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Livres - Page 26

  • En attendant la fin

    Je suis en train de finir mon dernier roman. Encore quelques pages, un chapitre, sans doute un épilogue, et voilà. La première version sera bouclée dans quelques jours. Ensuite, les retours de mes premiers lecteurs-tests m'aideront à reprendre des passages, en sacrifier certains, tenter d'améliorer l'ensemble. Quand je parviens ainsi à l'échéance, je reprends ma note d'intention initiale. Ici, je redécouvre que le chantier a débuté en janvier 2009. Bien sûr, il y a eu la coupure d'un an et demi de « J'habitais Roanne », des scenarii de BD, l'écriture des « chants plaintifs », et de deux pièces de théâtre pendant ce laps. Je n'ai pas chômé, mais la distance est grande entre ce qui a motivé le projet et les sentiments qui président à sa conclusion. J'ai changé, moi aussi, probablement. L'idée clairement établie dans ma note d'intention s'est modifiée. Les personnages ont bougé. Aujourd'hui que le texte trouve son terme, je ne sais toujours pas de quoi parle ce roman. L'une des missions de mes premiers lecteurs va être de m'en donner une idée. Les pauvres. Et de trouver un titre. Assez logiquement, aucun ne me convient.

  • La délicatesse

    Dans J'habitais Roanne, il y a un passage où je dis, des mains de mon père : « De la corne s'y amassait dans le frottement des manches d'outil ; elles restaient fragiles pourtant. Au contact de la terre mouillée, dans le refouillement constant des sols et l'essartage des broussailles, dans la lutte incessante de ces temps où la nature était considérée comme devant être soumise au génie humain, ses paumes se fendaient, la peau des articulations éclatait, le jus noir de l'humus y entrait, l'acide des fumures y faisait des ravages. Les lourdes mains prenaient l'aspect de la pierre en hiver, du bois creusé par le temps. »
    Hier soir, Béa, une amie, photographe amateur, est passée nous voir. Elle m'a offert une photo en noir et blanc. Un très gros plan des mains de son père, disparu. Des mains également scarifiées par le jardinage obstiné. Des mains rugueuses aux ongles éclatés par l'hostilité des sols. Ces mains que mon récit lui a rappelées. C'est un des cadeaux les plus touchants qu'on m'ait faits, et le retour le plus émouvant que j'ai eu de mon livre.

  • Monologue en humanité

    Cet après-midi, tandis que Laurent Cachard vous recevra à la librairie Gibert Joseph - Carré de Soie pour célébrer entre autres son prix du deuxième roman, je serai cour d'honneur Jean Puy, à Roanne, dans le cadre de la manifestation « Dialogues en humanité » (d'après une initiative humaniste lyonnaise à l'origine) pour signer les derniers exemplaires de « J'habitais Roanne » encore disponibles.

  • Hurraman scriptu *

    Le court séjour parisien qui m'a éloigné de ma douce pendant deux jours s'est bien passé. En compagnie d'un ami, je suis allé fouiller dans les archives de la cinémathèque de Paris et j'ai trouvé la manne dont j'avais besoin pour conclure mon dernier livre. Des surprises ont surgi, certains personnages que je n'attendais pas là. Des précisions que j'espérais sont apparues (merci François). En bonus, quelques visites (nous sommes à Paris, hein) : Gerhard Richter, Tim Burton, les collections permanentes de Beaubourg. Rien de plus, j'avais peu de temps. A présent, je vais laisser ces trouvailles de côté, me plonger dans les quelque 30 pages qui séparent l'intrigue en cours de ce dénouement documenté, prendre à cette fin plusieurs jours de congés (je vous dis tout), et, je l'espère, boucler ce livre à la fin du mois de juillet. Je suis un peu en retard, les week-ends sont chronophages avec les séances de signatures de « J'habitais Roanne » et les soirées conviviales (mais comment y renoncer ?). Ensuite. Ensuite ? l'éditeur qui a « flashé » sur mon roman de SF m'a recontacté, nous cherchons une plage horaire pour nous rencontrer. Je pense que j'aurai du travail pour au moins tout le mois d'août, peut-être encore un peu en septembre. Bon signe : il me parle contrat. Vu son enthousiasme, je crois que ça va être une expérience éditoriale formidable. Soyez heureux pour moi.

