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kronix - Page 175

  • Le petit chat est mort, ou il risque de

    Discussion d’hier, qui aurait pu tourner vinaigre (car remise sur le tapis de façon complètement artificielle et agressive), au sujet de la liberté laissée aux chats. Un chat en liberté risque de se faire écraser. Si on aime un chat, on l’enferme. Pour la vie. Point. Je défends l’idée inverse : si on aime un chat et à condition d’avoir, comme moi, un vaste terrain de chasse à disposition, on le laisse sortir comme il veut, quand il veut, nuit comprise, avec le risque qu’il se fasse écraser sur la route un jour, effectivement. Je comprends et admets absolument l’option sécuritaire, mais « on » a beaucoup de mal à respecter ma vision des choses, apparemment. C’est l’éternelle distinction qu’il y a entre aimer un animal pour soi, ou l’aimer pour lui-même. Il me semble que la vie c’est le risque. Bref, je passe pour un bourreau insensible aux yeux de certains, parce que mes chats ont eu la chance de risquer de vivre. A ce jour, sur les (je ne sais pas : cinq chats) que j’ai eus, un seul est mort écrasé. Je le regrette, j’ai eu beaucoup de peine, et je n’ai plus eu de chat ensuite (sauf un, pendant quelques années, pour ma fille), mais ça ne m’a jamais convaincu d’enfermer un prédateur à perpétuité.

    C’était notre rubrique « quand on sèche, on pense aux agacements de la veille, et ça fait toujours un truc à raconter ».

     

  • Pompes et circonstances

    Bush aura été un pourvoyeur de grotesque et de farce jusqu’à la dernière minute. Accablant de bêtise et d’obstination dans la contre-performance pendant ses deux présidences, il vient de subir son premier attentat personnel, à quelques semaines de sa fin de mandat. Un journaliste irakien, immédiatement considéré comme un héros dans le monde arabe (et un peu ici aussi, chez moi), lui a balancé ses chaussures en le maudissant pour les milliers d’irakiens, victimes de sa politique. Inoffensif et burlesque, le geste a plus d’impact que n’importe quel plasticage meurtrier. Voir Bush s’écarter, l’air ahuri, pour éviter une chaussure, je dois dire que c’est du comique le plus réconfortant, comme écrivait Courteline.

    Et je suis encore plus émerveillé, quand j’imagine que, désormais, les conférences de presse à la Maison Blanche, vont devoir se faire en chaussettes, en attendant la prochaine agression, à grands coups de soutien-gorge. Quelle belle fin d’année !

  • Queuoâ ?

    Le bruit court, sur la blogosphère, qu'il n'y aurait pas de billet, aujourd'hui, sur Kronix ? Et qu'il faudrait attendre demain pour lire une toute petite note sur la dernière mésaventure de Bush ?

    Je vais vous dire : la rumeur est fondée. A demain (soir).

  • Merci

    Je profite de cette insomnie pour faire le point de cette incroyable séance de dédicaces.

    J'ai enchaîné quelque chose comme (non : exactement) 140 dédicaces. Et le libraire doit être réapprovisionné demain (non, tout à l'heure) pour que je puisse faire encore une vingtaine de signatures de personnes qui n'avaient pu venir et avaient réservé leur livre. Un record. Et vous savez quoi ? J'ai l'impression de ne pas en avoir profité. J'ai vu passer ces dizaines et dizaines d'amis ou de visages inconnus, sans pouvoir vraiment apprécier chaque geste avec l'intense émotion qu'il méritait. Pendant certains pics de la vague, je sais même que j'ai pondu des phrases complètement idiotes et banales, et je voudrais m'en excuser pour les personnes qui se sont déplacées exprès et sont sans doute déçues. Tout ça est une histoire d'amitié, d'amitié pour ma douce et pour moi. Toutes ces personnes sont venues (à part disons cinq ou six), parce qu'elles avaient un lien avec ma douce ou avec moi, et c'est merveilleusement réconfortant de savoir que des gens sont heureux pour vous, partagent votre aventure.

