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Travaux en cours - Page 14

  • On connaît la chanson

    Trois jours épatants. Pendant lesquels Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti ont répété les chansons de la prochaine pièce de la NU compagnie : Pasiphaé. Aux manettes, Jérôme Bodon-Clair, jovial, enthousiaste, précis, corrigeant une intention, un souffle. Et grâce à cette exigence de tous, des progrès tangibles au terme de cette courte période. Des ajustements de texte aussi, normal, et même une chanson supplémentaire. Lundi après-midi : découverte un peu contrite que Dédale n'a pas « sa » chanson. Mardi matin, écriture du texte sur un coin de table (mais vraiment un coin de table) ; mercredi matin, création de la mélodie par Jérôme et enregistrement de la musique. Le pire, c’est que le résultat est bon. On est vraiment des bêtes.

  • L'aventurier

    Pendant que vous lisez ce billet, je suis à Paris, magie de la programmation anticipée qui nous rend ubiquistes. Que fais-tu dans la vieille capitale, Ô provincial égaré ? Je vais rencontrer mon futur éditeur, peut-être aussi mon éditeur actuel avec ma correctrice (voir si le portrait que je me suis fait d'elle en guêpière et fouet correspond), retrouver quelques ami(e)s et tenter d'assister aux répétitions des parties musicales de Pasiphaé. Cependant je laisse ma douce, partagée entre le bonheur de me savoir aux prises avec ma passion et son angoisse de me voir emprunter des moyens de transport aussi dangereux que le train, le métro, peut-être même le bus ou le vélib' ! C’est sûrement prétentieux, mais je promets, moi, de faire attention aux camionnettes de blanchisseurs.

  • Tout seuls

    L'enfance et l'adolescence que l'on croit souvent préoccupées d'elles seules, sont des périodes où la vie se soumet au regard, à l'opinion des parents et des amis. Ce sont des temps où se construire est à moitié la tâche des autres.

     

    Extrait d'un texte en cours d'écriture sur mon pote et néanmoins artiste, Jean-Marc Dublé.

  • Portes ouvertes au Théâtre de Roanne

    Aujourd'hui à partir de 16h30, plein de compagnies participent aux portes ouvertes du Théâtre municipal. La Compagnie NU sera présente avec la venue exceptionnelle de François Podetti, Aurore Pourteyron et Philippe Noël, qui interpréteront des extraits de notre prochaine création, PASIPHAE en avant-première. Les protagonistes de NU se trouvent au fumoir (demandez à l'accueil, ensuite, c'est bien indiqué). La séance commence à 17h15.

    Pasiphaé est un texte de ma pomme, mis en scène par François Podetti sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.

  • Demain au Théâtre de Roanne

    Côté jardin le couple s'habille. Pendant ce temps, côté Cour, Dédale prépare le conseil des ministres, il dispose des mannequins autour d'une table.

    Minos : Tu fais quoi ce matin ?

    Pasiphaé : Je ne sais pas

    Dédale: A droite du Régident. On évite mieux les coups.

    Pasiphaé : Oui ! Voilà : une amicale d'éclopés. C'est madame Solilesse qui veut que je les reçoive. Elle m'a envoyé des photos. Incroyable. Il leur manque tous quelque chose.

    Minos : Tu sais, je t'envie parfois. Toi au moins, tu fais des choses bien. Des choses...

    Pasiphaé : Un bras, une jambe, la moitié d'une tête...

    Dédale : Monsieur le Ministre des arts plumitifs, prenez place.

    Minos : Je veux dire, tu vois ce que je veux dire. Des choses qui font plaisir aux gens.

    Pasiphaé : Des pieds, des mains, des parties supérieures, des parties inférieures. Tu verrais cette galerie !

    Dédale : Non, pas là, vous êtes sur le fauteuil de madame la ministre des situations assises.

    Minos : Des actes, quoi. Du tangible, au contact des gens. Une récompense immédiate.

    Pasiphaé : Je les aime bien. En photos. Je veux dire, ils rendent bien, en photos. Surtout celle-là. Tiens, regarde !

