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kronix - Page 180

  • La dimension des miracles

    f916060d6f1a42638987fb8cbe97e469.jpgDe Robert Sheckley (avec une vilaine couverture de Siudmak).

    Ce livre a une histoire. Il y a fort longtemps, un jeune étudiant travaillait pendant l'été dans un Office HLM, balayait les cages d'escalier, chassait les rats de derrière les poubelles, dans le local ultime des vide-ordures à 6 heures du mat' (ça vous apprend la vie).

    Bon, c'était moi, d'accord, on ne va pas poursuivre vainement sur le ton indirect. Dans une des poubelles pleines, je découvre, avec un ou deux San-Antonio, ce livre. A l'époque, gros lecteur de SF, je lisais beaucoup d'anglo-américains : Huxley, Wells, Asimov, Clarke, Herbert, Van Vogt, Bradbury, De Camp, Spinrad, Brunner, Bloch et King (plutôt fantastiques d'ailleurs), K. Jetter, K. Dick... mais je ne connaissais pas Sheckley.

    Je découvre un ton neuf, drôle, un conte philosophique à la manière de Voltaire, mais avec l'invention délirante et non-sensique de l'école anglaise. L'histoire est celle du médiocre Carmody, bureaucrate fallot, seulement doué dans le pérorage philosophico-dérisoire, capable d'ergoter sur tout et n'importe quoi, de discourir à perte de vue sur n'importe quel sujet qu'il ne connaît pas. Bref, Carmody est diablement humain et fichtrement proche du gamin que j'étais, raisonneur et bavard (comment, toujours ?). Rentré chez lui, prêt à s'offrir un petit whisky dans son fauteuil, il assiste à la matérialisation d'un extra-terrestre venu lui annoncer qu'il vient de gagner au grand Sweepstake intergalactique, et qu'il doit venir avec lui au Centre y retirer son Prix. Carmody accepte. A l'autre bout de la galaxie, Carmody reçoit donc son Prix (et quel prix !), mais ensuite... personne n'a envisagé son retour à la maison. Comment ce petit factotum insignifiant va-t-il rentrer sur la Terre ? D'autant plus qu'il ne suffit pas de remettre les pieds sur la Terre "Où", c'est-à-dire la terre à l'endroit où elle se trouve, mais aussi la terre "Quand", c'est-à-dire au bon moment, et enfin la Terre "Quelle", la bonne terre, celle de Carmody. Et le temps presse : perdu dans l'espace, Carmody est poursuivi par un prédateur généré spontanément, selon la loi de l'Univers qui veut que toute créature possède son prédateur, dans le but exclusif de manger du Carmody. Une course contre la montre s'engage.

    Ce livre, je l'ai lu à l'époque une bonne dizaine de fois. Ce qu'il disait du monde, ce qu'il disait de l'humanité, ce qu'il disait du destin, sous ses dehors d'aimable aventure, me touchait profondément. Surtout la fin. Et puis, un jour, je l'ai prêté, je ne sais même plus à qui. Le je-ne-sais-plus-qui ne me l'a jamais rendu. J'étais bien triste.

    Il y a quelques mois, lors d'un festival de la SF, bien connu par chez nous, je retrouve "la dimension des miracles" sur l'étal d'un bouquiniste. Je soupçonne même, compte-tenu de certain pli, certaines usures singulières, qu'il pourrait s'agir du mien, revenu sous mes yeux au terme d'un périple indicible. Je l'ai donc acheté et relu, à haute-voix, pour la délectation de ma douce. J'ai retrouvé Carmody, l'ai découvert plus bavard que je ne pensais, mais l'émotion était toujours là.

    je n'ai jamais rien lu d'autre de cet auteur, redoutant qu'il ne se répète dans ses autres livres.

  • 1 film, 1Mo

    Pointer un lieu sur Google earth, activité anodine. Mais avez-vous pensé aux autres ?

    http://www.latelelibre.fr/index.php/2007/11/1m06-google-earth/

    D'accord, le billet est un peu court, mais que voulez-vous, il ferait beau voir que je sois soumis sur Kronix, à la même course au rendement qu'exige la vie professionnelle (vous noterez que je n'ai pas écrit : "ma" vie professionnelle. C'est que mon métier ne connaît pas la contrainte de l'efficacité à tout prix. Je sais, c'est enviable).

