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Travaux en cours - Page 7

  • 2923

    Je trouve en lien, pour les amateurs, la captation de notre rencontre, Aurélien Delsaux et moi, lors de La Fabrique de l'écrivain, en mars dernier, à la Bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon, organisée par l'ARALD et animée par l'excellente Danielle Maurel. Pas loin d'une heure trente de dialogue. Aurélien y dit des choses très belles sur le roman comme genre démocratique.

     

  • 2905

    Un projet passionnant cette année, qui nous mènera, mes camarades Marc Bonnetin, Jérôme Bodon-Clair et moi-même, jusqu'à la fête de la musique 2017, s'intitule "Portraits de Mémoire(s)". C'est un travail réalisé en lien avec la Communauté de Communes de Charlieu-Belmont et la DRAC Rhône-Alpes Auvergne, principalement. Il s'agit pour nous de collecter dans un premier temps des témoignages sur le passé industriel et artisanal de la région, importante scène de la soierie, établie au XIXe siècle par les soyeux lyonnais, pour "délocaliser" (déjà) leur production. La collecte réalisée, nous écrirons des chansons-portraits (mais oui), car il nous a semblé que la chanson était le médium le plus immédiat, le plus populaire et le plus pérenne, pour espérer que la mémoire des acteurs de cette filière aujourd'hui presque disparue, se transmette et soit conservée par chacun, au cœur.

    Toutes les informations sur le site dédié, ICI.

  • 2903

    Le gouffre est fascinant. Pourquoi l'est-il ? Le fond de l'abîme aimante le regard et envoûte l'esprit. La pensée s'y étonne car elle ne peut rien atteindre que le concept d'espace, qui frustre par ce qu'il renvoie de pauvreté de la langue à le dire entièrement. Accoudé au parapet, le touriste ne prononce que des phrases idiotes. « C'est profond », « C’est haut » (variantes : qu'est-ce que c’est profond ! Qu'est-ce que c’est haut ! Accompagnées de sifflements, de pets pulsés entre les lèvres ou d'exclamations admiratives).
    (...)
    Qu'allaient chercher les bâtisseurs de Babel, en élevant leur tour vers les nuages ? Pas tant une concurrence avec le divin que la distance suffisante d'avec la terre nourricière, sommet depuis lequel ils seraient en capacité de frôler les parages de la fin. Le défi des habitants de Shinéar suivait une intuition selon laquelle la lumière du ciel disait mieux que les trous en terre, la nature secrète de la mort. On sait que la parabole de la tour de Babel est utilisée dans la Genèse pour expliquer la dispersion des langues. Yavhé, courroucé de l'aplomb des hommes à se croire en mesure de s'élever jusqu'aux cieux (« c’est le début (…) maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux »), les punit en confondant leur langage « pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres ». Ce faisant, il les condamne à ne pouvoir dire autre chose, confrontés au gouffre, que « C'est profond. »

     

    Extrait de Le Promeneur quantique. En cours d'écriture.

  • 2900

    Comme le laissait présager son silence de plus d'une semaine, ce blog ne reprendra sans doute pas son rythme quotidien. Je me vantais il y a peu, auprès d'amies venues à une dédicace, de ma discipline de fer, de la nécessité d'une écriture quotidienne. Dès le lendemain, Kronix était suspendu. Mise en œuvre effective d'une réflexion initiée ici. Ce bref abandon a deux raisons, au moins : une panne d'ordinateur et le retour de mon éditeur à propos de La Grande Sauvage, qui me lance dans une énième révision du manuscrit. Non pas que ses remarques me contraignent à beaucoup de corrections et modifications, j'en veux pour preuve ce résumé de ces commentaires (je n'ai supprimé que des détails qui dévoileraient des aspects de l'intrigue) : « encore plus que dans mon souvenir (c'est dire), j'ai été séduit par la singularité thématique de ta première partie, la puissance lyrique de la seconde, et la tragique violence de la troisième. Le personnage de Martin est complexe, et son évolution, bien qu'originale, reste toujours vraisemblable aux yeux du lecteur. Tu es parvenu à tirer la substantifique moelle de ton énorme documentation sans nuire au récit. C'est dire que ces commentaires ne te seront malheureusement, j'en ai peur, que de peu d'utilité. Que te dire ? Que te dire ? » suit tout de même une remarque d'importance sur un chapitre dont nous sommes convenus qu'il était trop long, avant cette conclusion : « Voilà. Je suis vraiment navré de t'avoir fait patienter autant pour si peu de commentaires. Mais, il me semble que l'éditeur doit, comme le médecin, avant tout veiller à ne pas nuire à l'ouvrage réalisé. Et le tien est d'une grande valeur ! Qu'y pourrais-je améliorer ? »
    Vous pouvez croire que ça me rassure. En fait, je suis plongé depuis dans une réécriture maladive de chaque phrase. Paradoxe. La peur de décevoir, sûrement.