    Minos : Ah ? Oui. Ce n'est pas si terrible.

    Pasiphaé : C'est madame Solilesse, je me suis trompée. Tiens, regarde ça .

    Minos : Oh merde.

    Pasiphaé : Oui, hein ? Ça y ressemble. C'est une petite lépreuse irradiée. Ça donne ça.

    Dédale : Monsieur le Régident sera un peu en retard ce matin. Vous, éloignez-vous, vos sourires à Madame la ministre agacent le Régident.

    Minos disparaît derrière un voile.

    Dédale : Oui, monsieur le Régident s'est levé de bonne humeur ce matin. Je crois que nous aurons une belle journée.

    La voix de Minos : Tu viens ?

    Pasiphaé : Déjà ?

    Minos : Oui ( Pasiphaé finit de s'arranger). Alors tu viens ?

    Pasiphaé : Oui, mon chéri. (elle rejoint Minos, visiblement très excité, derrière le voile) je n'aurais pas dû te montrer la photo de la petite. Je suis sûre que c'est ça qui...Oh ? Bravo mon chéri !

    Dédale : Mesdames, messieurs les ministres. Je crois que Monsieur le Régident sera plus en retard que prévu. Je veux dire : encore plus en retard.


    Extrait de Pasiphaé, par la NU compagnie. Avec Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti. Sur une musique de Jérôme Bodon-Clair et des images de Marc Bonnetin.

  • Campagne d'adhésions de la NU Compagnie

    net-1.jpgLa compagnie NU est certes aidée par les subsides publiques, mais son volume d'activité et ses projets rendent ses finances extrêmement serrées. Il est possible de nous soutenir par une minuscule adhésion de 5 euros. C'est sur le superbe site de la compagnie. A la clé, Newsletter et reconnaissance. Ce n'est pas rien, vous savez...

     

    Photo Marc Bonnetin. François Podetti, mézigue et Jérôme Bodon-Clair, lors de la préparation de "Peindre".

  • Incipit

    Depuis la maison, nous traversons les prés bosselés et ponctués de chardons pour nous rendre au bord de la Loire. Ce sont les gasses, les zones inondables, étendues préservées de toute construction, laissées aux charolaises et aux cigognes. Le chemin n’est pas tracé, nous marchons dans les sentes ménagées par les vaches paisibles regroupées sous les arbres, à l'abri du soleil. Une dizaine de minutes de promenade avant de rejoindre le fleuve. Nous sommes habillés léger, l'été nous revêt d'un feu d'âtre dès que nous sommes à découvert. Nous posons les serviettes sous un saule si nous voulons nous baigner, ou sous de vieux acacias plus éloignés de la rive si nous voulons lire ou faire une sieste. Nous paressons dans leur ombre, assis ou allongés, visages éclairés par la réfraction des pages. Parfois, livres reposés, nous restons dans la contemplation de l'amont ou de l'aval du fleuve. Sous cet angle, aucune présence humaine. On peut se croire dans un paysage champêtre du XVIIIe siècle. Nous considérons le panorama silencieusement et puis, après un temps de recueillement sans objet, nous échangeons quelques mots. Ma douce sait que j'ai commencé un nouveau roman. Le dernier est juste sorti de l'imprimante il y a trois jours, et le paquet qui a déjà reçu mes premières corrections veille sur la table de la salle à manger. Ce sera son travail la semaine qui vient, de le lire, de me dire ce qu'elle en pense. En attendant, j'ai couché les premières phrases du prochain. Ces quelques phrases sont celles que vous venez de lire.

     

    Pour la suite, si jamais on veut encore m'éditer, rendez-vous, je ne sais pas : dans deux ou trois ans ?