  • Temps immémoriaux

     Difficile de déterminer quel atavisme prévaut dans la construction de notre propre psychologie et des choix qu'elle engendre. J'explique. Je considère souvent les actes, les arts, les grandes questions de l'existence, à l'aune de temps immémoriaux, dans une fourchette de cinq à cinquante mille ans. Ma première préoccupation est de comprendre si cette disposition à ne voir la vie que comme une agitation dérisoire au regard de l'éternité est originelle et m'a inspiré mon amour pour la préhistoire et les vastes échelles géologiques, ou si ma précoce fréquentation de sites préhistoriques, de terrains renfermant des fossiles, m'a apporté cette distanciation millénaire. Je ne peux pas répondre, d'où l'intérêt de la question. Seules les questions des civilisations demeurent, leurs réponses sont effacées (ne vous emballez pas sur cette dernière phrase -si vous l'avez lue- elle est absolument inintelligente, n'a aucun sens, bien qu'elle semble en avoir, c'est mon côté Christian-Bobin-pour-rire).

    Quoi qu'il en soit, en prenant pour mesure de telles ères temporelles, la plupart des actes des hommes semblent vains, l'art n'en parlons pas (bon ou mauvais, avant-gardiste ou suiviste, deux-mille saisons qui passent mettent tout le monde à égalité), et finalement, à la réflexion, la seule entreprise qui signe la réussite des hommes à travers le temps, c'est leur procréation.

  • L'avenir du livre

    Changement de cap : j'ai décidé de poster cet article plus tôt que prévu. Restons dans l'actualité.

    Le mercredi 28 novembre, à la médiathèque de Roanne, devant une petite assemblée qui ne comptait ni libraire (sauf ma copine), ni imprimeur, ni éditeur, ni directeur de journal, ni graphiste, ni aucun professionnel des métiers du livre, le prospectiviste Lorenzo Soccavo a donné les clés de la révolution qui nous attend : celle du livre électronique.

    Lorenzo Soccavo ne l'a pas dit l'autre soir, en conclusion de sa conférence, mais on l'a tous pensé très fort : « ne nous racontons pas d'histoire, le livre-papier, c'est fini ». Retardé d'année en année pour cause de coût et des multiples résistances des industries traditionnelles en place, le livre électronique arrivera tôt ou tard, et remplacera, à quelques exceptions près, le livre-papier. Que cette révolution prenne trois ou dix ans, autant dire que nous y sommes. Il existera toujours de beaux livres imprimés, comme il y a toujours des disques produits en vinyle, mais l'ère de la chaîne graphique est bel et bien en passe de s'achever. On peut crier, se lamenter, renâcler, trouver toutes les bonnes et belles raisons qui font qu'un livre est un objet sans équivalent, n'empêche, la prochaine génération n'en verra probablement plus que dans les réserves protégées de musées et de médiathèques, et chez quelques particuliers amateurs. Le ton que j'emploie pourrait vous laisser croire que je me réjouis, mais tel n'est pas le cas : j'ai été graphiste, illustrateur, j'écris, je lis, j'ai travaillé dans le milieu de l'imprimerie, j'achète quand je peux des éditions anciennes. J'aime le livre, je suis sensible à sa beauté, à son toucher, à tout ce qui en fait un objet de culture différent et unique. Mais je refuse de me voiler la face. Le livre-papier, à 95 %, est condamné. Il en fut ainsi quand le papyrus remplaça la tablette d'argile, quand l'écrit passa de la forme rouleau à la forme codex, quand l'imprimé chassa le manuscrit, il en a toujours été ainsi. La seule inconnue, c'est la vitesse de la révolution. Mieux on y sera préparé, mieux cela vaudra.

    D'abord, quelle est cette révolution ? Pas seulement la transmission de l'écrit via l'ordinateur, mais un support nouveau : le papier électronique, sur quoi le texte n'est pas un scintillement de pixels, mais bel et bien une encre, l'encre électronique. C'est le premier point. La page que vous lirez s'affiche sans rétro-éclairage, elle est blanche, le texte est d'un beau noir stable. S'il n'y avait pas la vitre de protection, on pourrait croire à un papier glacé, d'épaisseur normale (le premier artiste sur papier électronique a exposé il y a peu à Paris : sans vitre de protection, les dessins ressemblent à des lavis d'encre de chine sur papier). La feuille de papier électronique est d'ailleurs, dans l'appareil, ce qui coûte le plus cher, le reste est d'une technologie équivalente à une bonne calculatrice. Le coût d'un reader oscille de 300 à 600 euros. On peut charger, par un port USB ou grâce à une connexion wifi, l'équivalent de plusieurs centaines de livres (du format d'un livre de poche, un reader pèse 150 grammes environ). Encore en noir et blanc, l'encre électronique en couleurs existe à l'état de prototype, mais c'est évidemment une question de mois avant sa mise sur le marché.

    Les premiers média en lice sont les journaux, qui ont déjà entrepris le virage informatique. Avec un abonnement, vous aurez la dernière édition sur l'appareil, enrichie de toutes les possibilités de liens, hypertextes, vidéo, sons, qu'offre l'hybridation technologique papier électronique/web. Les guides touristiques suivront logiquement (Le GPS reconnaît votre position, vous signale immédiatement, à la page que vous ouvrez, le restaurant du coin, l'expo à voir, vous enseigne sur l'historique du monument devant lequel vous vous trouvez, etc.), ainsi que tous les dictionnaires, pavés genre « code civil », plus pratiques sous cette forme évidemment, etc. Idem pour toute la littérature "documentaire" : thèses, mémoires, synthèses de colloques, essais, etc. quel est l'intérêt de les imprimer sur papier ?

