui, son sac sur le dos, pour se rendre au travail, à 80km de là, je me suis senti empoigné de tristesse. Je suis revenu ensuite ici, l'attention toujours mobilisée par l'image de mon garçon prenant le train, ignorant que je l'observais.

    Si tu savais, bonhomme, comme j'aurais aimé t'épargner, te protéger de ce monde, t'éviter le rituel des heures et de l'argent qu'on gagne, qu'on ne gagne pas, dont on n'a pas assez, après quoi l'on court. Si tu savais le monde idéal que j'aurais créé, pour toi, pour ta soeur, pour ceux que j'aime. Personne n'y parvient ? Personne ne peut le faire ? Peut-être. Mais alors, quel est ce monde ? je te fais naître, te présente à la vie qui est déjà construite sans toi et n'a que faire de toi, je te lance dans une tragédie dans laquelle tout est en place, où tu ne peux que jouer le rôle qu'on t'a assigné. Je te mets dans un train qui va bouffer ton quotidien jusqu'à la fin, et, ce faisant, j'ai l'impression de collaborer à la défaite de ta vie, au précipice qui guette, au bout des rails.

    Je n'y ai pas pensé tout de suite mais, ce qui m'a rendu triste soudain tout-à-l'heure, c'est le sentiment de t'avoir trahi. De t'avoir mis sur deux pieds, sans te prévenir qu'il faudrait vivre à genoux.  

  • Méchant

    L'autre jour, je me moquais de Maxence Fermine, enfin surtout de sa prose, lourde à force d'effets visant la légèreté la plus démonstrative. Or, je découvre que Neige, le livre qui m'a justement inspiré cet agacement, fut sélectionné en son temps (1999) pour le prix lettres-frontière. Me voici donc, moi, moqueur condescendant, ramené à la réalité et à la modestie. Il faut bien croire que "Neige" est riche de certaines qualités, que sa musique ronronnante est autre chose qu'une mièvre berceuse. Il faut bien croire. Ou sinon, que vaut ma propre sélection ?

    Dans quelques jours, quand je serai installé dans mon nouveau chez-moi, je tenterai de prendre un peu de temps pour acheter et lire "Il y a des abeilles" de Christian Degoutte, dans sa nouvelle édition bilingue français et allemand. Voilà de la littérature, de la vraie. Disponible par le net (sinon, où voudriez-vous trouver telle rareté ?) : http://precarreditions.hautetfort.com

  • Eden

    Dans quelques jours, nous allons déménager. Je vais quitter une maison que j’ai habitée pendant plus de vingt ans, dans des conditions assez singulières. Sans nostalgie, croyez-moi. Même les photos retrouvées en faisant les cartons, et par lesquelles je plonge instantanément dans le passé, ne me font rien regretter. Je souris pourtant, à certains de ces souvenirs. Les enfants, leurs jeux sous le soleil. Les fêtes avec tous les amis. Les chats, leur vie de fauves magnifiques parmi la jungle que je laissais à leur disposition. Les bêtes, tellement nombreuses, comme nées spontanément, dès qu’on ne les dérange pas pour tondre ou désherber, dès qu’on renonce à forcer la terre à produire. Merles, verdiers, écureuils, rainettes, hérissons, tourterelles, mésanges, sauterelles, fourmis, énormes escargots (bons à manger, mais amoureusement écartés du chemin), tortues (oui, terrestres, pas les saloperies aquatiques), canard, pipistrelles, poissons rouges, moineaux, musaraignes, souris, crapauds, rouges-gorges, rossignols, orvets, et les espèces que je ne connais pas, tout cela sur 800 m2. De la vie partout. C’était un bonheur, de les découvrir par hasard, aussi surpris que moi. J’espère qu’on saura, à ma suite, conserver cet éden.

  • La croix en bannière

    Arborer le petit autocollant de la croix-rouge, quand on a donné, je dois dire que ça m’agace un peu. Le conserver comme une médaille pendant plus d’une semaine, je dois dire que ça reste pour moi, d’une indécence telle, qu’elle me laisse coi.

  • Depuis le temps

    En ce moment, je travaille sur mon prochain roman (enfin, il y a toujours un prochain roman : je les enchaîne infatigablement). La nouveauté pour moi, est qu’il se passe entièrement au 19ème siècle. Disons de 1850 à 1914, en gros. Deux générations, et deux sociétés, l’une rurale, l’autre petite bourgeoisie commerçante de province. Je suis plongé dans de la documentation jusqu’aux oreilles. C’est à la fois très pénible, laborieux, mais c’est évidemment un régal pour l’intellect. J’amasse une quantité d’informations incroyables, depuis le prix du pain, la forme des banquettes de train de deuxième classe, les façons de dire bonjour, les rituels de fiançailles, jusqu’au vocabulaire utilisé alors et disparu ensuite, les courants de pensée, la durée du service militaire, la manière d’imperméabiliser de la toile ou de refroidir un dessert. Grâce à la diligence de ma douce, je dois avoir une douzaine de livres de référence sur la période, étalés autour de mon bureau, je dois en avoir lu des centaines de pages, avoir fait des heures et des heures de journaux microfilmés à la médiathèque, des sondages chez des collectionneurs, des spécialistes dans tel ou tel domaine, en attendant certaines visites de musées… J’arrache le récit à la chair du quotidien. A cause de tout ce travail de documentation, le roman lui-même avance très lentement, en moyenne neuf pages par mois, c’est bien tout. Mais je ne suis pas mécontent du résultat. Parce que l’idée, ayant compulsé tout ça, est de ne pas m’appesantir sur les détails, de ne pas paraître démontrer que j’ai bien fait mes devoirs. L’idée est simplement de plonger le lecteur dans une époque, sans avoir l’air d’y toucher. Je vais donc poursuivre sur cet axe, tranquillement, sans prévoir de date de fin d’écriture (je m’en suis bien fixé une, mais pour une fois, je vais la dépasser allègrement).