  • Vieille canaille

    En ce moment, je tente le portrait d'un ami. D'un artiste et néanmoins ami. C'est extrêmement compliqué. Heureusement, j'ai de lui sa part des échanges que nous poursuivons depuis quinze ans. Le plus surprenant, à la relecture de ses lettres, est de constater combien, sur certaines choses, il est resté le même. Et notamment en ce qui concerne sa défiance par rapport au jeu social, son orgueil de peintre détaché des enjeux financiers mais aussi (c'est lié) sa dérision face au grand cirque de l'art. En tout cas, je peux confirmer ce que chacun peut pressentir : il est très très difficile d'écrire sur un vieil ami. De là l'idée que le romancier privilégie la fiction parce qu'il n’est question que d'inconnus.

  • Au suivant

    Le roman que je viens de terminer ne trouvera probablement pas sa voie avant longtemps. Fini un mois avant l'échéance que je m'étais fixée, il est destiné pour l'instant au tiroir et à au repos. Une relecture vers la fin de l'année me dira ce que je peux en faire, grâce au recul que le temps permet de prendre avec un texte. Là, je saurai si je le réécris, si je le réorganise, si je l'enrichis, si je le réduis encore ou si, finalement, il doit retourner dans sa boîte pour ne plus jamais en sortir. L'exemple de « L'Affaire des vivants » que vous pourrez lire, si tout se passe bien, l'an prochain chez un grand éditeur, me conforte dans l'idée qu'un manuscrit, quel qu'il soit, doit être laissé en jachère, remisé le temps de vivre un peu avec seulement son souvenir. C'est une période intéressante parce que vous n'êtes plus dans l'acharnement de l'écrit, vous tournez avec légèreté autour des personnages que vous avez créés, vous flânez parmi les situations et les décors, sans enjeu, sans impatience. C'est un temps de grâce où le livre continue de pousser sans qu'on se soucie de lui, par bribes, par notes, par petites pensées inspirées mises de côté en attendant (et parfois par grandes révélations : « Bon sang, mais oui ! »). Pour ce dernier roman, dès la première lecture de la sortie imprimante (passage obligé pour moi, après des mois d'écriture sur écran), déjà se sont imposées des idées qui pourraient approfondir certains thèmes abordés, leur donner plus de corps ; et des coupes à effectuer. Paradoxalement, après avoir lu cette première version avec un certain mépris, une sorte de lassitude, je devine le roman qui pourrait advenir, et qui serait, lui, acceptable. Laissons faire, laissons le temps patiner ces pages, et nous verrons comment tout cela résiste.
    En attendant, comme vous êtes un peu habitués si vous me fréquentez, j'enchaîne avec un nouveau livre. Ce ne sera pas un roman, enfin pas tout à fait, ce sera un texte hybride. Celui-là devrait être terminé en  mai 2014. Et j'ai un beau titre. Un très beau titre. Ça nous fait une page. Ehé.

  • B. A. T.*

    Pas de billet aujourd'hui. Travail de relecture finale sur le manuscrit de Mausolées.

    L'occasion de réaliser que telle scène, très spectaculaire, lue des centaines de fois depuis sa fabrication, pourrait très bien disparaître, sans nuire au récit. Il est juste trop tard à présent. Pourquoi ne voit-on certaines choses qu'à ces moments critiques où tout retour en arrière n'est plus envisageable ? Cela dit, ma douce me rassure : c'est une scène superbe. Et puis je crois qu'elle intervient pour réveiller l'intérêt du lecteur à un moment un peu plus paisible du roman.

    Ah oui, il faut que je vous dise : Mausolées sortira chez Mnemos le 17 octobre. J'en parlerai peu sur Kronix, sinon pour expliquer quel rapport ambigu j'entretiens avec ce roman. Plus que jamais, ce seront les lecteurs qui décideront ce que je dois en penser.

     

    Et finalement, c'était un billet, ça.

     

    *BAT : Bon à tirer, dernière étape d'un livre, formule du métier de l'imprimerie, document que l'on signe pour autoriser le tirage. Rien à voir avec une allusion machiste quelconque, comme une folle a cru pouvoir le faire via ce blog.

  • Premier lecteur

    Ce moucheron qui revient sans cesse sur mes phrases, se colle à l'écran, reprend la lecture plus haut, s'arrête sur un mot. Et là, que fait-il ? Il descend plus bas dans l'espace encore vierge. Je sens qu'il m'invite, me dit : « Dépêche-toi, écris la suite, vite, allez ! » Que c’est exigent un fan !