    J'ai bien dormi la veille mais, curieusement, l'insomnie a attendu cette nuit pour se manifester. Je revisite obsessionnellement les dédicaces que j'ai faites en me demandant si je n'ai pas fait trop de fautes, si je ne me suis pas trompé de prénom (ça m'est arrivé, au moins une fois de façon sûre), si j'ai été attentif aux personnes qui faisaient l'effort d'acheter "le Baiser", certains sont venus d'assez loin. Merci à ma douce, merci à tous. L'angoisse, maintenant, est de savoir comment sera reçu le texte.

    Je n'ai pas eu le temps d'être ému, hier. Je suis bouleversé maintenant.

  • Message

    La sortie du "Baiser..." génère des bienfaits absolument inattendus. Comme ce message, déposé sans doute dans la journée, d'une dame extrêmement gentille. Cela commence par : "Christian Chavassieux, je suis très fière de vous...". La voix d'une femme qui avoue quelle "vieillit", et poursuit en me disant que, dans sa bouquinerie, rue de Cadore, elle m'avait exposé. C'était il y a presque 30 ans maintenant ! Quel vertige ! Elle a appelé pour me féliciter pour le livre et pour la pièce, se souvient de moi. Je me souviens parfaitement d'elle, de sa librairie (mais à l'époque, j'étudiais à Saint-Etienne, et je hantais plutôt les librairies stéphanoises), je me souviens aussi de mon exposition vraiment foireuse (si j'ai le courage, unn jour, je vous raconterai). Je suis très heureuse qu'elle ait appelé, très malheureux de n'avoir pas été là pour lui répondre. D'autant plus qu'elle n'a laissé aucune coordonnée où la joindre.

    Visiteurs roannais (et vieux roannais), si vous vous souvenez de la Bouquinerie, 14 rue de Cadore, fameux lieu culturel que nous n'avons pas assez soutenu à l'époque, merci de votre aide.

  • C'est aujourd'hui

    Il y a de fortes chances pour que, passant sur Kronix, vous en soyiez également lecteur coutumier. Vous savez donc probablement que cet après-midi, à partir de 15 heures, je dédicace "le Baiser de la Nourrice" à la librairie Lauxerois. Je vous y attends avec des papillottes, du côte roannaise et du Beaujolais; jusqu'à 19 heures. J'ai prévu les recharges de stylo.

    Si vous habitez près de Charlieu et que vous hésitiez à vous déplacer, ne vous en faites pas : les livres sont également disponibles à la librairie "Le carnet à spirales". Et j'irai probablement signer là-bas courant janvier. De même, vous pourrez me rencontrer à la Médiathèque de Roanne le 14 janvier, puis à la Médiathèque de Mably (mais la date n'est pas encore déterminée). Ensuite, viendront Saint-Etienne, Lyon, Grenoble, et la tournée s'achèvera triomphalement à Paris. Je vous tiens au courant.

    Voilà qui nous fait une note pas trop compliquée à écrire.

  • Chaque jour suffit sa haine

    Depuis quelques nnées, c'est tous les jours, tous les jours, tous les jours, jusqu'à la nausée, l'indignation dépassée, la révolte derrière les dents serrées. Tous les jours, tous les jours. Franchement, avez-vous peur dans la rue : 1=quand vous croisez un groupe de gamins bruyants ; 2) Quand vous croisez une troupe armée avec des chiens ?

    Extrait du Canard, cité par Backchich :

    "Vers midi, au métro Château-Rouge, les vendeuses à la sauvette criaient : "Maïs tso ! Maïs tso !", au lieu de "chaud", et ça m’a fait rire. Je venais d’acheter un épi au KFC Ménilmontant. J’ai vu les filles courir et trois policiers s’avancer : "Vos papiers !" J’ai tendu ma carte d’identité française. Ils voulaient voir mon sac. "Il est interdit d’acheter ce maïs ! - Pourquoi ? - C’est un délit. - Mais je l’ai acheté au magasin. - Vous êtes en état d’arrestation !", coupe une policière. J’ai discuté : "Bien que d’origine nigériane, je ne vends rien… Rendez-moÉi mes affaires." Un policier m’a alors attrapée par le bras et envoyé deux coups de botte dans les jambes. J’ai chuté, ventre à terre, son genou appuyant sur mon dos. Je me suis débattue, mon pagne s’est ouvert, j’étais à moitié nue au milieu des badauds, qui criaient, sifflaient et filmaient. Les policiers leur ont lancé des lacrymos, même sur une femme et son bébé. Ils m’ont menottée, emmenée dans une cellule, au commissariat du XVVIIe. À 14 heures, une policière me demande si je sais lire. J’ai répondu qu’étant diplômée de l’American University of Texas et de l’American University of Paris, oui, je savais lire et écrire… À 17 heures, l’avocate est arrivée, et, une heure plus tard, on m’a amenée, menottée, à l’hôpital. Le médecin a constaté des hématomes. Le lendemain, à midi, un policier est venu me libérer à l’hôpital. Je suis accusée d’"outrages et rébellion". J’ai porté plainte".