    Les publicitaires avertis, je suppose, de la révolution en cours, doivent se frotter les mains : les affiches dans les sucettes D... pourront se mettre à jour toutes seules, changer en cours de journée. Les affichages de prix dans les magasins se modifieront automatiquement.

    Le cartable électronique va enfin trouver son véritable médium. Les éditeurs scolaires sont, j'espère, au fait des dernières technologies. Ils seront parmi les premiers touchés.

    La littérature. Ah. La littérature. Que va-t-elle devenir ? Que vont faire les éditeurs ? Comment livrer au téléchargement sans se faire pirater, les ouvrages sortis ? La question se pose déjà via le net, et concerne surtout les best-sellers, comme pour la musique. Mais le e-book va accélérer le phénomène. Dans un premier temps, les libraires vendront des livres électroniques avec -pourquoi pas ?- un catalogue de classiques déjà disponibles. Mais ensuite, comment éviter que la spécificité de ce matériel, mi-informatique, mi-culturel, échappe aux rayons informatiques des grandes surfaces ? Quid du prix unique pratiqué en France, quid des taxes différentes, relativement au support et au contenu ? Quelle protection est-elle envisageable pour les métiers du livre, dans un contexte européen ? Mondial ? (en Chine, les librairies électroniques sont déjà nombreuses).

    Le livre électronique conforte la distinction entre le médium et le discours. Pour moi, un livre est autant un objet qu'un texte. Un texte passionnant sur le net, n'a pas le poids du même sur papier, sans jouer sur les mots. Oui, il y a des cas où le contenant donne une force au contenu. Le journal de Renaud Camus, pavé annuel très attendu, aurait-il la même aura en édition électronique ?

    En tant qu'écrivain inéditable (je pouffe), je sais que je peux vendre en ligne une version pdf de mon travail. En vendre peut-être davantage qu'en version papier, mais je sais que mes romans ne se liront pas de la même façon, imprimés sur un beau papier ou sortis d'une imprimante laser. J'ai longtemps considéré que l'essentiel était de dire, peu importe le moyen. Mais l'expression gagne une force par la technique la plus propre à la magnifier.

    Mais mes réticences sont celles d'une génération qui a grandi avec le livre, avec le romantisme du livre, et même, osons le dire, sous l'ombre tutélaire du Livre. La génération suivante s'accomodera sans sourciller d'une manipulation légère, pratique, et de l'absence de rayons de bibliothèque à la maison.

    Tout de même, un angle sous lequel on peut se réjouir : l'éco-bilan du papier électronique, tout plastique qu'il soit, est nettement en sa faveur. L'industrie du papier, la chimie des encres, sans parler de l'abattage des arbres (aspect ressassé mais pourtant négligeable : 4% du papier utilisé l'est pour imprimer des livres. Le reste, c'est de l'emballage), sont un désastre pour l'environnement.

    Quant au coût humain, social et industriel, certains secteurs vont souffrir dans la décennie qui vient. Un cataclysme ? C'est possible. En tout cas, une industrie sinistrée comme le fut celle des mines ou la sidérurgie. Que faire, à part se préparer ? Ce qui est inquiétant, c'est qu'on a entendu aucun politique se formuler à ce sujet. La politique de l'autruche ?

    A voir, cette étonnante vidéo. Imaginer les 50 années à venir. Curieusement, je trouve les perspectives évoquées assez timides : elles ne tiennent pas compte des deux prochaines révolutions : l'ordinateur quantique et les nanotechnologies.

  • Réponse d'un éditeur

    Albin Michel a une démarche intéressante, pour les auteurs qui leur envoient un manuscrit. Le courrier me donne rendez-vous sur un site dédié à la lecture des manuscrits, avec un numéro de code. J'entre mon numéro, j'apprends que mon manuscrit est en lecture. Curieux de nature, j'entre le numéro de code qui précède le mien et qui, comme je le supposais, concerne un autre manuscrit, reçu le même jour et qui est également en lecture. Poussant plus loin mes investigations, je finis par apprendre que 16 manuscrits (le mien compris) sont arrivés le 14 novembre chez Albin Michel. Ils sont tous "en lecture".

    Le courrier me promet une réponse dans un délai de trois semaines à un mois.

  • Travailleurs sociaux en prison

    Extrait d'un communiqué de la Ligue des Droits de l'Homme :

    Paris, le jeudi 22 novembre - Chaque soir, sur la place du colonel Fabien dans le 19ème arrondissement à Paris et à proximité, apparaissent quelques centaines de personnes principalement originaires d’Afghanistan, d’Iran et d’Irak.