     

    * Titre mystérieux pris à Jean-Luc Lavrille (Hurraman scriptu, aux éditions Tarabuste), que j'en profite pour saluer.

  • Le nez dans les archives

    Demain, je me rends avec l'ami François à la Cinémathèque de Paris. Mais Peeeuuurquoidon ? Pour trouver dans les archives les petits détails vrais qui donneront la matière du dernier chapitre de mon prochain roman  qui ne sera jamais édité, et oui. Et peurquoâ je me donne tant de mal ? Pasque j'en sais rien du tout. Sauf que si : j'ai envie de savoir comment Abel Gance a tourné sa fameuse scène du film « J'accuse » (version 1918), quand un soldat se lève et appelle les morts à empêcher les vivants de refaire la guerre. C'est une problématique assez pointue, je l'admets, mais elle va me permettre de boucler en beauté ce foutu roman qui me rive au clavier depuis trois ans.

    Et si vous ne connaissez pas Abel Gance, ses films, et notamment ses deux versions de "J'accuse" et bien, croisez les doigts pour que mon bouquin trouve un éditeur parce que là, je vous dirai tout.

  • Signes de piste

    En piste pour de nouvelles signatures.

    Sûrement pas si nombreuses que dans les rendez-vous précédents (non pas que le libraire ait le moins du monde démérité, mais que je ne serai plus là en terre conquise), mais un moment très agréable pour moi. Cela se passe ce matin à partir de 9 heures, au Carnet à Spirales, à Charlieu. Dans les rues piétonnes, en face de la boulangerie. Vous achetez du bon pain pour midi et hop, vous passez me voir, s'il fait beau, je serai dehors.

  • Esprits libres

    Cela fait plus d'un an que leurs voix auscultent avec acuité l'actualité roannaise. Je ne connais personne de la revue Libresprits, même si je me doute de l'identité qui se cache derrière certain pseudonyme. En tout cas, c'est toujours exigeant, toujours suave, subtil, toujours bien écrit. La précieuse "lettre d'outre ville" a eu la gentillesse de témoigner de l'arrivée en librairie de mon nouvel opus. Libresprits le fait, comme toujours, avec beaucoup d'intelligence et de malice. Merci aux esprits libres du Roannais. Il y en a, beaucoup finalement, c'est ce que je tente de démontrer aussi dans mon livre, et je m'aperçois que ce qui ressortait de ma petite analyse se vérifie aujourd'hui, sur le terrain démocratique. C'est une bonne nouvelle.

  • A R'naison (cet article contient une vidéo avec un écrivain obèse)

    Dans mon pays, on prononce Renaison : R'naison. Elision commode. Cela assouplit et arrondit. Comme dire Rouanne pour Ro-anne, et rouannais, pour Ro-annais. bref.

    Aujourd'hui, ce samedi matin, de 10h à midi et des poussières, je signe "J'habitais Roanne", chez Ballansat. Je vous rappelle que c'est la Fête de Pères. Une fête commerciale à laquelle vous pouvez donner du sens en offrant... voyons... en offrant... un beau livre, bourré d'histoires et d'Histoire, d'humour et d'érudition, qui parle du passé... "J'habitais Roanne", par exemple. Au hasard.

