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Travaux en cours - Page 10

  • Réaliste

    Admettre que Mausolées ou Les Nefs de Pangée seront lus et vus comme ce qu'ils ne sont pas, qu'ils vaudront mieux que leur réputation, compter sur le temps pour que ce qui les fonde, en réalité, soit reconnu. Essayer de s'en moquer et continuer.

  • L'histoire sans fin

    "Elle pensait à la fin, au profil de la fin, à l'impossibilité d'en tracer une idée. Ce monde lui semblait un conte dont la conclusion se perdait dans les limbes. Une légende absurde commencée avant elle, avant eux tous, et qui n'aurait pas d'achèvement."

     

    Les Nefs de Pangée. Extrait. Sortie septembre chez Mnémos.

  • La grande muette

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  • Croisière nocturne

    Ce devrait être simple. Après une journée passée devant l'écran, enfin, je ferme et je rejoins les bras de ma douce. Dans la chambre, lumières éteintes, un bon sommeil devrait m'accueillir pour me lancer, le lendemain, tout frais, dans la grande aventure de l'écrit. Je suis fatigué, je le mérite bien, je m'enfonce la tête dans l'oreiller. Et c'est exactement à ce moment-là que tout surgit, s'impose dans une sarabande infernale : personnages, visions, péripéties, suspens à venir, détours dramatiques en tout genre. Rien à faire, le roman en cours me poursuit et ne me lâche plus. Je continue d'écrire au seuil du sommeil, et le sommeil est repoussé d'autant. Les nuits périlleuses que je passe ! L'avantage cependant, c'est qu'au matin, beaucoup de problèmes ont trouvé leur solution, de nouvelles pistes se sont ouvertes. Et l'envie d'écrire s'en trouve ainsi régénérée.

  • Le piège

    Et puis, tu crées un personnage subtil. Or, tu n'es pas subtil. Les difficultés commencent.

  • Parlons cuisine

    Le mois dernier, il y a eu des changements chez l'un de mes éditeurs. Angoisse. Le nouveau directeur d'édition allait-il consolider certains choix de son prédécesseur, et notamment celui de me publier ? Il vient de m'appeler, chaleureux, délicat, agréable. Il voulait avoir lu "L'Affaire des Vivants " avant de me contacter. Il a beaucoup aimé mon roman et, "bien sûr", suivra mon travail. Un rendez-vous est d'ores et déjà fixé, où je lui donnerai les premiers chapitres du prochain manuscrit que je destinais à cette maison. Soulagé. Vraiment. A partir de maintenant, je peux considérer que j'ai deux éditeurs, que je vais pouvoir (mais aussi devoir) leur fournir régulièrement des textes, et qu'ils me seront fidèles. C'est un luxe qui me réjouit et valide le choix de vie décidé l'an dernier. Parce que, comme je le programmais de toute façon, il faut que je parvienne à écrire un roman en un an et demi, guère plus, et enchaîner les livres sans délai. C'est beaucoup, beaucoup de travail. Ce sera épuisant, ce sera difficile, ce sera merveilleux.

  • Ce qui subsiste

    « Il arrive cette période où le bouleversement est tel que ses témoins ne peuvent imaginer un avenir ; surtout un avenir où ce qu'ils ont aimé, ce qui les a construits, n'aurait pas disparu. Ce qui paraît perdu à jamais, et qui leur était si précieux, résiste pourtant mieux qu'on le croirait aux changements les plus radicaux. Tout est là, secret, tenace comme un parfum. Rien n'est absolument détruit. Mais nous ne vivons pas assez vieux pour en faire le constat et en être rassurés. C'est cela, le drame de notre condition. »

    Histoire des dix âges de Basal. Hammassi, conteuse de Bhaca de Memphée, témoin de la dixième chasse.

     

    Extrait de "Les Nefs de Pangée". Sortie en septembre chez Mnémos.

  • Travail

    Parce que, quand j'écris, je travaille, non ? Non, parce qu'il y a cette notion de servilité, de force mise au service d'un autre, pour l'enrichissement d'un autre. Donc, j'écris. D'accord, j'écris, je ne travaille pas. Mais quand je fouille et refouille de la doc, de vieux manuscrits, pour alimenter mon prochain roman, je n'écris pas, qu'est-ce que je fais, alors ? Bon, je vais quand même affirmer que tout ça, c'est du travail. Je travaille. Mais pas dans le sens commun.

    Je travaille, mais comme le bois.