    Elles viennent chercher quelques nourritures de subsistance et un hébergement d’urgence, en attendant pour la plupart de trouver une route qui les amène enfin en Angleterre. C’est comme cela depuis la fermeture de Sangatte en 2002, et particulièrement depuis plus d’un an.

    Dans cette cour des miracles d’un autre siècle, village éphémère quotidien de deux heures, l’action des équipes de France Terre d’Asile, en plein accord avec les services de l’Etat, consiste à repérer les probables mineurs ou personnes en état d’extrême vulnérabilité, à les mettre en urgence à l’abri, à leur donner une information sur le droit d’asile et à les mettre en garde sur les risques du passage vers l’Angleterre.

    Une gageure dans la plupart des cas, mais qui permet à un cinquième de cette population de s’inscrire dans une démarche de protection en France.

    Les autres, les acteurs institutionnels et associatifs le savent, repartent par le biais de multiples réseaux, où les plus forts font régner la loi des seigneurs de la misère.

    En somme, le travail social réalisé à cet endroit est un pis allé à la définition cohérente d’une politique publique d’accueil et de protection, voire, si l’on épouse ce point de vue, de sécurité publique. Mais nous l’assumons.

    Ainsi, quelques milliers de personnes ont transité par cette place depuis l’hiver dernier. Elles ont passé des dizaines de frontières, séjourné pour certaines d’entre elles dans les madrasas au Pakistan ou ailleurs, servi d’interprètes aux forces françaises stationnées en Afghanistan, été interpellées par la plupart des polices d’Europe, ont parfois été détenues dans les prisons européennes, iraniennes, turques. La plupart vivent dans des conditions inhumaines d’expédients divers. Sans autorisation de séjour, sans droits. Et cela dure, et rien ne change.

    C’est dans ce contexte que le Parquet de Boulogne-sur-Mer a décidé, le lundi 19 novembre 2007, d’interpeller, au petit matin à Paris, deux de nos intervenantes sociales. Comme dans les fictions, pour juguler le crime, il fallait bien une arrestation à domicile, une perquisition et un transfert menotté vers Calais.


    Le délit supposé : complicité d’aide au séjour irrégulier en bande organisée. Rien que cela. La faute de nos salariées ? Avoir transgressé la frontière très ténue entre engagement professionnel et personnel en transmettant leur numéro de portable privé à certains jeunes Afghans, pris en charge par notre organisation et qui semblent impliqués dans une affaire d’aide au séjour irrégulier. Leur avoir remis une carte à l’entête de France Terre d’Asile, sans autre valeur que symbolique, attestant que ces personnes faisaient l’objet d’un suivi social dans nos services.

  • Un expert sur Mozinor

    A voir absolument "César CSI", parodie du "Jules César" de Mankiewickz (l'original est aussi un chef d'oeuvre), avec Marlon Brando, jeune et beau, dans le rôle de César, enfin, chez Mozinor, il s'agit d'un super-enquêteur. 5 minutes de bonheur.

  • I am legend

    Sur le thème, il y aura le film bien cadré, bien hollywoodien avec Wesley Snipes, mais il y a aussi ce projet incroyable.

  • Insomnie, e-book, livrel et fin du monde.

    Il semblerait que nous soyions repartis pour une petite insomnie, voyez-vous. Rien d'inquiétant en ce qui me concerne : c'est relativement rare. Je laisse faire, j'attends que mon corps veuille bien reprendre son rythme de sommeil normal. Ne vais sûrement pas traiter ce petit désagrément avec des petites pillules en couleur ou autres saloperies. Mais je ne suis pas un vrai insomniaque.

    Hier soir, nous étions à une conférence sur le futur du livre, le livre numérique. Pas le courage de pondre une synthèse à 4 heures du mat', mais je l'écrirai ce soir (billet qui sera posté probablement le 3 ou 4 décembre). En résumé cependant : la chaîne graphique a du souci à se faire. les premiers secteurs "atteints", en tout cas, les plus susceptibles d'être rapidement bouleversés, sont les industries de la presse. Certains journaux ont déjà anticipé. Pendant la conférence, ma chérie (libraire) était effarée, les joues rougissantes de colère. Elle voit son métier menacé de disparaître. En effet, si le livre d'art, le beau livre-cadeau restera probablement un objet incontournable, le reste de l'édition va être lourdement pénalisé.

    On en reparlera.

     

    Ah oui, et Fred Chichin est mort. Je suis triste.

    Et Maurice Papon aussi, il paraît. Dommage que l'enfer n'existe pas.