  • La leçon d'anatomie

    Lors d'un vernissage récent, un ami peintre désignait son professeur d'arts plastiques, présent dans la salle, comme celui dont l'influence l'avait marqué, et sans qui peut-être, il n'en serait pas arrivé là. J'aurais aimé pouvoir dire la même chose. Malheureusement, aucun professeur n'a su me faire aimer le domaine où j'essaye de faire de mon mieux aujourd'hui. Mes profs de français posaient les plus beaux textes sur la table d'opération, disséquaient ces choses cadavériques, montraient leurs organes morts. Aucune chaleur dans leurs discours, jamais une interprétation aimante, joyeuse, généreuse d'un livre. De l'anatomie. Le seul instituteur qui lisait avec gourmandise ses dictées, en était l'auteur. Il savourait chaque tournure, chaque vers de ses poèmes habiles et devait se trouver bien bon d'élever nos esprits engourdis par l'offrande de sa littérature. En fait, on devrait aborder en classe la littérature comme on aborde le sport ou les arts plastiques : par une pratique maximum. Les grands auteurs seraient seulement donnés en aperçus, lus par bribes précieuses, appelant l'envie, la gourmandise, donnant la découverte pour horizon. Une pédagogie de la frustration.

  • Roman en cours

    Le titre n'est pas encore trouvé (quelle affaire, trouver un titre ! S'il ne se présente pas tout de suite avec évidence, on met des années à chercher le bon), mais l'écriture est bien avancée. Elle devrait s'achever fin juillet, selon mes caculs. Il est très probable que ce gros roman restera inédit mais, sait-on jamais ? Peut-être que les trois ans passés sur ce texte produiront un livre publiable aux yeux d'un éditeur ?

    Les Feigne avaient invité le nouveau maire, Monsieur Mestrel, et son épouse. Amédée et Charlemagne préféraient nettement son prédécesseur, monsieur Plaisant, plus en accord avec leurs valeurs et en présence de qui on pouvait inviter leur curé, mais il fallait absolument cajoler celui-ci, considérer comme rien son affichage trop radical pour être honnête, et discuter avec lui certains aménagements de voirie, certaines souplesses de règlements, des exceptions à la règle, enfin toutes choses qui se négocient autour d'une bonne table. Alma et Charlemagne étaient descendus de leurs appartements pour rejoindre le salon avant le souper. Ernest était admis. On estimait que ses huit ans lui donnaient assez de maturité pour se tenir tranquille le long d'un repas de trois heures. C'était une première tentative dont on lui avait signifié l'importance. On avait beaucoup tergiversé. Dans le salon même, Hortense et Alma s'échauffèrent sur la meilleure place : ici, près de la porte en cas de besoin pressant, au milieu d'eux assis par terre (« mais tu déraisonnes ma fille »), sur la bergère entre ses parents... On lui fit tester toutes les stratégies. Ernest s'asseyait docilement, les femmes considéraient l'ensemble comme on juge la composition d'un tableau, hochaient la tête, faisaient « non », revenaient à une autre idée. Enfin, il était là, sagement à l'écart sur un tabouret tandis que les adultes devisaient autour d'un poiré frais, confortablement installés dans des fauteuils. Ernest observait cette vie, ces échanges incompréhensibles. Il oublierait cette première, n'en retiendrait que la sensation tenace de ne pas savoir quelle est sa place véritablement pour ne la gagner qu'en fin d'une théorie d'incertitudes, un peu par défaut.

    Autrement, hier, belle séance de signatures à l'Espace Culturel Leclerc de Riorges, des amis, pas mal de nouvelles têtes, des discussions intéressantes et d'étranges retrouvailles, venues du fond des âges. Prochaine signature à la librairie Ballansat, à Renaison, samedi 16 juin, de 10 heures à 12 heures. Au passage, je remercie les blogueurs qui se font en ce moment-même le relais de l'information, tentative de pallier le boycott d'une partie de la presse locale.