  • Un sol neuf

    Ils avaient éprouvé l'étrange sensation d'un sol ferme sous eux. La plante de leurs pieds apprenait cette danse, cherchait à épouser cet épiderme inégal, cette alternance de surfaces meubles ou dures, la morsure des caillasses, le leurre des galets. Ce fut la première surprise. Se comporter par rapport à cette réponse nouvelle. Pieds, jambes, torses, colonne vertébrale, hauteur du regard. Il fallait tout réinventer. Après des siècles d'exil, il fallait apprivoiser un nouveau vocabulaire du corps. L'air avait une odeur singulière, les sons circulaient autrement, leurs voix semblaient plus proches, leur timbre avait une tenue, une tonicité qu'elle n'avait pas sur la mer. Les yeux ne traversaient plus l'atmosphère sans heurt jusqu'aux confins, ils trouvaient les obstacles des rochers, de la végétation, la diversion d'un oiseau, d'un envol de papillons. C'était tellement différent qu'ils en éprouvèrent un long vertige. Débarqué, le peuple suivait, marchait avec le même étonnement sur cette île qui ne bouge pas et répond à la marche par un son de conque pleine. Ils se penchèrent, s'accroupirent, saisirent une touffe d'herbe ou une poignée d'humus, un caillou, un peu de poussière. Les portèrent aux narines, toussèrent, rirent, pleurèrent. Humèrent la clarté abyssale de cette nature antagoniste. La terre.

    (...)

    Cependant, inévitablement, ils tournaient leur regard vers le large. L'océan qui avait été leur habitat depuis tant de générations, leur refuge et leur prison, et auquel ils avaient résolu, enfin, de s'arracher. Ils avaient pour lui des sentiments ambivalents, de la reconnaissance mais aussi une sorte d'épouvante, et tout cela se fondait dans une lassitude. Leur civilisation s'était construite avec et autour de lui, ils avaient su en tirer le meilleur, se nourrir, se vêtir, évoluer, créer des alliances avec d'autres créatures, leur langue désormais serait imprégnée des mots de la mer, ils diraient « vagues dures » pour parler des collines, « comme l'écume » pour évoquer la couleur de certaines fleurs. La vie sur l'océan avait marqué à jamais leur société, mais la colère d'avoir été repoussés hors du berceau ne les avait pas quittés. 

    (...)

    Nambrane ou Mantari, l'un ou l'autre ou les deux, désignèrent le Sud. « L'Arche nous attend » et tout un peuple s'ébranla. Des hommes, des femmes, vieillards et enfants, éblouis, étonnés de leur propre audace, supportant ou traînant le peu qu'ils pouvaient emporter. On échangeait des sourires à se voir si nombreux, on se confortait, on avait moins peur à se soutenir ainsi, on devinait l'Arche, sans la voir, au bout de ce nouvel horizon.

     

    Les Nefs de Pangée - Extraits. Sortie en septembre chez Mnémos.

  • Reprenons

    Donc, la reine, fatiguée par sa grossesse, avait commencé à se lasser de Martin dès le premier été de sa présence à la Cour. Est-ce parce qu'il lui rendait mal les efforts de sa protection, est-ce parce que, plus que toute autre adoption, celle de Martin avait semblé un caprice brutal, presque un désir sensuel, est-ce parce que la mauvaise humeur de la reine, conséquence de ses regrets, recevait en retour un indéfectible sourire de chiot content de son sort ? En tout cas, la présence de Martin finit par la contrarier. Bien qu'elle ne puisse rien lui reprocher précisément, Martin semblait à la reine une faute incessamment rappelée, le souvenir d'un désordre, comme semblaient le souvenir des fortunes perdues au Pharaon, sa réputation saccagée au bal de l'Opéra malgré la dérisoire protection du domino, les fêtes délirantes conspuées, des caprices et larmes pour obtenir une faveur pour ses protégés, autant de pauvres façons de se fondre ou d'exister, dont le sourire énigmatique de l'enfant lui représentait la vanité avec une cruelle constance. La reine ne montra jamais d'irritation en sa présence mais enfin elle évitait sa compagnie, retardait ou négligeait les moments où elle devait s'occuper de lui, se déchargeait sur ses dames des attentions qu'elle lui portait quelques mois plus tôt et ne lui prodiguait plus les chatteries des premiers temps.

     

    Extrait de "La Grande Sauvage". Écriture en cours. (avec l'espoir d'une publication en 2016).