  • Prix lettres-fontière

    Les dix gagnants du prix lettres-frontière (5 pour la France, 5 pour la Suisse), sont :

    • Bertholon, Delphine - Twist - Ed. JC Lattès (Rhône-Alpes)
    • Cachard, Laurent - Tebessa, 1956 - Ed. Raison et Passions (Rhône-Alpes)
    • Char, Yasmine - La Main de Dieu - Gallimard (Suisse romande)
    • Chavassieux, Christian - Le Baiser de la nourrice - JP Huguet (Rhône-Alpes)
    • Delaloye, Julie - Dans un ciel de février - Cheyne éd. (Suisse romande)
    • Durif, Eugène - Laisse les hommes pleurer - Actes Sud (Rhône-Alpes)
    • Gallay, Claudie - Les Déferlantes - Ed du Rouergue (Rhône-Alpes)
    • Richter, Anne - l'Ange hurleur - Ed. l'Age d'Homme (Suisse romande)
    • Rivaz, Dominique de - Douchinka - Ed de l'Aire (Suisse romande)
    • Sandoz, Thomas - La Fanée - Ed. G d'Encre (Suisse romande)

    Ah oui et, tiens, au fait, je suis dedans non ? Ah oui, tiens, je suis dedans... Oh mais Oh, je suis dedans, les gars !

    Bien, bien. Merci au jury, tout ça.

    Je ne sais plus si je fais semblant de ne pas être carrément content, ou si je suis simplement heureux que ce livre puisse encore faire un bout de chemin, avec la reconnaissance de libraires de Rhône-Alpes et de Suisse romande. Je suis aussi heureux pour mon éditeur, qui glane ainsi son deuxième prix lettres-frontière en trois ans, sur quatre ans d'existence, je dis que c'est bien.

     Pour plus de détails sur le processus de sélection : http://www.lettresfrontiere.net/coulisses-de-la-selection.html

     

     

  • Exercices de style

    J’ai découvert récemment (mais on m’a forcé, monsieur le juge), l’écriture de Maxence Fermine. C’est à fourguer avec Christian Bobin et Paolo Coehlo, et à jeter à la fosse. Ces auteurs roublards qui entretiennent leur lectorat (malheureusement essentiellement féminin), dans l’illusion que la poésie est une forme lénifiante, molle, esthétisante, ponctuée de « vérités » et de pensées faussement profondes, m’agacent à un point. C’est surtout insupportablement bête. Tiens, je vous en fais une ? Une phrase à la Bobin : « Elle séjournait près des vivants, la pensée toujours à fleur de lumière, comme une onde qui passe, et ses mains avaient la douceur de l’aube ». Une minute chrono, pas compliqué. Voilà. Du Fermine ? Allez : « Yushô quittait la maison familiale au matin. Le père le reverrait le soir. « Où vas-tu, mon fils ? » lui disait-il, « tu sais bien », répondait Yushô avec un sourire, « le vent m’appelle, et je dois lui répondre. » Ainsi, chaque jour, le jeune peintre marchait jusqu’au sommet de la colline, pour répondre à la question du vent. Là, ses lèvres échappaient des mots de la couleur de l’automne, des phrases mélodieuses comme un chant de Geisha. Et le vent, apaisé, souriait. » Obligé de faire plus d’une phrase, Maxence, est verbeux, il lui faut vingt pages pour ne pas dire ce qu’il a à dire (je suppose qu’il cherche en même temps). Et le mec est capable de vous pondre toute un livre comme ça, de cette sorte de litanie dénervée, qui se veut philosophique. M’agace, m’agace…

    Par contre, parmi mes récentes lectures, il y avait le dernier Michon « les Onze ». Et dire qu’il n’est toujours pas dans le Robert des noms propres.

  • Chouchou et la justice

    Je me permets de citer un extrait du Monde.fr. La moralisation du capitalisme, exhibée en façade par Machin est loin d'être à l'ordre du jour, dans les faits. N'oublions pas qu'on parle de ses amis :

    "Au moment où Nicolas Sarkozy prévoit la suppression du juge d'instruction, les spécialistes de la délinquance économique voient le nombre de leurs affaires se réduire comme peau de chagrin. "La réforme de la suppression du juge d'instruction a été largement anticipée", note M. Van Ruymbeke. Entre 2007 et 2008, le nombre de dossiers confiés par le procureur à des juges d'instruction - ils ne peuvent pas s'autosaisir - est brutalement passé de 467 à 251 pour l'ensemble des affaires, santé publique (quatre juges) et délinquance astucieuse (les escroqueries, neuf juges) comprises.

    La chute est vertigineuse pour les délits financiers les plus complexes, qui ont fait la gloire et la raison d'être du pôle parisien créé en 1999 : 21 informations judiciaires ont été ouvertes en 2008, contre 88 en 2007 (et 101 en 2006). Depuis le début de l'année 2009, le procureur de Paris a ouvert six informations.

    "J'ai pour six mois à un an de travail à plein temps, explique M. Van Ruymbeke. J'ai eu deux nouvelles affaires en 2008, dont la Société générale-Kerviel, trois depuis le début de l'année. Je gère un stock d'une vingtaine de dossiers. A terme, si le ralentissement se poursuit, la réduction du nombre de juges d'instruction me paraît inéluctable.""

     

    Autrement, elle l'appelle Chouchou, et nous, ben, on s'en fout.