  • Signature aujourd'hui

    Cet après-midi, signature de « J'habitais Roanne », le livre boycotté par le premier hebdomadaire de ma région (phrase absconse, j'y reviendrai), à l'espace culturel Leclerc, à partir de 16 heures. Merci à tous ceux qui sont venus me témoigner leur soutien, à tous ceux qui ont déjà lu et aimé ce livre, à tous ceux qui viendront pour montrer qu'on peut respirer encore à travers le bâillon.

  • Premiers retours

    Les premières réactions de lecteurs de « J'habitais Roanne » commencent à venir, par mail ou témoignage direct, et puis il y a la blogosphère. Pour l'instant, tout va bien.
    Sur son blog, l'auteur des Calamités quotidiennes évoque sa gourmandise de Roannais à retrouver ses marques et ses lieux. Je ne sais pas si je peux citer son nom ici, aussi suis-je contraint de le remercier anonymement.
    Laurent Cachard, lui, n'est pas roannais, et je dois dire que j'attendais avec un rien d'anxiété ce que cet exigent lecteur et auteur allait penser de ce parcours singulier dans une ville modeste et inconnue. Ce qu'il en dit est à lire ici, sur son blog, et je dois dire que son texte m'a cueilli. Laurent a su restituer dans son article les enjeux essentiels qui traversent le livre, et il l'a fait avec beaucoup d'humanité, de sincérité, d'intelligence. Je sais que ce n'est pas seulement par amitié, mais parce qu'il a vraiment aimé. Alors, je suis très fier de vous proposer d'en prendre connaissance. D'un point de vue purement formel et littéraire, c'est déjà un régal, ça compte.

  • Cachard au carré

    Dans le cadre de l'exposition "Carrés de Soi" au Carré de Soie, Laurent Cachard présentera son dernier roman, "le Poignet d'Alain Larrouquis" à la Librairie Gibert Carré de Soie, à Vaulx-en-Velin, le 30 juin à partir de 16h30.
     
    Qui est Alain Larrouquis ? Qu'a son poignet de si spécial qu'il inspira un auteur et le destin d'un personnage de roman ? Si vous l'ignorez, cela signifie que : 1) Vous n'êtes pas familier de ce blog ; 2) il vous reste au moins un roman à lire dans votre vie ; 3) vous allez imméidatement remédier aux deux premiers points et aller rencontrer Cachard, auteur déjà classique (puisqu'on l'étudie en classe, figurez-vous).
    Voilà.