  • Rien

    - Tu n'as toujours pas fait ton billet du jour sur Kronix ?
    - Ah non, tiens, c'est vrai. Il se fait tard. Je ne sais pas quoi mettre. J'avais un truc sur ma spasmophilie : « Ces étouffements dans la nuit qui parviennent à me faire prononcer involontairement : 'pitié' », mais tout le monde s'en fout, surtout, personne ne va comprendre. Et puis ça fait mélodramatique.
    - Tu ne vas pas leur refaire le coup du billet qui raconte que tu n'arrives pas à écrire un billet, hein ?
    - Non, non, bien sûr que non. Je l'ai déjà fait, comme tu dis. Je ne veux pas paraître comme ça, paresseux.
    - Tu n'es pas paresseux
    - Je ne sais pas. Parfois, si, quand même. En ce moment, même au niveau fiction, ce n'est pas ça. Je me traîne.
    - Tu as préparé l'interview de Laurent, le 14 ?
    - Bien sûr. J'ai tout relu, noté des choses. C'est fait. Je vais essayer de faire mieux qu'à Gilly, où je n'avais pas pris de notes, confiant dans ma relative bonne connaissance de son travail.
    - Oui, ce serait bien. Et le colloque, le 10 avril ?
    - Le colloque ? Oui, oui, j'ai même répété. Je tiens une heure facile. C'est un peu long.
    - Tu peux parler de Minotaure, de La Grande Sauvage... Je ne sais pas, tes chantiers en cours.
    - Ils sont à peine amorcés. Je peux parler de mon impuissance à les poursuivre.
    - Tes lectures ?
    - Oui, en effet, mais je ne sais pas faire de vraies critiques littéraires. Et puis ça demande vraiment beaucoup de travail pour écrire quelque chose de soutenu, d'argumenter, de respectueux. Tu vois, je suis quand même paresseux.
    - Faut pas dire ça. Tu as des priorités, c'est tout
    - Bôh, en ce moment...
    - Et la BD ? Tu peux parler de Cédric, qui relance vos dossiers : Cortés, Les nefs de Pangée (version BD), Le Petit Jules, Complainte des Terres du Nord, l'Enthéide, et j'en oublie...
    - Moi aussi, j'en oublie, on en a tellement sous le coude... Une dizaine, une vingtaine, je ne sais plus. Sans compter les nouveaux projets.
    - Et la dame que tu as dépannée ce matin, qui est venue sonner à la porte alors que tu étais encore en pyjama ? Et que tu es allé prendre froid, mon pauvre amour, pour réparer une roue sur un terrain tout boueux.
    - Oui, ça, peut-être...
    - Est-ce que tu as parlé de Voir Grandir, du travail musical de Jérôme, des projets de concerts ?
    Un peu, mais c’est encore loin, c'est prématuré
    - Des lectures de Nos Futurs avec Emmanuel Merle ? Des rencontres à Versailles ? De tes autres projets de romans ? De l'anthologie sur l'Utopie, qui revient au jour ? De la revue Brasiko Folio ? de la sortie des Nefs de Pangée chez Mnémos en septembre ? De tes enfants, de moi ?
    - Le problème, tu vois, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ma vie.

  • En bonne voie

    Que je vous explique : même avec un accord préalable d'un éditeur, je ne suis jamais sûr que le livre sur lequel j'ai travaillé un, deux ou trois ans, sera finalement publié. Je ne suis jamais certain qu'un manuscrit correspondra aux attentes ou aux espoirs d'un éditeur. L'échec est toujours envisageable. Ce que je ne vous explique pas, par contre, ce sont les angoisses inhérentes à ces inconnues, puisque c’est désormais ma seule source de revenus. Rien n’est donc sûr tant que le contrat n'est pas signé. Pour « Les Nefs », je viens de recevoir le document magique. Vous n'imaginez pas le soulagement que c'est.