  • Après l'éclipse

    Le jour de l’éclipse, j’étais face à la mer.

    Le vent frais s’était levé, l’air avait brusquement changé de timbre. La terre a basculé dans l’or, l’ambre et le brun. Puis dans la nuit. Une main divine a jeté des étoiles dans le ciel éteint.

    Fasciné, j’étais ailleurs, j’étais autrement, j’étais autre. Au bout de mes doigts, mes enfants, ma femme ; plus loin, des touristes, des inconnus, tous soulevés par la même énergie inédite. Une harmonie incompréhensible nous unissait, tous humains enveloppés d’une nuit extraterrestre.

    Aussitôt, chancelant encore, je m’interrogeai. Il m’avait semblé retrouver dans l’émotion qui m’avait emporté une minute auparavant, une sensation connue. Je cherchai. Quand avais-je ressenti pareil éblouissement, pareil abandon de la raison à une émotion qui me submergeait ? Il me fallut longtemps pour trouver, je crois, et ce ne fut pas ce jour-là en tout cas. L’éclipse était achevée, la fête finie, les touristes et notre famille rejoignaient à regret les voitures. La lune s’était séparée du soleil, la terre avait recouvré ses couleurs.

    Pendant le trajet qui nous ramenait au camping, pendant le temps de l'endormissement ce soir-là, pendant les jours qui suivirent, je remuai le souvenir de cette sensation extraordinaire, mais que j'étais convaincu d'avoir éprouvé déjà. Cela ressemblait à l'émotion ressentie devant la beauté d'un paysage, mais d'une manière plus élevée, c'est-à-dire moins première (pas la sensation de petitesse face à l'infini, par exemple). Cela avait à voir avec le dépassement, la sensation d'assister à un spectacle mystique, plus élevé que la compréhension humaine. Et soudain, cela me revint.

    C'était au Louvre, que je visitai dix ans plus tôt, sans parcours établi. Au détour d'un couloir, la cloison d'une salle s'escamota et je me plantai devant un nouveau tableau. Il s'agissait du Saint-Jean Baptiste de Leonardo da Vinci. Les larmes aux yeux, le souffle coupé, je tentai de comprendre ce que mon corps et mon âme tentaient d'organiser, sous le choc, et sans ma volonté. Voilà : c'était cela, cette sensation. Cette impression d'être confronté à une oeuvre surhumaine, de jouir d'une beauté qui dépasse la pensée commune, de contempler un objet pourvu des forces incontrôlables et indifférentes de la nature. Le même élan, le même soulèvement de l'esprit, la même sidération face à la beauté indépassable. Une expérience de Dieu sans Dieu. La révélation que de l'homme, naît ce qui peut l'élever hors de lui-même. Ce que les philosophes, je l'ai appris depuis, nomment le sublime.

  • Besoin de vous

    En ce moment, ma douce a la gentillesse de lire chaque jour un ou deux chapitres du dernier roman dont j'ai entrepris l'écriture. Un chapitre ne fonctionne pas, selon elle (avis que je partage). Il s'agit de décrire l'agacement crescendo du personnage principal, qui assiste aux manières insupportables d'un gamin de treize ans. J'ai radicalement changé mon fusil d'épaules et réécrit cette partie. Cependant, il me semble que je manque de matière. Avez-vous, chers lecteurs assidus de Kronix, quelques anecdotes, souvenirs de gamins particulièrement chiants, du genre qui vous bousillent une soirée ?

     

    Je vous laisse. Merci de partager les affres de la mécanique fictionnelle.