  • Propos de Gilly

    Dans mon pays, l'année Rousseau a avancé à pas mesurés, voire timides. A Chambéry, pays où vécut Jean-Jacques, et dans toute la région, un grand nombre de manifestations fait la part belle à l'auteur des Confessions (je saisis l'occasion pour évoquer ici « l'émail des prés », exposition de la photographe Yveline Loiseur, installée aux Charmettes, lieu où vécut Rousseau, jusqu'à la fin de l'année). La bibliothèque de Gilly-sur-Isère, petite commune non loin d'Albertville, n'est pas restée en retrait et a organisé exposition, rencontres, débats autour de l'écrivain. J'étais invité dans ce cadre pour évoquer le genre autobiographique, puisque « J'habitais Roanne » ressort sans doute de cette forme.
    A Gilly, c'est vrai, je me sens un peu chez moi. Malgré la distance je pense souvent à ce petit monde là-bas qui, sous la houlette de Marielle, s'active pour faire vivre la littérature. Des liens se créent. Trop inhibé pour lancer des déclarations tonitruantes, je dis seulement que je suis heureux d'être invité, alors que j'en suis profondément touché, voire un peu confus. Mais passons. Il était donc question d'autobiographie. On a tendance à chercher de lointains ancêtres du genre, mais force est de constater, rappelait Laetitia Agut, professeur de lettres qui assurait une présentation de cette littérature en première partie, que Rousseau en est l'inventeur. Saint-Augustin ou Montaigne ont produit des essais, souvenirs, formes introspectives certes, mais qui ne répondent pas aux critères du « pacte autobiographique » établi par Lejeune en 1978 avec cette définition célèbre : « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Règle amendée plus tard légèrement (Lejeune est revenu sur le critère de la prose, trop restrictif) mais toujours valable, et que justement les auteurs du vingtième siècle ont tenté d'éprouver. Des auteurs comme Pérec ont questionné les limites du genre (voir « W »), travail qui a ouvert la voie, pour faire court, à l'autofiction. Cette littérature qui provoque agacement et perplexité chez certains auditeurs de la conférence, a initié un débat -orienté ensuite sur la question de la sincérité et de la vérité- avant que j'entre en scène. Laetitia, chauffeur de salle, quelle promotion !
    Ensuite, c'est à nous. Marielle impose le vouvoiement, une façon de ne pas transformer la rencontre en dialogue entre deux vieilles connaissances, et de diriger la parole vers le public. Marielle a beaucoup travaillé comme d'habitude, fait des passerelles entre mon dernier livre et -surprise- un passage d'une préface écrite pour le livre de l'artiste Christine Muller (« êtes-vous débarrassé ? » Réponse : « Non »), saisit dans la conclusion de « J'habitais Roanne » une phrase inattendue (« l'insatisfaction à subir le monde tel qu'il est »), où elle pense me retrouver tandis que je croyais parler de Roanne. Je dois admettre qu'elle a raison. Il sera question du « J' » de « J'habitais Roanne » dont j'explique la valeur d'outil pour la compréhension de ma ville. Il sera question des lieux et des notions qu'ils véhiculent, intimement, pour moi. L'occasion de parler des bibliothèques et de la valeur d'amour de l'humanité dont elles sont, selon moi, la grande preuve. L'occasion d'évoquer des lieux ensevelis, disparus, où l'enfance ne peut plus promener ses pas et de la sensation de l'éphémère du monde. Pas de nostalgie, mais le constat que tout est périssable, y compris les paysages, les habitats, et jusqu'aux villes et aux civilisations, mortelles, comme on sait depuis Paul Valéry.
    Je reviens aussi sur cette notion paradoxale : je considère qu'« on a toujours raison de partir » et pourtant je suis un sédentaire. Ne nourrissant aucune ambition, j'ai décidé (mais vraiment décidé), de rester ici. J'ai donc vécu, hors pour les études, toute ma vie à Roanne. C'est donc ce « J' », (pas « Je », voyez la nuance. Dans mes carnets de notes, le narrateur était noté « J' ») imprégné de ma ville qui sert de guide pour la comprendre. Et il doit être là, ce « J' » , pour incarner les lieux, les rendre vivants et palpables au lecteur. Quel lecteur, demande Marielle : pour qui écrivez-vous ? Dans le cas qui nous intéresse, je réponds sans hésiter : les Roannais, même si les non-roannais sont conviés à venir faire un tour et surtout, à partager mes méditations sur la vie et la ville, devenue la Ville exemplaire, selon Daniel Arsand, le préfacier. La réponse aurait tout autre il y a quelques années. L'idée du lecteur a évolué entre la période où j'écrivais pour moi-même et celle où je sais (par exemple ici) que le livre sera édité. Le lecteur alors prend une épaisseur. Ici, qui est-ce ? J'avais en tête tous les noms que je mets dans le livre. Mais selon un principe d'universalité assez répandu, nous sommes tous ce « J' », cet « homme qui marche ».
    « J'habitais Roanne » ressort donc du genre autobiographique, et il m'a fallu lutter longtemps avec ma préférence, mon appétence naturelle pour la fiction. Quand on dit « je », quand on écrit à la première personne, on se dévoile, pense-t-on. Est-ce difficile ? Pendant sa présentation, Laetitia Agut rappelait que pour Gide, paradoxalement, la fiction nous aide à aller plus loin que dans la supposée sincérité de la vraie vie. Ce n'est pas si difficile donc, puisque je crois que l'on se protège en écrivant « Je » ou en tout cas, on inhibe, on reste en retrait. L'implication de soi importe et va influer, mais n'est pas la garantie d'un dévoilement absolu, bien au contraire.
    Un autre grand théoricien de l'autobiographie, Jean Starobinski s'est intéressé à la recherche de style dans le genre autobiographique. Marielle me demande si l'exigence de l'écriture n'interfère pas avec la recherche de sincérité (Annie Ernaux est-elle plus sincère que moi ? L'écriture sèche et méfiante à l'égard des séductions de la littérature, « mettre de la honte » dans ses livres, est-ce là aussi une garantie d'authenticité ?). J'ai peu de temps pour y réfléchir, face au public, mais je maintiens ma réponse donnée ce soir-là : Je ne pense pas que le style nuise à la sincérité. Et plus largement : l'autobiographie dit-elle une vérité ? Le souvenir est une fiction, ontologiquement, il faut l'admettre. Et il me semble qu'à cette aune, l'autofiction est d'une certaine manière plus honnête que l'autobiographie, puisque la part de fiction qui la traverse est revendiquée.
    « J'habitais Roanne » s'achève par un petit gag. Un épilogue d'une ligne revendique mon appartenance à la fiction, mon véritable univers. Je n'aurai dérogé qu'une fois, ici, pour ce livre, et c'est bien suffisant. Désormais, oui : je retourne à la fiction. Place à la vérité des personnages inventés. En quelque sorte, c'est le sujet d'un roman qu'un éditeur veut bien publier à l'automne 2013. Vous allez être surpris. Je réalise à quel point tout mon travail est en connexion, décidément.