  • Plairil l'iconoclaste

    Le vent qui naguère berçait ses rêves ambitieux, l'entourait à présent d'une moqueuse sarabande. Plairil se plaignait d'avoir tout perdu et le vent vint ricaner à son oreille Perdu ? Perdu quoi ? Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu construit que tu aurais perdu ? Il proférait, indigné, des réponses plus hésitantes à chaque souffle : « Un monde, j'avais construit un monde », mais le vent poursuivait ses moqueries, Où est ton monde ? Nous ne l'avons pas vu. Et pourtant, pourtant... il arrachait ses vêtements : « Aveugles ! Voilà pourquoi ! Il était entre mes mains. Je le tenais. À quel tribunal me plaindre de l'injustice qui m'est faite ? » mais des rafales emportaient ses lamentations, il s'exaltait, vociférait pour traverser le chahut hostile de l'air : « Tout s'était plié sous la puissance de ma réflexion, ma voix avait remplacé la voix des autres, leurs bouches délivraient mes paroles, leurs gestes étaient ceux que j'avais enseignés, leurs pensées étaient celles que je leur dictais. Comment peut-on dire que ce monde n'a pas existé, que je n'ai rien créé, et qu'il ne m'a rien été enlevé ? » Où est-il, ce monde ? Répétait cruellement le vent. Et Plairil en réponse était incapable de le montrer, de prouver qu'il eût jamais été. Ses paupières clignaient, sa bouche béait, ses yeux écarquillés tentaient de retrouver au milieu du chaos, les bribes de ce qu'il avait construit. S'il ne reste rien, c'est qu'il n'y avait rien, se gaussaient les tourbillons autour de lui. « Là ! » Il désigna les trous où avaient été plantées autrefois les dents d'Odalim qui ornaient l'esplanade. « Je les ai fait supprimer ! » Et bien, dit le vent, c'est cela, ta preuve ? Plairil considéra les trous. « Ce manque... » les mots affaiblis lui furent arrachés des lèvres par une bourrasque et jetés, inertes, loin dans la tempête qui se levait.

     

    "Les Nefs de Pangée" Extrait. A paraître en septembre chez Mnémos.

  • L'autre rentrée

    Et donc, la sortie des Nefs de Pangée, initialement prévue en décembre, est avancée pour septembre, me dit mon éditrice. Ce qui signifie que les semaines qui viennent vont être chargées. Mais au bout, paraît-il, un bel objet cartonné, une sortie plus fracassante que de coutume. Pour moi, surtout, la bonne nouvelle est de boucler une publication plus tôt que prévu. De pouvoir songer au chantier suivant dès le mois d'avril.

  • Ecouter Voir

    Depuis quelques jours, Jérôme Bodon-Clair est entré dans une seconde phase pour notre beau projet "Voir Grandir". Il a dores et déjà créé toutes les musiques, soit une quinzaine de morceaux. Album, concerts, mise en scène, il commence maintenant à explorer des pistes de promotion de ce travail. La compagnie Nu sera sans doute partie prenante, mais aussi les musiciens et plasticiens de Sonar. Vous pourrez suivre les progrès de cette incroyable aventure sur cette page, d'abord, appelée à s'enrichir au cours du temps. Les morceaux présentés sont des maquettes (déjà superbes, selon moi) mais des maquettes. J'espère qu'il en mettra d'autres en lignes, mais il ne veut peut-être pas tout dévoiler tout de suite. En tout cas, de chaque chanson, je suis fier, et ému.

     

    NB : le vidéo-clip "Nos Futurs" présent sur le site était un des deux morceaux "pré-historiques" à Voir Grandir, venus de cette expérience qui nous a, non seulement inspiré, mais imposé une suite.

  • Minotaure. C'est parti !

    Je suis de ce monde. Je suis de là. Je suis là. Je suis entré là. Entré un jour dont je n'ai pas mémoire. Un jour. Entré un jour. Entré, je ne sais pas si c'est le mot. Entré. Un jour. Je ne sais pas si c'est le mot.
    Je suis entré un jour dont je n'ai pas mémoire. Je suis là. Depuis que j'ai ouvert les yeux je cours sous le couvercle d'un grand feu sec ou sous la paume d'un vide noir piqué de petits feux.
    Je cours sous l'un ou l'autre. Sous le grand feu ou sous la paume noire. Je ne sais pas si ce sont les mots, le feu, la paume.
    Mon monde est un chemin que je connais mais qui parfois m'échappe, un sentier, une piste coupée d'angles. Avec des pièges qui font mal.
    Des fois, je jette mes cornes aux parois, elles font des traces brunes et sanglantes que je retrouve sur mon chemin, après, longtemps après, des feux et des paumes passés.

     

    Extrait. Minotaure. Ecriture en cours.