  • Préfaces - 2

    "Le Baiser" est dédié à Jean Mathieu, qui signe aussi la première préface (voir hier). Jean. Voici comment rester bloqué une heure sur un écran sans pouvoir aligner deux mots : parler d'un précieux ami à ceux qui ne le connaissent pas. Restons factuels alors : Jean est généalogiste, écrivain, érudit (Ô combien!), amoureux fou de la littérature, et de la littérature française en particulier, singulier débatteur, croyant convaincu (mais tolérant : il m'aime bien malgré mon athéisme militant), surtout c'est un personnage. Nous nous sommes croisés plusieurs fois avant de nous connaître vraiment. Un jour, il a su que j'écrivais, et il m'a demandé de lui faire passer quelque chose. C'était très intimidant de confier ma prose à un tel connaisseur. Le peu que je savais de lui -son exigence, sa parfaite connaissance de toutes les formes poétiques depuis Villon à Michaux, son goût pour la syntaxe travaillée- m'ont fait lui choisir mon texte le plus original, achevé peu de temps auparavant. C'était le Baiser. Après une semaine de silence, j'osais lui demander s'il avait pu le lire, ce qu'il en pensait. Je reçus une réponse enthousiaste. Mais je crois en avoir déjà parlé ici. Il m'a paru évident, quand la nouvelle d'une édition a été confirmée, de lui proposer d'écrire la préface de ce texte, lu à haute voix en plusieurs séances grâce à ses soins. Il me fit l'honneur d'accepter.

    Aujourd'hui que le livre sort, je suis très heureux que son nom soit ainsi lié au mien, à cette expérience neuve et forte, comme il en est de notre amitié.

    A toi, Jean.

  • Préfaces

    A l'occasion d'un échange épistolaire avec Jean-Pierre Andrevon, j'apprends qu'il vient de sortir un nouveau livre, pas un roman cette fois, mais un recueil de dessins, illustrant une expression populaire. Sans légende, de façon à jouer entre amis. Cela s'intitule : "Au pied de la lettre" Concrétisation de 20 ans de travail enfin arrivé à maturité.
    L'album, sous couverture ivoire avec lettrage rouge, format 26 x 19, comprend 40 planches pour un total de 88 pages, avec une préface explicative.

    Je m'aperçois de façon concomitante et néanmoins soudaine, que je ne vous ai pas parlé de mes préfaciers, Jean-Pierre Andrevon et Jean Mathieu. Car, excusez du peu, j'ai demandé deux préfaces. C'est comme ça, je suis large, vous savez ce que c'est, on ne se refait pas.

    Tout d'abord Jean-Pierre Andrevon, pour des raisons de primauté dans le contact, vous allez comprendre : Monsieur Andrevon est avant tout, à mes yeux, un grand auteur de Sf, l'un de ceux qui donna ses lettres de noblesse au genre en France, malgré la domination anglo-saxone. Aujourd'hui, il faut l'avouer, d'après les réactions quand je prononce fièrement son nom à mes plus jeunes amis, son apport est quelque peu oublié, et il faut parler du film de Laloux, avec les dessins de Caza : "Gandahar", pour voir passer, éventuellement, une lueur de connivence dans l'oeil de mes interlocuteurs. C'est affaire de génération. En tout cas, Andrevon écrit toujours, a élargi son registre à des polars, des thrillers, des romans intrigants ("l'amour comme un camion fou" reste pour moi une très belle expérience de lecture), il poursuit avec humour son combat pour l'écologie, et s'aventure souvent aux marches de l'érotisme, où il excelle. Voici Andrevon. Et ce fut mon premier lecteur. Par un ami, je lui adressais le manuscrit de "A la Droite du Diable", premier roman que je pensais suffisamment abouti pour oser le soumettre à une lecture critique. Andrevon adora, à une réserve près : l'emploi de clins d'oeil, jeu dont il a horreur. Pour le reste, m'écrivit-il, "C'est excellent. Si j'étais directeur de collection, je l'éditerais." J'ai conservé sa lettre, bien sûr. De temps à autre, je lui écrivais, et puis, cette année, lorsqu'il fut question de préfacer "Le Baiser...", il me sembla évident d'en faire la proposition à mon premier lecteur. Je demandai donc à JPA son accord de principe, qu'il me donna, notamment parce que le texte était court (400 pages, non, quelle que soit la qualité du livre). Permettez-moi de le remercier ici pour son geste.

    Demain, j'évoquerai un autre maître : Jean Mathieu.