  • Spathul se confie

     Ce que les gens sont décevants ! La tricherie, la duperie, tout ça ne leur fait ni chaud ni froid s'ils sont persuadés que la situation l'exige, s'ils pensent qu'il vaut mieux un tyran que la délicatesse de la démocratie. Toujours ce fantasme de l'homme providentiel. Je crois que les peuples se fatiguent, qu'à un moment de leur histoire, ils en ont assez qu'on les sollicite pour concevoir leur propre futur, exercice éminemment complexe, angoissant. Alors ils délèguent cette peine à ceux qui en feront quelque chose de compréhensible, d'évident. Cela ressemble à l'attitude des soldats dans la guerre. Plutôt charger, attaquer, foncer, plutôt risquer la mort que d'attendre la fusillade, l'inconnu, l'ennemi embusqué. Tout plutôt que l'angoisse. Et puis la tyrannie donne la sensation d'une certaine égalité pour les plus humbles. Ils se disent que, à partir de là, tout le monde est dans la merde, comme eux. Voilà, les dictatures naissent de prurits insupportables, quand on préfère se gratter au sang plutôt que de subir l'agacement de la démangeaison. Qu'importe ce qui arrivera : ça soulage. C'est assez romantique, en fait, ce désir d'assouvissement d'un besoin, comme la consommation d'une passion, trop puissante pour être retardée.

     

    Extrait d'un scénar de BD en cours. "Renzo et le tyran"

    (et c'est la 1800 ème note)

  • Dans la bibliothèque d'Alexandre Cot

    La bibliothèque d'Alexandre formait entre ses parois compactes un vaste quadrilatère et élevait ses registres de reliures multicolores sans interruption jusqu'au sommet, à quatre mètres de hauteur. Au milieu de la salle, plusieurs tables de travail fichées en leur centre de lampes à monture de cuivre et globes de verre et dans les angles, des lutrins supportant des ouvrages énormes, lourds comme des pierres. Il y régnait une odeur fanée un peu sucrée dont Syrrha se souviendrait toute sa vie. Le vieil homme entra en chantonnant, déposa ses livres et fit déposer à Syrrha ceux qu'elle avait portés, sur la longue table centrale. « Tout ce savoir mort, hein ? » dit-il. Syrrha ne sut que répondre, voulut dénier, ou sourire comme si Alexandre avait glissé une plaisanterie, mais elle ne put que rester inerte, traversée par l'idée qu'il disait vrai. Elle devina qu'il acceptait ce deuil, n'y trouvait pas matière à tristesse et n'aurait pas conçu qu'un tiers puisse s'en affliger plus que lui.

     

    Extrait d'un roman en cours.

  • Et de deux !

    Affiche rencontre - Copie.gifCe soir, à partir de 18h30, la Médiathèque de Gilly-sur-Isère nous accueille, Laurent Cachard et moi, dans le cadre d'une première « carte blanche à Christian Chavassieux » (si si, ne prenez pas cet air surpris), événement qui devrait être reconduit chaque année, jusqu'à ce que, je ne sais pas, j'arrête d'écrire par exemple, ou que l'équipe de ce lieu change (choisissez en fonction des probabilités statistiques. Moi, je n'ai envie ni de l'un ni de l'autre). Une soirée qui débutera par la présentation de la nouvelle sélection Lettres-frontière. Sélection qui fut, en 2009, la cause de notre rencontre, Laurent et moi, et le début d'une amitié.
    Les moments proposés par Marielle Gillard et son équipe sont toujours riches et intelligents, soigneusement organisés. La valeur ajoutée, ce qui les rend vraiment extraordinaires, c’est l'humanité et le bonheur qui se dégagent de ces instants. On a envie de les prolonger, de revenir. D'ailleurs, j'y reviens, chaque année, toujours émerveillé de bénéficier d'une telle attention, d'une telle gentillesse. Mon plaisir de partager ce bonheur avec Laurent multiplie si c’est possible, celui de retrouver Gilly.
    La soirée sera consacrée ensuite à Laurent Cachard. Nous parlerons beaucoup de son dernier ouvrage, La troisième jouissance du Gros Robert, mais je veux aussi faire parler l'auteur sur son parcours, sur l'écriture, sur son engagement dans l'écriture et ses choix concernant cet engagement. Toute sa production sera évoquée, y compris ses textes de chansons. Et une lecture de la première nouvelle de son dernier recueil, sera produite par une troupe théâtrale. Personnellement, je pense que vous devriez venir.
    Reversibilités.JPGSur une idée de Laurent Cachard, nous avons commis ensemble une sorte de petit caprice, un recueil édité par Thoba's (qui publia « J'habitais Roanne »), intitulé Réversibilités, deux textes scrupuleusement équilibrés, calibrés à 1600 mots chacun, où nous parlons l'un de l'autre. L'idée est de les offrir aux auditeurs venus ce soir. Une raison de plus pour nous rejoindre.