  • Utopique

    Dans Voir Grandir, une des chansons donne à entendre la voix d'un homme qui raconte à son bébé toutes les merveilles que le monde va lui offrir. « Je ne t'en dis pas plus, tu ne me croirais pas », dit le père, qui énumère les beautés de ce monde. La couleur de l'album est majoritairement optimiste, enfin j'ai essayé, en violant ma nature. Mais pour cette chanson, la première version a semblé un peu courte, et il m'a fallu ajouter des éblouissements à la liste de merveilles évoquées. Le mal que j'ai eu ! A chaque image survenue, je me disais : « Mais non, c'est pas vrai, ou ça ne le sera plus d'ici que tu grandisses, mon petit. » Si j'écrivais : « La barrière de corail » aussitôt, je me disais : en train de crever ; si j'écrivais « Les lucioles dans les arbres », je me mordais les lèvres : en train de disparaître. Etc. etc.
    Il s'est apparemment passé la même chose pour les auteurs de SF, sollicités il y a deux ans par une célèbre maison d'édition des littératures de l'imaginaire, quand celle-ci a proposé à des auteurs d'écrire des nouvelles sur l'Utopie. Avec l'idée que, pour une fois, il s'agirait d'une utopie « qui marche ». Résultat : Deux auteurs seulement ont réussi à se plier à l'exercice. Dont moi. Et quel mal j'ai eu, là aussi, pour imaginer des lendemains qui chantent ! Dans un premier temps, ce retour décevant a fait capoter le projet. Cette nouvelle devrait être publiée finalement (date non précisée), et vous verrez que, même en jouant le jeu de l'utopie qui fonctionne, elle n'est pas forcément optimiste. Le temps n’est plus aux utopies, le temps est au désespoir, au constat de la destruction dégueulasse de tout. Et, comme disait l'humoriste-écolo Marc Jolivet l'autre jour à la radio : « Je soutiens Nicolas Hulot parce qu'il fait le maximum, mais franchement, je n'y crois plus. C’est foutu. » Va énoncer des merveilles à tes gamins, maintenant, sans avoir l'affreux sentiment de leur raconter des conneries...

  • Méta

    Et donc, grâce à Hélène Gestern,auteure de "Portrait d'après blessure", j'apprends que les interventions à la première personne dans "L'Affaire des vivants" ressortent de la métalepse narrative: "La narratologie qualifie de métalepses les diverses façons dont le récit de fiction peut enjamber ses propres seuils, internes ou externes. Gérard Genette y voit une « figure par laquelle le narrateur feint d'entrer (avec ou sans son lecteur) dans l'univers diégétique».

    Je vous laisse méditer là-dessus et je retourne à mes Nefs, qui, décidément, refusent de me laisser un peu de répit (et ça, je ne sais pas, ce doit être une prosopopée, je dirais).

  • Corrige-moi

    Ma grande chance est d'avoir une lectrice à domicile. Si d'aventure, vous avez lu mes derniers romans et que vous leur avez trouvé certaines qualités de clarté, sachez que, sous cet aspect en tout cas, c'est en grande partie à elle que vous le devez. Les raccourcis trop abrupts, les phrases trop complexes, ma douce les relève impitoyablement (ce que je lui demande, d'ailleurs). Après, je reste maître de mon livre, et il m'arrive de passer outre ses recommandations, mais je tiens compte de son avis. Et là, par exemple, il est évident qu'il manque un chapitre vers la fin de mes Nefs. J'étais allé un peu vite en besogne, me disant que, au bout d'un tel volume, le lecteur a surtout envie d'en finir vite. Apparemment, non. Ce qui est bon signe.

  • A bon port

    Les Nefs de Pangée abordent les rivages des derniers chapitres. Gros chantier, rondement mené, grâce à une écriture acharnée. Huit heures d'écriture par jour produisent en moyenne quatre pages : en cent jours, à ce rythme, tu ponds un roman. Pas compliqué. Amusant, fatiguant, prenant, mais rassurant de voir que je peux venir à bout d'un gros volume sans trop souffrir. Le métier, mon petit, le métier... Bilan pour l'instant : quelques pages dont je ne suis pas mécontent, des scènes puissantes, je crois. La mise à l'épreuve de ma capacité à décrire du spectaculaire. Pas évident, ça, le spectaculaire, le monumental, l'épique, sur papier. C'était l'idée. Vendu à mon éditeur comme : L'Iliade + Moby Dick + Salammbô x Cecil B. de Mille, ce qui l'avait alléché, le projet original était un diptyque. Les difficultés de l'édition aujourd'hui lui ont fait préférer un seul volume rassemblant les deux initialement prévus. Un gros volume. A l'heure où j'écris ces lignes, il me reste trois courts chapitres à écrire. Soient trois jours. Quand ce billet sera posté, j'espère être dans la relecture critique bicéphale (la mienne et celle de ma douce), c'est-à-dire la phase avant envoi à ma chère impitoyable éditrice, Stéphanie. En attendant son retour, vous savez quoi ? Je ne vais pas m'attaquer au chantier suivant. Je vais m'accorder une pose. Et lire ! Beaucoup. La récré, quoi.