  • Les promesses de l'ombre


    36113554712338d93d0e9a9d5117f02f.jpgLa collaboration Cronenberg/Mortensen semble promise à un certain avenir, vu les deux dernières réalisations du cinéaste canadien. Moins dérangeant que l’opus précédent (History of violence, dont j’avais largement parlé dans une version précédente de Kronix) et la plupart des films de Cronenberg, « Les promesses de l’ombre » laisse pourtant, après la vision de ce qu’on croit être seulement un bon thriller mâtiné de film noir, une sensation indicible, un écœurement discret*. L’impression n’est probablement pas due qu’aux scènes violentes et sanglantes, coutumières chez le réalisateur de « la Mouche » ou « Crash », mais à une sorte de mystère qui résiste à la première vision.

    L’histoire est celle d’Anna, une sage-femme (Naomie Watts ), qui accouche une très jeune droguée et prostituée, mourant en couches. De la gamine de 14 ans ne restent donc qu’une petite fille en couveuse et un journal intime, écrit en russe. La traduction, que la sage-femme confie à un émigré russe, dont la carte de restaurant marquait les pages du journal, va la plonger dans le monde de la mafia russe londonienne (incarnée par Semyon, vieux parrain odieux et cruel aux abords doux et sages, et son fils Kirill -Vincent Cassel, extraordinaire en petit magouilleur alcoolique et sans envergure). Apparaît alors la figure du chauffeur et frère d’armes de Kirill, Nikolaï (Viggo Mortensen). Et c’est en lui que tout le mystère du film réside. Qui est-il, que veut-il vraiment, quel est son véritable rôle ? Le dernier plan ne livre qu’une clé ultime, encore impuissante à desceller les secrets infernaux cachés sous le masque du nouveau parrain.

    Les amateurs pourront, lors de la sortie DVD, multiplier les arrêts sur images durant la longue scène de combat dans un hammam, scène d’anthologie où Viggo n’est couvert que de ses tatouages (tatouages d’ailleurs, stigmate historié de la vie –réelle ou factice- du chauffeur, un thème dans le thème qui mériterait une analyse à part entière).

     

    * Ce serait une erreur de voir dans l'évolution de la filmographie du réalisateur vers des projets plus consensuels et commerciaux, un renoncement à ses hantises et à son univers. Cronenberg reste lui-même, quoi qu'on en dise.

  • Rouge Sève

    "Rouge sève", est le titre du reportage-photo de Christian Verdet, fait au Liban l'an dernier.

    Christian donnera à cette occasion, ce soir, une conférence à la Maison de l'étudiant à Roanne, 12, avenue de Paris.

    1372d3a06d78a2e15158be315e0909f0.jpgAu passage, Christian m'a envoyé cette photo de Moâ, un portrait en lecteur et non, je ne suis pas hydrocéphale, merci.

  • Pas rien, mais peu de choses

    b1276e3f088cb051aa5e198da6fb97fd.jpgEn ce moment, beaucoup de lecture en retard : la trilogie de Halter : Sara, Tsippora et Lilah, deux essais autour de Proust : "Jouissance de Proust" de Miguel de Beistegui et "Marcel Proust" (collectif-essai, avec des signatures comme Bataille, Kempf et Butor), un Proust : "La confession d'une jeune fille", "Dans le nu de la vie" de Jean Hartsfeld, "le bestial serviteur du pasteur Huuskonen" de Paasilinna, "Pulp Friction" (anthologie et essai sur l'âge d'or de la littérature gay américaine), par Michael Bronski, "Remise de peine" de Patrick Modiano... et quelques autres.

    Vous comprendrez que je vais un peu ralentir (quoique... je dis ça, et dès demain...), alors, comme l'autre jour, je vous laisse une image pour meubler, du temps que c'était le temps où je dessinais des petits mickeys.

  • on a perdu la lune

    Plaçant un commentaire sur le blog de Finis Africae (un billet génial, je vous le conseille), je me suis souvenu de cette info.

    D'une certaine façon, la perte de documents aussi importants me rassure. C'est qu'il existe un peu partout des documentalistes médiocres, donc probablement aussi dans les ministères de l'intérieur du monde entier, qui ne sauraient pas retrouver les listes des opposants politiques, si une dictature potentielle les exigeait. (je ne suis pas sûr d'avoir été très clair sur ce coup-là).

    Pour me faire mieux comprendre, cet extrait d'un écrit plus ancien :

    "Il y a eu cette notion que je m'appliquais à défendre, sans véritable conviction : le monde serait pire sans les médiocres. A me frotter à l'énergie inépuisable de mes frères, considérant qu'elle leur permettait de négliger leurs enfants, de partir plus loin en vacances, d'acheter de plus grandes piscines et de manger moins gras, je me suis d'abord laissé convaincre que le bilan de l'efficacité était négatif à l'échelle individuelle. Reporté à l'échelle des nations, la compétence comporte des dangers d'une autre nature. Elle permet de distinguer avec plus de netteté ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ; elle permet d'isoler les éléments improductifs, les tarés et les feignants, elle détermine des talents, des aptitudes et des assuétudes, elle remarque les gènes positifs, les races supérieures. Elle fait le tri dans l'énorme matériau humain. La compétence et l'efficacité sans frein mènent tout droit aux camps de la mort.