    Venise.JPGEt puis, je me tâte encore (parce que je viens en train et que c’est lourd) : il se peut que j'apporte le dernier catalogue auquel j'ai participé. Il s'intitule « Venise au XIXe siècle, une ville entre deux histoires ». La commissaire de l'exposition, Camille Perez, a bien voulu me confier la rédaction de deux textes et de plusieurs notices. Elle a ensuite accepté que ces textes y figurent. Le catalogue est beau. Ce serait une façon, en donnant un exemplaire à la Médiathèque, d'un peu remercier de me faire cette confiance sans cesse renouvelée.

     

    A ce soir.

  • Une étape

    Pasiphaé, ma dernière pièce, sera donc programmée -au moins au théâtre de Roanne- dans la saison 2014-2015. Lointain rendez-vous mais enfin, l'enthousiasme du directeur du théâtre après la lecture que nous avons faite de la pièce récemment, sa promesse de nous aider à monter des dossiers, la révélation que notre prestation nous a fait à nous-mêmes, nous donnent des ailes. Aurore Pourteyron, Philippe Noël et François Podetti ont interprété avec une énergie incroyable et une extrême finesse les rôles respectifs de Pasiphaé, Dédale et Minos. Ce n'était qu'une lecture, enrichie des premiers morceaux de musique écrits par Jérôme Bodon-Clair, accompagnée par les premières images de Marc Bonnetin, mais cette seule lecture a stupéfié tout le monde. Il s'est passé quelque chose. Je crois que nous avons franchi un seuil.

  • LA Bibliothèque d'Alexandre


    podcast

    L'an dernier, Corie Bizouard m'avait commandé un texte pour l'insérer dans le parcours de son exposition autour de l'écriture. Un défi important pour moi. L'artiste est extrêmement exigeante et, passées les premières minutes d'excitation, l'angoisse est venue. Les contraintes étaient les suivantes : une fiction qui évoquerait -sans l'aborder directement- le thème de la bibilothèque d'Alexandrie, qui serait vocalisée, sur le mode de la confidence, et durerait environ 5 minutes. Je mets ici l'enregistrement effectué chez moi, dans l'atmosphère feutrée de mon bureau. Une tentative plus "pro", réalisée par l'ami Fabrice, de Calamités quotidiennes, a échoué : j'y étais très mauvais. L'exposition de Corie Bizouard à la Médiathèque de Roanne est en place aujourd'hui. J'en parlerai dès demain, j'espère.

    Je vis ces jours-ci des moments inoubliables, mais qui me laissent peu de temps pour autre chose.

  • Point final

    Et il y a un jour, à force de travailler dessus, où votre roman vous devient odieux. Cela coïncide en général avec le moment où il est publié.

  • En friche

    Nouveau roman en chemin (je ne dis pas « en route », qui pourrait laisser croire à une raisonnable célérité). Une vingtaine de pages pour l'instant. Pas la gloire, mais un incipit encourageant. Pour une fois, je voudrais faire un texte court, ramasser l'écriture sur quelques mois, finir à la fin de l'été. Mais je vois déjà se multiplier les potentialités du récit, des thèmes abordés, des personnages, ça y est, ça fourmille, ça enfle, ça pousse, ça se répand ! Malédiction des friches où abondent les herbes folles. Surtout qu'après, le boulot pour enlever les ronces les plus grosses...