  • Ce soir à Gilly.

    Je suis à Gilly sur Isère ce soir, comme je l'ai annoncé il y a peu. Je vais essayer d'y expliquer comment le « Je » de « J'habitais Roanne » (que j'écris d'ailleurs dans mes notes, le « J' ») est un outil de compréhension, plutôt que la figure incarnée propre à l'autobiographie. Je vais tenter de dire aussi pourquoi, malgré les apparences, les lieux visités de ma ville, ne sont pas les supports de la nostalgie. Je vais surtout essayer de ne pas m'égarer en chemin, car la digression est mon grand mal.
    Je pense bien sûr à ma douce qui n'a pas pu m'accompagner et lit ces lignes.

  • Belle journée

    Simultanément, tandis que je soupesais le beau livre réalisé par Thoba's, m'arrivait un courriel que j'attendais. Réponse d'un éditeur au sujet d'un roman remanié l'an dernier et à lui confié. Réponse positive, positive et enthousiaste. Le contact par téléphone qui a suivi a confirmé que cet enthousiasme n'était pas qu'une formule. Voilà ce qu'on attend d'un éditeur ; qu'il vous dise oui oh oui je le veux ton texte donne-moi ton texte oui ! Avec plus ou moins de sobriété bien sûr, mais qu'il vous dise : c'est ce texte que je veux. Je le veux absolument, pour moi, je ne veux le laisser à personne d'autre. S'il précise : « ça fait dix ans que j'attends ce texte » et bien, que voulez-vous, les écrivains sont des gamines comme les autres... ça se pâme et ça frétille, ça en redemande. Plus sérieusement, avec ce roman et cet éditeur, on va passer un cap. Je vous tiens au courant, les amis, comme d'habitude, mais vous devinez que, tandis que la sortie de « j'habitais Roanne », déjà, me comble de satisfaction, l'avènement d'une nouvelle édition pour un texte auquel je tiens particulièrement, qui est la souche de mon travail d'écriture depuis plus de dix ans, ajoute à la satisfaction un bonheur presque insupportable.