    Heureusement, les faibles, les maladroits, peuvent à tout moment faire capoter le grand projet des forts. Heureusement, l'humanité a sa réserve naturelle de médiocres qui la retient de foncer dans le mur avec le moteur surpuissant que ses éléments les plus intelligents ont su lui construire."

    Oui, je meuble si ça me chante.

  • Quand les murs tombent

    9c157f1a89cbf8ba298e1dde39a829fe.jpgPar les temps qui... courent, les journalistes engagés (on entrouve) se révèlent et considèrent comme un devoir d'alerter une opinion publique bien atone. Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau ont commis cet opuscule, publié par les éditions Galaade, pour rappeler que, tandis que nous nous inquiétons de notre pouvoir d'achat, la sinistre entreprise xénophobe de Machin se poursuit, avec tests ADN, murs politiques et policiers, ministère mêlant immigration et identité nationale.

    Le texte n'a pas la qualité de ceux que j'ai pu vous présenter jusque là, certaines formules pseudo-philosophiques sont même un tantinet agaçantes, mais il m'a semblé intéressant de profiter de la sortie de ce nouveau manifeste pour évoquer un phénomène inédit. Jamais on a vu un tel sursaut d'auteurs, d'historiens, d'intellectuels, prenant la plume au bout de quelques mois de présidence, pour alerter sur la catastrophe qui se prépare.

    Je pense à vous qui ne bougez pas. Je préfère être dans ma conscience que dans la vôtre.

  • A mots découverts

    Vous savez ma passion des mots. Pourtant je n'en utiliserai guère pour vous conseiller l'achat de ce bijou : ceux qui écoutaient les chroniques quotidiennes d'Alain Rey sur France-Inter le matin, avant qu'il ne soit congédié pour cause de mauvais esprit (et sûrement un peu par souci de jeunisme crétin), savent quelles merveilles vous attendent à chaque page.

    1aaed6eeecd5929dcec6a822960982b6.jpg

  • Insomnie

    Bon, pas moyen. Des heures que je tourne dans mon lit, autant me lever, écrire un peu, me recoucher quand les neurones me laisseront en paix, et tenter de dormir.

    50d64db86e3c822d6e0aa0dad5fe295c.jpgNous étions à une conférence donnée par Marek Halter à propos de son dernier livre. De "Je me suis réveillé en colère", je ne dirai rien, ne l'ayant pas lu ; de la conférence, pas grand chose : l'ensemble était savoureux, mais j'attendais des sommets d'intelligence et de culture, tandis que j'ai seulement agréablement voyagé sur des reliefs à peine soulignés. C'était bien, pourtant. Mais je me demande si Halter n'a pas tellement l'habitude de se mettre à la portée de ce qu'il pense être le niveau général, qu'il n'ose trop élever le débat. Je me disais cela, quand sont arrivées les questions : "Ne trouvez-vous pas que le français se perd, la syntaxe, le vocabulaire, la prononciation?" (une blonde bougeoise, inconnue des rayons de la médiathèque où se déroulait la rencontre), et l'écrivain de devoir expliquer que le français est une langue vivante, qu'elle change, bouscule, transforme, que Rabelais aujourd'hui doit être traduit pour être lu, etc., autant de mises au point qu'il est presque embarrassant de faire. Question suivante : "Croyez-vous que les orientaux soient faits pour la démocratie ?", là, Marek Halter est nuancé, la rengaine de la démocratie occidentale comme modèle imparfait qu'on tente par la force d'imposer à des populations qui ne demandent qu'à conserver leurs bons vieux rois et dictateurs, parce que "c'est dans leur tradition" pointe son nez un moment. Je m'agace, mais je sens un murmure consentant dans la salle. Encore une question ?, une question d'un grand barbu habillé en bûcheron : "Le Coran n'est-il pas l'ennemi de la science, vu que les musulmans n'ont rien apporté au monde depuis mille ans ?"... Oui, je comprends pourquoi Marek Halter est obligé de s'exprimer de façon point trop pointue pour ê-tre com-pris par ses au-di-teurs. Il ne reviendra donc pas sur l'algèbre, les algorithmes, les chiffres, le zéro, la chimie, Averroès... Le barbu restera con, dommage...

    Il s'est mis un moment à délirer sur le Louvre de Dubaï, le Louvre des sables, qui va, selon lui, permettre aux "petits arabes d'aller voir des tableaux de femmes nues", et là, on se dit qu'il se fait tard, que M. Halter est fatigué, et qu'il ferait mieux de se taire quand il ne connaît pas un sujet.