  • Burt, Godot et le limule

    Le plus beau dans les projets, ce sont les rencontres qu'ils génèrent. "Le rire du limule", la pièce que j'ai écrite pour être jouée en avril, est en ce moment travaillée par son metteur en scène, François Podetti (alias "Burt", dans Hero Corp, la série de Simon Astier sur Comédie). François sait faire autre chose que lancer du shampoing (voir la série pour comprendre), il est issu du théâtre, est un lecteur fin et un metteur en scène inventif. Depuis l'an dernier, et surtout cette année, il dissèque le texte pour en extraire la substantifique moëlle, et l'intelligence de sa lecture est un émerveillement. Il parvient à déceler des subtilités imprévues, découvre des orientations que j'avais à peine suggérées, ou qui étaient carrément inconscientes. Une recherche dans le verbe, qui illustre combien est vraie cette idée que le livre est autant le travail du lecteur que de l'auteur. Et ces idées de mise en scène ! Si les acteurs sont à la hauteur, je vous assure que ça va être une merveille.

    Là dessus, se pose le problème de la musique. Car j'ai imaginé, tardivement, ajouter deux chansons dans le spectacle. Il nous faut un musicien. J'imagine alors la rencontre de François avec Jérôme Bodon-Clair, alias Godot, auteur, musicien, compositeur et récente découverte, grâce à l'entremise notamment de Joven, (dessinateur dont je vous parlerai un de ces jours, car nous avons aussi quelque chose sur le feu). Comme je le supposais, la rencontre est immédiatement fructueuse : Jérôme et François sont sur la même longueur d'ondes, Jérôme comprend instantanément le propos, son ambition, l'ambiance que nous souhaitons. L'expérience ne fait que commencer mais déjà une nouvelle réunion a eue lieu, avec un ami photographe, Marc Bonnetin, qui va s'occuper du décor "numérique" de la pièce. Et dire que tous ces talents naissent dans le cadre étroit de notre petite ville... j'en suis constamment épaté, depuis toujours.

    Autrement, hier, mon interview s'est très bien passée. Il faut dire que le journaliste avait lu le livre, ce qui est un bon préalable. Dommage que son article paraisse dans une revue assez confidentielle, destinée aux agriculteurs. Mais après tout, je suis curieux de savoir comment "le Baiser" pourrait être reçu dans le monde rural. Alors que c'est un livre essentiellement urbain. Encore une expérience.

  • Toujours pressé

    Encore une rencontre avec la presse, ce matin. Mais j'y vais confiant, parce que l'interviewer aura lu mon livre préalablement, lui. Ce qui ne fut pas le cas des autres jusqu'à présent.

    Vendredi, un énorme article sur moi dans le journal. Le texte et la photo, à ma grande confusion, bouffent les 3/4 de la page, et laissent la portion congrue à un grand écrivain qui a passé son enfance à Roanne, et vient faire une conférence, le soir-même, à la Médiathèque : Daniel Arsand, dont "Alberto", le dernier livre, vient de sortir. Je ne vais pas me plaindre, mais certaines priorités sont étonnantes. Dans l'article qui me concerne, la journaliste -une amie, gentille, prévenante- me fait dire que j'ai publié déjà 7 romans (!). La revoyant hier, je la remercie, tout en lui confiant, avec tact, que c'est une grosse erreur, j'ai seulement écrit 7 romans, et l'un de ces 7 a été publié, et encore, sous pseudonyme. C'était une confidence, un "off" comme on dit. Elle rit, dit que ce n'est pas grave, et que l'essentiel est qu'on parle du bouquin.

    Cette bonhomie satisfaite me laisse coi. Heureusement, mon éditeur ne l'a pas mal pris. Il s'amuse. L'expérience...

     

  • La Chine, plus tolérante que la France ?

    Lei et benoît s'aiment. Le titre de séjour de Lei est refusé parce que ses études s'arrêtent là. En fait, elle avait pris pour sujet de thèse le Tibet. Le sujet ne plaît pas, on lui refuse, elle n'a donc plus de possibilités de séjourner en France. Elle doit partir. Quand on aime quelqu'un, évidemment, on ne la regarde pas s'en aller en faisant un geste de la main : on part avec. Nouvelle terre d'accueil, la Chine. Avouez que c'est un comble.