  • Si ça vient de moi, ça va de soi ? *

    Depuis quelques années et la sélection du « Baiser de la Nourrice » au prix lettres-frontière, auteurs et médiathèques accueillant(es) ont tissé parfois des liens privilégiés. J'ai eu cette chance avec les médiathèques de Bozel puis de Gilly-sur-Isère. Grâce à Marielle Gillard, sa responsable, j'ai même l'honneur d'être le parrain du club de lectures de cette dernière structure (qui aurait cru qu'un jour... Faudrait que j'envoie ça à ma prof de français de sixième, tiens). En plus de cette majesté, l'équipe de Gilly a pensé faire le lien entre le récit d'inspiration autobiographique qu'est « J'habitais Roanne » et une série d'animations autour de Jean-Jacques Rousseau (c'est l'année, savez-vous ?). Une soirée est donc organisée le samedi 26 mai à partir de 18 heures, qui commencera par un exposé de Laetitia Agut, professeur de lettres, intitulé « l'autobiographie, histoire d'un genre » et sera suivie d'une rencontre autour de mon livre. On abordera « J'habitais Roanne » sous deux angles principaux. Le « J' », notion évidemment autobiographique (mais il faut se méfier des évidences), qui guide et conclut mon livre. C'est en questionnant cette « évidence » que des surprises peuvent surgir, je crois. Il sera aussi question de la notion de lieu, lieu traversé, lieu « hanté » par la mémoire, en écho à l'exposition en place dans la médiathèque : « 7 territoires où vécut Jean-Jacques Rousseau », ce sera pour moi l'occasion d'évoquer le « habiter quelque part », que je tente de définir tout le long de mon texte.

    Comme toujours, je suis persuadé de ne pas être à la hauteur et, comme toujours, Marielle parvient à me convaincre du contraire.

     

    * Jeu de mots piqué au poète Jean-Luc Lavrille.

  • Retour sur la Muse

    A la relecture, vous savez, je trouve que l'article de Franck Guigue sur mon bouquin dans "LA Muse" est de l'ordre de l'éloge (je m'étais arrêté en première lecture sur des broutilles, aveuglé par l'anxiété). La fin notamment, est un bel hommage : "A l’heure où la municipalité roannaise formalise un diagnostic culturel, pour l’avenir, on ne peut qu’encourager la lecture d’un tel ouvrage, qui, non content de dévoiler un panorama (quasi) exhaustif de ce que la ville a pu compter de plus pertinent dans ce domaine depuis une quarantaine d’années, laisse entrevoir ce qu’elle pourrait enfanter..."

    Car nous sommes quelques uns à penser que, en effet, cette petite ville a d'étonnantes ressources.

  • Il arrive !

    Cet après-midi, bref passage à Roanne... Pour aller chercher MON BOUQUIN !!!
    La diffusion devrait suivre dans la semaine (je vais caler ça avec l'éditeur). Premier rendez-vous : le 26 mai, 18h00 à Gilly sur Isère, dans le cadre d'une table ronde sur Rousseau et l'autobiographie, Premier rendez-vous roannais : Galerie Pikinasso, dimanche 3 juin à partir de 16 heures, dans le cadre d'une exposition spéciale Roanne. Rendez-vous suivants : le 8 juin chez Mayol à partir de 15 heures, le 9 juin espace Culture Leclerc à partir de 16 heures, le 16 juin de 10 h à 12 heures : chez Ballansat (Renaison), le 23 juin à partir de 9 heures librairie Le carnet à Spirales, Charlieu. D'autres dates à confirmer : fin juin (Rencontres Dialogues en humanité), en septembre (Médiathèque de Roanne), en octobre (Livres au Lycée : Albert Thomas), plus tard lectures à Saint-Haon le Châtel, salon de l'écrit... Je vous tiens au courant. Merci de votre soutien.

  • Principe de Heisenberg

    Écrivain, tu as une conscience aiguë du principe d'incertitude. Observant tes créatures, tu déranges l'ordre des choses, et le hasard s'invite pour te surprendre. Et ça, la surprise, tu aimes.