  • 2890

    Certains chantiers d'écriture apportent des questions inédites. En l'occurrence, une résidence d'auteur qui m'a été confiée pose comme principe que la chanson est le vecteur de mémoire le plus populaire et le plus pérenne qui soit. Il s'agit de dessiner, à l'aide de vraies chansons faciles à mémoriser, les portraits de personnes rencontrées. Des artisans, des ouvriers, des ingénieurs, tous témoins d'un passé industriel révolu. Et la question cruciale qui se pose à Jérôme Bodon-Clair, le compositeur, et à moi, devient : Qu'est-ce qu'une chanson classique créée aujourd'hui ?

     

    C'est le projet "Portraits de Mémoire(s)" dont le site dédié sera en ligne pour l'été. A suivre.

  • 2878

    Réservé aux connaisseurs :

    "J'ai frissonné involontairement. Malika a saisi ma main. Elle me fixe, l'air grave. Elle a cru à un spasme de douleur ; je lui souris. « Tout va bien. Je vais essayer de dormir. » Elle libère ma main, me retient par son regard insistant, pas convaincue. « Je t'assure. Tu devrais te reposer, toi aussi. » Apaisée, elle glisse sur la banquette et se colle à la vitre du ferrail, tente de l'essuyer pour contempler le paysage. Le verre est opacifié de projections de créosote et de pluie sale, mais on devine à travers ce filtre, se détachant sur la plaine comme des aiguilles de quartz qui brodent les nuages, l'éclat cristallin des flèches du mausolée de Movorin. L'air me manque soudain. Je dois me calmer. Prochain arrêt, Sargonne."

     

    Extrait de "Cryptes". Roman en cours d'écriture.

  • 2842

    La Grande Sauvage est entre les mains de mon éditeur. Il ne pourra vraiment s'occuper de mon manuscrit que le mois prochain et je ne saurai probablement rien avant mi-avril. Les recherches sur ce roman m'ont fait renouer avec la pratique ancienne du carnet de notes, des croquis de voyages. C'est ainsi que j'ai visité le hameau de la reine, à Versailles, sur les pas de mon personnage, Martin. Textures, dimensions, précision des circulations... j'avais une liste de points qu'il me fallait vérifier. Et puis il y eut des découvertes, comme ce "potager" meuble mystérieux jusque là, dont je voyais enfin un exemple concret dans les sous-sols du petit Trianon, et qui aura une certaine importance dans le récit.

    Croquis_Ferme.jpgCroquis_Ferme2.jpgCroquis_Potager.jpg

  • 2837

    photo couv FB2 08-02.jpgC'est aujourd'hui !

    La fabrique de l'écrivain #2
    Christian Chavassieux et Aurélien Delsaux
    dialogue sur les coulisses de l'écriture

    La fabrique de l'écrivain, cycle proposé par l'Arald et la Bibliothèque municipale de Lyon, propose un nouveau rendez-vous jeudi 24 mars à 18h30, à la Bibliothèque de la Part-Dieu. Les deux romanciers Christian Chavassieux et Aurélien Delsaux parleront de leur travail en cours, des mécaniques de la création, de leurs chemins littéraires, des premières notes du livre sur lequel ils sont en train de travailler au manuscrit final, jusqu'à la publication. Venez découvrir avec eux ce qui se cache et se révèle dans... La fabrique de l'écrivain !