    Ma douce France, qu'es-tu devenue ?

    http://www.dailymotion.com/search/ban+public/video/x7lnqg_interview-de-lei-et-benoit_news

  • Entre les mains

    Bon. Alors, quel effet ça fait ?

    Ben, là, je l'ai entre les mains. La maquette est belle, je trouve, la toile de la couverture, le papier, le format, la sobriété... Oh, tiens, il y a une petit coquille au début du texte (Azert, vous vous souvenez? Azert avec un "t", est une fois au début écrit avec deux "t"). Non, rien de grave, elle n'est pas reproduite ensuite. Je suis très content, très content, c'est très beau, vraiment.

    Mais encore ?

    Je les aligne dans la bibliothèque. Une dizaine d'exemplaires auxquels j'ai droit (10 exemplaires pour toute la vie). C'est joli, incontestablement.

    Et de voir son nom, là, bien net sur la tranche, et sur la couverture : christian chavassieux ? Quel effet ça fait ?

    Ah oui, c'est vrai, c'est moi. Voilà l'effet que ça produit : Ah oui tiens, c'est moi. Rien de plus. Je vous assure, rien de plus. On s'adapte à une vitesse. Non, je suis très heureux. Très heureux d'être édité dans cette collection, chez cet éditeur. Très fier de la reconnaissance de personnes extrêmement exigentes du point de vue littéraire.

    Voilà, vous l'aurez compris : "le Baiser de la Nourrice" est disponible.

  • Rachida et les juges

    Juste ces quelques mots, parce que je lis sur certains sites la montée de la protestation des magistrats contre leur ministre de tutelle. Au point qu'il a été impossible à son cabinet de réussir à convaincre des juges de venir dîner avec elle, pour la photo, pour montrer que, finalement, ses subordonnés l'apprécient. On sait également qu'un nouveau directeur de cabinet, suivi de son adjoint, ont encore démissionné, on doit en être à plus de vingt départs, autour de l'insupportable Dati. Bon. les magistrats sont très remontés, tout le monde la déteste, la grogne se fait plus pressante, Nicolas, le soutien indéfectible, commence à laisser échapper des mots d'agacement contre son ancienne amie. OK. Tout ça n'est pas vraiment pour me déplaire, mais à la réflexion...

    Est-ce que les juges se révoltent contre une justice policière, payée au chiffre, capable d'enfermer des enfants de douze ans, qui assomme sans détail quiconque récidive, qui fiche génétiquement, qui électrocute, cogne, menotte pour un regard, qui prône une répression toujours plus dure, inique, en complète contradiction avec la tradition des droits de l'homme dans  ce pays ?

    Non, ils détestent Dati parce qu'elle les méprise. Parce qu'elle ne prend pas de gants, parce qu'elle se soucie comme d'une guigne de leur avis.

    Alors, vas-y, Rachida, emmerde-les encore un peu.

  • Contretemps

    Normal, normal... Petit contretemps dû au façonnier. "Le Baiser de la Nourrice" ne sera disponible sur Roanne que vendredi, et à Charlieu samedi. Tâchons de patienter. Pas d'émeutes s'il vous plaît.

  • Nous y sommes

    Tandis que mon ordinateur redevient capricieux (vivement Noël, que j'ai en main un portable tout neuf !), je m'empare du clavier de mon fiston qui, à cette heure, se repose d'une longue soirée NFS underground. Figurez-vous qu'hier, je n'ai pratiquement pas pensé au "Baiser", en tant qu'objet, je veux dire. J'en ai beaucoup parlé, à la presse notamment, mais je ne me suis pas arrêté sur le fait qu'aujourd'hui, là, dans quelques heures, je l'aurai entre les mains, dans sa réalité de papier. C'est étrange, parce que c'est cette concrétisation, tout de même, qui nous pousse à solliciter les éditeurs, et certains à s'auto-éditer.

    Pourquoi cette forme fait-elle d'une écriture, autre chose ? Autre chose qu'un écrit qui circule par les canaux du net, ou lu en public devant un groupe attentif ? Pourquoi est-ce que cela représente plus ? Aussi bien pour l'auteur, qui y voit un aboutissement, que pour les lecteurs, qui y voient une forme d'assurance, de validation ?

    Je ne cesse en ce moment, de me convaincre que tout ça est dérisoire.