    A part ça, quelques heures avant, j'avais passé un moment précieux avec lui, seul à seul, où nous avons parlé de la Bible. Là, il savait, et ce fut un régal.

    Merde, toujours pas sommeil. je continue ? Oui, mais je colle ce que je vais écrire pour les autres jours, ça me fera de l'avance. Dans quelques heures, je me relève pour aller, avec ma douce, tapisser chez ma mère.

    Je vous souhaite une meilleure nuit qu'à moi.

  • Guy Môquet au Fouquet's

    Je sais, parfois je vous fatigue. Mais je me dis qu'avec un billet par jour, sur l'ensemble, mon obsession anti-Machin ne doit pas être si pesante. Disons que pour une bête raison d'urgence démocratique, je me sens un peu obligé de vous tenir au courant. Histoire de ne pas me sentir trop ennuyé quand mes enfants me demanderont des comptes, le jour où l'autre enverra son pays à la guerre. Dire que j'ai fait ce que j'ai pu. Bref. Parlons bouquin, si vous voulez bien.

    83f894c4d4fb175a83d7a8539a402fa5.jpgPierre-Louis Basse, quand il évoque Guy Môquet, lui, connaît son sujet, il a écrit "Guy Môquet, une enfance fusillée", et a subi un choc quand il a entendu la parole du jeune homme dont il avait travaillé la biographie, utilisée, dévoyée, vulgarisée, détournée, à des fins politiciennes.

    "Guy Môquet au Fouquet's" est présenté comme un pamphlet, mais s'élève au-dessus de ce seul objectif : il énonce sobrement, sans vindicte, par la force que donne la rigueur de l'analyse, les caractéristiques du pouvoir mis en place. Un président manager, héros de Closer et de Voici. Basse rappelle qu'il suffit de se promener du côté de Neuilly pour se faire une idée correcte de l'hypocrisie de Machin : pas une rue, pas une place, pas un parc ou une fontaine baptisé du nom du sacrifié, dont les mots servent surtout à pétrifier la contestation par l'émotion, la réflexion par le sentiment.

    "Saviez-vous que c'est à grands coups de botte que les nazis ont plié le corps de Guy, dans un cercueil taillé à la hâte ? (...) Alors je vous ai bien observé, au bois de Boulogne. C'était immédiatement après la lecture de la lettre. J'ai vu cette petite larme, (...) ne demandant qu'à ruisseler, (...) devant les caméras de télévision. (...) J'ai vu le spectacle.Tout est devenu spectacle depuis quelque temps. (...) J'avoue : j'ai vacillé, un instant. Et puis j'ai compris. (...) Le patriotisme sans projet social ni générosité peut engendrer des conséquences assez désastreuses. Je ne doute pas que Charles Maurras, par exemple, fut patriote, à un moment de l'histoire où la bourgeoisie murmurait dans les salons : "Mieux vaut Hitler que le Front Populaire."(...) Aujourd'hui, les nuages que nous sommes quelques-uns à apercevoir reviennent sous des formes différentes, mais toujours aussi inquiétantes. Les nuages noirs s'accumulent au milieu des rires et des comédies musicales. Avez-vous remarqué que nous n'avons jamais eu tant d'occasions de rire et de frapper dans nos mains, ces derniers temps ? (...) Votre message a le mérite de la clarté : "J'accorde à l'amour de la patrie plus de valeur qu'au patriotisme de parti." L'historien Pierre Schill note avec justesse que, avec un tel message présidentiel, les lycéens sont tenus dans l'ignorance des origines. Si le patriotisme fournit un cadre moral de référence, il ne signifie pas une ligne de conduite unique : les collaborateurs ou les pétainistes l'étaient aussi par amour de la patrie".

  • La nuit du Fouquet's

    dc0badf4cfbab9776571a6dccfaeca3d.jpgpar Ariane Chemin et Judith Perrignon.

    L'intérêt n'est pas tant dans l'espoir de trouver une réponse dérisoire à "que s'est-il passé pendant toutes ces heures où Sarko a disparu derrière les murs du Fouquet's le jour de son élection ?", que dans la liste des invités. A la limite, elle seule suffit et donne une idée de ce qui attendait la France, dès le lendemain :

    (par ordre alphabétique -et j'ai du mérite, parce que j'avais tout saisi, et Hautetfort a bugué et tout effacé. J'enrage, et je recommence, l'information des masses vaut bien ce sacrifice)

    Mathilde Agostinelli, responsable de la com' de Prada-France,

    Robert Agostinelli, son mari, fonds d'investissement Rhône Capital, membre du Council on Foreign Relations

    Bernard Arnault, président de LVMH, N°1 du luxe français, première fortune de France,