  • 2834

    Le Salon du Livre de Paris m'avait laissé, à l'époque du Baiser de la Nourrice, un souvenir amer, un ennui, une fatigue. L'expérience renouvelée en 2013 (pour la sortie de Mausolées) était plus concluante, mais encore un peu terne. Cette année, je comprends que des choses ont changé. Comme le dit mon éditeur, "tu es en train de te constituer une fan-base", j'en ai eu la démonstration en éclusant la presque totalité des Nefs de Pangée apportées sur le stand des Indés de l'Imaginaire. Ailleurs, des auteurs et des éditeurs m'ont repéré, des rencontres se sont produites, les bonnes nouvelles s'enchaînent. Tout prend un temps extraordinaire, rien n'est achevé (surtout à peine amorcé), les horizons promis paraissent inaccessibles et pourtant, ils seront un jour ou l'autre à portée de main.

    En attendant que se réalisent ces promesses et que leur concrétisation soit imminente, je me permets de rappeler ce proche rendez-vous, à Lyon, en compagnie d'Aurélien Delsaux, dont j'avais adoré "Mme Diogène" (article ici). C'est ce jeudi 24 mars, à 18h30, à la Bibliothèque Part-Dieu. Modération : Danielle Maurel.

  • 2833

    Ce soir, à 19h30, j'ai le bonheur de poursuivre les rencontres organisées par Lettres-Frontière, aux côtés de l'équipe de la médiathèque d'Arenthon.
    Le lendemain, je file à Paris pour le Salon du Livre où vous pourrez passer me dire bonjour dimanche, entre 11 heures et 15 heures. Pensez à moi, parce qu'alors, j'aurai livré ma copie à mon éditeur. La Grande Sauvage débutera ainsi son périple éditorial avec deux mois d'avance sur l'échéance que je m'étais fixée, et quatre mois d'avance sur celle qui figure sur le contrat. On m'a laissé entendre que c'était rare, dans le milieu.
    Grâce aux lectures des amis, grâce à ma douce pour ces ultimes journées, le manuscrit que je donne à lire a été sévèrement amendé, retravaillé, peaufiné jusqu'à la dernière minute. Il y aura sûrement encore des aménagements (j'ai encouragé mon éditeur à être impitoyable), mais je suis confiant. C'est un moment étrange, ce passage de relais, quand l'auteur pose devant son éditeur (et ami) une pile de papier, trace résiduelle de l'entreprise entamée - disent mes premières notes - en juillet 2014.
    Il sera justement question de ce chantier d'écriture et plus généralement de la manière dont un écrivain « fabrique » son roman, le 24 mars à la bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon, en compagnie d'Aurélien Delsaux. Je reparlerai bientôt de ce « dialogue sur les coulisses de l'écriture » que j'attends avec impatience (et pas mal de stress.)

  • Les rencontres de mars

    Le mois de mars, et surtout les jours qui viennent, sont assez chargés, pour moi. Je me permets ici une petite synthèse. J'en profiterai pour évoquer l'actualité d'un autre écrivain, à propos d'un livre majeur, puissant, dont je vous parlerai plus longuement bientôt.

    Vendredi 18 mars à 19h 30, je suis accueilli à la médiathèque d'Arenthon (joyeuse équipe, à ce qui m'a semblé lors de premiers contacts) das le cadre de Lettres-Frontière, pour évoquer surtout L'Affaire des Vivants, coup de cœur pour la sélection française cette année. On m'a parlé d'un jeu… Je ne suis pas inquiet, je sais qu'on va aborder les choses avec légèreté. C'est bien.

    Le Week-end qui vient est celui du Salon du Livre de Paris. Dimanche 20 mars, par exemple, n'hésitez pas à rendre une petite visite sur le stand des Indés de l'Imaginaire (Mnémos, ActuSf, Moutons électriques) où de nombreux auteurs seront présents pour signer leurs ouvrages. Pourquoi dimanche ? Eh bien, ce jour m'intéresse particulièrement parce que c'est celui de ma participation (à votre vais, de qui on parle, sur Kronix?). Je serai là, entre 10 heures et 15 heures. Je signe et je fais des petits dessins sur la page de garde. Si, si.