  • Virez-moi cette culture, qui encombre

    Vous allez dire que j'insiste, mais en ce moment, il fait rien qu'exprès de m'énerver.

    http://passouline.blog.lemonde.fr/livres/

  • Dans les dents

    Dans ma petite ville, ça bouge. Le spectacle est au coin de la rue, partout. Il suffit d'aller au restaurant à midi, par exemple, comme hier, non loin de mon lieu de travail.

    On s'installe, le menu a l'air tout à fait correct. Un couple de vieux est assis à la table voisine. Je vais aux toilettes, je reviens. On discute. Soudain, la patronne sort de sa cuisine et s'adresse au monsieur du couple. Un vieil homme assez élégant, apparemment en pleine possession de ses facultés physiques et intellectuelles.

    La patronne : "Monsieur, je peux vous assurer que ma viande, c'est du charolais, achetée chez un très bon boucher, et que je fais attention. C'est de la meilleure qualité"

    Le client: "Elle était nerveuse, votre viande."

    (Mon copain m'explique que, pendant que j'étais aux toilettes, le vieux a fait retourner le plat en disant que c'était du surgelé industriel et que c'était mal cuisiné)

    La patronne : "Monsieur, c'était de la meilleure qualité, j'y tiens." (le ton monte, la patronne est offusquée, indignée par cette attaque)

    Le client: "Vous ne savez pas cuisiner, et puis c'est tout. C'était du surgelé." (voix plus forte, tout le monde se retourne)

    La patronne (bras tendu): "Sortez monsieur !"

    Le client: "Attention, hein, m'énervez pas. Vous êtes nulle, vous ne savez pas cuisiner. C'était dégueulasse !"

    La patronne: "Monsieur, quand on n'a pas de dents, on ne prend pas d'entrecôte !"

    Le client se lève, va pour empoigner la cuisinière. Le patron (un type plutôt jeune, silencieux), tente de s'interposer. Les belligérants se toisent. Elle: "Sortez !" Lui : "je vais vous en coller une, moi!" Elle : "Vous voulez me frapper? Ah ben c'est la meilleure !"

    Tout le monde est consterné, sauf moi, j'admets que je me bidonne comme au cirque. La patronne répète plusieurs fois "sortez" jusqu'à ce que l'ordre soit suivi d'effet. l'échange est assez violent. La petite dame ne dit rien, elle, d'ailleurs la patronne la plaint de vivre avec "un mari aussi con". La petite troupe, tout en s'agitant beaucoup, se trouve vers la porte, le couple est mis dehors (là, ça se bouscule un peu. Je crois que le patron a carrément poussé le type sur le trottoir). J'entends quelque chose qui ressemble à une calotte. La patronne : "Je connais le truc, c'est pour pas payer!" Le vieux : "J'ai de l'argent, je peux payer!" Elle referme la porte, on l'entend encore gueuler dehors : "J'ai de l'argent, je peux payer!"  Et il disparaît.

    La patronne vient s'excuser pour ce spectacle lamentable. Je me marre comme un bienheureux. Le patron approche pour s'excuser lui aussi et apporter la commande. Soudain, un bruit énorme. Le patron se précipite. Dehors, le vieux est en train de piquer une rage monumentale et vide la terrasse de ses chaises et de ses tables. Il balance les chaises contre la baie vitrée du restaurant.

     Là, on ne voit pas, mais sûrement, le patron et le vieux décidément en pleine forme, s'affrontent grotesquement l'un évitant les chaises que l'autre lui balance à la tête. La patronne appelle les flics.

    Je fais court : les flics arrivent (le commissariat est tout proche), la patronne demande si des clients peuvent témoigner de ce qui s'est passé. Le flic demande des gens du coin : il faudra venir le lendemain pour déposer au commissariat. Une table d'habituées se porte volontaire.

    Quand le patron est venu nous demander si le repas était bon, mon copain et moi avons eu un geste théâtral de recul et affirmé : "Très très bien." Quand nous sommes sortis, le pauvre était pâle et bouleversé.

    Je me demande tout de même si la patronne n'a pas été un peu vive, dans ses réactions. Mais je suppose que d'être attaqué sur ce qu'on met tant de coeur à faire, notamment la cuisine, est humiliant au-delà du raisonnable.