  • Impitoyable

    Travail de corrections sur la première partie de « Mausolées ». Peu de choses mais des moments ardus. Ma correctrice est à l’affût du moindre poncif, de la moindre facilité. Je ne suis pas complaisant, mais j'admets que, malgré tout mon travail de réécriture sur ce roman ancien, j'ai laissé passer quelques images paresseuses, des idées un peu convenues, par manque de vigilance. Rien de tout ça n'échappe à l'oeil de faucon de ma correctrice. Et c'est tant mieux. Chaque réécriture de ces faiblesses rehausse l'ensemble. Ce que j'attends du travail avec un éditeur.

  • La tentation encyclopédique

        Mon modèle était ces vieux Larousse aux couvertures épaisses, rouge ou verte. Leur poids en s'ouvrant chassait l'air sous les ais, la masse de feuilles s'épanouissait de part et d'autre dans un soupir. Je lisais les définitions, les coudes écartés à chaque extrémité de la reliure, menton collé entre les deux rives de papier, index sur la ligne. Les mots s'étageaient en colonnes ; ils étaient si nombreux et petits que leur accumulation faisait un gris subtil, grenu sous la pulpe des doigts, leur compacité était rompue par de somptueux dessins que des artistes anonymes avaient eu la bonté de produire pour moi. Ce n'était pas un souci de connaissance, mais une avidité de beauté qui me conduisait sans cesse à me plonger dans ces ouvrages. À l'époque -j'avais peut-être dix ans- je collectionnais les fossiles, les minéraux, les cristaux, les curiosités. Il y en eut bientôt un tel nombre que mes parents débarrassèrent une pièce qui servait d'atelier pour que j'y organise une sorte de musée. J'y arrangeai soigneusement mes trouvailles sur les rayons montés par mon père, légendai chaque objet d'une étiquette approximative et quand tout cela fut fini, j'entrepris une « Encyclopédie de la préhistoire ». Le projet ne me semblait pas si monstrueux. Il me prendrait du temps, bien sûr, mais je n'y voyais qu'une longue perspective de jours consacrée à l'écriture et au dessin, mes activités préférées.
        On me trouva un superbe cahier relié, dont les grandes pages n'étaient pourvues que de quelques horizontales fines. La couverture était cartonnée et solide, ornée du motif de taches qu'on voyait sur certains cartons à dessins. La virginité de ces pages ne m'intimida pas pour autant, et j'entrepris mon ouvrage. Un stylo bille noir en main, je traçai avec application mon titre immodeste sur la page de garde sans oublier de m'en octroyer par avance le mérite en écrivant mon nom en dessous, puis tournai la page. Les choses sérieuses commençaient. Je dessinai un « A » au moins aussi alambiqué que les lettrines de l'encyclopédie Larousse puis j'improvisai une définition de l'Archéologie. Elle fut succincte : m'intéressait surtout le mot suivant. Archéoptéryx. Le premier oiseau, le premier dinosaure à plumes, selon les connaissances de l'époque. J'écrivis un article assez complet, mais ni vérifié ni documenté, puis traçai un cadre et dessinai la bête. Se succédèrent ainsi une dizaine de définitions. Les lignes serrées et sans ratures faisaient un gris agréable à l’œil, et les dessins rythmaient les quelques pages fournies. L'effet était assez proche de celui de mon modèle.  Cette vaste entreprise s'arrêta après deux ou trois jours. Ce qui distingue l'enfance de la maturité, ce n'est pas l'ampleur du projet, mais l'estimation du temps, l'appréciation de l'effort nécessaire pour y parvenir. Ce qui n'implique pas que l'on en vient à bout, mais y contribue. Ainsi, je commence à travailler sur un projet qui me prendra vingt ans. Et alors ?