    Jeudi 24 mars, retour dans la région occupée par les troupes de Wauquiez. Une rencontre que j'attends avec impatience. Aurélien Delsaux et moi avons été les heureux bénéficiaires d'une bourse d'écriture DRAC + Région. Cette aide est allouée après l'étude d'un dossier, c'est-à-dire, pour un projet de livre. Celui d'Aurélien, Sangliers, et le mien, La Grande Sauvage, approchent de leur conclusion. Ce rendez-vous organisé par l'ARALD est le second d'un cycle intitulé La Fabrique de l'écrivain. Il s'agira pour nous, avec l'aide de Danielle Maurel,  de tenter de décrire le processus qui aboutit à un livre (roman en ce qui nous concerne). C'est un exercice difficile, parce que chaque roman est un prototype, que les engouements ou résolutions initiales connaissent des détours et des renoncements, c'est difficile parce que c'est intime. Disons que d'essayer de jeter de la clarté sur ces longs et mystérieux moments nous apportera sans doute beaucoup, à Aurélien et moi. Ensuite, j'espère que de remuer ce magma indécis apportera aussi à notre auditoire. Ce sera à partir de 18h30, à l'amphithéâtre, Bibliothèque de la Part-Dieu (30 boulevard Vivier-Merle, 69003 Lyon) La pression, croyez-moi. Je prends ça très au sérieux.

    Ensuite, une actualité qui ne me concerne qu'indirectement, puisqu'elle est celle d'un ami très cher et d'un auteur remarquable. Daniel Arsand sera le 26 mars de 9 heures à 12 heures, à la librairie Ballansat, à Renaison (Loire), pour dédicacer son dernier ouvrage : Je suis en vie et tu ne m'entends pas paru chez Actes Sud. Un roman incroyable, dévastateur, implacable, qui raconte le retour d'un jeune allemand du camp de Buchenwald, où il a passé quatre ans, pour la simple raison qu'il est homosexuel. Arsand nous rappelle qu'en 1990, lors d'une cérémonie du souvenir en France, on repoussa des homosexuels venus inscrire leur mémoire dans le cortège des autres douleurs, au cri de « Au four les pédés ! ». Je vous parlerai bientôt de ce roman formidable, enragé, et je vous conseille dores et déjà de le lire. Je suis surpris et un peu atterré du peu d'écho qu'il rencontre, malgré son intérêt. Pour information, Daniel Arsand sera également accueilli à La Grande Ourse à Dieppe, le 8 avril, et à la librairie Ombres blanches à Toulouse, le 13 avril. Je me fais fort de le recevoir dans l'année à la libraire de ma petite ville d'adoption, Charlieu.

    Le mois d'avril est aussi très chargé pour moi ; Kronix vous en dira plus dans une semaine.



  • 2806

    Louison : Un des surnoms de la Guillotine, du nom du chirurgien Louis qui mit au point la fameuse machine avec l'aide d'un délicat fabricant de harpes Allemand. Rappelons que la décapitation était sous l'ancien régime l'apanage des nobles. Les roturiers, eux, allaient se faire pendre, ce qui est moins net, sinon plus disgracieux. Le docteur Guillotin fit adopter par la Constituante une égalité de traitement pour « les délits du même genre » et il chargea Louis d'imaginer un appareil efficace, capable d'éviter les maladresses toujours pénibles de l'exécution à la hache.

     

    Extrait des Notes sur le vocabulaire de La Grande Sauvage.