    Arthur (no comment),

    Les Balkany (clientélistes, traîneurs de casserolles à Levallois-Perret),

    Nicolas Bazire, secrétaire général de LVMH,

    Antoine Bernheim, banquier d'affaires, président de la compagnie d'assurances Generali,

    Nicolas Beytout, directeur de la rédaction du Figaro,

    Basile Boli,

    Vincent Bolloré, PDG d'Havas,

    Martin Bouygues, PDG de Bouygues, premier actionnaire de TF1 (ceci expliquant cela),

    Denis Charvet, actionnaire de casinos (pas de "Casino", hein),

    Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Jean Reno, sa femme top-modèle, la clique neuillyste des comédiens friqués,

    Stéphane Courbit, ex-président d'Endémol France,

    Agnès Cromback, présidente de Tiffany France,

    Bruno Cromback, PDG d'Augis 1880,

    Jean-Claude Darmon, ancien grand argentier du football français,

    Serge Dassault, PDG de Dassault et du journal Le Figaro (vous n'espérez pas un jour, découvrir un article critique sur Sarko dans son journal ?),

    Jean-Claude Decaux, PDG de JCDecaux, leader mondial du mobilier urbain,

    Paul Desmarais Sr, milliardaire canadien, PDG de Power Corporation,

    Dominique Desseigne, PDG du groupe Barrière,

    Bernard Fixot, éditeur de best-sellers (dont Ron l'infirmier, tiens au passage : Ron, barre-toi, c'est pas ta famille !),

    Valérie-Anne Giscard d'Estaing, éditrice (livres des records et autres bouses), femme du précédent,

    Albert Frère, première fortune de Belgique, premier actionnaire de Suez,

    Hugues Gall, président de l'Institut de financement du cinéma et des industries culturelles (à votre avis, Clavier a des problèmes pour financer ses merdes ? Non. Ah bon.),

    Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos France (ceux qui donnent 71% d'opinion favorable à leur copain),

    Johnny et sa femme,

    Patrick Kron, PDG d'Alstom,

    Bernard Laporte, affecté de tropisme casinotier,

    Alain Minc, président d'AM conseil (qui ne s'est pas trompé pour une fois),

    Henri Proglio, PDG de Veolia,

    Raffarin,

    François Sarkozy, frère de l'autre, vice-président du conseil de surveillance du groupe Bio-Alliance Pharma (ça sent le boulot de complaisance),

    Guillaume Sarkozy, frère des deux autres, ancien vice-président du Medef, s'est retiré du poste parce qu'un frère à la tête du Medef, c'était trop voyant,

    Richard Virenque, droiture et honnêteté dans l'effort,

    et les amis, les parents... mais pas Cécilia, toujours pas Cécilia, ou seulement à la fin, quand, exaspéré de l'attendre, son futur ex-mari, décidera de quitter le nid douillet de ses amis patriciens pour se jeter enfin dans la mêlée du populo (mais quel populo : les broshings et les chemises Armani du XVIè, rassemblés devant Macias et Mireille Mathieu).

    Le récit de cette nuit étrange est déroulé dans un court texte, ciselé, aux phrases nettes et sûres. Refermé, le livre laisse le goût amer du livre de Reza. Ce sera un témoignage précieux pour les historiens du futur, quand ils voudront comprendre la bizarre période que nous traversons. Un livre utile.

     

     

     

     

  • Rien

    Oui, non. Rien ce matin, ou juste ce petit mot, comme un message laissé sur la porte du réfrigérateur. Je vous destine plusieurs chroniques de livres, mais je ne parviens pas à trouver le temps en ce moment. Dès ce soir, je m'y mets, et demain matin, il y aura matière pour une semaine de lecture. (Ah mais non, suis-je bête : ce soir, j'assiste à une conférence sur le livre). Bon, et bien ce sera pour encore plus tard.

    Pour me faire pardonner, un petit dessin fait pour une affiche, à l'époque où c'était mon métier.

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    Cliquer dessus, ça devrait s'agrandir.
  • Pour un oui ou pour un non

    La pièce de Saraute m'avait profondément marqué. Cette histoire d'amitié très ancienne qui bascule à cause d'une intonation m'avait terrifié, comme elle a sûrement bouleversé tous ses lecteurs ou ceux qui en ont vu une représentation. Parce qu'on sait bien, au fond de soi, à quelques exceptions près, comment certaines amitiés se construisent sur un malentendu ou un aveuglement réciproque et volontaire à l'endroit des défauts les plus insupportables de l'autre.

    J'ai vécu une telle déchirure. Sur un sourire, une attitude, un ami de presque vingt ans s'est révélé tel que je SAVAIS qu'il était mais ne voulais pas me l'avouer. Nous restons amis, lâchement, par habitude. Quelque chose s'est brisé ou pire : englué, paralysé, fondu. C'est moins spectaculaire, un peu moins douloureux, mais tout aussi tragique.

    (Extrait de "/Stances"")