  • 2804

    Sauf à revenir à des temps de foi primitive, aucun chrétien n'a réellement cru au paradis qu'on lui promettait, il me semble. A contrario, la menace de l'enfer lui a toujours paru plus certaine. Les corps sublimés et les décors vaporeux gonflés de musique angélique sont à ce point éloignés de toute expérience ici-bas, que le croyant a bien été contraint de considérer l'enfer comme une alternative plus crédible. D'ailleurs, on la lui présentait comme une destination très probable, le moindre plaisir étant une occasion de péché. La présence d'un pandémonium, accessible directement dans nos contrées, se manifeste dans l'onomastique des lieux-dits, par d'innombrables « gouffres du diable », « trou de l'enfer » ou autres précipices inquiétants. Notre ancrage sur le sol nous rend l'enfer plus proche que les lueurs d'astres, il est d'une nature tout-à-fait concevable, puisque voisine de la nôtre. L'inhumation en fut longtemps le prélude, et la crémation n'éloigne guère mieux des peines qui attendaient le chrétien, puisqu'elle s'apparente à leur état ultime, quand les flammes infernales en sont venues à bout. Le pauvre vivant comprend l'expérience de la chair jetée au brasier et criblée de coups de fourches, il en connaît des imitations dans les blessures de la vie ou le spectacle de la guerre. De même, les tertres qu'on remue pour ouvrir une tombe et l'y confiner sont on ne peut plus tangibles. Le vivant a humé l'odeur de la cuisson, il a déjà entendu des cris outragés, des pleurs, des lamentations. Son existence est une traversée d'enfers miniatures qui le préparent à la géhenne – sans l'endurcir assez pour ne plus la craindre.

     

    Le Promeneur quantique. Extrait. Écriture en cours.

  • 2803

    Je l'annonçais il y a peu, c'est confirmé : mon prochain roman à paraître chez Mnémos permettra de mieux connaître ce qui a amené à la situation géopolitique décrite dans Mausolées et, en même temps, m'offrira l'occasion de clamer haut et fort, malgré les nuages qui s'accumulent sur nos têtes en ce moment, que nous allons nous en sortir. L'humanité relèvera les défis qui lui sont posés. Mausolées était situé dans une période intermédiaire, disons une sorte de Moyen-Âge du futur ; Cénotaphes (nom de code pour cet opus, le titre ne sera pas celui-là), racontera une période de Renaissance. Par contre, en arriver à ce regain prendra un peu de temps, n'est-ce pas, le lecteur ne devra donc pas s'étonner de se voir projeté quatre siècles après la fin de Mausolées.

  • 2801

    L'enfance connaît peut-être sa première blessure devant le spectacle de l'espace infini, et davantage : c'est une menace qu'elle devine, un danger, sa nature adulte de mortel vient de paraître, elle a laissé percer le questionnement et l'inquiétude à travers l'innocence. C'en est fini du petit qui ne concevait le monde que délimité par son regard et la portée de ses mains. Un basculement vient de s'opérer dans sa conscience. Ses grandes frayeurs d'adultes, les blessures narcissiques ou la peur de mourir ne seront désormais que les répliques de cet uppercut initial, ce vertige éprouvé à tenter d'embrasser la notion d'infini sans y parvenir.

     

    Le Promeneur quantique. Extrait. Écriture en cours.

  • 2797

    Que fut la vie de Set-Zubaï, la légendaire compagne de Pavel Adenito Khan ? Qu'est devenue la mémoire du savoir des civilisations passées, comment l'humanité a-t-elle survécu aux bouleversements climatiques, à la stérilité, aux maladies, aux tensions entre des Cités-Etats appauvries et belliqueuses ? Comment la situation a-t-elle évolué depuis le monde décrit dans Mausolées ? Vous le saurez en lisant Ordalies, à la fois suite et prequel du précédent, à paraître en 2018, chez Mnémos ! (et là je m'avance beaucoup, mon éditeur n'est même pas au courant. Ce doit être pour forcer le destin.)

  • 2796

    Le vide est un séducteur morbide. L'espace ouvert sur quoi nous nous penchons, nous donne le pouvoir de regarder la mort à bon compte. Dans le cas d'un gouffre, l'obscurité règne là-dessous, la moisissure gagne en même temps que croît la pénombre, que la nuit et les senteurs corrompues montent de la terre comme s'épuise le jour à pénétrer les tombes. Ou bien, dans le cas d'un point de vue panoramique en terrasse d'un building, est-ce une telle contraction des formes familières (voitures, foule, rues) qu'elles perdent leur sens ou semblent le souvenir de ce qu'elles prétendaient être. En quoi c'est aussi un écho de la mort.

     

    Le Rêveur quantique. Extrait. Écriture en cours.

  • 2790

    Et il y a un jour, à force de travailler dessus, où votre roman vous devient odieux. Cela coïncide en général avec le moment où il est publié.

     

     

    (Redite d'un post d'il y a quelques années. Pas de chronique littéraire pour les jours qui viennent. Non pas que je me sois lassé, mais j'essaye de reprendre l'écriture et ça se passe assez mal. Besoin de temps et de liberté. Merci de votre compréhension, les amis).

  • 2783

    Enfin lire, pour autre chose que de trouver chez un témoin le tarif des toilettes publiques en 1789 ou sur un plan la maison de tel personnage. Enfin, lire pour le plaisir. Dans le même temps, débarrasser le bureau, sans hâte, jour après jour, ranger l'un après l'autre les dizaines de livres collectés, les carnets de notes, les revues et les brochures. Laisser les bouts de papier entre les pages, petite vanité pour conserver le souvenir du travail entrepris. Le grand meuble, soulagé, libéré, se rengorge, exhibe sa longue belle cuirasse de bois patiné. Prêt à reprendre du service, à supporter le poids d'une nouvelle enquête. Je m'accoude et lis, ne sais comment lui dire que non, c'est fini, j'en ai marre, plus question de thésauriser soixante bouquins, d'éplucher des milliers de docs sur Gallica, de passer des années à comprendre un monde défunt qui est, par nature, incompréhensible. Rumine un livre de liberté, d'émancipation, de verbes délivrés, de personnages dérivés dans un milieu sans contexte. Enfin, écrire comme je faisais, enfant, des romans désamarrés, pas sans souffrance ou sans inquiétude, mais sans travail.

  • 2766

    Hier, j'annonçais triomphalement avoir mis un point final à La Grande Sauvage. Précisons qu'il s'agit du point final de la version alpha du roman. Mes manuscrits connaissent en général plusieurs étapes de réécriture qui mènent à une version delta, acceptable pour l'éditeur (avant que celui-ci, éventuellement, propose des aménagements pour le bien du livre). Cependant, la version alpha est une étape décisive (je vous fais rentrer dans la cuisine, ne faites pas attention au désordre, merci), parce qu'elle permet enfin de posséder une vision de toute l'architecture du livre, d'en percevoir à partir de là, les faiblesses, les parties à réduire ou à renforcer, des scènes à supprimer ou à ajouter, des personnages à enrichir. Pour chacune de ces phases, je cisèle le vocabulaire, approfondis les notions qui seraient trop esquissées, ou allège les morceaux trop explicites ou pédagogiques (ce qui est souvent le défaut d'un roman historique). Il y aura aussi le problème particulier des dialogues. Il est impossible de « faire parler » des personnages du XVIIIe dans leur véritable langue. D'abord parce que, malgré la multiplicité des documents, rien n'est sûr et, en tout cas, pas forcément utilisable. Par exemple, nous avons des lettres de soldats, des documents donc, issus du petit peuple, écrivant à leur famille. Lettres farcies de formules propres et de fautes. Mes personnages du peuple pourraient parler de cette manière, mais l'effet serait par trop exotique, semblerait plus factice qu'une forme que je vais élaborer à partir de ce français dégradé. Je ne peux pas non plus multiplier les occurrences du vocabulaire d'époque, parce que les dialogues seraient illisibles. Des choix vont s'opérer, des compromis qui donneront un effet naturaliste, obtenu par des procédés tout-à-fait spécieux et fautifs. Un roman historique n’est pas une machine à remonter le temps. Il faut que l'auteur et le lecteur aient bien conscience de cette impossibilité et des artifices qu'elle implique. Voilà les problèmes auxquels je vais maintenant me consacrer. Je vais aussi travailler sur un glossaire et un appareil de notes que j'espère divertissantes.
    Je voulais par ce billet, vous faire prendre la mesure de la relativité de l'expression « point final » pour un roman.